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'''Alberto Eiguer''' est un psychiatre, psychanalyste, président de l'Association internationale de psychanalyse de couple et de famille et membre de la Société psychanalytique de Paris.
Sans moi, ce site n'est pas grand chose.
 
=== ''Le Pervers narcissique et son complice'', 1989 ===
==== Le Champ de la perversion narcissique ====
{{citation|citation=Les individus qui utilisent les mécanismes pervers narcissiques (mécanismes p.n.) sont ceux qui, sous l'influence de leur soi grandiose, essaient de créer un lien avec un deuxième individu, en s'attaquant tout particulièrement à l'intégrité narcissique de l'autre afin de le désarmer. Ils s'attaquent aussi à l'amour de soi, à la confiance en soi, à l'auto-estime et à la croyance en soi de l'autre. En même temps, ils cherchent, d'une certaine manière, à faire croire que le lien de la dépendance de l'autre envers eux est irremplaçable et que c'est l'autre qui le sollicite.}}
{{Réf Livre|titre=Le pervers narcissique et son complice|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=1989|page=4|partie=I. Le Champ de la perversion narcissique|chapitre=Définition et description générale|section=|ISBN=2 10 002843 X}}
 
{{citation|citation=Le narcissisme positif de l'autre est mis sans arrêt en danger, faussé et disqualifié par le pervers narcissique.}}
{{Réf Livre|titre=Le pervers narcissique et son complice|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=1989|page=4|partie=I. Le Champ de la perversion narcissique|chapitre=Définition et description générale|section=|ISBN=2 10 002843 X}}
 
{{citation|citation=Marqué par un narcissisme pathologique, qui le pousse à l' ''acting out'' pervers, le pervers narcissique peut « ignorer » son objet. Il peut aussi se sentir envieux de la vitalité, de la pensée autonome, de l'intensité émotionnelle et de la créativité qu'il constate chez son complice, ce qui exacerbe sa possessivité et le conduit à se lancer « à la conquête du territoire psychique de l'autre » [...]. Ce fonctionnement n'est pas rare chez les patients narcissiques qui, dans des situations d'instabilité, vont se sentir poussés à agir ainsi, afin de retrouver l'équilibre que leur soi exige.}}
{{Réf Livre|titre=Le pervers narcissique et son complice|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=1989|page=5|partie=I. Le Champ de la perversion narcissique|chapitre=Définition et description générale|section=|ISBN=2 10 002843 X}}
 
{{citation|citation=[[Paul-Claude Racamier|P.-C. Racamier]] (1978) avance que le pervers narcissique est au fond un psychotique sans symptômes et que c'est de la pression de sa psychose latente désorganisatrice qu'il cherche à se débarrasser par l' ''acting out''. La décharge, sur quelqu'un d'autre, de sa psychose (délégation) lui permet de rester « équilibré ». Il est question de « ''déprédation morale'' » (P.-C. Racamier, 1987).}}
{{Réf Livre|titre=Le pervers narcissique et son complice|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=1989|page=5|partie=I. Le Champ de la perversion narcissique|chapitre=Définition et description générale|section=|ISBN=2 10 002843 X}}
 
{{citation|citation=L'impérialisme du moi est vraisemblablement le sceau structurel et dynamique faisant du caractère narcissique la parodie parfois tragique du retour vers soi des investissements. Il n'est pas inutile, toutefois, de remarquer que le narcissique peut, devant une crise, développer des thèmes déficitaires ou tomber même dans un « état dépressif » franc, mais il manifeste rarement de la souffrance : ce sont généralement des plaintes, de la honte ou des préoccupations hypocondriaques. En fait, les mécanismes pervers narcissiques toujours disponibles desserviront le mieux sa structure et lui éviteront l'expression symptomatique.}}
{{Réf Livre|titre=Le pervers narcissique et son complice|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=1989|page=7|partie=I. Le Champ de la perversion narcissique|chapitre=Définition et description générale|section=Sur le narcissisme pathologique|ISBN=2 10 002843 X}}
 
{{citation|citation=Les « pervers de caractère » sont peu supportés par l'entourage, leur besoin de nier la réalité de l'autre est trop grande : ils réclament fébrilement des gages immédiats et une reconnaissance totale ; ce que le pervers narcissique demande aussi, mais celui-ci sait attendre, puis « organiser » une stratégie relationnelle, qui viendrait confirmer ses fantasmes.}}
{{Réf Livre|titre=Le pervers narcissique et son complice|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=1989|page=9|partie=I. Le Champ de la perversion narcissique|chapitre=Définition et description générale|section=Différences avec le sadisme|ISBN=2 10 002843 X}}
 
{{citation|citation=Si le pervers de caractère utilise un discours revendicatif irritant, le pervers narcissique sait créer un élan positif envers lui, en prenant soin de se présenter en victime, sans le dire, sans culpabiliser à la lumière du jour. Il suscite parfois un éveil surmoïque chez l'autre, qui sera pris de regrets ou même de peur, mais cela se passe à bas bruit et même d'une manière totalement inconsciente pour lui.}}
{{Réf Livre|titre=Le pervers narcissique et son complice|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=1989|page=9|partie=I. Le Champ de la perversion narcissique|chapitre=Définition et description générale|section=Différences avec le sadisme|ISBN=2 10 002843 X}}
 
{{citation|citation=<poem>Le ''farceur'' et le ''mystificateur'', des caractères plus proches du pervers-narcissique, présentent trois traits spécifiques.
1. « Besoin d'inspirer de la panique ou de l'angoisse chez les autres. »
2. « Gratification agressive et sentiment de pouvoir qui naissent de la réalisation de la mystification. »
3. « Plaisir de révéler la mystification. »
Autrement dit, leur plaisir est double devant l'humiliation de la victime, une première fois en la trompant, une deuxième fois en lui signalant son erreur. Ils ont une très forte tendance au jeu, à créer un scénario fantasmatique dans lequel l'angoisse de castration est momentanément soulagée, du fait de son apparition chez quelqu'un d'autre.</poem>}}
{{Réf Livre|titre=Le pervers narcissique et son complice|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=1989|page=9|partie=I. Le Champ de la perversion narcissique|chapitre=Définition et description générale|section=Différences avec le sadisme|ISBN=2 10 002843 X}}
 
{{citation|citation=Le « pervers de caractère » est un artiste qui emploie alternativement son voyeurisme et son exhibitionnisme, toujours actifs. Arlow situe la perversion caractérielle dans une contiguïté avec les perversions sexuelles, toutes les deux trouvant dans le modèle du fétichisme leur source inconsciente : le déni de la castration de la mère.}}
{{Réf Livre|titre=Le pervers narcissique et son complice|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=1989|page=10|partie=I. Le Champ de la perversion narcissique|chapitre=Définition et description générale|section=Différences avec le sadisme|ISBN=2 10 002843 X}}
 
{{citation|citation=J. Mc Dougall (1972) souligne que, anesthésié affectivement, le pervers fait tout pour provoquer et développer la jouissance chez son objet, et ceci jusqu'au paroxysme. En revanche, on observe plutôt chez le pervers narcissique une recherche désespérée pour éloigner le danger de la perte de son intégrité narcissique. Il en attend bien davantage un soulagement que le triomphe recherché par la plupart des pervers. Si le pervers narcissique déclenche des émotions, des désirs ou des fantasmes, ils sont rarement voluptueux.}}
{{Réf Livre|titre=Le pervers narcissique et son complice|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=1989|page=11|partie=I. Le Champ de la perversion narcissique|chapitre=Définition et description générale|section=Différences avec le sadisme|ISBN=2 10 002843 X}}
 
