« Soir » : différence entre les versions

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Clelie Mascaret (discussion | contributions)
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{{Citation|citation=Vous souvient-il de la scène où Perséphone est sur le point de s’abîmer dans l’Érèbe, tandis que gémit le chœur des Océanides ? Son visage est pareil au vôtre, quand le vôtre s’obscurcit. Rigide dans son peplum couleur de safran, elle penche en arrière sa tête couronnée ; et il semble que la nuit coule en sa chair devenue exsangue et s’amasse au-dessous du menton, dans la cavité des yeux, autour des narines, lui donnant l’aspect d’un sombre masque tragique. C’est votre masque, Perdita. Quand je composais mon Mystère, la mémoire que j’avais de vous m’a aidé à évoquer la personne divine. Ce petit ruban de velours safrané que vous portez habituellement au cou m’a indiqué la couleur convenable pour le peplum de Perséphone. Et un soir, dans votre maison, comme je prenais congé de vous sur le seuil d’une pièce où les lampes n’étaient pas encore allumées, — ; un soir agité du dernier automne, vous en souvient-il ? — vous avez réussi, par un seul de vos gestes, à mettre dans la pleine lumière de mon âme la créature qui s’y trouvait encore gisante et enveloppée ; et puis, sans vous douter de cette nativité subite, vous êtes rentrée dans l’intime obscurité de votre Érèbe. Ah ! j’étais sûr d’entendre vos sanglots ; et cependant il courait en moi un torrent de joie indomptable. Jamais, je crois, je ne vous ai raconté ces choses. J’aurais dû vous consacrer mon œuvre comme à une Lucine idéale.}}
{{Réf Livre|titre=Le Feu|auteur=[[Gabriele D'Annunzio]]|éditeur=La Revue de Paris|Traducteur=Georges Hérelle|année=1900|page=11|chapitre=I. L'épiphanie du feu}}
 
{{Citation|citation=Il semblait qu’en ce soir magique revinssent tous les souffles et les mirages de l’Orient lointain, tels que les apportait jadis, dans ses voiles creuses et dans ses flancs recourbés, la galère pleine de belles proies. Et toutes les choses d’alentour exaltaient la puissance de la vie chez cet homme qui voulait attirer à soi l’univers afin de ne plus mourir, chez cette femme qui voulait jeter au bûcher son âme trop lourde afin de mourir pure. Et ils palpitaient l’un et l’autre, sous l’oppression d’une anxiété croissante, l’oreille attentive à la fuite du temps, comme si l’eau sur laquelle ils naviguaient eût coulé dans une clepsydre effroyable.}}
{{Réf Livre|titre=Le Feu|auteur=[[Gabriele D'Annunzio]]|éditeur=La Revue de Paris|Traducteur=Georges Hérelle|année=1900|page=21|chapitre=I. L'épiphanie du feu}}
 
==== [[Colette]], ''Le Blé en herbe'', 1923 ====
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