« Gabriele D'Annunzio » : différence entre les versions

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{{Réf Livre|titre=Le Feu|auteur=Gabriele D'Annunzio|éditeur=La Revue de Paris|Traducteur=Georges Hérelle|année=1900|page=3|chapitre=I. L'épiphanie du feu}}
 
{{Citation|citation=<poem>— Connaissez-vous, Perdita, demanda soudain Stelio, connaissez-vous au monde un autre lieu qui, autant que Venise, possède, à certaines heures, la vertu de stimuler l’énergie de la vie humaine par l’exaltation de tous les désirs jusqu’à la fièvre ? Connaissez-vous une plus redoutable tentatrice ?
Celle qu’il appelait Perdita, le visage penché comme pour se recueillir, ne fit aucune réponse ; mais elle sentit passer dans tous ses nerfs l’indéfinissable frisson que lui donnait la voix de son jeune ami, quand cette voix devenait révélatrice d’une âme véhémente et passionnée vers qui elle était attirée par un amour et une terreur sans limites.
— La paix, l’oubli ! Est-ce que vous les retrouvez là-bas, au fond de votre canal désert, lorsque vous rentrez épuisée et brûlante pour avoir respiré l’haleine des foules qu’un de vos gestes rend frénétiques ? Moi, lorsque je vogue sur cette eau morte, je sens ma vie se multiplier avec une rapidité vertigineuse ; et, à certaines heures, il me semble que mes pensées s’enflamment comme à l’approche du délire.
— La force et la flamme sont en vous, Stelio ! — dit la Foscarina, presque humblement, sans relever les yeux.</poem>}} {{Réf Livre|titre=Le Feu|auteur=Gabriele D'Annunzio|éditeur=La Revue de Paris|Traducteur=Georges Hérelle|année=1900|page=4|chapitre=I. L'épiphanie du feu}}
{{Réf Livre|titre=Le Feu|auteur=Gabriele D'Annunzio|éditeur=La Revue de Paris|Traducteur=Georges Hérelle|année=1900|page=4|chapitre=I. L'épiphanie du feu}}
 
{{Citation|citation=C’était encore l’heure vespérale que, dans un de ses livres, il avait appelée l’heure du Titien, parce que toutes les choses y resplendissent finalement d’un or très riche, comme les figures nues de cet ouvrier prestigieux, et illuminent le ciel plutôt qu’elles n’en reçoivent la lumière. De sa propre ombre glauque émergeait l’église octogonale que Baldassare Longhena emprunta au ''Songe de Polyphile'', avec sa coupole, avec ses volutes, avec ses statues, avec ses balustres, étrange et somptueuse comme un temple neptunien imitant les torsions des formes marines, blanche d’une blancheur de nacre, où la diffusion de l’humidité saline semblait créer dans les creux de la pierre une fraîcheur gemmée qui leur donnait l’apparence de valves perlières entr’ouvertes sur les eaux natales.}} {{Réf Livre|titre=Le Feu|auteur=Gabriele D'Annunzio|éditeur=La Revue de Paris|Traducteur=Georges Hérelle|année=1900|page=5|chapitre=I. L'épiphanie du feu}}
{{Réf Livre|titre=Le Feu|auteur=Gabriele D'Annunzio|éditeur=La Revue de Paris|Traducteur=Georges Hérelle|année=1900|page=5|chapitre=I. L'épiphanie du feu}}
 
{{Citation|citation=— Perdita, — dit le poète qui, à voir ainsi tout s’animer autour de lui selon sa pensée, sentait courir par tout son être une sorte de félicité intellectuelle, — ne vous semble-t-il pas que nous suivons le convoi de l’Été, de la Saison morte ? Elle gît dans la barque funèbre, vêtue d’or comme une dogaresse, comme une Loredana, une Morosina ou une Soranza du siècle vermeil ; et son cortège la conduit vers l’île de Murano, où quelque maître du feu l’enfermera dans un coffre de verre opalin, afin que, submergée au fond de la lagune, elle puisse du moins, à travers ses paupières diaphanes, contempler les souples jeux des algues, avec l’illusion d’avoir toujours autour de son corps la vie de sa chevelure voluptueuse, en attendant que le Soleil la rappelle.}}{{Réf Livre|titre=Le Feu|auteur=Gabriele D'Annunzio|éditeur=La Revue de Paris|Traducteur=Georges Hérelle|année=1900|page=5|chapitre=I. L'épiphanie du feu}}
{{Réf Livre|titre=Le Feu|auteur=Gabriele D'Annunzio|éditeur=La Revue de Paris|Traducteur=Georges Hérelle|année=1900|page=5|chapitre=I. L'épiphanie du feu}}
 
{{Citation|citation=— Connaissez-vous, Perdita, — reprit Stelio en regardant avec un plaisir ingénu les figues violettes et les blonds raisins, accumulés non sans harmonie depuis la poupe jusqu’à la proue, — connaissez-vous une particularité gracieuse de la chronique des Doges ? La Dogaresse, pour les frais de ses vêtements solennels, jouissait de certains privilèges sur l’impôt des fruits. Ce détail ne vous réjouit-il pas ? Les fruits des Iles l’habillaient d’or et la couronnaient de perles. Pomone payant tribut à Arachné : voilà une allégorie que le Véronèse pouvait peindre à la voûte du Vestiaire. Pour moi, quand je me figure la noble dame dressée sur ses hautes socques gemmées, je suis heureux de penser qu’elle porte quelque chose d’agreste et de frais dans les plis de son lourd brocart : le tribut des fruits ! Quelles saveurs acquiert ainsi son opulence ! Eh bien, mon amie, figurez-vous que ces raisins et ces figues du nouvel Automne acquittent le prix de la robe d’or où est enveloppée la Saison morte.}} {{Réf Livre|titre=Le Feu|auteur=Gabriele D'Annunzio|éditeur=La Revue de Paris|Traducteur=Georges Hérelle|année=1900|page=6|chapitre=I. L'épiphanie du feu}}
{{Réf Livre|titre=Le Feu|auteur=Gabriele D'Annunzio|éditeur=La Revue de Paris|Traducteur=Georges Hérelle|année=1900|page=6|chapitre=I. L'épiphanie du feu}}
 
{{Citation|citation=— Parfois, vous renouvelez dans mon esprit l’émerveillement de ce statuaire qui, ayant transporté le soir dans le temple les simulacres des dieux encore chauds de son travail et pour ainsi dire encore adhérents à son pouce plastique, le matin d’après les revit dressés sur leurs piédestaux, enveloppés dans un nuage d’aromates et respirant la divinité par tous les pores de la sourde matière en laquelle il les avait modelés de ses mains périssables. Vous n’entrez jamais dans mon âme, chère amie, que pour y accomplir de telles exaltations.}}