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== ''Fureur et mystère'', 1948 ==
=== Seuls demeurent (1938-1944) ===
''' Argument '''
{{citation|citation=<poem>''L'homme fuit l'asphyxie''.
''L'homme dont l'appétit hors de l'imagination se calfeutre sans finir de s'approvisionner, se délivrera par les mains, rivières soudainement grossies''.
''L'homme qui s'épointe dans la prémonition, qui déboise son silence intérieur et le répartit en théâtres, ce second c'est le faiseur de pain''.
''Aux uns la prison et la mort. Aux autres la transhumance du Verbe''.</poem>}}
{{Réf Livre|titre=Fureur et mystère|auteur=René Char|éditeur=Gallimard|collection=Poésie|année=1962|année d'origine=1948|page=19|partie=SEULS DEMEURENT (1938-1944)|section=Argument|ISBN=2-07-030065-X}}
 
{{citation|citation=''Sur les arêtes de notre amertume, l'aurore de la conscience s'avance et dépose son limon''.}}
{{Réf Livre|titre=Fureur et mystère|auteur=René Char|éditeur=Gallimard|collection=Poésie|année=1962|année d'origine=1948|page=19|partie=SEULS DEMEURENT (1938-1944)|section=Argument|ISBN=2-07-030065-X}}
 
''' Calendrier '''
{{citation|citation=J'ai lié les unes aux autres mes convictions et agrandi ta Présence. J'ai octroyé un cours nouveau à mes jours en les adossant à cette force spacieuse.}}
{{Réf Livre|titre=Fureur et mystère|auteur=René Char|éditeur=Gallimard|collection=Poésie|année=1962|année d'origine=1948|page=26|partie=SEULS DEMEURENT (1938-1944)|section=Calendrier|ISBN=2-07-030065-X}}
 
{{citation|citation=La menace s'est polie. La plage qui chaque hiver s'encombrait de régressives légendes, de sibylles aux bras lourds d'orties, se prépare aux êtres à secourir.}}
{{Réf Livre|titre=Fureur et mystère|auteur=René Char|éditeur=Gallimard|collection=Poésie|année=1962|année d'origine=1948|page=26|partie=SEULS DEMEURENT (1938-1944)|section=Calendrier|ISBN=2-07-030065-X}}
 
''' Afin qu'il n'y soit rien changé '''
{{citation|citation=J'ai, captif, épousé le ralenti du lierre à l'assaut de la pierre de l'éternité.}}
{{Réf Livre|titre=Fureur et mystère|auteur=René Char|éditeur=Gallimard|collection=Poésie|année=1962|année d'origine=1948|page=32|partie=SEULS DEMEURENT (1938-1944)|section=Afin qu'il n'y soit rien changé|ISBN=2-07-030065-X}}
 
''' Fenaison '''
{{citation|citation=O nuit, je n'ai rapporté de ta félicité que l'apparence parfumée d'ellipses d'oiseaux insaisissables ! Rien n'imposait le mouvement que ta main de pollen qui fondait sur mon front aux moulinets d'une lampe d'anémone.}}
{{Réf Livre|titre=Fureur et mystère|auteur=René Char|éditeur=Gallimard|collection=Poésie|année=1962|année d'origine=1948|page=38|partie=SEULS DEMEURENT (1938-1944)|section=Fenaison|ISBN=2-07-030065-X}}
 
{{citation|citation=Je m'appuie un moment sur la pelle du déluge et chantourne sa langue. Mes sueurs d'agneau noir provoquent le sarcasme. Ma nausée se grossit de soudains consentements dont je n'arrive pas à maintenir le cours. Anneau tard venu, enclavé dans la chevalerie pythienne saturée de feu et de vieillesse, quel compagnon engagerais-je ? Je prends place inaperçu sur le tirant de l'étrave jusqu'à la date fleurie où rougeoiera ma cendre.}}
{{Réf Livre|titre=Fureur et mystère|auteur=René Char|éditeur=Gallimard|collection=Poésie|année=1962|année d'origine=1948|page=38|partie=SEULS DEMEURENT (1938-1944)|section=Fenaison|ISBN=2-07-030065-X}}
 