{{citation|citation=Le champ d'opération de tout pervers est la réalité, l'environnement, le lien à un autre. Sa problématique s'extériorise, se développe donc dans le ''socius'', et c'est ce ''socius'' que nous devons interroger pour compendre le pervers.}}
{{Réf Livre|titre=Le pervers narcissique et son complice|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=1989|page=13|partie=I. Le Champ de la perversion narcissique|chapitre=Définition et description générale|section=L'induction narcissique|ISBN=2 10 002843 X}}
 
{{citation|citation=Le type privilégié de passage à l'acte du pervers narcissique est l'induction : le sujet provoque des sentiments, des actes, des réactions ou, au contraire, il les inhibe.}}
{{Réf Livre|titre=Le pervers narcissique et son complice|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=1989|page=14|partie=I. Le Champ de la perversion narcissique|chapitre=Définition et description générale|section=L'induction narcissique|ISBN=2 10 002843 X}}
 
{{citation|citation=Le pervers narcissique essaie de maîtriser la relation à l'autre, en maintenant par divers procédés un état de dépendance réciproque. Pour cela, il utilise différents messages qui varient selon le cas et les circonstances. Un de ces messages est celui de ''la définition'' des intentions de l'autre ou la désignation d'un désir.}}
{{Réf Livre|titre=Le pervers narcissique et son complice|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=1989|page=14|partie=I. Le Champ de la perversion narcissique|chapitre=Définition et description générale|section=L'induction narcissique|ISBN=2 10 002843 X}}
 
{{citation|citation=[Le pervers narcissique] communique par allusions, sans se compromettre. Il peut penser, par exemple, qu'un ami vient le voir pour lui emprunter de l'argent. Devant cet ami, il adopte alors une attitude intermédiaire entre la confiance et la suspicion, parlant de ses dettes à lui, de ceux qui demandent de l'argent et ne le rendent jamais, ou de la société qui va à sa décomposition, parce qu'on ne peut plus se fier à personne. Il va étaler des arguments qui font preuve d'ardeur, de connaissance, de certitude, au point d'être très convaincant. L'autre — qui n'avait aucune intention de demander de l'argent — va éventuellement se sentir mal à l'aise sans savoir exactement pourquoi. Il peut se promettre de ne jamais demander du crédit, douter de sa propre honnêteté ou se sentir déjà irrémédiablement décadent. Sans le vouloir, il rentre dans le jeu, dans la définition du désir telle que la veut le pervers narcissique.}}
{{Réf Livre|titre=Le pervers narcissique et son complice|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=1989|page=15|partie=I. Le Champ de la perversion narcissique|chapitre=Définition et description générale|section=L'induction narcissique|ISBN=2 10 002843 X}}
 
{{citation|citation=Dans le chapitre VI du rapport « ''Les paradoxes des schizophrènes'' », [[Paul-Claude Racamier|P.-C. Racamier]] (1978) conclut par cette phrase (qui est tout un programme) : « Nous nous sommes déjà demandé de quelle perversion la psychose schizophrénique est l'envers, sans doute pouvons-nous désormais répondre à cette question, ancienne comme les premières découvertes de S. Freud : la schizophrénie est l'envers d'une perversion narcissique. »}}
{{Réf Livre|titre=Le pervers narcissique et son complice|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=1989|page=26|partie=I. Le Champ de la perversion narcissique|chapitre=Définition et description générale|section=Séduction narcissique|ISBN=2 10 002843 X}}
 
{{citation|citation=Si ''la mère'' « entend [...] inclure l'enfant en elle-même une fois pour toutes, cet enfant narcissiquement séduit doit être comme s'il n'était pas né. Il ne faut pas qu'il opère cette seconde naissance qu'est la naissance psychique ; il ne faut pas qu'il croisse, qu'il pense, qu'il désire, qu'il rêve. Il restera pour la mère un rêve incarné : un fétiche vivant. Mais peut-il encore avoir des rêves, celui qui ''est'' un rêve ? Pas plus que de rêver, il devra penser : la séduction narcissique ne tolère ni le désir ni la pensée, qui sont preuves d'insurrection ». Et [[Paul-Claude Racamier|P.-C. Racamier]] ajoute que pour éviter qu'il ne ''soit'', il faut le nourrir sans cesse. Pour éviter qu'il ne désire, il faut désirer à sa place (et présenter cela comme une offre exceptionnelle, ajouterons-nous).}}
{{Réf Livre|titre=Le pervers narcissique et son complice|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=1989|page=26|partie=I. Le Champ de la perversion narcissique|chapitre=Définition et description générale|section=Séduction narcissique|ISBN=2 10 002843 X}}
 
{{citation|citation=[[Paul-Claude Racamier|P.-C. Racamier]] insiste sur la perversion de la pensée dans les familles des schizophrènes, consistant dans une ambiguïté insoutenable, une logique « élastique » qui se plie et se déplie aux contingences externes comme le reflet de ces mêmes inter-relations (pseudo-mutuelles et superficielles), dont les membres de la famille ont une perception contradictoire ou paradoxale. Ils se disent solidaires et unis, alors qu'ils ne le sont pas. La logique paradoxale offre un camouflage parfait à la perversion narcissique [...]. Si par hasard leur véracité est mise en doute par quelqu'un, celui-ci pourrait se voir désigné comme fou.}}
{{Réf Livre|titre=Le pervers narcissique et son complice|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=1989|page=26|partie=I. Le Champ de la perversion narcissique|chapitre=Définition et description générale|section=Séduction narcissique|ISBN=2 10 002843 X}}
 
==== Applications à la psychopathologie ====
{{citation|citation=<poem>Les rapports entre psychose et perversion narcissique sont étroits. [[Paul-Claude Racamier|P.-C. Racamier]] (1978) a insisté sur la présence de pervers narcissiques parmi les proches du psychotique ; nous lui devons également la formule de la perversion narcissique comme revers de la schizophrénie : cette perversion narcissique serait celle d'un autre, de la mère du patient le plus fréquemment.
Cependant le psychotique même agit souvent sur le mode pervers, à la sortie de l'épisode critique notamment.</poem>}}
{{Réf Livre|titre=Le pervers narcissique et son complice|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=1989|page=83|partie=II. Applications à la psychopathologie|chapitre=Psychose et perversion narcissique|section=Emprise régressive et emprise fonctionnelle|ISBN=2 10 002843 X}}
 
{{citation|citation=<poem>Ces moments ou ces mécanismes pervers-narcissiques servent plusieurs maîtres à la fois. Précisons-les :
— le psychotique soulage sa profonde détresse et sa confusion en ébranlant le fonctionnement psychique d'autrui ;
— il agit en « déprédateur », en essayant de subtiliser ou de s'apprioprier des qualités psychiques de l'autre pour trouver un contenant rassemblant ses parties dissociées ;
— il a certes un éphémère sentiment de triomphe sur l'objet mais secondairement à l'emprise compulsive ;
— il cherche aussi à dénigrer ou à démythifier tantôt la santé psychique, tantôt le savoir sexuel qui lui échappe, tantôt la capacité génitrice et gestatrice de son père et de sa mère.</poem>}}
{{Réf Livre|titre=Le pervers narcissique et son complice|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=1989|page=83|partie=II. Applications à la psychopathologie|chapitre=Psychose et perversion narcissique|section=Emprise régressive et emprise fonctionnelle|ISBN=2 10 002843 X}}
 
