« Antoine de Saint-Exupéry » : différence entre les versions

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== ''Un sens à la vie'', 1956 ==
== Correspondance ==
=== ''Moscou'', [[w:Paris-Soir|Paris-Soir]], mai 1935 ===
{{citation|Je regagnai mon wagon. Je me disais :<br />
« Ces gens ne souffrent pas de leur sort. Et ce n'est point la charité ici qui me tourmente. Il ne s'agit point de s'attendrir sur une plaie éternellement ouverte. Ceux qui la portent ne la sentent même pas. C'est quelque chose comme l'espèce humaine, et non l'individu, qui est blessé ici, qui est lésé. Je ne crois guère à la pitié. Ce qui me tourmente cette nuit, c'est le point de vue du jardinier. Ce qui me tourmente, ce n'est point cette misère dans laquelle après tout on s'installe aussi bien que dans la paresse. Des générations d'orientaux vivent dans la crasse et s'y plaisent. Ce qui me tourmente, les soupes populaires ne le guérissent point. ce qui me tourmente, ce ne sont ni ces creux, ni ces bosses, ni cette laideur. C'est un peu dans chacun des hommes, [[Wolfgang Amadeus Mozart|Mozart]] assassiné. »}}
{{Réf Livre|titre=Un sens à la vie
|auteur=Antoine de Saint-Exupéry
|éditeur=Gallimard
|collection=nrf
|année=2011
|année d'origine=1956
|ISBN=978-2-07-025667-9
|page=47}}
 
=== ''Espagne ensanglantée'', [[w:L'Intransigeant|L'Intransigeant]], août 1936 ===
{{citation|Un homme, dans son grenier, s'il nourrit un désir assez fort, communique de son grenier le feu au monde.}}
{{Réf Livre|titre=Un sens à la vie
|auteur=Antoine de Saint-Exupéry
|éditeur=Gallimard
|collection=nrf
|année=2011
|année d'origine=1956
|ISBN=978-2-07-025667-9
|page=85}}
 
{{citation|Et c'est pourquoi, sans doute, cette guerre prend une forme si terrible : on fusille plus qu'on ne combat. La mort, ici, c'est le lazaret d'isolement. On se purge des porteurs de germes. Les anarchistes font des visites domiciliaires et chargent les contagieux sur leurs charrettes. Et de l'autre côté de la barrière, [[w:Francisco Franco|Franco]] a pu prononcer ce mot atroce : « Il n'y a plus, ici, de communistes ! » Le tri a été fait comme par un conseil d'administration, le tri a été fait comme par un major...<br />
[…] Sous la chaux, ou sous le pétrole, on brûle les morts dans des champs d'épandage. Point de respect pour l'homme. Dans chaque parti on a traqué, comme une maladie, les mouvements de sa conscience. Pourquoi respecter leur urne de chair ? Et ce corps qui était habité par une audace juvénile, ce corps qui savait aimer, et sourire, et se sacrifier, on ne pense même pas à l'ensevelir.}}
{{Réf Livre|titre=Un sens à la vie
|auteur=Antoine de Saint-Exupéry
|éditeur=Gallimard
|collection=nrf
|année=2011
|année d'origine=1956
|ISBN=978-2-07-025667-9
|page=93}}
 
{{citation|Ah ! Ce départ nocturne sous la pluie est le seul qui réponde à la vérité de cette guerre. Ces homme m'entourent et me regardent, et je lis dans leurs yeux je ne sais quelle gravité un peu triste. Ils savent quel sort les attend, s'ils sont pris. Et j'ai froid. Et je remarque tout à coup qu'aucune femme n'a été admise à ce départ. Et cette absence aussi me parait raisonnable. Qu'ont-elles à voir ici ces mères qui ne savent pas, quand elles accouchent, quelle image de la vérité enflammera plus tard leur fils, ni quels partisans le fusilleront, selon leur justice, quand il aura vingt ans.}}
{{Réf Livre|titre=Un sens à la vie
|auteur=Antoine de Saint-Exupéry
|éditeur=Gallimard
|collection=nrf
|année=2011
|année d'origine=1956
|ISBN=978-2-07-025667-9
|page=94}}
 
{{citation|J'ai bien touché ici la contradiction que je ne saurais point résoudre. Car la grandeur de l'homme n'est pas faite de la seule destinée de l'espèce : Chaque individu est un empire.<br />
Quand la mine s'est éboulée, et s'est refermée sur un seul mineur, la vie de la cité est suspendue. Les camarades, les enfants, les femmes demeurent sur place, dans l'angoisse, tandis que les sauveteurs, sous leurs pieds, fouillent de leur pic les entrailles de la terre. […] Il ne s'agit pas de sauver un termite parmi les termites de la termitière, mais une conscience, mais un empire dont l'importance ne se mesure point. Sous le crâne étroit de ce mineur que des madriers ont pris au piège, repose un monde. Des parents, des amis, un foyer, la soupe chaude du soir, des chansons pour les jours de fête, des tendresses et des colères, et peut-être même un élan social, un grand amour universel. Comment mesurer l'homme ?}}
{{Réf Livre|titre=Un sens à la vie
|auteur=Antoine de Saint-Exupéry
|éditeur=Gallimard
|collection=nrf
|année=2011
|année d'origine=1956
|ISBN=978-2-07-025667-9
|page=109}}
 