''' L'absent '''
{{citation|citation=Ce frère brutal mais dont la parole était sûre, patient au sacrifice, diamant et sanglier, ingénieux et secourable, se tenait au centre de tous les malentendus tel un arbre de résine dans le froid inalliable. Au bestiaire de mensonges qui le tourmentait de ses gobelins et de ses trombes il opposait son dos perdu dans le temps. Il venait à vous par des sentiers invisibles, favorisait l'audace écarlate, ne vous contrariait pas, savait sourire. Comme l'abeille quitte le verger pour le fruit déjà noir, les femmes soutenaient sans le trahir le paradoxe de ce visage qui n'avait pas des traits d'otage.}}
{{Réf Livre|titre=Fureur et mystère|auteur=René Char|éditeur=Gallimard|collection=Poésie|année=1962|année d'origine=1948|page=39|partie=SEULS DEMEURENT (1938-1944)|section=L'absent|ISBN=2-07-030065-X}}
 
{{citation|citation=J'ai essayé de vous décrire ce compère indélébile que nous sommes quelques-uns à avoir fréquenté. Nous dormirons dans l'espérance, nous dormirons en son absence, puisque la raison ne soupçonne pas que ce qu'elle nomme, à la légère, absence, occupe le fourneau dans l'unité.}}
{{Réf Livre|titre=Fureur et mystère|auteur=René Char|éditeur=Gallimard|collection=Poésie|année=1962|année d'origine=1948|page=39|partie=SEULS DEMEURENT (1938-1944)|section=L'absent|ISBN=2-07-030065-X}}
 
''' Louis Curel de la Sorgue '''
{{citation|citation=Sorgue qui t'avances derrière un rideau de papillons qui pétillent, ta faucille de doyen loyal à la main, la crémaillère du supplice en collier à ton cou, pour accomplir ta journée d'homme, quand pourrais-je m'éveiller et me sentir heureux au rythme modelé de ton seigle irréprochable ?}}
{{Réf Livre|titre=Fureur et mystère|auteur=René Char|éditeur=Gallimard|collection=Poésie|année=1962|année d'origine=1948|page=41|partie=SEULS DEMEURENT (1938-1944)|section=Louis Curel de la Sorgue|ISBN=2-07-030065-X}}
 
{{citation|citation=La création et la risée se dissocient. L'air-roi s'annonce. Sorgue, tes épaules comme un livre ouvert propagent leur lecture. Tu as été, enfant, le fiancé de cette fleur au chemin tracé dans le rocher qui s'évadait par un frelon... Courbé, tu observes aujourd'hui l'agonie du persécuteur qui arracha à l'aimant de la terre la cruauté d'innombrables fourmis pour la jeter en millions de meurtriers contre les tiens et ton espoir. Ecrase donc encore une fois cet oeuf cancéreux qui résiste...}}
{{Réf Livre|titre=Fureur et mystère|auteur=René Char|éditeur=Gallimard|collection=Poésie|année=1962|année d'origine=1948|page=41|partie=SEULS DEMEURENT (1938-1944)|section=Louis Curel de la Sorgue|ISBN=2-07-030065-X}}
 
''' Le devoir '''
{{citation|citation=L'enfant que, la nuit venue, l'hiver descendait avec précaution de la charrette de la lune, une fois à l'intérieur de la maison balsamique, plongeait d'un seul trait ses yeux dans le foyer de fonte rouge. Derrière l'étoit vitrail incendié l'espace ardent le tenait entièrement captif. Le buste incliné vers la chaleur, ses jeunes mains scellées à l'envolée de feuilles sèches du bien-être, l'enfant épelait la rêverie du ciel glacé.}}
{{Réf Livre|titre=Fureur et mystère|auteur=René Char|éditeur=Gallimard|collection=Poésie|année=1962|année d'origine=1948|page=43|partie=SEULS DEMEURENT (1938-1944)|section=Le devoir|ISBN=2-07-030065-X}}
 
''' Vivre avec de tels hommes '''
{{citation|citation=Tellement j'ai faim, je dors sous la canicule des preuves.}}
{{Réf Livre|titre=Fureur et mystère|auteur=René Char|éditeur=Gallimard|collection=Poésie|année=1962|année d'origine=1948|page=45|partie=SEULS DEMEURENT (1938-1944)|section=Vivre avec de tels hommes|ISBN=2-07-030065-X}}
 
