« Ennui » : différence entre les versions
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L''''{{w|ennui}}''' est un sentiment de fatigue morale, de lassitude, de découragement, lié au manque d'intérêt pour quelque chose ou quelqu'un, ou à une impression de vide, d'inutilité.
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=== Critique ===
==== Paolo Mereghetti, ''Les grands cinéastes : Orson Welles'', 2007 ====
{{citation|Selon les jeunes critiques américains, l'une des grands découvertes de notre époque est la valeur de l'ennui en tant que thème artistique. Si cela est vrai, alors Antonioni mérite de figurer parmi les pionniers de cette tendance en tant que père fondateur.
|précisions=De Orson Welles, cité dans :}}
{{Réf Livre|titre=Les grands cinéastes : Orson Welles|auteur=Paolo Mereghetti|éditeur=Cahiers du cinéma|année=2007|page=71}}
== Littérature ==
=== Correspondance ===
==== Arrigo Boito, ''Verdi. Autobiographie à travers la correspondance'', 1894 ====
{{citation|L'ennui est une opinion.}}
{{Réf Livre|titre de la contribution=À propos de l'opéra ''Fior d'Alpe'', de Franchetti (réponse à Verdi)|auteur de la contribution=Arrigo Boito|titre=Verdi. Autobiographie à travers la correspondance|auteur=Aldo Oberdorfer (éd.)|éditeur=J. C. Lattès|année=1984|année d'origine=1894|page=371}}
=== Écrit intime ===
==== Alfred de Vigny, ''Journal d'un poète'', 1867 ====
{{citation|L'ennui est la grande maladie de la vie ; on ne cesse de maudire sa brièveté, et toujours elle est trop longue, puisqu'on n'en sait que faire.}}
{{Réf Livre|titre=Journal d'un poète |auteur=Alfred de Vigny|éditeur=Librairire Delagrave|année=1921|année d'origine=1867|page=86}}
==== [[Pierre Pachet]], ''Autobiographie de mon père'', 1994 ====
{{citation|citation=Sans doute est-il nécessaire que je m’explique, moi Pierre Pachet, sur le texte étrange qu’on va lire et pour lequel j’ai tenu la plume. Quel est le sens de ce projet, et comment l’ai-je réalisé ? Dans l’enfance, je m’ennuyais beaucoup (…) Seule ma mère avait la sympathie et la finesse nécessaires pour me comprendre et m’aider(…) Mon père, lui, n’émergeait de son travail que pour rechercher le repos, en « s’allongeant » ou en partant se promener. Mais l’ennui, chez moi, ne voulait pas des promenades. }}
{{Réf Livre|titre= Autobiographie de mon père|auteur= [[Pierre Pachet]]|éditeur=Autrement |année=1994|page=5|ISBN=2-86260-491-7}}
=== Essai ===
==== [[Charles Dantzig]], ''Dictionnaire égoïste de la littérature française'', 2005 ====
{{Citation|citation= On peut aimer l’ennui. C’est même une façon d’aimer la société dans laquelle on vit. Dan les années 1960, les habitants de l’Europe de l’Ouest raffolaient de l’élégant ennui des films d’Antonioni, ceux de l’Europe de l’Est vénéraient le brutal ennui des pièces de Bertolt Brecht.}}
{{réf Livre|auteur=[[Charles Dantzig]]|titre=Dictionnaire égoïste de la littérature française|éditeur=Grasset|année=2005|page=280}}
{{Citation|citation=Quantité de gens se marient pour la même raison qu’ils lisent : ils s’ennuient. Aussitôt s’anéantit le romanesque de l’amour, car, marié, on se rend compte qu’on est le même avec du poids en plus. Les membres du couple s’ennuient. Ils se remettent à lire. La facilité du divorce a réduit le nombre de lecteurs de romans. }}
