« Amos Oz » : différence entre les versions

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{{Réf Livre|titre=Une histoire d'amour et de ténèbres|auteur=Amos Oz|éditeur=Gallimard|collection=Folio 4265|traducteur=Sylvie Cohen|année=2004|page=229}}
 
{{Citation|"J'ai parlé d'un peu de compassion et de générosité, mais je n'ai pas mentionné l'amour : je ne crois pas en l'amour universel. L'amour de tous pour tous, il faut laisser ça à Jésus : l'amour, c'est autre chose; il n'a rien à voir avec la générosité et la compassion. Loin de là. L'amour, c'est la curieuse combinaison d'une chose et de son contraire, un mélange d'extrême égoïsme et d'abnégation totale. Un paradoxe ! Tour le monde n'a que ce mot à la bouche, l'amour, mais on ne le choisit pas, il nous attrape, ile nous tient comme une maladie, une tragédie. On choisit quoi, alors ? '''Entre quoi et quoi les hommes doivent-ils opter à chaque instant ? Entre la générosité et la méchanceté.''' Un enfant de trois ans le sait, et pourtant la méchanceté ne désarme pas. Pour quelle raison ? A cause de la fameuse pomme que nous avons mangée là-bas : elle était empoisonnée."}}
{{Réf Livre|titre=Une histoire d'amour et de ténèbres|auteur=Amos Oz|éditeur=Gallimard|collection=Folio 4265|traducteur=Sylvie Cohen|année=2004|page=259 (paroles du père)}}
 
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"Nous organisions en leur honneur de grands défilés avec des décorations, des lampions, des transports d'enthousiasme, des slogans, des brassards, des chansons, le maire polonais en personne se rendait sur la place, et '''on avait un peu l'impression d'être un peuple nous aussi et non plus un tas d'ordures.''' Tu as peut-être du mal à comprendre, mais à l'époque les Polonais étaient des patriotes fanatiques, comme les Ukrainiens, les Allemands et les Tchèques, tout le monde, même les Slovaques, les Lituaniens et les Lettons, sauf nous qui n'avions pas de place dans ce carnaval, nous n'appartenions à rien et personne ne voulait de nous. Il n'y avait donc rien d'extraordinaire à ce que nous désirions devenir un peuple comme tout le monde. Nous n'avions pas le choix."}}
{{Réf Livre|titre=Une histoire d'amour et de ténèbres|auteur=Amos Oz|éditeur=Gallimard|collection=Folio 4265|traducteur=Sylvie Cohen|année=2004|page=327-328}}
 
''(à propos de la mort de sa mère)''
{{Citation|Peut-être que quelque chose des promesses de l'enfance était gangrené par un sorte de croûte infecte, une croûte romantique et toxique associant les muses à la mort ? Quelque chose dans le programme trop raffiné du lycée Tarbout ? A moins qu'il n'y eût une note bourgeoise-slave, une note mélancolique que, quelques années après la mort de ma mère, j'ai retrouvée entre les pages de Tchékov et de Tourgueniev, dans les récits de Gnessin et, dans une moindre mesure, dans les poèmes de Rachel également. Quelque chose qui avait incité ma mère, la vie n'ayant tenu aucune des promesses de sa jeunesse, à se représenter la mort sous les traits d'un amant passionné, protecteur et rassurant, un dernier amant, un amant musagète qui guérirait enfin les blessures de son cœur esseulé ?</br>
Voilà des années que je traque ce meurtrier, ce vieux séducteur madré, ce mécréant dégoûtant, déformé par la vieillesse, déguisé en prince charmant. C'est un rusé chasseur de cœurs brisés, un séducteur vampirique à la voix douce-amère, telle la corde voilée d'un violoncelle, les nuits solitaires : un escroc onctueux, génial, un maître en artifices, le joueur de flûte de Hamelin attirant derrière son manteau de soie les désespérés et les isolés. Le tueur en série des âmes déçues.}}
{{Réf Livre|titre=Une histoire d'amour et de ténèbres|auteur=Amos Oz|éditeur=Gallimard|collection=Folio 4265|traducteur=Sylvie Cohen|année=2004|page=366-367}}
 
{{Citation|J'ai dit un jour qu'écrire un roman c'est un peu comme construire les montagnes d'Edom avec des Lego.Ou comme édifier entièrement Paris, avec ses monuments, ses places, ses boulevards, ses tours, ses banlieues et jusqu'au dernier banc public, à l'aide d'allumettes.}}
{{Réf Livre|titre=Une histoire d'amour et de ténèbres|auteur=Amos Oz|éditeur=Gallimard|collection=Folio 4265|traducteur=Sylvie Cohen|année=2004|page=449}}
 
{{Citation|"Viens voir, ton fils ''(Amos)'' est à nouveau en train de lire, vautré à moitié nu par terre, au milieu du couloir. Le gosse est en train de lire, caché sous la table. Ce petit fou s'est encore enfermé dans la salle de bain pour lire, assis sur les cabinets, à moins qu'ils n'y soient noyés, lui et son livre ! (...) '''s'il continue, il va bientôt manger les couvertures et boire l'encre.'''(...)}}
{{Réf Livre|titre=Une histoire d'amour et de ténèbres|auteur=Amos Oz|éditeur=Gallimard|collection=Folio 4265|traducteur=Sylvie Cohen|année=2004|page=463-464}}
 