{{citation|citation=Afin que le mal demeure sans relève, j'ai étouffé ses engagements. J'ai effacé son chiffre de la gaucherie de mon étrave. J'ai répliqué aux coups.}}
{{Réf Livre|titre=Fureur et mystère|auteur=René Char|éditeur=Gallimard|collection=Poésie|année=1962|année d'origine=1948|page=45|partie=SEULS DEMEURENT (1938-1944)|section=Vivre avec de tels hommes|ISBN=2-07-030065-X}}
 
{{citation|citation=On tuait de si près que le monde s'est voulu meilleur. Brumaire de mon âme jamais escaladé, qui fait feu dans la bergerie déserte ? Ce n'est plus la volonté elliptique de la scrupuleuse solitude. Aile double des cris d'un million de crimes se levant soudain dans des yeux jadis négligents, montrez-nous vos desseins et cette large abdication du remords !}}
{{Réf Livre|titre=Fureur et mystère|auteur=René Char|éditeur=Gallimard|collection=Poésie|année=1962|année d'origine=1948|page=45|partie=SEULS DEMEURENT (1938-1944)|section=Vivre avec de tels hommes|ISBN=2-07-030065-X}}
 
''' Évadné '''
{{citation|citation=<poem>L'été et notre vie étions d'un seul tenant
La campagne mangeait la couleur de ta jupe odorante.</poem>}}
{{Réf Livre|titre=Fureur et mystère|auteur=René Char|éditeur=Gallimard|collection=Poésie|année=1962|année d'origine=1948|page=61|partie=SEULS DEMEURENT (1938-1944)|section=Évadné|ISBN=2-07-030065-X}}
 
''' Partage formel '''
{{citation|citation=L'imagination consiste à expulser de la réalité plusieurs personnes incomplètes pour, mettant à contribution les puissances magiques et subversives du désir, obtenir leur retour sous la forme d'une présence entièrement satisfaisante. C'est alors l'inextinguible réel incréé.}}
{{Réf Livre|titre=Fureur et mystère|auteur=René Char|éditeur=Gallimard|collection=Poésie|année=1962|année d'origine=1948|page=65|partie=SEULS DEMEURENT (1938-1944)|section=Partage formel|ISBN=2-07-030065-X}}
 
{{citation|citation=Ce dont le poète souffre le plus dans ses rapports avec le monde, c'est du manque de justice ''interne''. La vitre-cloaque de Caliban derrière laquelle les yeux tout-puissants et sensibles d'Ariel s'irritent.}}
{{Réf Livre|titre=Fureur et mystère|auteur=René Char|éditeur=Gallimard|collection=Poésie|année=1962|année d'origine=1948|page=65|partie=SEULS DEMEURENT (1938-1944)|section=Partage formel|ISBN=2-07-030065-X}}
 
{{citation|citation=Le poète transforme indifféremment la défaite en victoire, la victoire en défaite, empereur prénatal seulement soucieux du recueil de l'azur.}}
{{Réf Livre|titre=Fureur et mystère|auteur=René Char|éditeur=Gallimard|collection=Poésie|année=1962|année d'origine=1948|page=66|partie=SEULS DEMEURENT (1938-1944)|section=Partage formel|ISBN=2-07-030065-X}}
 
{{citation|citation=Il convient que la poésie soit inséparable du prévisible, mais non encore formulé.}}
{{Réf Livre|titre=Fureur et mystère|auteur=René Char|éditeur=Gallimard|collection=Poésie|année=1962|année d'origine=1948|page=68|partie=SEULS DEMEURENT (1938-1944)|section=Partage formel|ISBN=2-07-030065-X}}
 
{{citation|citation=Fureur et mystère tour à tour le séduisirent et le consumèrent. Puis vint l'année qui acheva son agonie de saxifrage.}}
{{Réf Livre|titre=Fureur et mystère|auteur=René Char|éditeur=Gallimard|collection=Poésie|année=1962|année d'origine=1948|page=68|partie=SEULS DEMEURENT (1938-1944)|section=Partage formel|ISBN=2-07-030065-X}}
 
