« Cheval » : différence entre les versions

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==== [[Joseph Delteil]], ''Échec'', 1923 ====
{{citation|citation=J'avais le goût de la typographie, des châtaignes, de la laine. Un peu de bric-à-brac ne me déplaisait pas, pourvu qu'il décelât un goût volumineux et atmosphérique. J'abhorrais la poudre de riz, et j'aimais sans bornes les échecs. Je me souviens. Luce était ma partenaire à ce jeu, et à quelques autres. L'échiquier exsangue, à carreaux verdâtres et pâles, avait la jaunisse verte. Le cheval galopait fièvreusement, comme mon coeur. La reine... c'est à cette époque que je compris qu'une reine était une femme. Mais le corollaire de cette proposition m'échappait encore. Quant à cette bande de pions qui me barraient la route comme les archers aux chevaliers de Crécy...}}{{Réf Article|titre=Échec|auteur=[[Joseph Delteil]]|publication=Littérature Nouvelle Série|numéro=10|date=Octobre 1923|page=6}}
 
{{citation|citation=<poem>Je me disais : si elle gagne, elle ne m'aime pas. Et je songeais à la gardeuse de dindons que j'avais baisée quatre fois au bord de la mare. Dans ma poche, je palpais nerveusement mon petit canif à manche de corne. Luce, un à un, me chipa tous mes pions, et je me sentis nu devant elle. Mais, soudain, je lui pris une tour. Une tour ! Et j'entendis mon coeur s'entr'ouvrir pour laisser entrer cette tour.
Luce était devenue grave. Je songeais : Si l'on faisait coup nul, rien ne serait désespéré. Mais coup sur coup, elle me vola une tour et un cheval ! Échec au Roi ! Elle leva son front déjà glorieux. Elle me regardait, un mince poignard d'or dans chaque oeil. Elle était moite d'orgueil. Je bougeai encore quelques pièces, puis ce fut la fin. La gardeuse de dindons, une rainette, un volubilis passaient en cavalcade devant mes yeux obscurs. Échec et mat ! Je me levai. J'avais mon canif dans la main. Je la frappai en plein visage. Aussitôt, ses joues tombèrent sur le sol. Mais avant de s'évanouir, elle me cria encore une fois :
— Échec et mat !</poem>}}{{Réf Article|titre=Échec|auteur=[[Joseph Delteil]]|publication=Littérature Nouvelle Série|numéro=10|date=Octobre 1923|page=8}}
 
==== [[André Breton]], ''Poisson soluble'', 1924 ====
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