{{réf Livre|auteur=[[Charles Dantzig]]|titre=Dictionnaire égoïste de la littérature française|éditeur=Grasset|année=2005|page=280-281}}
=== Essai poétique ===
==== [[Jean Cocteau]], ''Le Coq et l'Arlequin — Notes autour de la musique'', 1918 ====
{{citation|citation=Il y a des œuvres longues qui sont courtes. L’œuvre de Wagner est une œuvre longue qui est longue, une œuvre en étendue, parce que l’ennui semble à ce vieux dieu une drogue utile pour obtenir l'hébétement des fidèles.}}
{{Réf Livre|titre= Le Coq et l'Arlequin|auteur=[[Jean Cocteau]]|éditeur= Ed. De la Sirène|année=1918|page=22}}
=== Prose poétique ===
==== [[André Breton]], ''Poisson soluble'', 1924 ====
{{Citation|citation=Pourvu que je ne manque pas la correspondance avec l'ennui ! Nous y sommes : l'ennui, les belles parallèles, ah ! que les parallèles sont belles sous la perpendiculaire de Dieu.}}
{{Réf Livre|titre=Poisson soluble|auteur=[[André Breton]]|éditeur=Gallimard|collection=Poésie|année=1996|année d'origine=1924|page=34|partie=2|ISBN=2-07-032917-8}}
=== Poésie ===
==== [[Charles Baudelaire]], ''Les Fleurs du mal'', 1857 ====
{{citation|<poem>Mais parmi les chacals, les panthères, les lices [...],
Dans la ménagerie infâme de nos vices,
Il en est un plus laid, plus méchant, plus immonde !
Quoiqu'il ne pousse ni grands gestes ni grands cris,
Il ferait volontiers de la terre un débris,
Et dans un bâillement avalerait le monde ;
C'est l'Ennui !</poem>}}
{{réf Livre|titre=Les Fleurs du mal|titre de la contribution=Au Lecteur|auteur=[[Charles Baudelaire]]|éditeur=Lemerre|année=1900?|page=10|année d'origine=1857|partie=Spleen et idéal|s=Les Fleurs du mal}}
==== [[Henri de Régnier]], ''Les jeux rustiques et divins'', 1897 ====
{{citation|<poem>Je t’entendais jadis du fond des soirs d’ennui
Gémir avec le câble et la mâture
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Pleurer dans l’ombre où l’Heure a fui
Avec les ailes du Silence. </poem>}}
{{Réf Livre|titre de la contribution= Refrain |titre= Les jeux rustiques et divins|auteur= [[Henri de Régnier]]|éditeur= Mercure de France|année= 1897|page= 231}}
==== [[Victor Hugo]], ''Dernière gerbe'', 1902 ====
{{citation|Vengeance est fille de l'ennui.}}
{{Réf Livre|titre=Dernière gerbe|auteur=[[Victor Hugo]]|éditeur=Société d'éditions littéraires et artistiques|année=1906?|page=52}}
=== Roman ===
==== [[Daniel Boulanger]], ''Table d’hôtes'', 1982 ====
{{citation|<poem>Vous ne savez pas ce que c’est que l’ennui, docteur. Imaginez que vous soyez cette boîte à thé. Elle a six faces.
- Oui, dit Aubineau en regardant le cube de bois blanc marqué au fer en lettres cyrilliques, que prenait la fille du prince de Novgorod.
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- Juste le souvenir, reprit-elle, de ce qui était et l’idée de ce qui pourrait redevenir une boîte, mais la boîte n’a aucun désir et je n’ai aucun goût pour elle. Voilà mon existence, voilà l’ennui. J’ajoute que ce qui est écrit sur cette boîte n’est pas le mot thé, mais le mot pâte de fruit. Autrement dit, elle ne sert pas à ses fins premières.
