« Renée Vivien » : différence entre les versions

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'''[[w:Renée Vivien|Renée Vivien]]''', née Pauline Mary Tarn le 11 juin 1877 à Londres et morte le 18 novembre 1909 à Paris, était une poétesse britannique de langue française du courant parnassien de la Belle Époque.
 
== Recueil de nouvelles ==
 
=== ''La Dame à la Louve'', 1904 ===
 
==== La Dame à la Louve ====
{{Citation|citation=« J’ai si longtemps respiré l’air des forêts, l’air vibrant de neige, je me suis si souvent mêlée aux Blancheurs vastes et désertes, que mon âme est un peu l’âme des louves fuyantes. »}}
{{Réf Livre|titre=La Dame à la Louve|auteur=Renée Vivien|éditeur=Alphonse Lemaire|année=1904|page=12|section=La Dame à la louve}}
 
{{Citation|citation=<poem>Décidément, pensai-je, elle exagère son rôle, pourtant très bien compris. Elle exagère.
(Si nous étions entre hommes, messieurs, je vous dirais que je n’ai pas toujours méprisé les maisons publiques et que j’ai même ramassé maintes fois, sur le trottoir, de piteuses grues. Cela n’empêche pas les Parisiennes d’être plus accommodantes que cette sainte nitouche. Je ne suis nullement fat, mais enfin il faut avoir la conscience de sa valeur.)
Et, jugeant que l’entretien avait assez duré, je quittai fort dignement la Dame à la Louve.</poem>}}
{{Réf Livre|titre=La Dame à la Louve|auteur=Renée Vivien|éditeur=Alphonse Lemaire|année=1904|page=13|section=La Dame à la louve}}
 
{{Citation|citation=Les vagues ressemblaient à de monstrueux volcans enveloppés de fumées blanches. Ou plutôt, non, elles ne ressemblaient à rien. Elles étaient elles-mêmes, magnifiques, terribles, mortelles...}}
{{Réf Livre|titre=La Dame à la Louve|auteur=Renée Vivien|éditeur=Alphonse Lemaire|année=1904|page=15|section=La Dame à la louve}}
 
{{Citation|citation=La Dame à la Louve était là plus calme que jamais. Et moi, je défaillais de terreur [...]. D’un geste hébété je tâtai mon front, où je sentais, affreusement saillants, les os du crâne. Le squelette en moi m’épouvantait. Je me mis à pleurer, stupidement…}}
{{Réf Livre|titre=La Dame à la Louve|auteur=Renée Vivien|éditeur=Alphonse Lemaire|année=1904|page=16|section=La Dame à la louve}}
 
{{Citation|citation=Je serais une chair bleue et noire, plus gonflée qu’une outre rebondie. Les requins happeraient par-ci, par-là, un de mes membres disjoints. Et, lorsque je descendrais au fond des flots, des crabes grimperaient obliquement le long de ma pourriture et s’en repaîtraient avec gloutonnerie...}}
{{Réf Livre|titre=La Dame à la Louve|auteur=Renée Vivien|éditeur=Alphonse Lemaire|année=1904|page=16|section=La Dame à la louve}}
 
{{Citation|citation=Je tâchai de retrouver au fond de ma mémoire, plus épuisée qu’une coupe vide, quelques mots de prière… Et des pensées libidineuses vinrent me tourmenter, pareilles à de rouges diablotins.}}
{{Réf Livre|titre=La Dame à la Louve|auteur=Renée Vivien|éditeur=Alphonse Lemaire|année=1904|page=17|section=La Dame à la louve}}
 
{{Citation|citation=Devant l’effroi de l’Immensité Mystérieuse, il ne survivait plus en moi que l’instinct du rut, aussi puissant chez quelques-uns que l’instinct de la conservation. C’était la Vie, la laideur et la grossièreté de la Vie, qui bramaient en moi une protestation féroce contre l’Anéantissement…}}
{{Réf Livre|titre=La Dame à la Louve|auteur=Renée Vivien|éditeur=Alphonse Lemaire|année=1904|page=18|section=La Dame à la louve}}
 
