« Imre Kertész » : différence entre les versions

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''11 avril 2001'' -
(…) Qui m’a appris le plus de choses ? Thomas Mann, je crois (la détermination et la contenance de l’écrivain, le travail et la dignité, sans parler de la culture), et aussi Camus (tenir sans concession à la seule possibilité du seul matériau possible).(…)<br /><small>p. 18</small>
{{Réf Livre|titre=Sauvegarde|auteur=Imre Kertész|éditeur=Actes Sud|année=2012|page=18}}
 
''22 avril 2001'' -
(…) Dans les relations humaines, le tact est le maximum qu’on puisse atteindre. Vous me demanderez : et l’affection ? Oui, mais il faut la pratiquer avec tact. (…)<br /><small>p. 33</small>
{{Réf Livre|titre=Sauvegarde|auteur=Imre Kertész|éditeur=Actes Sud|année=2012|page=33}}
 
''18 mai 2001'' -
(…) Pourquoi prendrais-je la nationalité allemande ? Et pourquoi pas ? Je ne suis ni allemand, ni israélien, ni hongrois. Les plus solides attaches culturelles me lient à l’Allemagne (…)<br /><small>p. 39</small>
{{Réf Livre|titre=Sauvegarde|auteur=Imre Kertész|éditeur=Actes Sud|année=2012|page=39}}
 
''26 mai 2001'' -
(…) je considère que d’est une erreur fondamentale de ma part de ne pas pratiquer la langue d’une grande culture européenne, mais seulement le hongrois avec lequel je m’adresse en vain aux Hongrois ; quant aux autres, je ne peux les atteindre que par des intermédiaires, c’est-à-dire avec des distorsions, comme si je parlais dans un micro crachotant.<br /><small>p. 44</small>
{{Réf Livre|titre=Sauvegarde|auteur=Imre Kertész|éditeur=Actes Sud|année=2012|page=44}}
 
''31 juillet 2001'' -
Le caractère romantique du naturalisme… Parce que le naturalisme n’est rien qu’un excès de romantisme ? À vrai dire, l’aridité commence là où s’arrête le romantisme, y compris le romantisme caché.<br />
D’accord, mais le classicisme ? Qui a dit que Goethe n’était pas romantique ? Parce que lui-même s’en défendait ? Et Flaubert ? La désillusion lucide excluerait-elle le romantisme ? Allons…<br />
Mais alors, me direz-vous, pour moi tout grand art, tout style de grande envergure serait romantique ? Bien sûr, vous répondrai-je. Il y a deux sortes d’art : le romantique et le mauvais…<br /><small>p. 59</small>
{{Réf Livre|titre=Sauvegarde|auteur=Imre Kertész|éditeur=Actes Sud|année=2012|page=59}}
''13 septembre 2001'' -
New-York s’est effondré. Entraînant l’ordre mondial dans sa chute.(…)<br /><small>p. 78</small>
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''11 octobre 2001'' -
On m’a embêté toute la matinée avec le prix Nobel que j’allais recevoir. J’ai répondu à mon éditeur que le prix Nobel est un prix que les autres reçoivent. (…) J’ai dit à Marci : J’écris sur Auschwitz ; si j’ai été déporté, ce n’était pas pour recevoir le prix Nobel, mais pour être tué ; tout ce qui m’arrive d’autre relève de l’anecdote. Qie je n’aie pas eu le prix Nobel est aussi absurde que si je l’avais eu.<br /><small>p. 84-85</small>
{{Réf Livre|titre=Sauvegarde|auteur=Imre Kertész|éditeur=Actes Sud|année=2012|page=84-85}}
 
''4 janvier 2002'' -
Du 28 décembre au 3 janvier à Berlin. (…) La nuit de la nouvelle monnaie. Légère ivresse. Je suis entouré d’énergies qui me sont sympathiques. Quoi qu’on en dise, l’argent n’est pas dépourvu d’âme ; le nom de l’âme, c’est celui de la monnaie, c’est l’euro… On verra bien. L’union de l’âme et de la monnaie : si c’est possible, alors une nouvelle valeur pourra naître.<br /><small>p.98-99</small>
{{Réf Livre|titre=Sauvegarde|auteur=Imre Kertész|éditeur=Actes Sud|année=2012|page=98-99}}
 
''12 mars 2002'' -
De n’avoir jamais vécu m’aidera-t-il à mourir ?<br /><small>p. 146</small>
{{Réf Livre|titre=Sauvegarde|auteur=Imre Kertész|éditeur=Actes Sud|année=2012|page=146}}
 
