« René Crevel (écrivain) » : différence entre les versions

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'''[[w:René Crevel|René Crevel]]''', né le 10 août 1900 dans le 10ème à Paris et mort le 18 juin 1935 à Paris également, se définit comme un écrivain et poète français ayant appartenu au courant dadaïste puis surréaliste.
 
== Critique ==
=== ''La Période des sommeils'', 1932 ===
 
=== ''La Période des sommeils'', 1932 ==={{Citation|citation=Tant de voix sonnaient faux en dépit des sourires que mes oreilles ne voulaient plus entendre. Sur les pavés trop quotidiens, mes pieds traînaient des distances pesantes, bordées d’une ombre qui se trouvait pourtant dépourvue d’épaisseur. Tous les arbres étaient en bois de potence, et ils étaient innombrables dans la forêt de la répression, avec leur feuillage de plomb si épais que, de l’aube au crépuscule et du crépuscule à l’aube, on n’osait imaginer qu’un jour, au-delà de l’horizon et au-delà de l’habitude, brillerait un Soleil tout de soufre et d’amour. Les feuilles répétaient les inepties druidiques des chênes, l’hypocrisie méditerranéenne des oliviers, l’amertume fatale du buis, le puritanisme glacé des saules, et les allusions malsaines chuchotées par les peupliers de la Troisième République.}} {{Réf Article|titre=La Période des sommeils|auteur=René Crevel|publication=This Quarter vol. 5|numéro=1|date=Septembre 1932|page=1}}
 
{{Citation|citation=Tous les troncs des arbres se divisaient en une infinité de branches sinueuses et insinuantes, qui offraient leurs aptitudes sournoises à étrangler prestement, sinon les créatures trop imprudentes, du moins et à coup sûr les mots dans leur gorge.}} {{Réf Article|titre=La Période des sommeils|auteur=René Crevel|publication=This Quarter vol. 5|numéro=1|date=Septembre 1932|page=1}}
 
{{Citation|citation=Au coeur de la ville métaphysique, à l’ombre des statues, les oreillers-artichauts invitaient au sommeil tandis que, comme je lisais [[Comte de Lautréamont|Lautréamont]], Paris cessait d’être la capitale de la France et revenait à la vie en renaissant de ses pierres. La Seine… la rue Vivienne… La lumière d’Ile-de-France que les gens ordinaires trouvent si agréable ne représentait bientôt plus pour moi qu’un chiffon de papier. Le plomb des cieux, le plomb des crânes, se trouvait éclairé, couronné, déchiré, illuminé par un coup de tonnerre révélateur. Et maintenant encore, après toutes ces années, pour retrouver ces moments brûlants, il faut que la tempête de mai accélère mon pouls au point de créer l’impression que, partant des poignets, des compagnies souterraines d’oiseaux se développent en lourdes fleurs de matière grise sous les monticules des paumes.}} {{Réf Article|titre=La Période des sommeils|auteur=René Crevel|publication=This Quarter vol. 5|numéro=1|date=Septembre 1932|page=1}}
 
{{Citation|citation=<poem>J’aimerais pouvoir écrire ces souvenirs en lettres phosphorescentes. Si je les écris malgré tout, c’est parce qu’à cet instant, avenue de l’Opéra, le soleil couchant a baigné les visages avec assez de soufre pour les rendre jaunes, d’un jaune in support able, en même temps que devient bleu, d’un bleu intolérable, le chapeau melon, initialement noir, d’un promeneur un peu bizarre.
Ainsi puis-je me rappeler que [[Robert Desnos|Desnos]] avait les yeux exorbités. Deux huîtres dans leur coquille qui reflétaient, dans leur passivité glauque et rauque, le mouvement de la mer. Au bord, au commencement, de sa mer, il y avait une plage, de sable le jour, de chair la nuit. Sur la lande près de la plage, dans un verger trop fleuri, une fille s’était laissée choir à terre et m’avait demandé de passer l’après-midi entier à lui presser des géraniums entre les seins.</poem>}} {{Réf Article|titre=La Période des sommeils|auteur=René Crevel|publication=This Quarter vol. 5|numéro=1|date=Septembre 1932|page=1}}
 
{{Citation|citation=Un certain dualisme qu’ils ne parvenaient pas à surmonter, voilà ce qui détourna du surréalisme, non seulement [[Robert Desnos|Desnos]], mais beaucoup d’autres, parce que, dialectique dans son essence, le surréalisme n’entend sacrifier ni le rêve à l’action, ni l’action au rêve, préférant plutôt nourrir leur synthèse.}} {{Réf Article|titre=La Période des sommeils|auteur=René Crevel|publication=This Quarter vol. 5|numéro=1|date=Septembre 1932|page=1}}
 