{{Citation|citation=On a de drôles d’idées à ces moments-là, tout de même… Moi, un très honnête garçon, en somme, estimé de tout le monde, excepté de quelques jaloux, aimé même de quelques-unes, me reprocher aussi amèrement une existence qui ne fut ni pire ni meilleure que celle de tout le monde !… Je dus avoir une passagère folie. Nous étions tous un peu fous, du reste…}}
{{Réf Livre|titre=La Dame à la Louve|auteur=Renée Vivien|éditeur=Alphonse Lemaire|année=1904|page=18|section=La Dame à la louve}}
 
{{Citation|citation=<poem>La Dame à la Louve, très calme, regardait les flots blancs… Oh ! plus blancs que la neige au crépuscule ! Et, assise sur son derrière, Helga hurlait comme une chienne. Elle hurlait lamentablement, comme une chienne à la lune… Elle ''comprenait''…
Je ne sais pourquoi ces hurlements me glacèrent plus encore que le bruit du vent et des flots… Elle hurlait à la mort, cette sacrée louve du diable ! Je voulus l’assommer pour la faire taire, et je cherchai une planche, un espar, une barre de fer, quelque chose enfin pour l’abattre sur le pont… Je ne trouvai rien…</poem>}}
{{Réf Livre|titre=La Dame à la Louve|auteur=Renée Vivien|éditeur=Alphonse Lemaire|année=1904|page=18|section=La Dame à la louve}}
 
{{Citation|citation=<poem>… Elles étaient à une courte distance de la terre, lorsque la Dame, épuisée, se tourna vers Helga, comme pour lui dire : « Je suis à bout… »
Et voici que se passa une chose douloureuse et solennelle. La louve, ''qui avait compris'', prolongea vers la terre proche et inaccessible son hurlement de désespoir… Puis, se dressant, elle posa ses deux pattes de devant sur les épaules de sa maîtresse, qui la prit entre ses bras… Toutes deux s’abîmèrent dans les flots…</poem>}}
{{Réf Livre|titre=La Dame à la Louve|auteur=Renée Vivien|éditeur=Alphonse Lemaire|année=1904|page=22|section=La Dame à la louve}}
 
==== La Soif ricane ====
{{Citation|citation=<poem>« Pourquoi t’arrêtes-tu ? » me demanda Polly.
« Je regarde la Soif. Sa robe est grise comme l’herbe sèche là-bas. Elle grimace. Elle ricane. Les contorsions de sa carcasse me font peur. Elle est bien laide, la Soif. »</poem>}}
{{Réf Livre|titre=La Dame à la Louve|auteur=Renée Vivien|éditeur=Alphonse Lemaire|année=1904|page=26|section=La Soif ricane}}
 
{{Citation|citation=Je l’aurais volontiers fait taire d’un coup de pied ou de poing, mais des expériences réitérées et douloureuses m’avaient persuadé que la vigueur physique de Polly surpassait de beaucoup la mienne. Je n’avais sur elle qu’une vague supériorité mentale. Et encore! Le bon sens de ma compagne m’a souvent tiré d’un mauvais pas, ce que n’auraient pu faire mes divagations de songe-creux.}}
{{Réf Livre|titre=La Dame à la Louve|auteur=Renée Vivien|éditeur=Alphonse Lemaire|année=1904|page=27|section=La Soif ricane}}
 
{{Citation|citation=J’ai choisi pour ma compagne de route cette Polly que j’exècre, ou plutôt elle m’a choisi pour compagnon. Je finirai par la tuer un jour. Cela, je le sais. Je la hais parce qu’elle est vigoureusement saine, et que je suis, moi, un fiévreux débile. Elle est plus hardie et plus solide qu’un mâle. Elle m’enverrait rouler à dix mètres d’une chiquenaude.}}
{{Réf Livre|titre=La Dame à la Louve|auteur=Renée Vivien|éditeur=Alphonse Lemaire|année=1904|page=29|section=La Soif ricane}}
 
{{Citation|citation=<poem>Je hasardai une réflexion au cours du chemin.
« Il y aura sûrement de l’orage avant peu, Polly, ma fée, ma chimère.
— Idiot ! » souffla-t-elle avec conviction. «Laisse-moi donc tranquille. Tu ne dis jamais que des choses sottes. Bien sûr qu’il y aura de l’orage avant peu. Ça se voit et ça se sent, et je n’aime pas les mots inutiles.
— Ô ma douceur admirable, ta sagesse est aussi bienveillante que profonde. »
Elle ne daigna point me répondre. Je finirai sûrement par la tuer un jour. Je n’aurai jamais la force de l’étrangler; mais je lui tirerai dans le dos un bon coup de revolver.</poem>}}
{{Réf Livre|titre=La Dame à la Louve|auteur=Renée Vivien|éditeur=Alphonse Lemaire|année=1904|page=29|section=La Soif ricane}}
 