{{citation|Les hommes ne se respectent plus les uns les autres. Huissiers sans âme, ils dispersent au vent un mobilier sans savoir qu'ils anéantissent un royaume...<br />
[...] En Espagne, il y a des foules en mouvement, mais l'individu, cet univers, du fond de son puits de mine, appelle en vain à son secours.}}
{{Réf Livre|titre=Un sens à la vie
|auteur=Antoine de Saint-Exupéry
|éditeur=Gallimard
|collection=nrf
|année=2011
|année d'origine=1956
|ISBN=978-2-07-025667-9
|page=111}}
 
=== ''La paix ou la guerre ?'' [[w:Paris-Soir|Paris-Soir]], octobre 1938 ===
{{citation|Ne comprenez-vous pas que, quelque part, nous avons fait fausse route ? La termitière humaine est plus riche qu'auparavant, nous disposons de plus de biens et de loisirs, et, cependant, quelque chose d'essentiel nous manque que nous savons mal définir. Nous nous sentons moins hommes, nous avons perdu quelque part de mystérieuses prérogatives.}}
{{Réf Livre|titre=Un sens à la vie
|auteur=Antoine de Saint-Exupéry
|éditeur=Gallimard
|collection=nrf
|année=2011
|année d'origine=1956
|ISBN=978-2-07-025667-9
|page=174}}
 
 
{{citation|Et le simple berger lui même qui veille ses moutons sous les étoiles, s'il prend conscience de son rôle, se découvre plus qu'un berger. Il est une sentinelle. Et chaque sentinelle est responsable de tout l'empire.}}
{{Réf Livre|titre=Un sens à la vie
|auteur=Antoine de Saint-Exupéry
|éditeur=Gallimard
|collection=nrf
|année=2011
|année d'origine=1956
|ISBN=978-2-07-025667-9
|page=179}}
 
=== ''Lettre au français'', [[w:The New York Times Magazine|New york times Magazine]], 1942 ===
{{citation|Français, réconcilions-nous ! Quand nous nous trouverons en litige, à bord d'un bombardier, contre cinq ou six [[w:Messerschmitt (entreprise)|Messerschmitt]], nos litiges anciens nous feront sourire. Lorsque, en 1940, je revenais de mission, à bord d'un avion troué de balles, je buvais avec jubilation un excellent Pernod au bar de mon escadrille. Et je gagnais mon Pernod au poker d'as soit à un camarade royaliste, soit à un camarade socialiste, soit au lieutenant Israël, qui était le plus courageux d'entre nous et qui était juif. Et nous trinquions avec une tendresse profonde.}}
{{Réf Livre|titre=Un sens à la vie
|auteur=Antoine de Saint-Exupéry
|éditeur=Gallimard
|collection=nrf
|année=2011
|année d'origine=1956
|ISBN=978-2-07-025667-9
|page=174}}
 
=== ''Lettre au général « X »'', [[w:Le Figaro littéraire|le Figaro littéraire]], 1948 ===
{{citation|De la tragédie grecque, l'humanité, dans sa décadence, est tombée jusqu'au théatre de [[w:Louis Verneuil|M. Louis Verneuil]] (On ne peut guère aller plus loin). Siècle de la publicité, du système Bedeau, des régimes totalitaires et des armées sans clairons ni drapeaux ni messe pour les morts. Je hais mon époque de toutes mes forces. L'homme y meurt de soif.}}
{{Réf Livre|titre=Un sens à la vie
|auteur=Antoine de Saint-Exupéry
|éditeur=Gallimard
|collection=nrf
|année=2011
|année d'origine=1956
|ISBN=978-2-07-025667-9
|page=225}}
 
{{citation|On ne peut plus. On ne peut plus vivre sans poésie, couleur ni amour. Rien qu'à entendre un chant villageois du XVe siècle, on mesure la pente descendue. Il ne reste rien que la voix du robot de la propagande (pardonnez-moi). Deux milliards d'hommes n'entendent plus que le robot, ne comprennent plus que le robot, se font robots.}}
{{Réf Livre|titre=Un sens à la vie
|auteur=Antoine de Saint-Exupéry
|éditeur=Gallimard
|collection=nrf
|année=2011
|année d'origine=1956
|ISBN=978-2-07-025667-9
|page=226}}
 
== Correspondance ==
{{citation|citation=Mais j'ai aussi compris, ce qui m'avait toujours étonné : pourquoi Platon (ou Aristote ?) place le courage au dernier rang des vertus. Ce n'est pas fait de bien beaux sentiments : un peu de rage, un peu de vanité, beaucoup d'entêtement et un plaisir sportif vulgaire.
|précisions=Extrait d'une lettre de Saint-Exupéry à [[André Gide]], citée dans sa préface à ''Vol de nuit''.}}