« Vladimir Nabokov » : différence entre les versions

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== D'autres auteurs le concernant ==
=== Cécile Guilbert, ''Les ruses du professeur Nabokov'', 2010 ===
{{citation|citation=<poem>Tu aimes l'art parce que tu goûtes encore l'aventure, le jeu, les dieux, rire et jouir. Tu aimes l'art parce qu'il t'innocente du cauchemar collectif, révèle ton âme comme foyer vivant d'énergie et de désir vrais, cibles et flèches érotiques. Tu aimes l'art parce que tu hais la mort et d'ailleurs n'y crois pas, le problème du temps se résolvant en épiphanies dans ta solitude pensive.
Il va sans dire alors que ces cours sont pour toi — comme d'ailleurs toute l'oeuvre de Nabokov. Car véritables exercices de guerre défensive, ils retournent contre l'ennemi les armes mêmes que ce dernier entend liquider : raison, sensibilité, esprit critique, jouissance, luxe.</poem>|précisions=Cécile Guilbert préfaçant la réédition de 2010 des cours de littérature européenne de Vladimir Nabokov, professés entre 1941 et 1958 dans plusieurs universités américaines et réunis sous le titre ''Littératures''.}}
{{Réf Livre|titre=Littératures|auteur=Vladimir Nabokov|éditeur=Robert Laffont|année=2010|année d'origine=1980|page=VIII|collection=Bouquins|partie=|section=Préface de Cécile Guilbert — Les ruses du professeur Nabokov}}
 
{{citation|citation=Fils préféré de parents adorés qui le gâtent outrageusement (« à l'excellent extrême », écrira-t-il), trilingue anglais-russe-français dès cinq ans à une époque où un Russe seulement sur quatre sait lire et écrire, lecteur précoce et vorace ayant acquis à l'adolescence une culture littéraire phénoménale grâce aux dix mille volumes de la bibliothèque paternelle, il développe surtout et dès son plus jeune âge une « passion innée pour l'indépendance ». A l'excellent gymnase Tenichev d'abord, où il refuse de partager groupes de travail, sorties en bande, et même les essuie-mains des lavabos communs. Mais surtout lors des fameuses villégiatures estivales passées dans le domaine familial de Vyra où ses premières extases — poésie, petites amoureuses, papillons — s'aimantent à jamais à travers bois et vergers. Des passions réclamant toutes cette « inviolable solitude » dont parle Proust au sujet de « la lecture, la rêverie, les larmes et la volupté » et dont Nabokov précisera, au sujet des « diverses facettes » de sa « fièvre entomologique », que « l'une d'elles était le désir aigu d'être seul, sans compagnon aucun, si tranquille fût-il, qui vînt s'immiscer dans ma façon de jouir avec concentration de ma passion. Son assouvissement, ajoute-t-il, ne souffrait aucun compromis ni aucune exception ».}}
{{Réf Livre|titre=Littératures|auteur=Vladimir Nabokov|éditeur=Robert Laffont|année=2010|année d'origine=1980|page=X|collection=Bouquins|partie=|section=Préface de Cécile Guilbert — Les ruses du professeur Nabokov}}
 
{{citation|citation=<poem>« J'ai toujours eu un certain nombre de rôles en réserve au cas où ma muse me ferait défaut », assentit Nabokov avec son humour habituel à un interviewer de la BBC venu l'interroger quelques semaines avant sa mort, en 1977 : « En tête venait le lépidoptériste, explorateur de célèbres jungles. Ensuite il y avait le grand maître aux échecs, puis le champion de tennis au revers implacable, enfin le goal qui arrête un but historique, et pour finir, l'auteur d'une pile d'ouvrages inconnus : ''Feu pâle'', ''Lolita'', ''Ada'', que découvrent et publient mes héritiers. »
Or, bizarrement, il a omis de cette malicieuse déclaration son rôle de professeur. Un rôle qu'il a pourtant joué pendant presque vingt ans. Un rôle exécuté avec le soin et la fougue qu'il propulsait dans tout ce qu'il entreprenait. Un rôle interprété avec tant d'originalité que tous ses spectateurs s'en souviennent encore. Un rôle qui, à l'instar des autres et les diffractant tous, a laissé de volumineuses traces imprimées dans lesquelles on le retrouve tout entier.</poem>}}
{{Réf Livre|titre=Littératures|auteur=Vladimir Nabokov|éditeur=Robert Laffont|année=2010|année d'origine=1980|page=XIV|collection=Bouquins|partie=|section=Préface de Cécile Guilbert — Les ruses du professeur Nabokov}}
 