{{Citation|citation=<poem>Polly mâcha un sourd juron… Mes genoux fléchirent sous moi. Elle me toisa de son regard dédaigneux, et, me quittant sans une parole, elle se mit en devoir de gravir la colline.
Je la suivis, par crainte de la solitude, plus odieuse encore que la présence de cette compagne détestée.</poem>}}
{{Réf Livre|titre=La Dame à la Louve|auteur=Renée Vivien|éditeur=Alphonse Lemaire|année=1904|page=31|section=La Soif ricane}}
 
{{Citation|citation=Je ne crains pas la mort, mais la douleur m’épouvante. La perspective d’être rôti vivant me tenaillait de façon suraiguë. Polly elle-même avait l’air grave, quoique ses nerfs soient plus robustes que des tendons de bœuf.}}
{{Réf Livre|titre=La Dame à la Louve|auteur=Renée Vivien|éditeur=Alphonse Lemaire|année=1904|page=33|section=La Soif ricane}}
 
{{Citation|citation=<poem>… C’était beau quand même, cette trombe de flammes. C’était plus beau que le soleil. Jamais je n’ai vu quelque chose d’aussi magnifique… C’était si merveilleusement splendide que je tombai à genoux, et que je tendis mes deux bras vers le Feu, en riant comme les petits enfants et les idiots.
Je vous répète que c’était aussi effroyable que superbe, et que j’en devins presque fou. C’était trop beau pour les yeux d’un homme. Dieu seul pouvait regarder cet embrasement en face sans en mourir ou en perdre la raison.
Mais Polly, qui n’a pas plus d’âme que mes mules, ne comprit point et regarda sans voir. Elle ne s’étonne de rien, elle n’admire rien…
Je la haïssais de ne point avoir peur. Oh ! comme je la haïssais !… Je la hais férocement, parce qu’elle est plus forte et plus vaillante que moi… Je la hais, comme une femme exècre l’homme qui la domine.</poem>}}
{{Réf Livre|titre=La Dame à la Louve|auteur=Renée Vivien|éditeur=Alphonse Lemaire|année=1904|page=33|section=La Soif ricane}}
 
{{Citation|citation=Je crus pendant une seconde qu’elle était devenue folle, elle aussi. Et je hurlai de joie, semblable à un Indien qui se venge.
Elle ne se troubla point. Elle était habituée à mon humeur fantasque. Elle me méprisait trop pour me craindre.}}
{{Réf Livre|titre=La Dame à la Louve|auteur=Renée Vivien|éditeur=Alphonse Lemaire|année=1904|page=35|section=La Soif ricane}}
 
==== Les Soeurs du silence ====
{{Citation|citation=<poem>« Puis-je savoir?… » commençai-je avec embarras et maladresse.
« Ne m’interrogez point, » interrompit la Femme Grise, non sans douceur. « Car la question est un viol brutal du droit et du devoir de se taire. Regardez et observez, apprenez par vous-même, sans jamais rien demander à un être aussi faillible, aussi incertain que vous. »</poem>}}
{{Réf Livre|titre=La Dame à la Louve|auteur=Renée Vivien|éditeur=Alphonse Lemaire|année=1904|page=35|section=Les Soeurs du silence}}
 
{{Citation|citation=Comme un nid d’aigle, la pieuse demeure se blottissait parmi les rochers. Les passants craignaient la violence de ses parfums. Jadis, le souffle inexorable des fleurs d’oranger avait fait mourir une vierge.}}
{{Réf Livre|titre=La Dame à la Louve|auteur=Renée Vivien|éditeur=Alphonse Lemaire|année=1904|page=54|section=Les Soeurs du silence}}
 
