« Esprit » : différence entre les versions

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Clelie Mascaret (discussion | contributions)
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{{citation|citation=— Voyez-vous, reprit subitement M. Blanchard en revenant se placer devant Irénée, je tiens scrupuleusement à faire ce que j'ai décidé de faire. C'est une de mes principales règles de conduite, la principale vraiment. Mon grand souci a toujours été de me tenir parole. Je me jette à moi-même des défis, que je ramasse intrépidement ; je m'appelle dans le champ clos de l'inusité et du difficile. La chose que, tout d'abord, j'hésite à accomplir, est justement celle qui va me séduire tout à l'heure. Vous auriez tort de voir de l'originalité là-dedans : il n'y a absolument que de l'esprit de suite, ce qui constitue le respect de la volonté humaine. Je suis aidé dans mon système par une fortune suffisante, et mes désirs ne se meuvent que dans un milieu vraisemblable. On sait avec quel soin j'évite l'attention publique, et les efforts que je fais pour dérober mes actes aux indiscrétions des journaux. Je ne loue pas de salle de spectacle à moi tout seul ; je ne me mets pas obstinément à la suite des dompteurs de bêtes féroces, dans l'espérance de les voir dévorer par leurs pensionnaires ; je n'ai pas fait tailler de montagne à mon image ; je n'ai pas pris le turban comme M. de Bonneval, je n'ai mis le feu à aucun temple ; enfin, je suis ce qu'on appelle un homme de la vie privée, et c'est exclusivement dans la vie privée que je cherche mes sensations. Je ne tiens pas précisément à me divertir, ce serait là l'indice d'une ambition démesurée, mais je tiens à ne pas trop m'ennuyer, ce qui est plus modeste. Les jouissances matérielles ne sont que secondaires pour moi ; c'est dans l'ordre spirituel que s'agitent la plupart de mes caprices. En voulez-vous un exemple ? Un soir, dans un salon où cinquante personnes environ étaient réunies, je m'amusai à penser tout haut. Rare jouissance, n'est-ce pas ? plaisir inestimable ! Un quart d'heure après, un domestique vint me présenter mon chapeau, et j'avais fait autre chose cependant que de dire à quelques femmes qu'elles étaient laides et à quelques hommes qu'ils manquaient d'esprit.}}
{{Réf Livre|titre=La Franc-maçonnerie des femmes|auteur=[[Charles Monselet]]|partie=I|éditeur=Le Masque|collection=Labyrinthes|année=2011|année d'origine=1856|page=55|section=3. Les audaces d'un homme timide|ISBN=978-2-7024-3501-4}}
 
==== [[Alexandre Dumas]], ''Le Bagnard de l'Opéra'', 1868 ====
{{Citation|citation=<poem>Il est vrai que la nuit, quand je pouvais prendre sur moi de fermer mes volets aux rayons tentateurs de la lune ; quand je pouvais détourner mes regards de ce ciel tout scintillant d'étoiles ; quand je pouvais m'isoler avec ma propre pensée, je ressaisissais quelque empire sur moi-même. Mais, comme un miroir, mon esprit avait conservé un reflet de ses préoccupations de la journée, et, comme je l'ai dit, ce n'étaient plus des créatures humaines avec leurs passions terrestres qui m'apparaissaient, c'étaient de beaux anges qui, à l'ordre de Dieu, traversaient d'un coup d'aile ces espaces infinis ; c'étaient des démons proscrits et railleurs, qui, assis sur quelque roche nue, menaçaient la terre ; c'était enfin une oeuvre comme ''La Divine Comédie'', comme le ''Paradis perdu'' ou comme ''Faust'', qui demandait à éclore, et non plus une composition comme ''Angèle'' ou comme ''Antony''.
Malheureusement je n'étais ni [[Dante Alighieri|Dante]], ni Milton, ni [[Johann Wolfgang von Goethe|Goethe]].</poem>}}
{{Réf Livre|titre=Le Bagnard de l'Opéra|auteur=[[Alexandre Dumas]]|éditeur=Magnard|collection=Classiques & Contemporains|année=2001|année d'origine=1868|page=10|section=1. Le forçat|ISBN=978-2-210-75424-9}}
 
==== [[James Joyce]], ''Ulysse'', 1922 ====
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