{{citation|citation=Compagnons pathétiques qui murmurez à peine, allez la lampe éteinte et rendez les bijoux. Un mystère nouveau chante dans vos os. Développez votre étrangeté légitime.}}
{{Réf Livre|titre=Fureur et mystère|auteur=René Char|éditeur=Gallimard|collection=Poésie|année=1962|année d'origine=1948|page=71|partie=SEULS DEMEURENT (1938-1944)|section=Partage formel|ISBN=2-07-030065-X}}
 
{{citation|citation=Par un travail physique intense on se maintient au niveau du froid extérieur et, ce faisant, on supprime le risque d'être annexé par lui ; ainsi, à l'heure du retour au réel non suscité par notre désir, lorsque le temps est venu de confier à son destin le vaisseau du poème, nous nous trouvons dans une situation analogue. Les roues — ces gravats — de notre moulin pétrifié s'élancent, raclant des eaux basses et difficiles. Notre effort réapprend des sueurs proportionnelles. Et nous allons, lutteurs à terre mais jamais mourants, au milieu de témoins qui nous exaspèrent et de vertus indifférentes.}}
{{Réf Livre|titre=Fureur et mystère|auteur=René Char|éditeur=Gallimard|collection=Poésie|année=1962|année d'origine=1948|page=72|partie=SEULS DEMEURENT (1938-1944)|section=Partage formel|ISBN=2-07-030065-X}}
 
{{citation|citation=<poem>Refuser la goutte d'imagination qui manque au néant, c'est se vouer à la patience de rendre à l'éternel le mal qu'il nous fait.
O urne de laurier dans un ventre d'aspic !</poem>}}
{{Réf Livre|titre=Fureur et mystère|auteur=René Char|éditeur=Gallimard|collection=Poésie|année=1962|année d'origine=1948|page=71|partie=SEULS DEMEURENT (1938-1944)|section=Partage formel|ISBN=2-07-030065-X}}
 
{{citation|citation=Mourir, ce n'est jamais que contraindre sa conscience, au moment même où elle s'abolit, à prendre congé de quelques quartiers physiques actifs ou somnolents d'un corps qui nous fut passablement étranger puisque sa connaissance ne nous vint qu'au travers d'expédients mesquins et sporadiques. Gros bourg sans grâce au brouhaha duquel s'employaient des habitants modérés... Et au-dessus de cet atroce hermétisme s'élançait une colonne d'ombre à face voûtée, endolorie et à demi aveugle, de loin en loin — ô bonheur — scalpée par la foudre.}}
{{Réf Livre|titre=Fureur et mystère|auteur=René Char|éditeur=Gallimard|collection=Poésie|année=1962|année d'origine=1948|page=71|partie=SEULS DEMEURENT (1938-1944)|section=Partage formel|ISBN=2-07-030065-X}}
 
{{citation|citation=Terre mouvante, horrible, exquise et condition humaine hétérogène se saisissent et se qualifient mutuellement. La poésie se tire de la somme exaltée de leur moire.}}
{{Réf Livre|titre=Fureur et mystère|auteur=René Char|éditeur=Gallimard|collection=Poésie|année=1962|année d'origine=1948|page=73|partie=SEULS DEMEURENT (1938-1944)|section=Partage formel|ISBN=2-07-030065-X}}
 
{{citation|citation=Le poète est l'homme de la stabilité unilatérale.}}
{{Réf Livre|titre=Fureur et mystère|auteur=René Char|éditeur=Gallimard|collection=Poésie|année=1962|année d'origine=1948|page=73|partie=SEULS DEMEURENT (1938-1944)|section=Partage formel|ISBN=2-07-030065-X}}
 
{{citation|citation=<poem>Un être qu'on ignore est un être infini, susceptible, en intervenant, de changer notre angoisse et notre fardeau en aurore artérielle.
Entre innocence et connaissance, amour et néant, le poète étend sa santé chaque jour.</poem>}}
{{Réf Livre|titre=Fureur et mystère|auteur=René Char|éditeur=Gallimard|collection=Poésie|année=1962|année d'origine=1948|page=74|partie=SEULS DEMEURENT (1938-1944)|section=Partage formel|ISBN=2-07-030065-X}}
 