{{Citation|citation=Le moutier pâlissait au milieu d’un immense jardin où ne s’effeuillaient que de virginales fleurs blanches, les fleurs de la stérilité et de la mort. Les plus jeunes parmi les recluses étaient seules autorisées à prodiguer aux plantes et aux feuillages les soins délicats dont s’acquittent habituellement les jardiniers. Car la main grossière d’un homme ne devait point, selon la loi conventuelle, souiller les fleurs.
Le plus mystique silence régnait par le couvent. Celles que tourmentait encore le souvenir du verbe venaient, à de rares intervalles, dans le « parloir », où elles reprenaient, pour quelques instants, la vaine pratique du langage humain.}}
{{Réf Livre|titre=La Dame à la Louve|auteur=Renée Vivien|éditeur=Alphonse Lemaire|année=1904|page=52|section=Les Soeurs du silence}}
 
{{Citation|citation=Comme un nid d’aigle, la pieuse demeure se blottissait parmi les rochers. Les passants craignaient la violence de ses parfums. Jadis, le souffle inexorable des fleurs d’oranger avait fait mourir une vierge.}}
{{Réf Livre|titre=La Dame à la Louve|auteur=Renée Vivien|éditeur=Alphonse Lemaire|année=1904|page=54|section=Les Soeurs du silence}}
 
{{Citation|citation=Aux pieds du monastère, l’abîme bleuissait, plus attirant que le flot méditerranéen. Les fenêtres étaient larges, et, toujours grandement ouvertes sur la mer, elles contenaient toute la courbe glorieuse de l’Arc-en-Ciel. Lorsque l’orgue répandait la tempête de ses foudres et de ses tonnerres, lorsque les violons sanglotaient toute l’angoisse divine, les vagues mêlaient aux chants l’éternité de leur rythme monocorde.}}
{{Réf Livre|titre=La Dame à la Louve|auteur=Renée Vivien|éditeur=Alphonse Lemaire|année=1904|page=54|section=Les Soeurs du silence}}
 
{{Citation|citation=<poem>La plus jeune Sœur vint à moi comme l’incarnation de ma pensée la plus belle. Sa robe était du même violet que le soir. Cette femme m’évoquait la fragilité de la nacre et la tristesse altière des cygnes noirs au sillage obscur. Répondant à mon silence, elle murmure:
« J’ai cherché dans cette ombre non point la paix, comme l’Exilé frappant aux portes du monastère, mais l’Infini. »
Et je vis que son visage ressemblait au divin visage de la Solitude.</poem>}}
{{Réf Livre|titre=La Dame à la Louve|auteur=Renée Vivien|éditeur=Alphonse Lemaire|année=1904|page=54|section=Les Soeurs du silence}}
 
==== Trahison de la forêt ====
{{Citation|citation=Les branches des arbres semblaient des pythons immobiles. Les lianes s’enroulaient comme des serpents verts. Un souffle de péril et de trahison montait de la terre et tombait des feuillages. Les étoiles étaient grandes ouvertes, ainsi que des fleurs de flamme.}}
{{Réf Livre|titre=La Dame à la Louve|auteur=Renée Vivien|éditeur=Alphonse Lemaire|année=1904|page=93|section=Trahison de la forêt}}
 
==== La Chasteté paradoxale ====
{{Citation|citation=Je suivis mon ami chez la proxénète. Au premier coup d’œil, je jugeai que mon ami ne m’avait point sottement vanté la demeure. Nous gravîmes un escalier du plus pur marbre blanc, pareil à un névé. Les ciselures de la rampe de bronze représentaient des Hamadryades frissonnantes inclinées vers les fleuves et les fontaines pour écouter le murmure des Naïades. Des statues solennelles éclairaient la demi-ombre de leurs reflets polis.}}
{{Réf Livre|titre=La Dame à la Louve|auteur=Renée Vivien|éditeur=Alphonse Lemaire|année=1904|page=102|section=La Chasteté paradoxale}}
 
{{Citation|citation=Deux servantes mauresques me précédèrent dans une vaste salle tendue de velours d’un rouge profond. J’observai les sculptures de la cheminée majestueuse. Des Vestales immobiles veillaient sur le foyer. La lumière frappait un tableau où deux chasseresses apportaient à l’image d’Artémis l’offrande de leur arc victorieux.}}
{{Réf Livre|titre=La Dame à la Louve|auteur=Renée Vivien|éditeur=Alphonse Lemaire|année=1904|page=102|section=La Chasteté paradoxale}}
 