{{citation|citation=Les traits généraux de la perversion narcissique se retrouvent chez le psychotique avec des différences dues à la structure propre à chaque variante clinique : schizophrénie, paranoïa, psychose maniaco-dépressive. Si le paranoïaque est plus habile parce qu'il possède un degré de savoir et de pensée suffisamment développé, ou est plus habitué à induire des vécus, le schizophrène n'est pas moins efficace parce que déconcertant et paroxystique. Le schizophrène a le désordre interne en plus, mais il risque de faire de la perversion narcissique un mode défensif de restitution, équivalent au délire, et de ce fait, de rendre le travail thérapique plus ardu.}}
{{Réf Livre|titre=Le pervers narcissique et son complice|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=1989|page=83|partie=II. Applications à la psychopathologie|chapitre=Psychose et perversion narcissique|section=Emprise régressive et emprise fonctionnelle|ISBN=2 10 002843 X}}
 
{{citation|citation=Chaque patient organise ses défenses perverses d'après le modèle du conflit interne. Schématiquement, le paranoïaque essaie de paralyser la pensée par la disqualification ; le schizophrène essaie d'étouffer l'émotivité chez l'autre ou de s'en servir pour combler son anesthésie, si toutefois cela est possible ; le maniaco-dépressif agira sur l'humeur de l'autre pour contrôler sa propre tristesse ou son euphorie : le cas du deuil délégué en est un exemple. Bien des récupérations cliniques de ces patients sont liées à l'instauration et au maintien de liens parasitaires, où l'hôte et le parasite finissent par équilibrer leur interaction au prix parfois d'un grand appauvrissement réciproque.}}
{{Réf Livre|titre=Le pervers narcissique et son complice|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=1989|page=83|partie=II. Applications à la psychopathologie|chapitre=Psychose et perversion narcissique|section=Emprise régressive et emprise fonctionnelle|ISBN=2 10 002843 X}}
 
{{citation|citation=A l'opposé de l'emprise fonctionnelle, l'emprise régressive s'attaque aux sources pulsionnelles de l'autre, pour en tarir les sources, et tout particulièrement à la vie psychique qui bouillonne chez lui [...]. L'emprise fonctionnelle, au contraire, est sensible au fait que l'autre est à choyer car il offre une satisfaction au sujet.}}
{{Réf Livre|titre=Le pervers narcissique et son complice|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=1989|page=86|partie=II. Applications à la psychopathologie|chapitre=Psychose et perversion narcissique|section=Emprise régressive et emprise fonctionnelle|ISBN=2 10 002843 X}}
 
{{citation|citation=Abraham pense [...] qu'un des signes évolutifs et inévitables de la cure est l'apparition de symptômes nouveaux. Le patient présente alors des réactions névrotiques sans perte de contact avec l'entourage. L'auteur confirme une espèce ''de double fatalité à toute thérapie'' de la psychose maniaco-dépressive, à la fois l'inévitable progression du patient, et la consternation de celui-ci devant le fait de ne plus pouvoir régresser : il ne peut plus « produire une dépression authentique » ou une vraie manie.}}
{{Réf Livre|titre=Le pervers narcissique et son complice|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=1989|page=95|partie=II. Applications à la psychopathologie|chapitre=Psychose et perversion narcissique|section=Empire dans la thérapie des états maniaco-dépressifs|ISBN=2 10 002843 X}}
 
''' Conclusions '''
{{citation|citation=Nous avons [...] trouvé que les deuils, la régression due à la cure, potentialisent l'émergence de ces mouvements pervers narcissiques que nous situons tantôt comme des mécanismes de défense contre la détresse, tantôt comme des résidus pervers enkystés dans le moi, jadis très actifs et qui reviennent en force.}}
{{Réf Livre|titre=Le pervers narcissique et son complice|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=1989|page=177|partie=Conclusions|chapitre=Diversité et étendue de la perversion narcissique|section=|ISBN=2 10 002843 X}}
 
=== ''Psychanalyse du libertin'', 2010 ===
''' Introduction '''
{{citation|citation=<poem>Le libertin ne fuit pas l'engagement ; cela est plutôt l'apanage du phobique névrosé, qui redoute de se laisser captiver par le féminin et d'y sombrer, si c'est un homme, ou de succomber aux assauts du phallus, si c'est une femme.
Si le libertin ne croit pas à la relation, c'est aussi par conviction ; pour deux raisons au moins : pour lui, la durée mène à coup sûr au désenchantement, autrement dit à la perte de cette intensité de la rencontre et de la conquête, émotion qu'il cherche par-dessus tout ; l'intimité psychologique de l'autre ne l'intéresse pas.</poem>}}
{{Réf Livre|titre=Psychanalyse du libertin|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=2010|page=2|partie=Introduction|chapitre=|section=|ISBN=978-2-10-054958-0}}
 
{{citation|citation=On a dit à l'occasion que la psychanalyse était libertine. C'est que l'analyste ne cherche ni à punir ni à condamner, mais il tient à la tenue du cadre ; il se donne comme but le développement de la quête intérieure chez le patient ; il y a une sympathie pour ce qui satisfait l'entendement.}}
{{Réf Livre|titre=Psychanalyse du libertin|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=2010|page=4|partie=Introduction|chapitre=|section=|ISBN=978-2-10-054958-0}}
 
{{citation|citation=[...] l'analyse est l'une et l'autre — libérale et rigoureuse — ou l'une plus l'autre. Rigoureux, voire rugueux, est son cadre, strict, inamovible. Osée et provocante est sa conception de la sexualité dans ses différentes manifestations, avec cette libido qui pulse sans arrêt, ces pulsions qui ne se laissent pas domestiquer.}}
{{Réf Livre|titre=Psychanalyse du libertin|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=2010|page=6|partie=Introduction|chapitre=Le flou, l'ambiguïté et l'hédonisme|section=|ISBN=978-2-10-054958-0}}
 
{{citation|citation=<poem>[[Paul Valéry]] rappelle avec pertinence :
« A Rome, les hommes libres, s'ils étaient nés de parents libres, s'appelaient ''ingénus'' ; s'ils avaient été libérés, on les disait ''libertins''. Beaucoup plus tard on appela ''libertins'' ceux dont on prétendait qu'ils avaient libéré leur pensée ; bientôt ce beau titre fut réservé à ceux qui ne connaissaient pas de chaînes dans l'ordre des moeurs. Valéry, ''Regards sur le monde actuel'' » (Le Robert, 1988).</poem>}}
{{Réf Livre|titre=Psychanalyse du libertin|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=2010|page=7|partie=Introduction|chapitre=Liberté génère trois mots proches mais différents : libertin, libertaire, libéral|section=|ISBN=978-2-10-054958-0}}
 
{{citation|citation=Pour le mot ''libertinage'', à la base il s'agira d'« indépendance, refus de toute contrainte, de toute sujétion ».}}
{{Réf Livre|titre=Psychanalyse du libertin|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=2010|page=8|partie=Introduction|chapitre=Liberté génère trois mots proches mais différents : libertin, libertaire, libéral|section=|ISBN=978-2-10-054958-0}}
 
