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'''[[w:J. M. Coetzee|J. M. Coetzee]]''', né uu Cap le 9 février 1940 est un écrivain sud-africain, lauréat 2003 du prix Nobel de littérature.
 
== ''Au cœur de ce pays'' ,<small> 1976</small> ==
{{Citation|(...) n'y a-t-il pas autre chose à faire du désir que de chercher à posséder l'objet désiré, dans un projet nécessairement vain, puisque sa réalisation ne peut aboutir qu'à l'annihilation de ce que l'on désire ? (...) « Sais-tu comment je me sens, Anna ? Comme un grand vide, un vide rempli d'une grande absence, une absence qui est un désir d'être remplie, d'être nourrie. Mais en même temps je sais que rien ne m'emplira, parce que la première condition de la vie est de toujours désirer, sans quoi la vie s'arrêterait. C'est un principe vital que d'être toujours insatisfait. La satisfaction ne satisfait pas. Seules les pierres ne désirent rien. Et qui sait ? peut-être y a-t-il dans les pierres des trous que nous n'avons jamais découverts. »}}
{{Réf Livre|titre=Au cœur de ce pays|auteur=J. M. Coetzee|éditeur=Le Serpent à Plumes|collection=Motifs|ISBN=2-84261-116-0|traducteur=Sophie Mayoux|année=1999|page=185-186}}
 
{{Citation|Il n'y a peut-être pas de temps, je me trompe peut-être quand je désigne mon atmosphère sous le nom de temps, il n'y a peut-être que de l'espace, et je suis un point lumineux qui s'agite d'un lieu de l'espace à un autre, suivant un trajet erratique, sautant plusieurs années en un éclair, tantôt effrayée dans le coin d'une salle de classe, tantôt vieille femme aux doigts noueux - c'est une autre possibilité, mon esprit y est ouvert, et cela expliquerait en partie l'aspect hypothétique de mes souvenirs.}}
{{Réf Livre|titre=Au cœur de ce pays|auteur=J. M. Coetzee|éditeur=Le Serpent à Plumes|collection=Motifs|ISBN=2-84261-116-0|traducteur=Sophie Mayoux|année=1999|page=200}}
 
{{Citation|Ce n'est pas la parole qui fait de l'homme un homme, mais la parole des autres.}}
{{Réf Livre|titre=Au cœur de ce pays|auteur=J. M. Coetzee|éditeur=Le Serpent à Plumes|collection=Motifs|ISBN=2-84261-116-0|traducteur=Sophie Mayoux|année=1999|page=203}}
 
{{Citation|262. Assise sur le ''stoep'' aux côtés de mon père, je regarde la terre tourner, les oiseaux s’occuper à nouveau de bâtir leurs nids; la brise est fraîche sur mes joues, et peut-être aussi sur les siennes. «Tu te souviens», dis-je, «quand on allait à la mer, autrefois ? On remplissait un panier de sandwiches et de fruits, on allait en carriole à la gare et on prenait le train du soir ? On dormait dans le train, bercés par la chanson des roues, on s'éveillait à peine, tout somnolents, quand le train s'arrêtait pour prendre de l'eau, on entendait le murmure lointain des cheminots, et on se rendormait ; le lendemain, on arrivait à la mer, on allait à la plage, et on retirait nos chaussures pour patauger, tu me tenais par la main et tu me soulevais au-dessus des vagues ? Tu te souviens, le bernard-l'hermite qui m'a pincé l'orteil, et j'ai pleuré, pleuré, et tu me faisais des grimaces pour me consoler ? (Tu te souviens de la pension où on logeait ? Cette nourriture insipide - un soir, tu as repoussé ton assiette et déclaré que tu ne mangerais pas d'immondices, tu t'es levé et tu as quitté la salle à manger, et j'ai repoussé mon assiette et je t'ai suivi. Et tu te rappelles comme les chiens étaient contents de nous revoir ? Une fois, le vieux Jakob avait oublié de les nourrir, et tu as juré épouvantablement et tu lui as supprimé sa ration de viande pour une semaine.. Tu te rappelles Jakob, et Hendrik, et Ou-Anna et Klein-Anna ? Tu te rappelles ce fils de Ou-Anna qui avait été tué dans un accident et qu'on avait ramené à la ferme pour l'enterrer, et Ou-Anna qui voulait se jeter dans la fosse ?»</br>
&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; «Tu te souviens, l'année de la grande sécheresse, quand les moutons ont tous dû être vendus parce qu'il n'y avait plus rien à brouter à trois cents kilomètres à la ronde, et on a dû batailler pour reconstruire le domaine ? Tu te souviens du grand vieux mûrier, de l'autre côté de la basse-cour; un été, le tronc s'est fendu sous le poids des fruits ? Tu te souviens que la terre tout autour était teintée de violet à cause du jus des mûres tombées à terre ? Tu te souviens du banc des amoureux, qu'on avait installé sous l'arbre-sering - tu y passais parfois l'après-midi entière à écouter le bourdonnement des abeilles menuisières ? Et Vlek, tu t'en souviens ? Vlek qui était une si bonne chienne de berger qu'elle pouvait, seule avec Jakob, faire passer un troupeau entier devant toi au poteau de dénombrement ? Tu te rappelles : vieille, malade, elle ne gardait plus sa nourriture, et il n'y avait que toi qui puisse la tuer, et tu as été faire un tour, après, parce que tu ne voulais pas qu'on te voie pleurer? Tu te rappelles», dis-je, «ces magnifiques poules tachetées que nous avions, et le coq baitam avec ses cinq épouses, qui se perchaient toujours dans les arbres ? Tu te les rappelles tous ? »
}}
{{Réf Livre|titre=Au cœur de ce pays|auteur=J. M. Coetzee|éditeur=Le Serpent à Plumes|collection=Motifs|ISBN=2-84261-116-0|traducteur=Sophie Mayoux|année=1999|page=218-220}}
 