{{Citation|citation=Un flamboyant été de roses se consumait en parfums. L’immense baie des fenêtres découvrait la mer qui miroitait toute sous nos yeux éblouis, ruissellement d’argent fondu et parsemé de cristal.}}
{{Réf Livre|titre=La Dame à la Louve|auteur=Renée Vivien|éditeur=Alphonse Lemaire|année=1904|page=103|section=La Chasteté paradoxale}}
 
{{Citation|citation=<poem>Une femme entra. Jamais je ne vis beauté plus magnanime. La magnificence orientale des belles Juives éclatait en elle. Pâle d’extase, je contemplai les reflets roux et bleus de sa chevelure noire. Ses yeux étaient de la couleur des raisins. Le velours rouge des rideaux et des tentures l’encadrait de flammes vives et intensifiait l’ardeur mate de sa chair d’ambre et de nard. Sa bouche était pareille à la rougeur fraîche des pastèques.
Cette femme était un faste vivant… Elle ressemblait à un jardin de reine, à une parure inestimable, à un tissu ingénieusement brodé par des mains patientes. Quelque chose de grave et de lointain qui était en elle inspirait, ou plutôt imposait, un respect involontaire.</poem>}}
{{Réf Livre|titre=La Dame à la Louve|auteur=Renée Vivien|éditeur=Alphonse Lemaire|année=1904|page=103|section=La Chasteté paradoxale}}
 
{{Citation|citation=<poem>Une femme entra. Jamais je ne vis beauté plus magnanime. La magnificence orientale des belles Juives éclatait en elle. Pâle d’extase, je contemplai les reflets roux et bleus de sa chevelure noire. Ses yeux étaient de la couleur des raisins. Le velours rouge des rideaux et des tentures l’encadrait de flammes vives et intensifiait l’ardeur mate de sa chair d’ambre et de nard. Sa bouche était pareille à la rougeur fraîche des pastèques.
Cette femme était un faste vivant… Elle ressemblait à un jardin de reine, à une parure inestimable, à un tissu ingénieusement brodé par des mains patientes. Quelque chose de grave et de lointain qui était en elle inspirait, ou plutôt imposait, un respect involontaire.</poem>|précisions=Description de la proxénète non encore identifiée.}}
{{Réf Livre|titre=La Dame à la Louve|auteur=Renée Vivien|éditeur=Alphonse Lemaire|année=1904|page=103|section=La Chasteté paradoxale}}
 
{{Citation|citation=À ce moment, les portes s’ouvrirent toutes grandes, et un chœur de jeunes femmes, roses à l’égal des Grâces, entra en un bourdonnement d’essaim. L’atmosphère était saturée d’odeurs. Mais je ne vis que Myriam, soleil noir parmi les étoiles. Jamais je n’avais compris, senti, aimé, avec cette profondeur et cette intensité le prestige orgueilleux des brunes.}}
{{Réf Livre|titre=La Dame à la Louve|auteur=Renée Vivien|éditeur=Alphonse Lemaire|année=1904|page=105|section=La Chasteté paradoxale}}
 
{{Citation|citation=<poem>J’ôtai de mon doigt un rubis très rare, beau comme le sang d’une blessée, et le jetai, avec ma bourse pesante, sur la table d’onyx.
« Prenez-les, Myriam. Et prenez encore ce saphir, d’un bleu méditerranéen. En échange, vous me donnerez vos plus savants baisers. »
Elle sourit de nouveau, mais d’un sourire plus aigu.
« Vous vous trompez, signor, » répondit-elle, très calme. « Je suis la marchande, je ne suis point la marchandise. »
Je rencontrai son regard altier.</poem>}}
{{Réf Livre|titre=La Dame à la Louve|auteur=Renée Vivien|éditeur=Alphonse Lemaire|année=1904|page=108|section=La Chasteté paradoxale}}
 
{{Citation|citation=<poem>Je m’approchai d’elle, les sens exaspérés jusqu’au viol. Ma main chercha les seins farouches que soulevait impétueusement un souffle irrité.
Plus prompte qu’un essor d’hirondelle, elle saisit un stylet, merveille de niellure et de pierreries, qui ornait sa ceinture, et me le plongea dans la poitrine… Je tombai… Une douleur suraiguë me trouait le cœur… Je sombrai au fond d’une nuit rouge…. [...]
Je ne franchis plus le seuil de la proxénète, de cette étrange femme, perverse et pure, impudique et inaccessible…</poem>}}
{{Réf Livre|titre=La Dame à la Louve|auteur=Renée Vivien|éditeur=Alphonse Lemaire|année=1904|page=109|section=La Chasteté paradoxale}}
 