''7 juin 2002'' -
(…) J’ai du mal à suivre le rythme effréné de l’entreprise littéraire qui porte la marque Kertész. Je voudrais fermer la boutique. Mais alors je m’y enfermerais moi-même.<br /><small>p. 146</small>
{{Réf Livre|titre=Sauvegarde|auteur=Imre Kertész|éditeur=Actes Sud|année=2012|page=146}}
 
''12 octobre 2002'' -
Trouver une interprétation au prix Nobel. Je crois que la décision de l’académie suédoise témoigne d’un grand courage. Tu l’as reçu parce que… Le motif importe peu. Il a été attribué à un auteur cultivé, aux capacités irréprochables, solitaire, sans défense et sans patrie, qui ne bénéficie d’aucun soutien "officiel", n’a pas de lobby, ne parle pas anglais et voit le monde dans des couleurs très sombres. Mais le voit. L’académie a voté pour des valeurs fragiles, et l’affection unanime avec laquelle cette décision a été accueillie est surprenante. – Quant à moi, je n’y crois pas encore. Depuis deux jours, je ne fais que donner des interviews ; je me comporte comme si je l’avais fait toute ma vie. Mais je suis loin de tout cela, quelque part à l’extérieur, j’ai vraiment le sentiment d’être Un autre. Grosse fatigue. Présence réconfortante de M. À ma grande surprise, je ne peux pas en dire plus.<br /><small>p. 179</small>
{{Réf Livre|titre=Sauvegarde|auteur=Imre Kertész|éditeur=Actes Sud|année=2012|page=179}}
''27 octobre 2002'' -
(…) il est assez difficile de faire le lien entre Auschwitz et le prix Nobel. Ce n’était pas prévu que, soixante ans plus tard, je recevrais le prix Nobel de littérature. C’est une absurdité que seule l’ironie permet de concevoir.(…)<br /><small>p. 181</small>
{{Réf Livre|titre=Sauvegarde|auteur=Imre Kertész|éditeur=Actes Sud|année=2012|page=181}}
 
''17 janvier 2003'' -
(…) Créer, ou plutôt rétablir l’espace mental où j’ai existé pendant si longtemps et qui est ma seule et véritable patrie. <br{{Réf /><small>p.Livre|titre=Sauvegarde|auteur=Imre Kertész|éditeur=Actes Sud|année=2012|page=191</small>}}
 
''25 janvier 2003'' -
Une remarque importante que je n’ai finalement pas incluse dans mon discours de Stockholm : "J’ai commencé à écrire et j’avais encore besoin de quatre ans pour arriver à une idée simple en apparence, que j’ai peu à peu prise en affection : un roman ironique déguisé en autobiographie qui s’oppose à la littérature concentrationnaire archi-connue, voire à la littérature tout court."<br /><small>p. 194</small>
{{Réf Livre|titre=Sauvegarde|auteur=Imre Kertész|éditeur=Actes Sud|année=2012|page=194}}
 
''28 février 2003'' -
A vrai dire, je suis un irrécupérable conservateur. S’il y avait un dieu, je serais croyant. (p. 199) (voir Dossier K, p. 189 : Si Dieu existait, je serais croyant)<br /><small>p.208</small>
{{Réf Livre|titre=Sauvegarde|auteur=Imre Kertész|éditeur=Actes Sud|année=2012|page=199}}(voir Dossier K, p. 189 : Si Dieu existait, je serais croyant)
 
 
''1er juin 2003'' -
La semaine dernière, visite chez Ligeti, à Vienne. Son état le cloue sur son canapé, mais ses yeux brillent encore malgré la maladie, la barbe blanche qu’il a laissée pousser lui donne un air transfiguré, émouvant. A la fin, comme des adolescents, nous avons parlé de Dieu. Il est athée. Il étudie la pensée scientifique, dit-il. Je lui demande s’il considère que le monde est connaissable et il me rétorque sans hésitation : oui. Je lui dis que si le monde était connaissable, cela ne vaudrait pas la peine de vivre ; il me demande pourquoi et je suis incapable de lui donner une explication.<br /><small>p.208</small>
{{Réf Livre|titre=Sauvegarde|auteur=Imre Kertész|éditeur=Actes Sud|année=2012|page=208}}
 
''22 juillet 2003'' -
Je conçois qu’il soit difficile de comprendre que j’ai un Buchenwald imaginaire qui ne correspond pas à la réalité. Ainsi, faire appel à moi en tant que témoin de Buchenwald, c’est comme m’infliger une blessure physique. Je suis alors expulsé de mon monde imaginaire et déporté à Buchenwald où je regarde autour de moi, terrifié. Il me serait difficle d’avouer ce secret. (…) …j’ai l’impression de vivre dans un malentendu permanent.<br /><small>p. 215</small>
{{Réf Livre|titre=Sauvegarde|auteur=Imre Kertész|éditeur=Actes Sud|année=2012|page=215}}