{{citation|citation=Le poète en traduisant l'intention en acte inspiré, en convertissant un cycle de fatigues en fret de résurrection, fait entrer l'oasis du froid par tous les pores de la vitre de l'accablement et crée le prisme, hydre de l'effort, du merveilleux, de la rigueur et du déluge, ayant tes lèvres pour sagesse et mon sang pour retable.}}
{{Réf Livre|titre=Fureur et mystère|auteur=René Char|éditeur=Gallimard|collection=Poésie|année=1962|année d'origine=1948|page=75|partie=SEULS DEMEURENT (1938-1944)|section=Partage formel|ISBN=2-07-030065-X}}
 
{{citation|citation=<poem>Le logement du poète est des plus vagues ; le gouffre d'un feu triste soumissionne sa table de bois blanc.
La vitalité du poète n'est pas une vitalité de l'au-delà mais un point diamanté actuel de présences transcendantes et d'orages pèlerins.</poem>}}
{{Réf Livre|titre=Fureur et mystère|auteur=René Char|éditeur=Gallimard|collection=Poésie|année=1962|année d'origine=1948|page=75|partie=SEULS DEMEURENT (1938-1944)|section=Partage formel|ISBN=2-07-030065-X}}
 
{{citation|citation=Traverser avec le poème la pastorale des déserts, le don de soi aux furies, le feu moisissant des larmes. Courir sur ses talons, le prier, l'injurier. L'identifier comme étant l'expression de son génie ou encore l'ovaire écrasé de son appauvrissement. Par une nuit, faire irruption à sa suite, enfin, dans les noces de la grenade cosmique.}}
{{Réf Livre|titre=Fureur et mystère|auteur=René Char|éditeur=Gallimard|collection=Poésie|année=1962|année d'origine=1948|page=76|partie=SEULS DEMEURENT (1938-1944)|section=Partage formel|ISBN=2-07-030065-X}}
 
{{citation|citation=Inexpugnable sous sa tente de cyprès, le poète, pour se convaincre et se guider, ne doit pas craindre de se servir de toutes les clefs accourues dans sa main. Cependant il ne doit pas confondre une animation de frontières avec un horizon révolutionnaire.}}
{{Réf Livre|titre=Fureur et mystère|auteur=René Char|éditeur=Gallimard|collection=Poésie|année=1962|année d'origine=1948|page=78|partie=SEULS DEMEURENT (1938-1944)|section=Partage formel|ISBN=2-07-030065-X}}
 
=== Feuillets d'Hypnos (1943-1944) ===
{{citation|citation=Ne souriez pas. Ecartez le scepticisme et la résignation, et préparez votre âme mortelle en vue d'affronter intra-muros des démons glacés analogues aux génies microbiens.}}
{{Réf Livre|titre=Fureur et mystère|auteur=René Char|éditeur=Gallimard|collection=Poésie|année=1962|année d'origine=1948|page=87|partie=FEUILLETS D'HYPNOS (1943-1944)|section=Partage formel|ISBN=2-07-030065-X}}
 
{{citation|Un homme sans défauts est comme une montagne sans crevasses. Il ne m'intéresse pas.}}
{{Réf Livre|titre=Fureur et mystère|auteur=René Char|éditeur=Gallimard|année=1962|page=94}}
{{Choisie citation du jour|puce=*|année=2010|mois=mai|jour=12|commentaire=|}}
|auteur=René Char
|éditeur=Gallimard
|année=1962
|page=99}}
{{Choisie citation du jour
|puce=*
|année=2010
|mois=mai
|jour=12
|commentaire=
|}}
 
 
{{citation|citation=L'acte est vierge, même répété.}}
{{Réf Livre|titre=Fureur et mystère|auteur=René Char|éditeur=Gallimard|collection=Poésie|année=1962|année d'origine=1948|page=98|partie=FEUILLETS D'HYPNOS (1943-1944)|section=Partage formel|ISBN=2-07-030065-X}}
 