{{citation|citation=— Bien des personnes ont besoin de se sentir sécurisés par un contact direct avec les intermédiaires des pouvoirs, assistants sociaux, fonctionnaires, juristes ou médecins, sans quoi ils sombrent, incapables de se servir de leurs capacités naturelles à s'organiser. Le laisser-faire ne leur convient pas. Liberté équivaut pour eux à abandon. Cela les démotive, les rend passifs, les inhibe même. Ils semblent préférer la dure rigueur à la tolérance.
— D'autres personnes ne sont pas en mesure de saisir le présent qui leur est offert avec la liberté, qu'ils interprètent comme l'occasion et la possibilité de s'affranchir de tout devoir envers les autres et de la société en général. Ils tendent à tirer parti de la situation en trichant lorsqu'ils ont une disponibilité dans ce sens, ce qui est identifié en psychologie comme un sens éthique faible, un surmoi immature et insuffisant. Nous reconnaissons ici une certaine forme de libertinage.
— D'autres encore ont du mal à adhérer à l'esprit collectif ; ils se méfient trop d'autrui, des groupes, des instances d'élaboration et de décision, et dans lesquelles ils auraient normalement le droit de participer. Au contraire, ils s'y refusent. Le libéralisme n'est pas antisocial en soi ; la pensée libertaire ne rompt pas avec le concept d'autorité ; elle la situe autrement, la décentralise [...].
La liberté effraie certains d'entre nous, qui ont un besoin capital soit de sécurité, soit de tirer profit des failles du système, soit de se replier sur soi.}}
{{Réf Livre|titre=Psychanalyse du libertin|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=2010|page=8|partie=Introduction|chapitre=Liberté génère trois mots proches mais différents : libertin, libertaire, libéral|section=|ISBN=978-2-10-054958-0}}
 
==== Libertinage, le plaisir et la joie ====
{{citation|citation=En général, le libertin semble se détourner du passé et ne jamais penser à l'avenir : il vit dans un temps présent. Les jouissances passées sont vite oubliées et la quête est à renouveler.}}
{{Réf Livre|titre=Psychanalyse du libertin|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=2010|page=16|partie=I. Libertinage, le plaisir et la joie|chapitre=Les libertins sont-ils des pervers ?|section=|ISBN=978-2-10-054958-0}}
 
{{citation|citation=Les libertins sont des personnes agréables et de bonne compagnie. Courtois avec autrui, galants avec les gens du genre opposé, ils apprécient parfois la vie mondaine, aiment fréquenter les grands de ce monde. Joyeux, lucides, ayant du tact, ils sont désinvoltes, insolents de manière mesurée calculant leur effet, en connaisseurs des us et manières du milieu fréquenté et sachant facilement adopter la posture qui convient.}}
{{Réf Livre|titre=Psychanalyse du libertin|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=2010|page=16|partie=I. Libertinage, le plaisir et la joie|chapitre=Les libertins sont-ils des pervers ?|section=Enveloppe mondaine|ISBN=978-2-10-054958-0}}
 
{{citation|citation=On peut observer [...] un passage entre libertinage et dandysme, mais tous les dandys ne sont pas des libertins ni vice versa. En matière de sexe, le dandy est carrément abstème.}}
{{Réf Livre|titre=Psychanalyse du libertin|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=2010|page=16|partie=I. Libertinage, le plaisir et la joie|chapitre=Les libertins sont-ils des pervers ?|section=Enveloppe mondaine|ISBN=978-2-10-054958-0}}
 
{{citation|citation=Peut-être est-ce l'obsession de l'ennui dans le premier cas et l'orientation vers le simulacre dans le second qui signe la différence entre libertinage et perversion en groupe ? Il s'agit, respectivement, de se divertir pour amadouer la morosité ou de se dissimuler et simuler pour mieux orchestrer la manipulation et la prise de la proie.}}
{{Réf Livre|titre=Psychanalyse du libertin|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=2010|page=17|partie=I. Libertinage, le plaisir et la joie|chapitre=Les libertins sont-ils des pervers ?|section=Enveloppe mondaine|ISBN=978-2-10-054958-0}}
 
{{citation|citation=Un mondain est quelqu'un qui entr'aperçoit la valeur d'autrui et qui se dit avoir un jour besoin de lui. Participer d'une vie mondaine, aussi superficielle soit elle, implique une quête de sécurité. C'est pour cela que j'appelle cette configuration ''enveloppe mondaine'', à la fois une aisance sociale et une reconnaissance implicite de la valeur du monde. Cette capacité est rare chez les pervers confirmés. D'ordinaire, ces derniers, solitaires et misanthropes, ne parviennent pas à se lier à autrui.}}
{{Réf Livre|titre=Psychanalyse du libertin|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=2010|page=17|partie=I. Libertinage, le plaisir et la joie|chapitre=Les libertins sont-ils des pervers ?|section=Enveloppe mondaine|ISBN=978-2-10-054958-0}}
 
{{citation|citation=Les perversions morales (ou de comportement ou perversité), telles que la perversion-narcissique, le sadomasochisme moral, la mythomanie, l'imposture, le jeu pathologique, la pyromanie, la kleptomanie, la prédation morale, etc., s'expriment par des comportements de manipulation d'autrui que l'individu essaie de dominer, d'utiliser et d'avilir. Le patient est animé de malveillance : le plaisir de faire du mal. Bien qu'il se montre généralement sympathique, il est parfois ''impétueux, arrogant''.}}
{{Réf Livre|titre=Psychanalyse du libertin|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=2010|page=18|partie=I. Libertinage, le plaisir et la joie|chapitre=Les libertins sont-ils des pervers ?|section=Bornes et étendue de la perversion|ISBN=978-2-10-054958-0}}
 
{{citation|citation=Dans la ''prédation morale'', il s'agit en peu de mots d'un asservissement caractérisé qui essaie, dans une majorité des cas, de s'étaler dans le temps. Régulièrement, il trahit la confiance qu'il a pu inspirer.}}
{{Réf Livre|titre=Psychanalyse du libertin|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=2010|page=18|partie=I. Libertinage, le plaisir et la joie|chapitre=Les libertins sont-ils des pervers ?|section=Bornes et étendue de la perversion|ISBN=978-2-10-054958-0}}
 
{{citation|citation=Les perversions sexuelles — bien moins fréquentes — se campent dans la sphère des jouissances sexuelles, par déviation de but et d'objet ([[Sigmund Freud|Freud]], 1905) ; elles deviennent particulièrement pernicieuses dès lors qu'il y a concomitance avec la perversion morale.}}
{{Réf Livre|titre=Psychanalyse du libertin|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=2010|page=20|partie=I. Libertinage, le plaisir et la joie|chapitre=Les libertins sont-ils des pervers ?|section=Bornes et étendue de la perversion|ISBN=978-2-10-054958-0}}
 
{{citation|citation=[Le pervers] sait se servir de la flatterie narcissique car il sait par expérience combien les humains en son friands, et capables de se dépouiller de ce qu'ils chérissent pourvu qu'ils obtiennent un surplus d'adulation ou approchent des personnes en vue. [Il] se présente lui-même comme supérieur, quoiqu'en réalité il nourrisse sa toute-puissance du décalage entre son autosuffisance affichée et le manque d'estime de soi chez la victime. Ses agissements tendent précisément à accentuer ce décalage.}}
{{Réf Livre|titre=Psychanalyse du libertin|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=2010|page=20|partie=I. Libertinage, le plaisir et la joie|chapitre=Les libertins sont-ils des pervers ?|section=Bornes et étendue de la perversion|ISBN=978-2-10-054958-0}}
 
{{citation|citation=<poem>Pour créer les conditions de notre plaisir, il est important pour nous d'envisager que nos mères aient admis que nous jouions avec leur peau sensible, qu'elles nous aient donné l'occasion de pénétrer leur esprit et que cela était un bonheur pour elles. Sachant que cette réciprocité leur apportait satisfaction, nous nous sentons désormais confiants dans notre capacité à donner du bonheur. Si nous avions raté cette circulation sensuelle, nous serions poussés à la chercher sans cesse, par des moyens fortuits et auprès de personnes trouvées par hasard.
Mais dans la mesure où ces partenaires nous rappellent notre mère, par quelque trait ou comportement, ce sera moins grave et moins éprouvant que si on les ressentait comme des étrangers. La blessure est toutefois bien profonde ; rien ni personne ne saura la panser, et la quête sera peut-être poursuivie infiniment.</poem>}}
{{Réf Livre|titre=Psychanalyse du libertin|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=2010|page=24|partie=I. Libertinage, le plaisir et la joie|chapitre=Les libertins sont-ils des pervers ?|section=Le ballet des libertins|ISBN=978-2-10-054958-0}}
 
