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== Presse ==
=== ''Premières réponses à l'enquête sur les représentations érotiques'', 1964 ===
{{Citation|citation=I. Les yeux ouverts, les yeux fermés, je vois, je sais. A l'heure où le désir s'échappe comme d'un loup qui couvre mon visage, cette femme nue au coin du bois anonyme et violée et précise et familière, est-ce celle sublimée et subtile qui s'avance et grandit et me choisit et me livre et me délivre dans la lumière oblique de ce qui est plus que ma vie ? Elle se détache et se confond avec celle qui habite entre mes bras. La meilleure. La révélée. La femme est flamme. Elle est nue comme une amande. Il y a des champs d'ivoire dans l'amour. Elle est chaste comme je suis chaste : un scandale d'innocence. C'est toujours l'âge du premier amour. Et voici que je tremble. Tout est chair. Sexe de l'iode, des lèvres, des sacs à fermoir, des rives, des rivages de ce lac calme où nous prenons dimensions. Si j'ouvre les yeux, je suis nageur qui fait provision d'oxygène pour mieux plonger dans le délire. Je me rassure, j'étais seul. Soudain, je suis tous. Je dois fonder quelque ville, quelque part. Puis la respiration devient broussaille. Je rejoins le réel, l'imaginaire, la mort attelée dans le dos.|précisions=Réponse de Jean Malrieu à l'interrogation suivante : ''Comment se caractérisent vos représentations imaginaires dans l'acte d'amour ? Justifient-elles un jugement de valeur ? Sont-elles spontanées ou volontaires ? se succèdent-elles dans un ordre fixe ? Lequel ?'' — Il est clairement question d'une enquête initiée par la revue surréaliste ''La Brèche'' en décembre 1964.}} {{Réf Article|titre=Premières réponses à l'enquête sur les représentations érotiques|auteur=Jean Malrieu|publication=La Brèche|numéro=7|date=Décembre 1964|page=92}}
{{Citation|citation=<poem>— ''Comment se caractérisent vos représentations imaginaires dans l'acte d'amour ? Justifient-elles un jugement de valeur ? Sont-elles spontanées ou volontaires ? se succèdent-elles dans un ordre fixe ? Lequel ?''
 
{{Citation|citation=II. La femme réelle, la femme imaginaire sont vaisseaux. Elles ont pris charge de moi pour m'abandonner sur quelques rives où épars au réveil le monde se reconstitue. Ce sont débris d'un âge d'or. Ils s'ordonnent et me permettent de poursuivre. Il faut toujours mieux s'appliquer et s'abandonner. Un jour, je suis sûr de passer de l'autre côté des choses.|précisions=Réponse de Jean Malrieu à l'interrogation suivante : ''Comment [vos représentations érotiques] interfèrent-elles avec la représentation objective que vous avez de votre partenaire ? De vous-même ? De ce qui vous entoure ?'' — Il est clairement question d'une enquête initiée par la revue surréaliste ''La Brèche'' en décembre 1964.}} {{Réf Article|titre=Premières réponses à l'enquête sur les représentations érotiques|auteur=Jean Malrieu|publication=La Brèche|numéro=7|date=Décembre 1964|page=92}}
I. Les yeux ouverts, les yeux fermés, je vois, je sais. A l'heure où le désir s'échappe comme d'un loup qui couvre mon visage, cette femme nue au coin du bois anonyme et violée et précise et familière, est-ce celle sublimée et subtile qui s'avance et grandit et me choisit et me livre et me délivre dans la lumière oblique de ce qui est plus que ma vie ? Elle se détache et se confond avec celle qui habite entre mes bras. La meilleure. La révélée. La femme est flamme. Elle est nue comme une amande. Il y a des champs d'ivoire dans l'amour. Elle est chaste comme je suis chaste : un scandale d'innocence. C'est toujours l'âge du premier amour. Et voici que je tremble. Tout est chair. Sexe de l'iode, des lèvres, des sacs à fermoir, des rives, des rivages de ce lac calme où nous prenons dimensions. Si j'ouvre les yeux, je suis nageur qui fait provision d'oxygène pour mieux plonger dans le délire. Je me rassure, j'étais seul. Soudain, je suis tous. Je dois fonder quelque ville, quelque part. Puis la respiration devient broussaille. Je rejoins le réel, l'imaginaire, la mort attelée dans le dos.
 
IV{{Citation|citation=III. L'acteLe poétiquemonde ressembleest àmerveilleux lpuisqu'acte charnel. Mais le langageil est pauvrehanté.|précisions=Réponse pourde garderJean traceMalrieu deà l'extase.interrogation suivante : ''Le poèmespectacle intérieur parfoisconserve-t-il dans gardela quelquesvie tracesquotidienne dela cetrace feu.des Ilreprésentations mqui s'estoffrent arrivéà d'écrirevous quelquesdans poèmesl'acte avecd'amour le?'' — pénis.</poem>|précisions=Il est iciclairement question d'une enquête initiée par la revue surréaliste ''La Brèche'' en décembre 1964.}} {{Réf Article|titre=Premières réponses à l'enquête sur les représentations érotiques|auteur=Jean Malrieu|publication=La Brèche|numéro=7|date=Décembre 1964|page=92}}
— ''Comment interfèrent-elles avec la représentation objective que vous avez de votre partenaire ? De vous-même ? De ce qui vous entoure ?''
 
{{Citation|citation=IV. L'acte poétique ressemble à l'acte charnel. Mais le langage est pauvre pour garder trace de l'extase. Le poème — parfois — garde quelques traces de ce feu. Il m'est arrivé d'écrire quelques poèmes avec le pénis.|précisions=Réponse de Jean Malrieu à l'interrogation suivante : ''[Les représentations érotiques] ont-elles à vos yeux une relation avec la création poétique ?'' — Il est clairement question d'une enquête initiée par la revue surréaliste ''La Brèche'' en décembre 1964.}} {{Réf Article|titre=Premières réponses à l'enquête sur les représentations érotiques|auteur=Jean Malrieu|publication=La Brèche|numéro=7|date=Décembre 1964|page=92}}
II. La femme réelle, la femme imaginaire sont vaisseaux. Elles ont pris charge de moi pour m'abandonner sur quelques rives où épars au réveil le monde se reconstitue. Ce sont débris d'un âge d'or. Ils s'ordonnent et me permettent de poursuivre. Il faut toujours mieux s'appliquer et s'abandonner. Un jour, je suis sûr de passer de l'autre côté des choses.
 
— ''Le spectacle intérieur conserve-t-il dans la vie quotidienne la trace des représentations qui s'offrent à vous dans l'acte d'amour ?''
 
III. Le monde est merveilleux puisqu'il est hanté.
 
— ''Ont-elles à vos yeux une relation avec la création poétique ?''
 
IV. L'acte poétique ressemble à l'acte charnel. Mais le langage est pauvre pour garder trace de l'extase. Le poème — parfois — garde quelques traces de ce feu. Il m'est arrivé d'écrire quelques poèmes avec le pénis.</poem>|précisions=Il est ici question d'une enquête initiée par la revue surréaliste ''La Brèche'' en décembre 1964.}} {{Réf Article|titre=Premières réponses à l'enquête sur les représentations érotiques|auteur=Jean Malrieu|publication=La Brèche|numéro=7|date=Décembre 1964|page=92}}
 
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