{{citation|citation=Les souris de l'enclume. Cette image m'aurait paru charmante autrefois. Elle suggère un essaim d'étincelles décimé en son éclair. (L'enclume est froide, le fer pas rouge, l'imagination dévastée.)}}
{{Réf Livre|titre=Fureur et mystère|auteur=René Char|éditeur=Gallimard|collection=Poésie|année=1962|année d'origine=1948|page=99|partie=FEUILLETS D'HYPNOS (1943-1944)|section=Partage formel|ISBN=2-07-030065-X}}
 
{{citation|On ne se bat bien que pour les causes qu'on modèle soi-même et avec lesquelles on se brûle en s'identifiant.}}
{{Réf Livre|titre=Fureur et mystère|auteur=René Char|éditeur=Gallimard|année=1962|page=102}}
 
|auteur=René Char
{{citation|citation=Agir en primitif et prévoir en stratège.}}
|éditeur=Gallimard
{{Réf Livre|titre=Fureur et mystère|auteur=René Char|éditeur=Gallimard|collection=Poésie|année=1962|année d'origine=1948|page=104|partie=FEUILLETS D'HYPNOS (1943-1944)|section=Partage formel|ISBN=2-07-030065-X}}
|année=1962
 
|page=107}}
{{citation|citation=Tu ne peux pas te relire mais tu peux signer.}}
{{Réf Livre|titre=Fureur et mystère|auteur=René Char|éditeur=Gallimard|collection=Poésie|année=1962|année d'origine=1948|page=111|partie=FEUILLETS D'HYPNOS (1943-1944)|section=Partage formel|ISBN=2-07-030065-X}}
 
{{citation|L'éternité n'est guère plus longue que la vie.}}
{{Réf Livre|titre=Fureur et mystère|auteur=René Char|éditeur=Gallimard|année=1962|page=113}}
 
|auteur=René Char
{{citation|citation=Nous sommes pareils à ces poissons retenus vifs dans la glace des lacs de montagne. La matière et la nature semblent les protéger cependant qu'elles limitent à peine la chance du pêcheur.}}
|éditeur=Gallimard
{{Réf Livre|titre=Fureur et mystère|auteur=René Char|éditeur=Gallimard|collection=Poésie|année=1962|année d'origine=1948|page=121|partie=FEUILLETS D'HYPNOS (1943-1944)|section=Partage formel|ISBN=2-07-030065-X}}
|année=1962
 
|page=118}}
{{citation|citation=La contre-terreur c'est ce vallon que peu à peu le brouillard comble, c'est le fugace bruissement des feuilles comme un essaim de fusées engourdies, c'est cette pesanteur bien répartie, c'est cette circulation ouatée d'animaux et d'insectes tirant mille traits sur l'écorce tendre de la nuit, c'est cette graine de luzerne sur la fossette d'un visage caressé, c'est cet incendie de la lune qui ne sera jamais un incendie, c'est un lendemain minuscule dont les intentions nous sont inconnues, c'est un buste aux couleurs vives qui s'est plié en souriant, c'est l'ombre, à quelques pas, d'un bref compagnon accroupi qui pense que le cuir de sa ceinture va céder... Qu'importent alors l'heure et le lieu où le diable nous a fixé rendez-vous !}}
{{Réf Livre|titre=Fureur et mystère|auteur=René Char|éditeur=Gallimard|collection=Poésie|année=1962|année d'origine=1948|page=123|partie=FEUILLETS D'HYPNOS (1943-1944)|section=Partage formel|ISBN=2-07-030065-X}}
 
{{citation|Tiens vis-à-vis des autres ce que tu t'es promis à toi seul. Là est ton contrat.}}
{{Réf Livre|titre=Fureur et mystère|auteur=René Char|éditeur=Gallimard|année=1962|page=129}}
 
|auteur=René Char
{{citation|citation=Résistance n'est qu'espérance. Telle la lune d'Hypnos, pleine cette nuit de tous ses quartiers, demain vision sur le passage des poèmes.}}
|éditeur=Gallimard
{{Réf Livre|titre=Fureur et mystère|auteur=René Char|éditeur=Gallimard|collection=Poésie|année=1962|année d'origine=1948|page=130|partie=FEUILLETS D'HYPNOS (1943-1944)|section=Partage formel|ISBN=2-07-030065-X}}
|année=1962
 
|page=134}}
{{citation|citation=Les rares moments de liberté sont ceux durant lesquels l'inconscient se fait conscient et le conscient néant (ou verger fou).}}
{{Réf Livre|titre=Fureur et mystère|auteur=René Char|éditeur=Gallimard|collection=Poésie|année=1962|année d'origine=1948|page=131|partie=FEUILLETS D'HYPNOS (1943-1944)|section=Partage formel|ISBN=2-07-030065-X}}
 
