« Paradoxe » : différence entre les versions

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Clelie Mascaret (discussion | contributions)
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''Et la chevelure : au-delà de sa phallicité, cette chevelure pourrait bien symboliser le monde des paradoxes ; car non seulement sont érigés les serpents dont elle est faite, mais inextricablement emmêlés. S'ils sont portés par la tête, c'est certes par déplacement vers le haut, c'est aussi pour porter le combat sur le terrain mental, choisi par l'agression paradoxale. D'ailleurs, la chevelure de Méduse avait été ainsi transformée, par Athéna, en punition pour avoir voulu rivaliser avec la déesse : l'usurpation mentale n'aurait-elle pas été le méfait de Méduse ?''</poem>}}
{{Réf Livre|titre=Les Schizophrènes|auteur=[[Paul-Claude Racamier]]|éditeur=Payot & Rivages|collection=Petite bibliothèque Payot|année=2001|année d'origine=1980|page=30|partie=Préambule et divertimento|chapitre=|section=Persée en paradoxie|ISBN=978-2-228-89427-2}}
 
{{Citation|citation=<poem>''Persée part chez la Gorgone. Encore lui faut-il savoir le chemin. Sur le conseil d'Athéna il s'en alla demander l'adresse des Gorgones à leurs trois autres soeurs, les Grées. Et dès lors apparaît le thème du regard, car pour obtenir ces renseignements, Persée dérobe aux vieilles Grées l'unique oeil qu'elles se partagaient à elles trois.''
''Persée ne part pas non plus sans armes : des Nymphes il reçoit le casque d'Hadès, qui rend invisible ; d'Hermès il reçoit des sandales ailées et une serpe ; d'Athéna enfin il reçoit un bouclier de peau poli comme un miroir, et un conseil : celui de ne regarder Méduse que dans ce miroir.''
''Après un vol sans histoire, Persée trouva enfin Méduse. Il la voit dans le miroir qui réfléchit — qui réfléchit : au lieu de se laisser piéger par les paradoxes médusants, Persée réfléchit sur le paradoxe, utilisant à cet effet l'instrument confié par la déesse de l'intelligence. Dès cet instant-là, Méduse est perdue, son pouvoir est annulé : la voilà qui dort. Alors il lui coupe le cou.''</poem>}}
{{Réf Livre|titre=Les Schizophrènes|auteur=[[Paul-Claude Racamier]]|éditeur=Payot & Rivages|collection=Petite bibliothèque Payot|année=2001|année d'origine=1980|page=33|partie=Préambule et divertimento|chapitre=|section=Persée en paradoxie|ISBN=978-2-228-89427-2}}
 
{{Citation|citation=<poem>''Une fois la tête de Méduse tranchée, une fois tranché le paradoxe, deux flots de sang jaillirent du cou de la Gorgone. Deux flots : la dissolution du paradoxe libère les courants pulsionnels associés qui fondent l'ambivalence. Persée recueille ces deux flots de sang, dont l'un, senestre, était un poison mortel, et l'autre au contraire guérissait les malades et ressuscitait les morts.''
''D'entre ces flots conjoints naquirent Pégase et Chrysaor, les enfants que portait Méduse et qu'elle n'avait pas laissé naître. Chrysaor, qui devait plus tard engendrer un monstre à trois têtes, vient au jour armé d'une épée d'or. Pégase avec ses ailes comme Éros, et Chrysaor avec son épée ; ainsi se personnifient les représentations libidinales et agressives. Ces représentations, l'écheveau du paradoxe les enfermait, la dissolution du paradoxe les remet en circulation.''</poem>}}
{{Réf Livre|titre=Les Schizophrènes|auteur=[[Paul-Claude Racamier]]|éditeur=Payot & Rivages|collection=Petite bibliothèque Payot|année=2001|année d'origine=1980|page=33|partie=Préambule et divertimento|chapitre=|section=Persée en paradoxie|ISBN=978-2-228-89427-2}}
 
{{Citation|citation=''Il faut se demander pourquoi [Persée] tue Méduse, alors que du moment où il avait réfléchi (sur) le paradoxe, elle était perdue — n'avait-elle pas en effet les yeux fermés ? Certes Athéna voulait sa tête, elle l'aura. Mais il faut voir à ce geste un autre motif : Persée à son tour entendait bien s'emparer du pouvoir paradoxal. [...] quand, au péril de sa vie psychique, on a réussi à se rendre maître d'une arme pareille, peut-on résister à la tentation de s'en servir ? Qui le gêne, Persée va lui tendre la tête à paradoxes, et le pétrifier.''}}
{{Réf Livre|titre=Les Schizophrènes|auteur=[[Paul-Claude Racamier]]|éditeur=Payot & Rivages|collection=Petite bibliothèque Payot|année=2001|année d'origine=1980|page=35|partie=Préambule et divertimento|chapitre=|section=Persée en paradoxie|ISBN=978-2-228-89427-2}}
 
{{Citation|citation=[...] ''lancés comme nous sommes dans les méandres des paradoxes, irons-nous en voyage au sud de l'Italie, à Élée, aujourd'hui Velia, dans un paysage merveilleusement virgilien d'oliviers et de lauriers-roses, jadis fréquenté par Énée un des premiers armateurs grecs à la recherche d'un siège social en Italie entre le cap Palinuro où il perdit son pilote, et le cap Leucosie, où il rejoignit une starlette, ou une nymphe, qui l'attendait dans une vaste propriété aujourd'hui privée ? A Élée nous retrouverions Parménide, qui aimait l'éternité, et surtout Zénon, champion des apories et des paradoxes, Zénon qui avait installé une fabrique de flèches n'atteignant jamais leur cible mobile, et qui organisait des courses entre lièvres et tortues, que nul ne gagnait jamais. Faut-il être fou, faut-il être schizophrène pour assurer qu'on peut arrêter le temps avec sa tête ! Alors, schizo, Zénon? [[Sigmund Freud|Freud]] disait à peu près que les philosophies sont les délires des bien-portants et vous vous rappelez que j'ai pris soin de distinguer la folie de la psychose. Irons-nous cependant penser que, dirigée ainsi qu'elle l'était par des gens comme Parménide et Zénon, Élée était une cité folle ? Eh bien pas du tout. Je me suis laissé dire que nulle part aux temps antiques la démocratie n'a mieux réussi qu'à Élée ce qui donne à penser que mieux vaut penser les paradoxes, mieux vaut certes les penser, que les semer comme peaux de bananes sous les semelles de ses congénères, comme il en est qui aiment à le faire.''}}
{{Réf Livre|titre=Les Schizophrènes|auteur=[[Paul-Claude Racamier]]|éditeur=Payot & Rivages|collection=Petite bibliothèque Payot|année=2001|année d'origine=1980|page=36|partie=Préambule et divertimento|chapitre=|section=A Élée|ISBN=978-2-228-89427-2}}
 
=== [[Paul-Claude Racamier]], ''Pensée perverse et décervelage'', 1992 ===