« Inceste » : différence entre les versions

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{{Réf Livre|titre=Les Structures élémentaires de la parenté|auteur=[[Claude Lévi-Strauss]]|éditeur=.|collection=|année=1949|page=56_65|section=}}
{{citation|citation=La prohibition de l'inceste n'est pas seulement [...] une interdiction ; en même temps qu'elle défend, elle ordonne. La prohibition de l'inceste, comme l'exogamie qui est son expression sociale élargie, est une règle de réciprocité. La femme qu'on se refuse, et qu'on vous refuse, est par cela même offerte. À qui est-elle offerte ? Tantôt à un groupe défini par les institutions, tantôt à cette collectivité indéterminée et toujours ouverte, limitée seulement par l'exclusion des proches, comme c'est le cas dans notre société. Mais à cette étape de notre recherche, nous croyons possible de négliger les différences entre la prohibition de l'inceste et l'exogamie : envisagées à la lumière des considérations précédentes, leurs caractères formels sont, en effet, identiques. Il y a plus : que l'on se trouve dans le cas technique du mariage dit« par échange », ou en présence de n'importe quel autre système matrimonial, le phénomène fondamental qui résulte de la prohibition de l'inceste est le même : à partir du moment où je m'interdis l'usage d'une femme, qui devient ainsi disponible pour un autre homme, il y a, quelque part, un homme qui renonce à une femme qui devient, de ce fait, disponible pour moi. Le contenu de la prohibition n'est pas épuisé dans le fait de la prohibition ; celle-ci n'est instaurée que pour garantir et fonder, directement ou indirectement, immédiatement ou médiatement, un échange.}}
{{Réf Livre|titre=Les Structures élémentaires de la parenté|auteur=[[Claude Lévi-Strauss]]|éditeur=.|collection=|année=1949|page=59-60|section=}}
{{citation|citation=Rien ne serait donc plus faux que de réduire la famille à son fondement naturel. Ni l'instinct de procréation, ni l'instinct maternel, ni les liens affectifs entre mari et femme, et entre père et enfants, ni la combinaison de tous ces facteurs ne l'expliquent. Si importants qu'ils soient, ces éléments ne pourraient à eux seuls donner naissance à une famille, et cela pour une raison très simple : dans toutes les sociétés humaines, la création d'une nouvelle famille a pour condition absolue l'existence préalable de deux autres familles, prêtes à fournir qui un homme, qui une femme, du mariage desquels naîtra une troisième famille, et ainsi de suite indéfiniment. En d'autres termes, ce qui différencie l'homme de l'animal, c'est que, dans l'humanité, une famille ne saurait exister s'il n'y avait d'abord une société : pluralité de familles qui reconnaissent l'existence de liens autres que la consanguinité, et que le procès naturel de la filiation ne peut suivre son cours qu'intégré au procès social de l'alliance.
Comment les hommes en sont-ils venus à reconnaître cette dépendance sociale de l'ordre naturel, nous l'ignorerons probablement toujours. Rien ne permet de supposer que l'humanité, quand elle émergea de la condition animale, n'était pas dotée au départ d'une forme d'organisation sociale qui, dans ses lignes fondamentales, ne différait guère de celles qu'elle a connues plus tard. En vérité, on aurait du mal à concevoir ce que put être une organisation sociale élémentaire sans lui donner pour assise la prohibition de l'inceste. Car celle-ci opère seule une refonte des conditions biologiques de l'accouplement et de la procréation. Elle ne permet aux familles de se perpétuer qu'enserrées dans un réseau artificiel d'interdits et d'obligations. C'est là seulement qu'on peut situer le passage de la nature à la culture, de la condition animale à la condition humaine, et c'est par là seulement qu'on peut saisir leur articulation.}}
{{Réf Livre|titre=Les Structures élémentaires de la parenté|auteur=[[Claude Lévi-Strauss]]|éditeur=.|collection=|année=1949|page=83|section=}}
 
=== [[Gilles Deleuze]], ''Vincennes'', 1973 ===
{{citation|citation=Quand je parlerai d'un inceste schizo, comme faisant partie d'un appareil anti-oedipien, i.e. l'inceste avec la soeur - mais la soeur ça peut être n'importe qui -, l'inceste oedipien c'est l'amour avec quelqu'un assimilé avec la mère d'une manière ou d'une autre. L'inceste schizo, c'est lamour avec quelqu'un assimilé d'une manière ou d'une autre avec la soeur. Le passage de l'inceste oedipien à l'inceste schizo est comme une conversion, une transformation d'appareil oedipien en appareil anti-oedipien, ça veut dire que l'inceste schizo est celui qui ouvre sur une espèce de monde de connections et qui va entraîner, à la lettre, une espèce de défamiliarisation de l'individu. Maintenant, il se peut très bien qu'il y ait des incestes avec la soeur qui soient oedipiens, dans la mesure où la soeur serait traitée comme substitut de la mère.}}