{{citation|citation=Ainsi que le déni-clivage, la difficulté à se lier aux autres me semble la source de bien des traits de la personnalité du pervers.}}
{{Réf Livre|titre=Psychanalyse du libertin|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=2010|page=29|partie=I. Libertinage, le plaisir et la joie|chapitre=Les libertins sont-ils des pervers ?|section=Liens équivoques ?|ISBN=978-2-10-054958-0}}
 
{{citation|citation=En règle générale, les pervers souhaitent garder leur emprise sur l'autre. S'ils n'y parviennent pas, ils ont tendance à se replier sur eux-mêmes. C'est le cas des perversions solitaires, celles qui surévaluent la vue et le regard les déviant de leur fonction habituelle, l'exhibitionnisme et le voyeurisme, ou celles qui entretiennent le culte de l'apparence, comme le fétichisme.}}
{{Réf Livre|titre=Psychanalyse du libertin|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=2010|page=30|partie=I. Libertinage, le plaisir et la joie|chapitre=Les libertins sont-ils des pervers ?|section=Liens équivoques ?|ISBN=978-2-10-054958-0}}
 
{{citation|citation=<poem>De toutes les façons, même si chacun est trop subordonné à l'autre et sous son influence, le lien intersubjectif se construit. Sur quelles bases ?
— ''Avec le libertin'', il n'y a pas à s'en soucier. Il est trop connaisseur de la chose pour se laisser embarquer par des mots. Il coupe court, lui. Il ne se sent l'obligé de personne ; il ne doit rien à personne.
— ''Pour le pervers'', l'autre devrait être uniquement concerné par la situation sexuelle dans laquelle il a un rôle fixé à jouer. Le pervers lui demande de sentir son besoin [...] et pas davantage. Néanmoins ce qui est exigé de lui est considérable : qu'il se dépouille de son désir, de ses rêves, de son intimité, de ses attaches.
Du côté du libertin, on note le souhait de faire prévaloir le présent et l'avenir, qui est un avenir radieux, celui qui se dévoilera dans la jubilation jouissive. Chez l'autre, toutefois, l'expérience devrait laisser un souvenir impérissable dans un coin réservé de sa mémoire, éternellement.</poem>}}
{{Réf Livre|titre=Psychanalyse du libertin|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=2010|page=31|partie=I. Libertinage, le plaisir et la joie|chapitre=Les libertins sont-ils des pervers ?|section=Penser le lien. L'attachement n'est pas son affaire|ISBN=978-2-10-054958-0}}
 
{{citation|citation=Le lien crée inévitablement des attaches ; le libertin l'a compris. Il se refuse à devenir le prisonnier d'une cage où les barreaux seraient des liens d'amour ; tendresse, sollicitude, solidarité, implication, sont pour lui des hameçons. Sa stratégie est alors conçue de façon à se passer de la relation.}}
{{Réf Livre|titre=Psychanalyse du libertin|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=2010|page=32|partie=I. Libertinage, le plaisir et la joie|chapitre=Les libertins sont-ils des pervers ?|section=Penser le lien. L'attachement n'est pas son affaire|ISBN=978-2-10-054958-0}}
 
{{citation|citation=Ni l'addict sexuel ni le libertin ne parviennent pourtant à entretenir la relation à autrui, à la cultiver ou à la développer ; l'addict sexuel, parce qu'il est trop pressé, trop désespéré de trouver l'idéal de tendresse dont il a manqué ; le libertin, par inappétence de lien.}}
{{Réf Livre|titre=Psychanalyse du libertin|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=2010|page=36|partie=I. Libertinage, le plaisir et la joie|chapitre=Prendre l'amour comme une drogue|section=|ISBN=978-2-10-054958-0}}
 
{{citation|citation=Par rapport à l'addict, le libertin est plus au clair avec ce qu'il veut et se fixe des objectifs en accord avec ses attentes. Peut-être sait-il se protéger davantage ? son estime de soi y contribue.}}
{{Réf Livre|titre=Psychanalyse du libertin|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=2010|page=36|partie=I. Libertinage, le plaisir et la joie|chapitre=Prendre l'amour comme une drogue|section=|ISBN=978-2-10-054958-0}}
 
{{citation|citation=Je pense que les travaux des experts auprès des tribunaux parviendraient à d'autres conclusions si les deux dimensions comportementale et sexuelle de la perversion étaient prises en considération.}}
{{Réf Livre|titre=Psychanalyse du libertin|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=2010|page=38|partie=I. Libertinage, le plaisir et la joie|chapitre=Prendre l'amour comme une drogue|section=Selon le cadre de recherche, nos conclusions peuvent différer|ISBN=978-2-10-054958-0}}
 
{{citation|citation=Un libertin n'est pas en soi un pervers. Ses comportements sexuels, même s'ils peuvent prendre la forme d'une déviation répertoriée comme perverse sexuelle, ne sont pas automatiquement pathologiques.}}
{{Réf Livre|titre=Psychanalyse du libertin|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=2010|page=48|partie=I. Libertinage, le plaisir et la joie|chapitre=Prendre l'amour comme une drogue|section=Remarques finales|ISBN=978-2-10-054958-0}}
 
{{citation|citation=La perversion sexuelle est nuisible ou délétère si elle est connotée de conduites de perversion morale sur autrui.}}
{{Réf Livre|titre=Psychanalyse du libertin|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=2010|page=48|partie=I. Libertinage, le plaisir et la joie|chapitre=Prendre l'amour comme une drogue|section=Remarques finales|ISBN=978-2-10-054958-0}}
 
{{citation|citation=Les libertins n'ont pas le projet de séquestrer comme les prédateurs, leur voeu d'emprise s'inscrit dans la séduction immédiate et transitoire. C'est paradoxalement leur difficulté : ils se privent d'attaches.}}
{{Réf Livre|titre=Psychanalyse du libertin|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=2010|page=49|partie=I. Libertinage, le plaisir et la joie|chapitre=Prendre l'amour comme une drogue|section=Remarques finales|ISBN=978-2-10-054958-0}}
 
{{citation|citation=Personne d'autre que [[Baruch Spinoza|Spinoza]] n'a trouvé meilleure solution à l'idée d'un épanouissement de sa personne en accord avec son plaisir et sa quête de bonheur. L'homme qu'il présente est un homme libre et sans crainte de pêcher. Aucune divinité ne le surveille ; seules sa conscience et sa vie intérieure le conduisent.}}
{{Réf Livre|titre=Psychanalyse du libertin|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=2010|page=63|partie=I. Libertinage, le plaisir et la joie|chapitre=Le libertinage épousant l'histoire|section=Les libertins érudits du XVIIe siècle|ISBN=978-2-10-054958-0}}
 
