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Clelie Mascaret (discussion | contributions)
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=== Roman ===
==== [[Marie d'Agoult]], ''Nélida'', 19661866 ====
{{Citation|citation=<poem>Dès que j'eus le pouvoir en main, je songeai à m'ouvrir au père Aimery ; je ne doutais pas de le trouver prêt à me seconder. Nous eûmes ensemble une conférence que je n'oublierai de ma vie. Elle dura six heures d'horloge. Nous commençâmes par établir notre point de départ ; il était le même : concentrer en nos deux personnes la plus grande force d'autorité possible ; obtenir au-dedans une soumission aveugle ; nous entendre pour gagner ou distraire ceux de nos chefs qui pourraient nous faire obstacle ; flatter, séduire la jeunesse qui nous était confiée ; nous insinuer par elle dans l'intérieur des familles. Jusque-là tout allait à merveille ; mais tout à coup il se fit dans l'entretien une immense déchirure. Le terrain sur lequel nous marchions sans plus de précaution, nous croyant déjà d'accord, s'éboula avec fracas ; le père Aimery et moi, nous nous trouvâmes séparés par un abîme. Le but de toute cette influence reconquise, de cette puissance exercée au-dedans et au-dehors, c'était pour lui le rétablissement plein et entier de l'ancienne omnipotence de son ordre au profit de tout ce que je regardais comme d'iniques préjugés. Il me laissa entrevoir de secrètes affiliations avec les chefs de la noblesse, des promesses échangées, des engagements pris pour le retour d'un état de choses qui me faisait horreur...</poem>}}
{{Réf Livre|titre=Nélida|auteur=[[Marie d'Agoult]]|éditeur=Calmann-Lévy|année=2010|année d'origine=1866|page=268|partie=Quatrième partie|chapitre=XXIII|ISBN=978-2-7021-4127-4}}
 
==== [[Colette]], ''Le Blé en herbe'', 1923 ====
{{Citation|citation=<poem>Philippe ne répondit pas. Il tendait le reste de sa lucidité vers son propre épuisement progressif, et s'attendait à entendre tomber sur le tapis, régulières, étouffées, les dernières gouttes d'un sang qui quittait son coeur.
— Vous l'aimez, n'est-ce pas ?
— Qui? dit-il en sursaut.
— Cette côte cancalaise ?
— Oui...
— Monsieur Phil, vous n'êtes pas souffrant ? Non ? Bon. Je suis une très bonne garde-malade, d'ailleurs... Mais par ce temps-là, vous avez mille fois raison : mieux vaut se taire que de parler. Taisons-nous donc.
— Je n'ai pas dit ça...
Elle n'avait pas fait un mouvement depuis leur entrée dans la pièce obscure, ni risqué une parole qui ne fût parfaitement banale. Pourtant le son de sa voix, chaque fois, infligeait à Philippe une sorte inexprimable de traumatisme, et il reçut avec terreur la menace d'un mutuel silence. Sa sortie fut piteuse et désespérée. Il heurta son verre à un fantôme de petite table, proféra quelques mots qu'il n'entendit pas, se mit debout, gagna la porte en fandant des vagues lourdes et des obstacles invisibles, et retrouva la lumière avec une aspiration d'asphyxié.</poem>}}
{{Réf Livre|titre=Le Blé en herbe|auteur=[[Colette]]|éditeur=Flammarion|année=2004|année d'origine=1923|page=54|ISBN=2-08-06-8641-1}}
 
[[Catégorie:Thème]]