{{citation|citation=Le cendres du froid sont dans le feu qui chante le refus.}}
{{Réf Livre|titre=Fureur et mystère|auteur=René Char|éditeur=Gallimard|collection=Poésie|année=1962|année d'origine=1948|page=131|partie=FEUILLETS D'HYPNOS (1943-1944)|section=Partage formel|ISBN=2-07-030065-X}}
 
{{citation|citation=<poem>Le peuple des prés m'enchante. Sa beauté frêle et dépouvue de venin, je ne me lasse pas de me la réciter. Le campagnol, la taupe, sombres enfants perdus dans la chimère de l'herbe, l'orvet, fils du verre, le grillon, moutonnier comme pas un, la sauterelle qui claque et compte son linge, le papillon qui simule l'ivresse et agace les fleurs de ses hoquets silencieux, les fourmis assagies par la grande étendue verte, et immédiatement au-dessus les météores hirondelles...
Prairie, vous êtes le boîtier du jour.</poem>}}
{{Réf Livre|titre=Fureur et mystère|auteur=René Char|éditeur=Gallimard|collection=Poésie|année=1962|année d'origine=1948|page=132|partie=FEUILLETS D'HYPNOS (1943-1944)|section=Partage formel|ISBN=2-07-030065-X}}
 
{{citation|citation=J'envie cet enfant qui se penche sur l'écriture du soleil, puis s'enfuit vers l'école, balayant de son coquelicot pensums et récompenses.}}
{{Réf Livre|titre=Fureur et mystère|auteur=René Char|éditeur=Gallimard|collection=Poésie|année=1962|année d'origine=1948|page=134|partie=FEUILLETS D'HYPNOS (1943-1944)|section=Partage formel|ISBN=2-07-030065-X}}
 
{{citation|L'homme est capable de faire ce qu'il est incapable d'imaginer. Sa tête sillonne la galaxie de l'absurde.}}
{{Réf Livre|titre=Fureur et mystère|auteur=[[René Char]]|éditeur=Gallimard|année=1962|page=153147}}
 
{{citation|citation=Considère sans être affecté que ce que le mal pique le plus volontiers ce sont les cibles non averties dont il a pu s'approcher à loisir. Ce que tu as appris des hommes — leurs revirements incohérents, leurs humeurs inguérissables, leur goût du fracas, leur subjectivité d'arlequin — doit t'inciter, une fois l'action consommée, à ne pas t'attarder trop sur les lieux de vos rapports.}}
{{Réf Livre|titre=Fureur et mystère|auteur=René Char|éditeur=Gallimard|collection=Poésie|année=1962|année d'origine=1948|page=148|partie=FEUILLETS D'HYPNOS (1943-1944)|section=Partage formel|ISBN=2-07-030065-X}}
 
=== Le Poème pulvérisé (1945-1947) ===
''' Le Bulletin des baux '''
{{citation|citation=<poem>Ta dictée n'a ni achèvement ni fin. Souchetée seulement d'absences, de volets arrachés, de pures inactions.
Juxtapose à la fatalité la résistance à la fatalité. Tu connaîtras d'étranges hauteurs.</poem>}}
{{Réf Livre|titre=Fureur et mystère|auteur=René Char|éditeur=Gallimard|collection=Poésie|année=1962|année d'origine=1948|page=188|partie=LE POEME PULVERISE (1945-1947)|section=Le Bulletin des baux|ISBN=2-07-030065-X}}
 
''' Le Requin et la mouette '''
{{citation|citation=Je vois enfin la mer dans sa triple harmonie, la mer qui tranche de son croissant la dynastie des douleurs absurdes, la grande volière sauvage, la mer crédule comme un liseron.}}
{{Réf Livre|titre=Fureur et mystère|auteur=René Char|éditeur=Gallimard|collection=Poésie|année=1962|année d'origine=1948|page=190|partie=LE POEME PULVERISE (1945-1947)|section=Le Requin et la mouette|ISBN=2-07-030065-X}}
 