{{citation|citation=<poem>Ménissier observe que l'oeuvre de [[Baruch Spinoza|Spinoza]] réserve quelques surprises puisqu'elle propose un angle d'observation différent [...] : il étudie l'obtention d'une bonne réputation sociale par des gestes ou des actions mérités qui conduisent à une reconnaissance complémentaire par les co-citoyens.
Ménissier poursuit :
« Du point de vue de Spinoza, la gloire est une illusion à la fois structurante pour l'individu et féconde pour la société : nous imaginons qu'autrui nous considère comme grand ; nous projetons alors sur nous-mêmes une certaine grandeur que nous prêterait autrui, et à partir de là nous nous fortifions par notre imagination. L'impression de gloire résulte donc d'un travail de construction de notre propre éminence, et par conséquent d'une ''autoglorification''. Or celle-ci ne doit pas — ou pas seulement — être comprise comme un sentiment de délectation intime : elle engendre un véritable travail de subjectivation à l'égard d'autrui, lequel fait office de relais nécessaire en vue d'une reconnaissance, certes illusoire ou hypothétique — car il n'est pas certain qu'autrui nous prête effectivement autant de crédit que nous croyons — mais qui constitue bel et bien une reconnaissance de soi par soi » (2009).
Ce ne sont pas tant les succès, les prix, les décorations qui contribuent à l'affirmation de soi, mais un travail subjectif.</poem>}}
{{Réf Livre|titre=Psychanalyse du libertin|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=2010|page=64|partie=I. Libertinage, le plaisir et la joie|chapitre=Le libertinage épousant l'histoire|section=Joie et liberté|ISBN=978-2-10-054958-0}}
 
{{citation|citation=<poem>Pour [[Baruch Spinoza|Spinoza]] (1677), les affects constituent des éléments essentiels de l'être. Le désir émane de l'être intime, ''le conatus'', qui évolue en joie ou en tristesse [...].
Pour ce qui concerne la joie, elle s'oriente vers un état de béatitude, parce qu'elle tend à la perfection. L'être se vit exalté et renforcé dans son estime de soi. La tristesse par contre réduit l'extension de lui-même et de sa puissance d'agir ; le sujet essayera alors de s'éloigner de ce qu'il considère comme cause de ce déplaisir ou de le détruire.</poem>}}
{{Réf Livre|titre=Psychanalyse du libertin|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=2010|page=65|partie=I. Libertinage, le plaisir et la joie|chapitre=Le libertinage épousant l'histoire|section=Joie et liberté|ISBN=978-2-10-054958-0}}
 
{{citation|citation=Lorsqu'elle rappelle que l'intellection pour [[Baruch Spinoza|Spinoza]] n'est pas une froide mécanique, Sophie de Mijolla-Mellor (1992, 2004) souligne que cette béatitude se retrouve dans le plaisir de penser. Parler de béatitude ne vise pas à sacraliser l'esprit mais à faire remarquer l'excitation jubilatoire que la pensée suscite.}}
{{Réf Livre|titre=Psychanalyse du libertin|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=2010|page=65|partie=I. Libertinage, le plaisir et la joie|chapitre=Le libertinage épousant l'histoire|section=Joie et liberté|ISBN=978-2-10-054958-0}}
 
{{citation|citation=La propension à une plus grande joie amplifie les sensations, rassure l'estime de soi et potentialise la capacité d'agir, qui implique aussi bien se mouvoir que raisonner ; elle devient épanouissement de l'être qui se vit ainsi libre. Tout le projet spinoziste tend à développer autant que possible la joie et les affects qui en dérivent.}}
{{Réf Livre|titre=Psychanalyse du libertin|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=2010|page=65|partie=I. Libertinage, le plaisir et la joie|chapitre=Le libertinage épousant l'histoire|section=Joie et liberté|ISBN=978-2-10-054958-0}}
 
{{citation|citation=Voilà le dessein spinoziste : relativiser la volonté extérieure divine ou autre ; cela nous déculpabilise de nos affects et de nos actes en nous autorisant à favoriser notre narcissisme positif. Une alliance entre libido et narcissisme se noue, pour répandre satisfaction et contentement de soi.}}
{{Réf Livre|titre=Psychanalyse du libertin|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=2010|page=67|partie=I. Libertinage, le plaisir et la joie|chapitre=Le libertinage épousant l'histoire|section=Joie et liberté|ISBN=978-2-10-054958-0}}
 
{{citation|citation=Le XVIIIe siècle peut être considéré comme l'apogée du libertinage. Non sans peine ni extravagances. Les idées libertines s'y affirment avec force ; les principes deviennent plus clairs et infiltrent nombre de nouveaux domaines. Cela devient une arborescence où la liberté s'articule à la sensualité, à la raison, au matérialisme, et bientôt à la remise en question de toute oppression : une rupture avec l'omnipotence du dieu unique, du roi unique, du propriétaire féodal et du maître de la maison — le père.}}
{{Réf Livre|titre=Psychanalyse du libertin|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=2010|page=71|partie=I. Libertinage, le plaisir et la joie|chapitre=Le libertinage faisant l'histoire|section=L'époque des lumières|ISBN=978-2-10-054958-0}}
 
{{citation|citation=« Les philosophes du XVIIIe siècle persistent dans l'idéal formulé par les libertins baroques du siècle précédant : une pensée privée libre éventuellement rebelle, iconoclaste, et, revers de la médaille, une pensée publique prudente, discrète, enveloppée dans la circonspection », dit [[Michel Onfray|M. Onfray]], dans son ouvrage consacré aux ''Ultras des Lumières'' (2007).}}
{{Réf Livre|titre=Psychanalyse du libertin|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=2010|page=71|partie=I. Libertinage, le plaisir et la joie|chapitre=Le libertinage faisant l'histoire|section=L'époque des lumières|ISBN=978-2-10-054958-0}}
 
{{citation|citation=En toute connaissance de cause, Catherine se révèle comme une femme libérée, proche des libertins de son siècle, et qui réalise en priorité ce qui favorise son épanouissement personnel, sans regrets, sans nostalgie, sans véritable attachement, évitant les situations qui pourraient faire dévier sa ligne de conduite. Je pense que Catherine se comporte comme une pionnière de la libération sexuelle au titre de sa vie privée, comme elle le fut concernant les idées de culture, d'éducation et de progrès dans l'action de son gouvernement. L'amie de [[Voltaire]], de [[Denis Diderot|Diderot]], de D'Alembert est un exemple de liberté féminine et sexuelle. A ce titre, Catherine a compris que le mariage peut devenir un enfermement.}}
{{Réf Livre|titre=Psychanalyse du libertin|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=2010|page=78|partie=I. Libertinage, le plaisir et la joie|chapitre=Le libertinage faisant l'histoire|section=La tsarine Catherine II la Grande et son groupe|ISBN=978-2-10-054958-0}}
 
{{citation|citation=<poem>L'amour sensuel ? Cela la concerne ; elle le fait de la manière dont elle en a envie, librement.
Aux femmes, elle pourrait conseiller : « Faites ce que vous voulez. » « Vous n'êtes obligées à rien, ni à vous enfermer au foyer, ni à rester fidèles, ni à vous soumettre à votre maître de mari. » [...] « Au total, faites en sorte de vous trouver dans une situation telle que vous n'ayez pas à vous sentir leur obligée. »</poem>|précisions=Il est ici question de la tsarine Catherine II de Russie.}}
{{Réf Livre|titre=Psychanalyse du libertin|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=2010|page=80|partie=I. Libertinage, le plaisir et la joie|chapitre=Le libertinage faisant l'histoire|section=La tsarine Catherine II la Grande et son groupe|ISBN=978-2-10-054958-0}}
 
==== Libertinage et prédation ====
{{citation|citation=Les pervers sont raffinés tandis que les psychopathes se montrent brutaux et cultivent des pensées paranoïaques.}}
{{Réf Livre|titre=Psychanalyse du libertin|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=2010|page=106|partie=II. Libertinage et prédation|chapitre=Qui sont les prédateurs sexuels ?|section=Victime qui devient bourreau|ISBN=978-2-10-054958-0}}
 