==== La Saurienne ====
{{Citation|citation=« Le roi et la reine des crocodiles sont mes amis intimes [...]. » « Le roi demeure à Denderah. La reine, qui est aussi puissante et plus cruelle encore que lui, a préféré s’en aller quarante lieues plus haut, afin de régner seule. Elle veut la puissance sans partage. Lui aussi aime l’indépendance ; ce qui fait que, tout en restant très bons amis, ils vivent séparés. Ils ne se rejoignent qu’à de rares intervalles, pour l’acte d’amour. »}}
{{Réf Livre|titre=La Dame à la Louve|auteur=Renée Vivien|éditeur=Alphonse Lemaire|année=1904|page=123|section=La Saurienne}}
 
{{Citation|citation=Je vis dans ses prunelles une lueur de férocité libidineuse qui me fit claquer des dents. J’emploie à dessein cette banale expression dont je compris à ce moment toute la force et toute l’horreur. L’effroyable soleil m’opprimait et m’écrasait, tel le poids d’un géant. Feu liquide, il me brûlait. Et pourtant mes dents s’entre-choquaient ainsi qu’en hiver, lorsque les grandes gelées vous engourdissent le sang.}}
{{Réf Livre|titre=La Dame à la Louve|auteur=Renée Vivien|éditeur=Alphonse Lemaire|année=1904|page=124|section=La Saurienne}}
 
{{Citation|citation=<poem>Elle me regarda de ses prunelles libidineuses et féroces de monstre en rut.
« Viens, » commanda-t-elle.
J’essayai de la suivre. Je ne pouvais point. Je fis des gestes étranglés de fou maintenu par une camisole de force.
À quelques pas du lieu où nous étions, il y avait un fouillis d’herbes très hautes, et des arbres dont les branches ressemblaient à des serpents géants. Elle guignait cet abri du coin de l’œil… Je devinai sans peine ce qu’elle voulait de moi.</poem>}}
{{Réf Livre|titre=La Dame à la Louve|auteur=Renée Vivien|éditeur=Alphonse Lemaire|année=1904|page=127|section=La Saurienne}}
 
{{Citation|citation=<poem>Les Yeux !
Je fus saisi d’une joie de fièvre et de délire, de cette joie que seuls connaissent les naufragés enfin rendus à la terre et les malades qui voient l’aube dissiper leur nuit d’horribles hallucinations. Je dansais, je faisais siffler ma salive. Je balbutiai même à ma redoutable compagne de stupides paroles d’amour.
Je vidai ma gourde d’un trait. La pensée de ma délivrance prochaine coula dans mes veines, avec la bienfaisante chaleur du brandy… J’eus ainsi la force d’accomplir la meurtrière besogne… Et, lorsque la Saurienne, les regards chavirés sous les paupières ivres, attendait la satisfaction charnelle, je pris mon couteau. Je pris mon couteau, et, atteignant le monstre vautré dans l’herbe, je lui crevai les yeux…
Je lui crevai les yeux, vous dis-je. Ah ! c’est que je suis courageux, moi ! On peut clabauder sur mon compte, mais on ne prétendra jamais que je suis un lâche. Beaucoup d’hommes auraient perdu la tête, à ma place.</poem>}}
{{Réf Livre|titre=La Dame à la Louve|auteur=Renée Vivien|éditeur=Alphonse Lemaire|année=1904|page=128|section=La Saurienne}}
 
==== Brune comme une Noisette ====
{{Citation|citation=Nous n’avons pas de morale, dans les grands bois. Seulement, elle était réfractaire à l’amour. Il y a beaucoup de femmes qui ont instinctivement horreur du mâle. Ce n’est pas qu’elle eût pour moi une haine profonde. Elle m’avait voué au contraire une affection fraternelle.}}
{{Réf Livre|titre=La Dame à la Louve|auteur=Renée Vivien|éditeur=Alphonse Lemaire|année=1904|page=149|section=Brune comme une Noisette}}
 