== ''En attendant les barbares'' ,<small> Angleterre 1980, Afrique du Sud 1981</small> ==
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{{Citation|Je défais le lit et je m’allonge sur le matelas nu, supposant qu’un malaise va s’emparer de moi à sentir le fantôme d’un autre homme subsister dans ses odeurs et les débris de sa vie. Mais je ne ressens rien de pareil : la chambre me paraît toujours aussi connue. Le bras sur la figure, je m’aperçois que je glisse dans le sommeil. Il se peut que le monde tel qu’il est ne soit pas une illusion, ni le mauvais rêve d’une nuit. Il se peut que l’éveil qui nous y projette soit inéluctable, que nous ne puissions ni l’oublier ni nous en dispenser. Mais j’ai toujours autant de mal à croire que la fin est proche. Si les barbares faisaient irruption maintenant, je mourrais dans mon lit, j’en suis sûr, aussi stupide et ignorant qu’un bébé. Il serait encore plus approprié qu’on me surprenne en bas, dans le cellier, une cuiller à la main, la bouche pleine de confiture de figues fauchée dans le dernier bocal de l’étagère : on pourrait alors couper et jeter sur le tas de têtes amoncelées sur la place une tête qui porterait encore une expression coupable, peinée, étonnée de cette irruption de l’Histoire dans le temps immobile de l’oasis. A chacun la fin qui lui convient le mieux. Certains se feront prendre dans des abris creusés sous leur cave, serrant leur trésor contre leur sein, fermant les yeux de toutes leurs forces. D’autres mourront sur la route, aux prises avec les premières neiges de l’hiver. De rares individus mourront peut-être en combattant, armés de fourches. Après moi, les barbares se torcheront avec les archives de la ville. '''Jusqu’à la fin, nous n’aurons rien appris. Il semble y avoir chez nous tous, au fond de nous, quelque chose de l’ordre du granit, qui résiste à l’enseignement. Bien que la panique déferle dans les rues, personne ne croit vraiment que le monde de certitudes tranquilles qui nous a accueillis à notre naissance est sur le point de disparaître. Personne ne peut accepter qu’une armée impériale ait été anéantie par des hommes armés d’arcs, de flèches et de vieux fusils rouillés, qui vivent dans des tentes, ne se lavent jamais et ne savent ni lire ni écrire.''' Et qui suis-je pour ricaner d’illusions qui aident à vivre ? Est-il meilleure façon de passer ces jours ultimes que de rêver d’un sauveur, l’épée brandie, qui disperserait les armées ennemies, nous pardonnerait les erreurs commises par d’autres en notre nom et nous accorderait une seconde chance de bâtir notre paradis terrestre ? Couché sur le matelas nu, je m’applique à animer une représentation de moi-même en nageur, nageant infatigablement, à longues brasses égales, dans le fluide du temps – un fluide plus inerte que l’eau, dépourvu de remous, s’insinuant partout, sans couleur, sans odeur, sec comme du papier.}}
{{Réf Livre|titre=En attendant les barbares|auteur=J. M. Coetzee|éditeur=Le Seuil|collection=Points|ISBN=2-02-013403-9|traducteur=Sophie Mayoux|année=1987|page=230-231}}
 
{{Citation|...en venant au monde, chaque créature porte en elle le souvenir de la justice.}}
{{Réf Livre|titre=En attendant les barbares|auteur=J. M. Coetzee|éditeur=Le Seuil|collection=Points|ISBN=2-02-013403-9|traducteur=Sophie Mayoux|année=1987|page=224}}
 
== ''Foe'' ,<small> 1986</small> ==
{{Citation|« Je vous demande de vous en souvenir : ce n'est pas parce qu'un homme porte la marque du naufragequ'au fond de son cœur il est un naufragé. »}}
{{Réf Livre|titre=Foe|auteur=J. M. Coetzee|éditeur=Le Seuil|collection=Points|ISBN=2-02-047693-2|traducteur=Sophie Mayoux|année=1988|page=37}}
 
{{Citation|« (...) Pour dire la vérité avec toute sa substance, il fait avoir la paix,et un fauteuil confortable loin de toute distraction, et une fenêtre par laquelle le regard peut porter au loin ; et puis il faut ce don qui permet de voir des vagues quand ce sont des prés qui s'étendent devant vous, et de sentir le soleil des tropiques alors qu'il fait froid ; et trouver au bout de ses doigts le mots qui peuvent s'emparer de la vision avant qu'elle ne s'évanouisse (...).»}}
{{Réf Livre|titre=Foe|auteur=J. M. Coetzee|éditeur=Le Seuil|collection=Points|ISBN=2-02-047693-2|traducteur=Sophie Mayoux|année=1988|page=56}}