{{citation|citation=Les prédateurs sexuels se présentent en définitive comme des pervers à la fois sexuels et moraux. Mais, rappelons-le, tous les prédateurs moraux ne recherchent pas de but sexuel.}}
{{Réf Livre|titre=Psychanalyse du libertin|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=2010|page=106|partie=II. Libertinage et prédation|chapitre=Qui sont les prédateurs sexuels ?|section=Victime qui devient bourreau|ISBN=978-2-10-054958-0}}
 
{{citation|citation=Force nous est de constater que lorsqu'un libertin ne cherche plus son plaisir mais vise à imposer sa suprématie, il est devenu un pervers-narcissique. Il a abandonné le terrain du libertinage. Si en plus sa stratégie s'oriente vers l'emprisonnement d'autrui, il fonctionne déjà en prédateur.}}
{{Réf Livre|titre=Psychanalyse du libertin|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=2010|page=116|partie=II. Libertinage et prédation|chapitre=Qui sont les prédateurs sexuels ?|section=Par où passe le danger ?|ISBN=978-2-10-054958-0}}
 
{{citation|citation=Par rapport au libertinage, la prédation apparaît comme sa forme extrême. Elle ne lui fait pas honneur : un proche lointain et encombrant. Mais on ne choisit pas les membres de sa famille.}}
{{Réf Livre|titre=Psychanalyse du libertin|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=2010|page=116|partie=II. Libertinage et prédation|chapitre=Qui sont les prédateurs sexuels ?|section=Par où passe le danger ?|ISBN=978-2-10-054958-0}}
 
{{citation|citation=[[Paul-Claude Racamier|Racamier]] observe (1992) que l'attitude de prédation morale est liée au fait que les pervers-narcissiques disposent d'une pensée limitée et qu'il leur faut agir [...]. « D'où le besoin d'incessantes confirmations [...]. »}}
{{Réf Livre|titre=Psychanalyse du libertin|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=2010|page=119|partie=II. Libertinage et prédation|chapitre=Psychopathologie du prédateur et de sa famille|section=La naissance du concept de prédation morale|ISBN=978-2-10-054958-0}}
 
{{citation|citation=Sont employées des techniques de disqualification [...] comme l'imposition de dilemmes insolubles ; ou plus complexes comme les contraintes paradoxales ; ou plus simplement comme le désaveu actif de la valeur et de la pertinence de la pensée et de la perception d'autrui. La jouissance perverse éclate lorsque le sujet sait sa proie trébuchante et plus tard lorsqu'il la voit défaite par la disqualification qu'elle a subie.}}
{{Réf Livre|titre=Psychanalyse du libertin|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=2010|page=120|partie=II. Libertinage et prédation|chapitre=Psychopathologie du prédateur et de sa famille|section=La naissance du concept de prédation morale|ISBN=978-2-10-054958-0}}
 
{{citation|citation=Deux impératifs sont absolument nécessaires au pervers-narcissique : n'être jamais inférieur ; n'être jamais dépendant. L'autre n'est que proie ou pigeon.}}
{{Réf Livre|titre=Psychanalyse du libertin|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=2010|page=120|partie=II. Libertinage et prédation|chapitre=Psychopathologie du prédateur et de sa famille|section=La naissance du concept de prédation morale|ISBN=978-2-10-054958-0}}
 
{{citation|citation=<poem>Dans les familles, la dépendance et la vulnérabilité sont « naturelles » ; l'adulte en tire profit. Il est question que la victime sente sa dépendance et l'exagère si nécessaire. La vulnérabilité serait soulignée en « rappelant » qu'elle existe depuis « toujours ». Le pervers-narcissique n'aime pas prononcer le mot traumatisme, car celui-ci suppose une circonstance, le hasard de rencontres fortuites. Il faut que toute expérience de vie apparaisse difficile pour la victime car pour elle, c'est dans sa nature de se trouver fragile.
Une autre vulnérabilité y est rattachée : sa dépendance du regard social ; la victime a une estime de soi en quête de complétude et de confirmation. Le pervers fera le nécessaire pour faire croire que sa compagnie est la meilleure garantie pour renforcer son moi.</poem>}}
{{Réf Livre|titre=Psychanalyse du libertin|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=2010|page=122|partie=II. Libertinage et prédation|chapitre=Psychopathologie du prédateur et de sa famille|section=La naissance du concept de prédation morale|ISBN=978-2-10-054958-0}}
 
{{citation|citation=Un cas relativement fréquent : la coexistence de paranoïa et de perversion-narcissique, ou plutôt d'une perversion-narcissique qui permet de contrôler la chute psychotique, les ruptures dans la pensée que celle-ci déclenche.}}
{{Réf Livre|titre=Psychanalyse du libertin|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=2010|page=123|partie=II. Libertinage et prédation|chapitre=Psychopathologie du prédateur et de sa famille|section=La naissance du concept de prédation morale|ISBN=978-2-10-054958-0}}
 
{{citation|citation=La pervers-narcissique recycle le fond paranoïque en l'adaptant : sa rigidité, sa capacité à trouver un alibi logique à toute remise en doute, son enchaînement déductif, son acharnement à défendre les positions égotiques contre vents et marées.}}
{{Réf Livre|titre=Psychanalyse du libertin|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=2010|page=123|partie=II. Libertinage et prédation|chapitre=Psychopathologie du prédateur et de sa famille|section=La naissance du concept de prédation morale|ISBN=978-2-10-054958-0}}
 
{{citation|citation=Pour le pervers-narcissique, expulser son angoisse n'est pas aussi impératif que pour le paranoïque ; c'est une forme de communication au service de son plan de susciter le désespoir chez la victime : l'annonce des calamités à venir devant lesquelles on « se sentirait bien plus démuni qu'on ne le pense » (Eiguer, 1995). Ainsi, la victime s'accrochera-t-elle davantage de son « mentor ».}}
{{Réf Livre|titre=Psychanalyse du libertin|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=2010|page=123|partie=II. Libertinage et prédation|chapitre=Psychopathologie du prédateur et de sa famille|section=La naissance du concept de prédation morale|ISBN=978-2-10-054958-0}}
 
{{citation|citation=Le pervers-narcissique attire sa proie vers soi et la détourne de toute voie qui la conduise vers l'objectalité « et les angoisses et les désirs qui s'y attachent » ([[Paul-Claude Racamier|Racamier]], 1992).}}
{{Réf Livre|titre=Psychanalyse du libertin|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=2010|page=123|partie=II. Libertinage et prédation|chapitre=Psychopathologie du prédateur et de sa famille|section=La naissance du concept de prédation morale|ISBN=978-2-10-054958-0}}
 
{{citation|citation=<poem>A la lumière des idées dévelopées jusqu'ici, la prédation apparaît indissociable de la ''corruption'' de l'autre, enfant, adolescent, jeune, adulte. L'individu a l'intention de le « former » ; il l'introduirait dans un monde nouveau de « tentations », ce que sa victime souhaiterait ardemment connaître, selon le prédateur, mais qu'elle s'interdit.</poem>}}
{{Réf Livre|titre=Psychanalyse du libertin|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=2010|page=133|partie=II. Libertinage et prédation|chapitre=Invitation à la débauche|section=Banaliser le mal au nom de l'amour|ISBN=978-2-10-054958-0}}
 