== Manifeste ==
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Du pont de la mort, venez voir, venez tous voir la fête qui s'allume.</poem>}}
{{Réf Article|titre=Le Pont de la mort|auteur=René Crevel|publication=La Révolution Surréaliste|numéro=7|date=15 juin 1926|page=28}}
 
=== ''La Période des sommeils'', 1932 ==={{Citation|citation=Tant de voix sonnaient faux en dépit des sourires que mes oreilles ne voulaient plus entendre. Sur les pavés trop quotidiens, mes pieds traînaient des distances pesantes, bordées d’une ombre qui se trouvait pourtant dépourvue d’épaisseur. Tous les arbres étaient en bois de potence, et ils étaient innombrables dans la forêt de la répression, avec leur feuillage de plomb si épais que, de l’aube au crépuscule et du crépuscule à l’aube, on n’osait imaginer qu’un jour, au-delà de l’horizon et au-delà de l’habitude, brillerait un Soleil tout de soufre et d’amour. Les feuilles répétaient les inepties druidiques des chênes, l’hypocrisie méditerranéenne des oliviers, l’amertume fatale du buis, le puritanisme glacé des saules, et les allusions malsaines chuchotées par les peupliers de la Troisième République.}} {{Réf Article|titre=La Période des sommeils|auteur=René Crevel|publication=This Quarter vol. 5|numéro=1|date=Septembre 1932|page=1}}
 
{{Citation|citation=Tous les troncs des arbres se divisaient en une infinité de branches sinueuses et insinuantes, qui offraient leurs aptitudes sournoises à étrangler prestement, sinon les créatures trop imprudentes, du moins et à coup sûr les mots dans leur gorge.}} {{Réf Article|titre=La Période des sommeils|auteur=René Crevel|publication=This Quarter vol. 5|numéro=1|date=Septembre 1932|page=1}}
 
{{Citation|citation=Au coeur de la ville métaphysique, à l’ombre des statues, les oreillers-artichauts invitaient au sommeil tandis que, comme je lisais [[Comte de Lautréamont|Lautréamont]], Paris cessait d’être la capitale de la France et revenait à la vie en renaissant de ses pierres. La Seine… la rue Vivienne… La lumière d’Ile-de-France que les gens ordinaires trouvent si agréable ne représentait bientôt plus pour moi qu’un chiffon de papier. Le plomb des cieux, le plomb des crânes, se trouvait éclairé, couronné, déchiré, illuminé par un coup de tonnerre révélateur. Et maintenant encore, après toutes ces années, pour retrouver ces moments brûlants, il faut que la tempête de mai accélère mon pouls au point de créer l’impression que, partant des poignets, des compagnies souterraines d’oiseaux se développent en lourdes fleurs de matière grise sous les monticules des paumes.}} {{Réf Article|titre=La Période des sommeils|auteur=René Crevel|publication=This Quarter vol. 5|numéro=1|date=Septembre 1932|page=1}}
 
{{Citation|citation=<poem>J’aimerais pouvoir écrire ces souvenirs en lettres phosphorescentes. Si je les écris malgré tout, c’est parce qu’à cet instant, avenue de l’Opéra, le soleil couchant a baigné les visages avec assez de soufre pour les rendre jaunes, d’un jaune in support able, en même temps que devient bleu, d’un bleu intolérable, le chapeau melon, initialement noir, d’un promeneur un peu bizarre.
Ainsi puis-je me rappeler que [[Robert Desnos|Desnos]] avait les yeux exorbités. Deux huîtres dans leur coquille qui reflétaient, dans leur passivité glauque et rauque, le mouvement de la mer. Au bord, au commencement, de sa mer, il y avait une plage, de sable le jour, de chair la nuit. Sur la lande près de la plage, dans un verger trop fleuri, une fille s’était laissée choir à terre et m’avait demandé de passer l’après-midi entier à lui presser des géraniums entre les seins.</poem>}} {{Réf Article|titre=La Période des sommeils|auteur=René Crevel|publication=This Quarter vol. 5|numéro=1|date=Septembre 1932|page=1}}
 
{{Citation|citation=Un certain dualisme qu’ils ne parvenaient pas à surmonter, voilà ce qui détourna du surréalisme, non seulement [[Robert Desnos|Desnos]], mais beaucoup d’autres, parce que, dialectique dans son essence, le surréalisme n’entend sacrifier ni le rêve à l’action, ni l’action au rêve, préférant plutôt nourrir leur synthèse.}} {{Réf Article|titre=La Période des sommeils|auteur=René Crevel|publication=This Quarter vol. 5|numéro=1|date=Septembre 1932|page=1}}
 
=== ''La Période des sommeils'', 1932 ==={{Citation|citation=.}} {{Réf Article|titre=La Période des sommeils|auteur=René Crevel|publication=This Quarter vol. 5|numéro=1|date=Septembre 1932|page=1}}
 
 
{{interprojet|w=René Crevel}}