« Anne F. Garréta » : différence entre les versions

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'''[[w:Anne F. Garréta|Anne F. Garréta]]''' est une romancière française née en 1962. Depuis son premier roman, ''Sphinx'', publié en 1986 par Grasset, ellequatre enautres alui publiéont quatre autressuccédés, dont ''Pas un jour'' a obtenu le, [[w:Prix Medicis|Prix Medicis]] ende 2002. Anne F. Garréta a intégré l'[[w:Oulipo|Oulipo]] en 2000.
 
== ''La décomposition'', 1999 ==
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{{citation|
Un jour que j'errais ainsi par les rues, ([)] je rencontrai su le trottoir au pied d'un étal de poissonnerie une truite échouée. Elle n'était pas morte, s'efforçant par contractions saccadées et brusques secousses de tout son corps vers le caniveau. ([)] Toute sa pauvre chair s'asphyxiait, tendue obstinée pourtant encore par un instinct plus ancien qu'elle, dans la direction de la plus grande pente, celle du ruissellement des eaux. Quel souvenir d'azur profond enivrait dans ses affres la truite ? Quelle vision de fraîcheur et d'éblouissante lumière insistait dans son acharnement éperdu à rejoindre le caniveau ? Quel rêve de baptême la lavant des ordures du pavé, quel rêve de désaltérante amertume flottait encore dans les replis de ses branchies desséchées par l'air étouffant ? Mais chaque sursaut qu'elle refaisait sur le pavé lui restait inutile. Le caniveau où la mémoire atroce et mystérieuse l'appelait était une flaque d'eau stagnante et infecte qui ne s'écoulait pas même jusqu'à la bouche d'ombre par où rejoindre les canaux envasés de boues fécales de la Venise souterraine qui double par en dessous toutes les villes de l'Occident. Elle n'atteindrait jamais ce sombre fleuve d'enfer qui collecte et charrie dans sa grande pitié et putréfaction les poissons morts et les eaux usées pour les rendre à leur mer natale.
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{{Réf Livre|titre= La Décomposition
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{{citation|Notre imagination n'est qu'un orgue de Barbarie détraqué qui joue toujours autre chose que l'air indiqué, pitoyable orphéon déjanté roulant à rebours.}}
{{Réf Livre|titre=La Décomposition|auteur=Anne F. Garréta|éditeur=Grasset (Le Livre de Poche)|année=1999|page=101}}
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{{Réf Livre|titre= La Décomposition
|auteur= Anne F. Garréta
|éditeur= Grasset (Le Livre de Poche)
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{{citation|Aujourd'hui, jour de marché, mon lecteur je vous emmène. Où ? Devant une pyramide d'asperges. Quoi faire ? Attendre que paraisse notre prochaine victime. Nous voulons, pour donner goût à notre œuvre, que ce soit l'épi même, finement pignoché de mauve et d'azur, de ces délicieuses fées comestibles qui nous désigne celle qu'au festin cruel que je vous ai promis nous devons sacrifier.}}
{{Réf Livre|titre= La Décomposition|auteur= Anne F. Garréta|éditeur= Grasset (Le Livre de Poche)|année= 1999|page= 109}}
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|auteur= Anne F. Garréta
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{{citation|Votre tombe : ou comment, par une concession perpétuelle vous donnez votre nom à l'arpent.
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{{citation|Au heurt syncopé, de rail en rail, des roues, vous revoyez la gare où vous avez embarqué, promise à la démolition, sa grande verrière opacifiée à force de fiente, son ballast roux qui grisonne, la crête de ses voies ternie par un voile de rouille, les trains trop rares – quelques lignes au tableau d'affichage résumant le jour entier – pour le décaper, leurs wagons verts zébrés de filets bruns au gré du ruissellement obstiné des pluies acides, tandis que par la vitre abaissée l'air changeant de la nuit s'engouffre et dans les plis de ses turbulences apporte aux narines du voyageur étendu solitaire sur sa couchette des nouvelles des paysages invisibles à travers lesquels, immobile, il est lancé : prairies condensées en effluves humides, velouté vert des sous-bois, humus, mousses, bords d'eau croupissants, goudron des routes exhalant en vapeur nocturne les vestiges de de la chaleur du jour que vous humez encore tandis qu'un train d'autrefois vous emporte dans la nuit où des mondes endormis, muets et clos roulent à rebours de sa fuite, leur lumière venant poindre jusque contre les parois du compartiment obscur, y étirant un vitrail vacillant et momentané qui luit encore après qu'ils ont disparu du pan de ciel noir qu'encadre la fenêtre : embrasements au passage des gares désertes que l'on brûle, étoiles filantes, traits qui cinglent, galopent, balaient, consument au passage la surface d'une photo noir et blanc affichée sous verre, sous clé contre la cloison et que vous vous acharnez à regarder quoiqu'elle soit invisible dans l'obscurité et illisible sitôt qu'illuminée( [...)].
}}
{{Réf Livre|titre= La Décomposition
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{{citation|Les jours, très vite, se firent clairs, tièdes, doux, éveillant des espoirs précoces et dangereux chez les arbres qui se couvrirent de feuilles naissantes, tendres et aveugles comme des chats nouveau-nés.}}
{{Réf Livre|titre=Eros mélancolique|auteur=Anne F. Garréta et J. Roubaud |éditeur=Grasset|année=2008|page=57}}
 
{{Réf Livre
|titre=Eros mélancolique
|auteur=Anne F. Garréta et J. Roubaud
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{{citation|Un dimanche de printemps, l’heure d’été rapiéça les jours, rajoutant une heure de nuit matinale, étirant au contraire la lumière vers le soir des horloges, de plus en plus près du moment de son sommeil.}}