« Jeunesse » : différence entre les versions

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{{Citation|citation=<poem>Dès que j'eus le pouvoir en main, je songeai à m'ouvrir au père Aimery ; je ne doutais pas de le trouver prêt à me seconder. Nous eûmes ensemble une conférence que je n'oublierai de ma vie. Elle dura six heures d'horloge. Nous commençâmes par établir notre point de départ ; il était le même : concentrer en nos deux personnes la plus grande force d'autorité possible ; obtenir au-dedans une soumission aveugle ; nous entendre pour gagner ou distraire ceux de nos chefs qui pourraient nous faire obstacle ; flatter, séduire la jeunesse qui nous était confiée ; nous insinuer par elle dans l'intérieur des familles. Jusque-là tout allait à merveille ; mais tout à coup il se fit dans l'entretien une immense déchirure. Le terrain sur lequel nous marchions sans plus de précaution, nous croyant déjà d'accord, s'éboula avec fracas ; le père Aimery et moi, nous nous trouvâmes séparés par un abîme. Le but de toute cette influence reconquise, de cette puissance exercée au-dedans et au-dehors, c'était pour lui le rétablissement plein et entier de l'ancienne omnipotence de son ordre au profit de tout ce que je regardais comme d'iniques préjugés. Il me laissa entrevoir de secrètes affiliations avec les chefs de la noblesse, des promesses échangées, des engagements pris pour le retour d'un état de choses qui me faisait horreur...</poem>}}
{{Réf Livre|titre=Nélida|auteur=[[Marie d'Agoult]]|éditeur=Calmann-Lévy|année=2010|année d'origine=1866|page=268|partie=Quatrième partie|chapitre=XXIII|ISBN=978-2-7021-4127-4}}
 
 
 
==== [[Colette]], ''Le Blé en herbe'', 1923 ====
{{Citation|citation=Le bain quotidien, joie silencieuse et complète, rendait à leur âge difficile la paix et l'enfance, toutes deux en péril. Vinca se coucha sur le flot, souffla de l'eau en l'air comme un petit phoque. Le foulard tordu découvrait ses oreilles roses et délicates, que les cheveux abritaient pendant le jour, et des clairières de peau blanche aux tempes qui ne voyaient la lumière qu'à l'heure du bain. Elle sourit à Philippe, et sous le soleil d'onze heures le bleu délicieux de ses prunelles verdit un peu au reflet de la mer. Son ami plongea brusquement, saisit un pied de Vinca et la tira sous la vague. Ils « burent » ensemble, reparurent crachant, soufflant, et riant comme s'ils oubliaient, elle ses quinze ans tourmentés d'amour pour son compagnon d'enfance, lui ses seize ans dominateurs, son dédain de joli garçon et son exigence de propriétaire précoce.}}
{{Réf Livre|titre=Le Blé en herbe|auteur=[[Colette]]|éditeur=Flammarion|année=2004|année d'origine=1923|page=13|ISBN=2-08-06-8641-1}}
 
==== [[Pierre Louÿs]], ''Les Aventures du Roi Pausole'', 1900 ====