« Préjugé » : différence entre les versions

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On nomme '''[[w:préjugé|préjugés]]''' des opinions adoptées en l'absence d'information ou de pratique suffisante. Parfois articulés sur des mythes ou des croyances, ou résultant d'une généralisation hâtive, ils sont considérés dans une perspective bayésienne comme le point de départ nécessaire de toute acquisition d'information, le processus d'apprentissage consistant simplement à les rectifier aussi vite que possible à la lumière de l'expérience - et pour commencer à acquérir cette dernière si son coût ne s'y oppose pas.
 
== Littérature ==
=== Essai ===
==== [[Choderlos de Laclos]], ''Traité sur l'éducation des femmes'', 1903 ====
''' Des femmes et de leur éducation '''
{{Citation|citation=Cherchons, au moins, dans notre imagination, ce que la société ne nous présente pas. Créons à notre gré une femme parfaitement heureuse, autant au moins que l'humanité le comporte ; ce sera celle qui, née d'une mère tendre, n'aura pas été livrée en naissant aux soins d'une mercenaire ; qui, plus grande, aura été élevée sous les yeux d'une institutrice également indulgente, sage et éclairée qui, sans jamais la contraindre, et sans l'ennuyer de ses leçons, lui aura donné toutes les connaissances utiles et l'aura exemptée de tous les préjugés.}}
{{Réf Livre|titre=Traité sur l'éducation des femmes précédé|auteur=[[Choderlos de Laclos]]|éditeur=Pocket|collection=Agora|année=2009|année d'origine=1903|page=63|partie=Des femmes et de leur éducation|chapitre=VIII. Réflexions sur ce qui précède|ISBN=978-2-266-18855-5}}
 
==== [[Boris Vian]], ''Utilité d'une littérature érotique'', 1980 ====
{{citation|citation=Il y a un paradoxe amusant dans le fait que le gouvernement encourage par tous les moyens les citoyens à boire du cognac et à griller de l'herbe puante, et dans le même temps, arrête et condamne les satyres qui ne font en somme que tenter d'exercer une fonction parfaitement normale mais compliquée à plaisir par les préjugés et autres règlements. Ou plutôt, il n'y a pas de paradoxe ; ce sont les deux aspects d'une conspiration pour le nuisible. Car il est parfaitement sain, physiquement parlant, de se livrer avec une partenaire choisie à toutes les possibilités du joyeux mistère, selon la plaisante expression de nos pères ; tandis que l'on attrape des cirrhoses à boire de l'alcool.}}
{{Réf Livre|titre=Ecrits pornographiques précédés de l'Utilité d'une littérature érotique|auteur=[[Boris Vian]]|éditeur=Le Livre de Poche|année=1980|page=34|section=I. Utilité d'une littérature érotique|ISBN=978-2-253-14431-1}}
 
=== Manifeste ===
==== [[René Crevel]], ''Note en marge du jeu de la vérité'', 1934 ====
{{Citation|citation=Pour l’homme, se trahir, c’est démanteler les forteresses des coutumières prudences, c'est, afin de les rendre au mouvement, libérer des préjugés qui la cuirassent et des bandelettes qui la momifient, la réalité si prompte à se surpasser, se surmonter, à apparaître en voie de surréalité.}}
{{Réf Article|titre=Note en marge du jeu de la vérité|auteur=[[René Crevel]]|publication=Documents 34|numéro=20|date=Avril 1934|page=22}}
 