{{citation|citation=La perspective d'éduquer nourrit parfois les arguments avancés en justice lorsque des agresseurs sexuels expliquent leurs motivations. Ils disent avoir souhaité ''initier'' leurs victimes, les aider à progresser, à trouver un réconfort, parfois ils leur ont offert une aide matérielle : un maître voulant façonner un esprit « inachevé, sauvage et qui est tenté par des dérives asociales (délinquance, drogue, etc.) ». Au fond, ils se considèrent comme des « agents de la civilisation ».}}
{{Réf Livre|titre=Psychanalyse du libertin|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=2010|page=134|partie=II. Libertinage et prédation|chapitre=Invitation à la débauche|section=Banaliser le mal au nom de l'amour|ISBN=978-2-10-054958-0}}
 
{{citation|citation=Dans son travail, J. Clavreul (1967) rappelle que le pervers sexuel évoquant ses pratiques et ses fréquentations se prévaut de ne parler que d'amour. Il se glorifie de savoir comme personne ce qu'est l'amour. Pour cet auteur, ce serait le signe même de l'accès au savoir sur le sexe, savoir vécu par lui comme initiatique et quelque part ayant été acquis par « révélation ». L'amour absout des excès réalisés en son nom et incite à la complaisance, ajoute Clavreul. Il y voit un piège tendu à nous autres censées être de simples névrosés, dans la mesure où le pervers sait que nous tenons à des valeurs dont l'amour est l'une des pierres précieuses. En bref, l'amour semble justifier toutes les faiblesses et toutes les compromissions. Et dans le lien du couple, l'amour est aussi invoqué par le partenaire du pervers manifeste comme pour légitimer le soutien qu'il lui donne et finalement pour occulter qu'il réalise ses tendances latentes à travers lui. C'est par amour aussi que la victime doit se taire et éviter de dénoncer l'outrage qu'elle subit.}}
{{Réf Livre|titre=Psychanalyse du libertin|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=2010|page=134|partie=II. Libertinage et prédation|chapitre=Invitation à la débauche|section=Banaliser le mal au nom de l'amour|ISBN=978-2-10-054958-0}}
 
{{citation|citation=<poem>La position affectionnée par le prédateur est celle d' ''initiateur''. Les jouissances qu'il propose sont : sauver l'honneur, atteindre un progrès dans sa carrière, une place dans la société, sortir de sa « médiocrité », obtenir un bénéfice au niveau de l' ''ego'' en somme.
Il prétend dévoiler « une ''vérité'' sur lui-même à son élève » (Baranger ''et al''.). Son action s'accompagne d'un discours où il disqualifie la morale commune et vante les avantages narcissiques, libidinaux et matériels, des options illicites.</poem>}}
{{Réf Livre|titre=Psychanalyse du libertin|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=2010|page=136|partie=II. Libertinage et prédation|chapitre=Invitation à la débauche|section=L'initiateur corrupteur. Anatomie du discours|ISBN=978-2-10-054958-0}}
 
{{citation|citation=Si la victime hésite ou résiste, le discours du corrupteur devient arrogant, terroriste, menaçant. Il se montre méprisant pour les opposants à son système de pensée, son but étant d'acculer la victime à accepter son avilissement.}}
{{Réf Livre|titre=Psychanalyse du libertin|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=2010|page=137|partie=II. Libertinage et prédation|chapitre=Invitation à la débauche|section=L'initiateur corrupteur. Anatomie du discours|ISBN=978-2-10-054958-0}}
 
{{citation|citation=La question du sadisme est d'autant plus importante que la cruauté trahit l'intention profonde du prédateur : ce n'est pas celle de satisfaire un but pulsionnel sexuel précis comme chez un simple libertin, mais, bien au-delà, de faire le mal pour le mal. Profiter de l'état d'affaiblissement de sa proie, état auquel il aurait contribué par les différents procédés que nous avons détaillés, afin d'obtenir un plaisir complémentaire la voyant souffrir. Le sadisme confirme la stratégie de déstabilisation à laquelle il se livre. Il jubile quand la victime clame son innocence et qu'elle demande « pardon ». Elle serait coupable quand même. Ce « quand même » lui plaît : la victime n'aura pas d'alibi possible.}}
{{Réf Livre|titre=Psychanalyse du libertin|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=2010|page=138|partie=II. Libertinage et prédation|chapitre=Invitation à la débauche|section=Cruautés|ISBN=978-2-10-054958-0}}
 
{{citation|citation=Pour un pervers-narcissique, humilier autrui est en accord avec son besoin de se trouver quelqu'un qui soit persuadé de valoir « moins que lui ». Il parvient ainsi à sentir sa supériorité. Dans les termes du sadisme, l'humiliation nourrit une jouissance.}}
{{Réf Livre|titre=Psychanalyse du libertin|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=2010|page=139|partie=II. Libertinage et prédation|chapitre=Invitation à la débauche|section=Cruautés|ISBN=978-2-10-054958-0}}
 
{{citation|citation=Pour le pervers-narcissique, c'est la prestance qui prime, pour le sadique, la jubilation. Le sadique jubile de la honte de l'autre, qui fait feu de tout bois en associant douleur et plaisir. En voyant que l'autre jouit en ayant mal, et que la même occasion sa vie fantasmatique s'éteint, le plaisir du sadique augmente.}}
{{Réf Livre|titre=Psychanalyse du libertin|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=2010|page=139|partie=II. Libertinage et prédation|chapitre=Invitation à la débauche|section=Cruautés|ISBN=978-2-10-054958-0}}
 
{{citation|citation=Le sadique est un être qui se répand ; il peine à se concentrer sur lui ; à se retrouver ; à solliciter ses sensations ; à animer sa fantaisie ; à dialoguer avec soi. Ne parvenir à se repentir de rien est finalement un inconvénient.}}
{{Réf Livre|titre=Psychanalyse du libertin|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=2010|page=139|partie=II. Libertinage et prédation|chapitre=Invitation à la débauche|section=Cruautés|ISBN=978-2-10-054958-0}}
 
{{citation|citation=<poem>Le pervers ne punit pas au nom de la « loi ». Il ''est'' la loi. Plus que son excécutant, il est son créateur. Pour cette raison, il devient la « référence morale ».</poem>}}
{{Réf Livre|titre=Psychanalyse du libertin|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=2010|page=148|partie=II. Libertinage et prédation|chapitre=La crise du paternel|section=Du ravage à la néo-loi|ISBN=978-2-10-054958-0}}
 
{{citation|citation=<poem>[...] le pervers aime aller loin dans la prise de risques. Cette indifférence au danger fascine les victimes potentielles [...]. Il a besoin compulsivement de se surpasser. La crainte de l'hécatombe n'est pas loin derrière son narcissisme conquérant.</poem>}}
{{Réf Livre|titre=Psychanalyse du libertin|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=2010|page=139|partie=II. Libertinage et prédation|chapitre=La crise du paternel|section=Du ravage à la néo-loi|ISBN=978-2-10-054958-0}}
 
''' Conclusions '''
{{citation|citation=<poem>On se trouve en clinique devant des énigmes qui sont celles de la société contemporaine. La libéralisation sexuelle en cours nous amène à redéfinir l'érotisme. La répression sexuelle est derrière nous. C'était clair et net à l'époque où il fallait se battre puis se cacher pour réaliser ses orientations. La clandestinité apportait un plus de plaisir. Ce qui s'opposait à notre bonheur érotique était bien repéré et visible, à l'extérieur. Aujourd'hui, nos seuls ennemis ou presque sont en nous.</poem>}}
{{Réf Livre|titre=Psychanalyse du libertin|auteur=Alberto Eiguer|éditeur=Dunot|collection=Psychismes|année=2010|page=188|partie=II. Libertinage et prédation|chapitre=Destins de l'érotisme|section=|ISBN=978-2-10-054958-0}}
 
{{DEFAULTSORT:Eiguer, Alberto}}
 
[[Catégorie:Psychanalyste]]