{{citation|citation=« J'ai la mauvaise habitude (pas vraiment mauvaise, je dis cela par pure coquetterie) de choisir la voie la plus difficile dans mes aventures littéraires », écrit-il dès 1942 à l'éditeur James Laughlin, avec un sens certain de la litote. Fierté qui expliquera non seulement son insistance répétée toute sa vie à se distinguer d'un Conrad n'ayant pas débuté sa carrière littéraire dans sa langue maternelle, mais surtout sont indéfectible attachement pour ''Lolita'', cet « énorme, mystérieux et déchirant roman » qui lui a coûté « cinq années de doutes monstrueux et de labeurs diaboliques », a échappé à l'autodafé grâce à Véra et représente non seulement sa grande histoire d'amour avec l'anglais, mais littéralement parlant, au sens entomologique, la ''nymphe'' délicate à travers laquelle toute larve se métamorphose en ''imago'' parfaite.}}
{{Réf Livre|titre=Littératures|auteur=Vladimir Nabokov|éditeur=Robert Laffont|année=2010|année d'origine=1980|page=XV|collection=Bouquins|partie=|section=Préface de Cécile Guilbert — Les ruses du professeur Nabokov}}
 
{{citation|citation=Ce que Nabokov dispense à priori avec largesse à ses étudiants du haut de l'estrade de l'amphithéâtre Goldwin Smith, à partir de 1950, dans son célèbre cours 311-312 ? Pas moins que la crème de la littérature, les moyens critiques de la reconnaître et d'en jouir. Un ''don'' au sens du « talent » comme de l'« offrande », généreux et forcément aristocratique (''generosus'' signifie « noblesse d'extraction » et « bonté de coeur ») d'un art littéraire entendu comme dépense inutile autant que désintéressée, « luxe pur et simple » dont il affirme bien haut qu'il n'a « aucune espèce de valeur pratique, sauf pour la personne qui présente la particularité très spéciale de vouloir être professeur de lettres ». Luxe de la jouissance, de la gratuité et de la connaissance pures qui concerne tout autant l'art d'écrire que celui de lire.}}
{{Réf Livre|titre=Littératures|auteur=Vladimir Nabokov|éditeur=Robert Laffont|année=2010|année d'origine=1980|page=XVIII|collection=Bouquins|partie=|section=Préface de Cécile Guilbert — Les ruses du professeur Nabokov}}
 
{{citation|citation=« Le goût est la qualité fondamentale qui résume toutes les autres qualités. C'est le ''nec plus ultra'' de l'intelligence. Ce n'est que par lui seul que le génie est la santé suprême et l'équilibre de toutes les facultés. » Ces axiomes définitifs signés [[Comte de Lautréamont|Isidore Ducasse]] dans ''Poésies I'' pourraient servir d'épigraphe à l'ensemble de cet ouvrage comme de devise à Nabokov qui ne l'a pas lu (pas plus que Lautréamont) mais use d'une formule proche dans « ''L'art de la littérature et le bon sens'' » : « la folie n'est qu'une maladie du bon sens, alors que le génie est le plein épanouissement de la santé de l'esprit ». Autant dire que si le goût constitue le principe discriminateur par excellence de jugement, de distinction, de séparation du bon grain de l'ivraie, il s'oppose au bon sens comme l'art à la pacotille, le grand écrivain à la nullité et le bon lecteur au mauvais. Or son individuation précoce et son expérience historique ont forgé en Nabokov la pensée indéracinable que l'ivraie s'incarne toujours et partout dans le ''philistin'', cet « adulte dont les ambitions sont de nature matérialiste et ordinaire, et dont la mentalité épouse les idées toutes faites et les idéaux conformistes de son milieu et de son temps ».}}
{{Réf Livre|titre=Littératures|auteur=Vladimir Nabokov|éditeur=Robert Laffont|année=2010|année d'origine=1980|page=XIII|collection=Bouquins|partie=|section=Préface de Cécile Guilbert — Les ruses du professeur Nabokov}}
 
{{interprojet|commons=Vladimir Nabokov|w=Vladimir Nabokov}}