{{citation|citation=Quand je dis : ''j'ai levé la loi, j'ai franchi la morale, j'ai maillé le coeur'', ce n'est pas pour me donner raison devant ce pèse-néant dont la rumeur étend sa palme au delà de ma persuasion. Mais rien de ce qui m'a vu vivre et agir jusqu'ici n'est témoin alentour. Mon épaule peut bien sommeiller, ma jeunesse accourir. C'est de cela seul qu'il faut tirer richesse immédiate et opérante.}}
{{Réf Livre|titre=Fureur et mystère|auteur=René Char|éditeur=Gallimard|collection=Poésie|année=1962|année d'origine=1948|page=190|partie=LE POEME PULVERISE (1945-1947)|section=Le Requin et la mouette|ISBN=2-07-030065-X}}
 
''' Suzerain '''
{{citation|citation=J'ai marché sur le miroir d'une rivière pleine d'anneaux de couleuvre et de danses de papillons.}}
{{Réf Livre|titre=Fureur et mystère|auteur=René Char|éditeur=Gallimard|collection=Poésie|année=1962|année d'origine=1948|page=192|partie=LE POEME PULVERISE (1945-1947)|section=Suzerain|ISBN=2-07-030065-X}}
 
{{citation|citation=La connaissance eut tôt fait de grandir entre nous. ''Ceci n'est plus'', avais-je coutume de dire. ''Ceci n'est pas'', corrigeait-il. ''Pas'' et ''plus'' étaient disjoints. Il m'offrait, à la gueule d'un serpent qui souriait, mon impossible que je pénétrais sans souffrir. D'où venait cet Ami ? Sans doute, du moins sombre, du moins ouvrier des soleils. Son énergie que je jugeais grande éclatait en fougères patientes, humidité pour mon espoir. Ce dernier, en vérité, n'était qu'une neige de l'existence, l'affinité du renouveau. Un butin s'amoncelait, dessinant le littoral cruel que j'aurais un jour à parcourir. Le coeur de mon Ami m'entrait dans le coeur comme un trident, coeur souverain égaillé dans des conquêtes bientôt réduites en cendres, pour marquer combien la tentation se déprime chez qui s'établit, se rend. Nos confidences ne construiraient pas d'église ; le mutisme reconduisait tous nos pouvoirs.}}
{{Réf Livre|titre=Fureur et mystère|auteur=René Char|éditeur=Gallimard|collection=Poésie|année=1962|année d'origine=1948|page=192|partie=LE POEME PULVERISE (1945-1947)|section=Suzerain|ISBN=2-07-030065-X}}
 
{{citation|citation=Je vis qu'il n'y aurait jamais de femme pour moi dans MA ville. La frénésie des cascades, symboliquement, acquitterait mon bon vouloir.
J'ai remonté ainsi l'âge de la solitude jusqu'à la demeure suivante de L'HOMME VIOLET. Mais il ne disposait là que du morose état civil de ses prisons, de son expérience muette de persécuté, et nous n'avions, nous, que son signalement d'évadé.}}
{{Réf Livre|titre=Fureur et mystère|auteur=René Char|éditeur=Gallimard|collection=Poésie|année=1962|année d'origine=1948|page=192|partie=LE POEME PULVERISE (1945-1947)|section=Suzerain|ISBN=2-07-030065-X}}
 
{{citation|citation=<poem>Ma convoitise est infinie. Rien ne m'obsède que la vie.
Etincelle nomade qui meurt dans son incendie.
Aime riveraine. Dépense ta vérité. L'herbe qui cache l'or de ton amour ne connaîtra jamais le gel.</poem>}}
{{Réf Livre|titre=Fureur et mystère|auteur=René Char|éditeur=Gallimard|collection=Poésie|année=1962|année d'origine=1948|page=203|partie=LE POEME PULVERISE (1945-1947)|section=Suzerain|ISBN=2-07-030065-X}}
 
== ''Recherche de la base et du sommet'', 1955 ==