- Un ennui double alors, dit le docteur, un ennui de luxe. Ce qui n’est déjà plus l’ennui pur.</poem>}}
{{Réf Livre|titre de la contribution=Le prince ouvrier|titre=Table d’hôtes|auteur=[[Daniel Boulanger]]|éditeur=Gallimard|année=1982|page=118-119}}
{{citation|Macha est ma meilleure amie, mais elle n’est pas à mon service. L’ennui est pareil à la lampe que la police vous dirige dans l’oeil et qui suit chacun de vos mouvements. Il arrive qu’une amie passer entre elle et nous. Cela soulage, mais un si court instant ! L’amie est toujours de hasard, avez-vous remarqué ?}}
{{Réf Livre|titre de la contribution=Le prince ouvrier|titre=Table d’hôtes|auteur=[[Daniel Boulanger]]|éditeur=Gallimard|année=1982|page=121}}
==== [[Philippe Djian]], ''Lent dehors'', 1991 ====
{{citation|Ma classe ressemblait à une cité engloutie, peuplée de fantômes et de carcasses piquant du nez dans un courant d'eau tiède.}}
{{Réf Livre|titre= Lent dehors|auteur= [[Philippe Djian]]|éditeur= Folio|année= 1993|page= 22|année d'origine=1991}}
{{citation|Certaines avaient de belles paires de fesses, de jolies poitrines. Elles avaient des cris clairs, des dents blanches, des poses étudiées. Les garçons les observaient comme du bétail et souriaient aux obscénités qu'ils échangeaient. Ils avaient des yeux vifs, des dents blanches, des manières brutales. Ce qu'ils partageaient, les uns et les autres, ce qu'évoquait leur visage, était la cruauté et l'ennui.}}
{{Réf Livre|titre= Lent dehors|auteur= [[Philippe Djian]]|éditeur= Folio|année= 199|page= 192
|année d'origine=1991}}
==== [[Fred Vargas]], ''L'armée Furieuse'', 2011 ====
{{citation|Ici, c'est comme partout, il y a beaucoup de têtes creuses qui ont vite fait de se remplir de n'importe quoi, si possible du pire. C'est ce que tout le monde préfère, le pire. On s'ennuie tellement.}}
{{Réf Livre|titre=L'armée Furieuse|auteur=[[Fred Vargas]]|éditeur=Viviane Hamy|année=2011|page=76}}
== Philosophie ==
=== [[Marcel Conche]], ''Confessions d’un philosophe. Réponses à André Comte-Sponville'', 2003 ===
{{citation|citation=Le grand bonheur est toujours extraordinaire et impréparé ; on ne peut ni le choisir ni l’organiser. Quant au petit bonheur courant, je n’y vois qu’ennui et promesse d’ennui.}}
{{Réf Livre|titre=Confessions d’un philosophe. Réponses à André Comte-Sponville|auteur=[[Marcel Conche]]|éditeur=Albin Michel|collection=Biblio Essais|année=2003|ISBN=2-253-13100-8|page=154}}
=== Alain Jay, ''Quel ennui !'', 2007 ===
{{citation|Dans la perspective chrétienne, l'ennui est un passe-temps de reptile.}}
{{Réf Livre|titre= Quel ennui !|auteur= Alain Jay|éditeur= L'Harmattan|année= 2007|page= 54}}
{{citation|L'analogie entre l'ennui et le sommeil, qui culmine dans la sieste, ne vaut précisément qu'à titre d'analogie. () De fait ils diffèrent, et par un point essentiel : dormir suppose de s'abandonner, alors que l'ennui est une résistance. Passive, certes, mais résistance tout de même.}}
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{{citation|L'ennui est la veille d'une conscience solitaire.}}
{{Réf Livre|titre= Quel ennui !|auteur= Alain Jay|éditeur= L'Harmattan|année= 2007|page= 91}}
{{citation|Qu'est-ce que l'insomnie en effet sinon un ennui agacé de petites lanières en cuir pour autant d'ennuis diurnes particuliers remontant à la surface des draps ?}}
{{Réf Livre|titre= Quel ennui !|auteur= Alain Jay|éditeur= L'Harmattan|année= 2007|page= 91}}
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