=== Roman ===
==== [[Marie d'Agoult]], ''Nélida'', 1866 ====
{{Citation|citation=Avec quel art merveilleux on parvient à maintenir debout cet édifice bâti de préjugés et de mensonges, dont chaque partie est près de tomber de vétusté, et dont l'ensemble pourtant présente encore une masse assez imposante ! Cette société affirme qu'elle est chrétienne ; l'éducation qu'elle donne à la jeunesse destinée de génération en génération à la renouveler est de tous points, assure-t-elle, conforme aux enseignements de l'Evangile. Elle en fait gloire et feint de ne pas s'apercevoir que la parole du Christ est la réprobation sévère de l'esprit qui l'anime ; car le fils du charpentier enseignait le mépris des richesses, la vanité des plaisirs, le néant des grandeurs, et le monde pratique ouvertement l'avide poursuite de tous ces faux biens, le culte aveugle de l'opinion, l'estime immodérée des honneurs et de la fortune. Cette contradiction est à tel point enracinée dans les moeurs qu'elle ne soulève pas une difficulté, pas un doute ; elle est disciplinée et ordonnée à la satisfaction de tous.|précisions=Il est ici question du grand monde.}} {{Réf Livre|titre=Nélida|auteur=[[Marie d'Agoult]]|éditeur=Calmann-Lévy|année=2010|année d'origine=1866|page=75|partie=Première partie|chapitre=V|ISBN=978-2-7021-4127-4}}
 
{{Citation|citation=<poem>Dès que j'eus le pouvoir en main, je songeai à m'ouvrir au père Aimery ; je ne doutais pas de le trouver prêt à me seconder. Nous eûmes ensemble une conférence que je n'oublierai de ma vie. Elle dura six heures d'horloge. Nous commençâmes par établir notre point de départ ; il était le même : concentrer en nos deux personnes la plus grande force d'autorité possible ; obtenir au-dedans une soumission aveugle ; nous entendre pour gagner ou distraire ceux de nos chefs qui pourraient nous faire obstacle ; flatter, séduire la jeunesse qui nous était confiée ; nous insinuer par elle dans l'intérieur des familles. Jusque-là tout allait à merveille ; mais tout à coup il se fit dans l'entretien une immense déchirure. Le terrain sur lequel nous marchions sans plus de précaution, nous croyant déjà d'accord, s'éboula avec fracas ; le père Aimery et moi, nous nous trouvâmes séparés par un abîme. Le but de toute cette influence reconquise, de cette puissance exercée au-dedans et au-dehors, c'était pour lui le rétablissement plein et entier de l'ancienne omnipotence de son ordre au profit de tout ce que je regardais comme d'iniques préjugés. Il me laissa entrevoir de secrètes affiliations avec les chefs de la noblesse, des promesses échangées, des engagements pris pour le retour d'un état de choses qui me faisait horreur...</poem>}}
{{Réf Livre|titre=Nélida|auteur=[[Marie d'Agoult]]|éditeur=Calmann-Lévy|année=2010|année d'origine=1866|page=268|partie=Quatrième partie|chapitre=XXIII|ISBN=978-2-7021-4127-4}}
 
==== [[Leonardo Sciascia]], ''Le Jour de la chouette'', 1961 ====
{{citation|citation=<poem>— Mendolia... Il a dit des choses à faire dresser les cheveux sur la tête : que la mafia existe, que c'est une puissante organisation, qu'elle contrôle tout : les moutons, les légumes, les travaux publics et les vases grecs... L'histoire des vases grecs est impayable : de ces choses qu'on trouve plutôt dans le « courrier des lecteurs »... Tout de même, bon Dieu, il faudrait un peu de sérieux... Vous y croyez, vous, à la mafia ?
— A vrai dire...
— Et vous ?
— Je n'y crois pas.
— Bravo ! Nous deux, qui sommes siciliens, nous ne croyons pas à la mafia, ça devrait vous faire tout de même saisir quelque chose à vous qui donnez l'impression d'y croire. D'ailleurs je vous comprends : vous n'êtes pas sicilien, et les préjugés mettent longtemps à mourir. Avec le temps, vous vous rendrez compte que c'est simplement du bourrage de crâne.</poem>}}
{{Réf Livre|titre=Le Jour de la chouette|auteur=[[Leonardo Sciascia]]|éditeur=Flammarion|collection=GF|année=1986|page=63|traducteur=Juliette Bertrand|ISBN=978-2-0807-0461-0}}
 
==[[Gracchus Babeuf]]==