{{Citation|citation=Seuls lui plaisaient le grand air, les marches à travers la forêt, les fleurs sauvages cueillies en chemin, et le péril et l’aventure. Elle était faite pour le péril et l’aventure autant que moi. Nous nous aimions en frères. Au fond de notre amitié, pourtant réelle, croupissait une vase corrompue de soupçon, de haine même. Elle se défiait de moi, et je n’oubliais pas mon ressentiment féroce de mâle dédaigné.}}
{{Réf Livre|titre=La Dame à la Louve|auteur=Renée Vivien|éditeur=Alphonse Lemaire|année=1904|page=151|section=Brune comme une Noisette}}
 
{{Citation|citation=La torche ensanglanta le fleuve de reflets écarlates. On aurait cru voir dans l’eau l’embrasement d’un palais. Les deux rives se détachaient en sanguine. Les arbres érigeaient des feuillages rouges, ainsi qu’en octobre… C’était aussi beau qu’un paysage d’enfer. Seulement, en fait de damnés, il n’y avait que moi. Et je ne crois pas avoir commis de péché assez grandiose pour mériter cette mise en scène splendide.}}
{{Réf Livre|titre=La Dame à la Louve|auteur=Renée Vivien|éditeur=Alphonse Lemaire|année=1904|page=155|section=Brune comme une Noisette}}
 
{{Citation|citation=Elle était hostilement pure comme une de ces petites bêtes marines qui vivent tapies en un coquillage aux parois de nacre… Je vis la contraction douloureuse de tout son visage brun.}}
{{Réf Livre|titre=La Dame à la Louve|auteur=Renée Vivien|éditeur=Alphonse Lemaire|année=1904|page=161|section=Brune comme une Noisette}}
 
==== Blanche comme l'Ecume ====
{{Citation|citation=Elle ne craignait point la Mort aux yeux chastes, aux mains graves, elle ne craignait que l’Amour qui ravage l’esprit et la chair.
Blanche comme l’écume sur le gris des rochers, elle songeait que les Dieux cléments, en la livrant virginale à la Mort virginale, lui épargnaient les rancœurs et les souillures de l’implacable Érôs.}}
{{Réf Livre|titre=La Dame à la Louve|auteur=Renée Vivien|éditeur=Alphonse Lemaire|année=1904|page=206|section=Blanche comme l'Ecume}}
 
{{Citation|citation=<poem>Des lèvres d’Androméda jaillit un sanglot d’épouvante et d’amour. Ses paupières frémirent avant de se clore sur la volupté de son regard. Ses lèvres goûtaient amèrement la saveur de la Mort.
… Mais l’heure de délivrance avait sonné, et le Héros apparut, armé par la Parthène et pareil à un éclair d’été. Le combat se livra sur les vagues et le glaive de Perseus fut vainqueur. Le Monstre s’abîma lentement dans les ténèbres de l’eau.
À l’instant où le triomphateur brisait les chaînes d’or de la Captive, il s’arrêta devant le reproche muet de ses larmes.
Et la voix d’Androméda sanglota lentement:
« Pourquoi ne m’as-tu point laissée périr dans la grandeur du Sacrifice ? La beauté de mon Destin incomparable m’enivrait, et voici que tu m’as ravie au baiser léthéen. Ô Perseus, sache que le Monstre de la Mer a connu seul mon sanglot de désir, et que la Mort m’apparaîssait moins sombre que ton étreinte prochaine. »</poem>}}
{{Réf Livre|titre=La Dame à la Louve|auteur=Renée Vivien|éditeur=Alphonse Lemaire|année=1904|page=207|section=Blanche comme l'Ecume}}
 
== Autres (à sourcer) ==
{{à sourcer|date=2012-02-09}}
"Toute la poésie cachée qui était en moi s'est réveillée, dans la chaude lumière de ce radieux paysage, je sentais une émotion inconnue m'agiter, c'était le papillon de l'âme qui s'éveillait au fond de sa chrysalide et qui sentait palpiter ses ailes." Lettre à Amédée Moullé 21 mai 1894 (p.51)
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In "Oeuvres intimes inédites" (publiées en 2011)
 
{{interprojet|w=Renée Vivien}}
 
{{DEFAULTSORT:Vivien, Renée}}
 
[[Catégorie:Femme]]
[[Catégorie:Écrivain]]
[[Catégorie:Poète]]
[[Catégorie:Nouvelliste]]
[[Catégorie:Personnalité britannique]]
[[Catégorie:Naissance en 1877]]
[[Catégorie:Décès en 1909]]