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{{Réf Livre|titre=Une histoire d'amour et de ténèbres|auteur=Amos Oz|éditeur=Gallimard|collection=Folio 4265|traducteur=Sylvie Cohen|année=2004|page=506}}
 
''(l'autre Jérusalem)''
{{Citation|De là nous nous étions silencieusement dirigés vers le nord, la rue Saint-Georges, contournant le quartier orthodoxe de Mea Shearim, pénétrant dans un univers de cyprès, d'enceintes, de grilles, de corniches, de murs de pierre, le monde de l'autre Jérusalem que je connaissais à peine, éthiopienne, arabe, pèlerine, ottomane, missionnaire, allemande, grecque, intrigante, arménienne, américaine, monastique, italienne, russe, avec ses pinèdes touffues, inquiétante mais attirante avec ses cloches et ses enchantements ailés, défendus à cause de leur altérité, une ville voilée, dissimulant de dangereux secrets, regorgeant de croix, de tours, de mosquées, de mystères, altière et silencieuse, aux rues hantées par les sombres silhouettes des prêtres de religions étrangères dans leurs robes et leurs soutanes noires, ecclésiastiques, religieuses, cadis, muezzins, notables, fidèles, pèlerins, femmes voilées et moines encapuchonnés.}}
{{Réf Livre|titre=Une histoire d'amour et de ténèbres|auteur=Amos Oz|éditeur=Gallimard|collection=Folio 4265|traducteur=Sylvie Cohen|année=2004|page=528}}
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{{Réf Livre|titre=Une histoire d'amour et de ténèbres|auteur=Amos Oz|éditeur=Gallimard|collection=Folio 4265|traducteur=Sylvie Cohen|année=2004|page=646}}
 
''(sur sa création littéraire)''
{{Citation|A ce point, mes yeux se refermèrent et il devint urgent de couper court à l'histoire et d'aller espionner une autre table. Ou bien la serveuse qui boitait et avait de profonds yeux noirs. Voilà, apparemment, comment a débuté ma vocation d'écrivain : au café, en attendant une glace ou un épi de maïs.}}
{{Réf Livre|titre=Une histoire d'amour et de ténèbres|auteur=Amos Oz|éditeur=Gallimard|collection=Folio 4265|traducteur=Sylvie Cohen|année=2004|page=677}}
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{{Citation|Un homme arpentait fiévreusement cette pièce spartiate, les mains derrière le dos, les yeux baissés, la tête projetée en avant, comme prête à charger. L'homme ressemblait à Ben Gourion comme deux gouttes d'eau, mais ce ne pouvait pas être lui : dès le jardin d'enfant, tout le monde en Israël savait de quoi il avait l'air et aurait pu le reconnaître les yeux fermés. Mais comme il n'y avait pas encore la télévision, il me paraissait évident que le Père de la Nation était un géant dont la tête atteignait les nuages, tandis que cet imposteur était coutaud et rondouillard - on aurait dit une femme enceinte - de moins d'un mètre soixante.</br>
J'étais stupéfait. Presque vexé.</br>
Pourtant, pendant les deux ou trois minutes de silence qui me parurent une éternité, le dos toujours contre la porte, je dévisageais ce curieux petit bonhomme magnétique, puissamment charpenté, tenant à la fois du patriarche montagnard coriace et du vieux nain énergique, faisant nerveusement les cent pas, les mains croisées dans le dos, '''sa grosse tête neen avant comme s'il se préparait à enfoncer une muraille d'un coup de bélier,''' perdu dans ses pensées, très loin, ne prenant même pas la peine de signaler qu'il savait que quelqu'un, quelque chose, un infime grain de poussière, avait atterri dans son bureau. David Ben Gourion avait soixante-quinze ans à cette époque, et moi, une vingtaine d'années.}}
{{Réf Livre|titre=Une histoire d'amour et de ténèbres|auteur=Amos Oz|éditeur=Gallimard|collection=Folio 4265|traducteur=Sylvie Cohen|année=2004|page=711}}
 
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{{Réf Livre|titre=Une histoire d'amour et de ténèbres|auteur=Amos Oz|éditeur=Gallimard|collection=Folio 4265|traducteur=Sylvie Cohen|année=2004|page=788-789}}
 
{{Citation|Et j'éprouve peut-être aussi une certaine jalousie pour la sexualité féminine, tellement plus riche, délicate et subtile, '''comme le violon comparé au tambour.''' Et il y a sans doute là un lointain écho des premiers jours de ma vie : un sein contre un couteau. Dès ma venue au monde, une femme m'attendait, à qui j'avais causé de grandes souffrances et qui, en retour, m'avait offert son amour et donné le sein. Le genre masculin, en revanche, me guettait à l'entrée, le couteau du circonciseur à la main.}}
{{Réf Livre|titre=Une histoire d'amour et de ténèbres|auteur=Amos Oz|éditeur=Gallimard|collection=Folio 4265|traducteur=Sylvie Cohen|année=2004|page=800}}