« Sylvain Tesson » : différence entre les versions

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'''[[w:Sylvain Tesson|Sylvain Tesson]]''', né le {{date|26|avril|1972}} est un géographe, journaliste et écrivain [[w:France|français]] partageant sa vie entre expéditions au long cours, écriture et réalisation de documentaires d'aventure.
 
== Dans les forêts de Sibérie ==
== Citations ==
 
{{citation|citation=D'où vient le mauvais goût ? Comment le kitch s'est-il emparé du monde ? La ruée des peuples vers le laid fut le principal phénomène de la mondialisation. Pour s'en convaincre il suffit de circuler dans une ville chinoise, d'observer les nouveaux codes de décoration de La Poste française ou la tenue des touristes. Le mauvais goût est le dénominateur commun de l'humanité.}}
{{Réf Livre|titre=Dans les forêts de Sibérie
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|page=59-60}}
 
== Éloge de l'énergie vagabonde ==
{{citation|citation=Dans sa boulimie de production, la modernité crée des produits sans avenir. Le capitalisme c'est la réduction de l'intervalle entre le moment où l'on achète un objet et où on le remplace.}}
{{Réf Livre|titre=Éloge de l'énergie vagabonde
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|page=114}}
 
== Berezina ==
{{interprojet|w=Sylvain Tesson}}
{{citation|citation=Un soir, avec Gras, nous nous retrouvâmes sur le pont avant. Des baleines soupiraient à la proue du bateau, nageaient mollement, roulaient sur le côté : la vie des gros.<br />
– Il faut renouer avec le voyage, mon vieux. J'en ai marre de cette croisière de Mormons, dis-je.<br />
– Un vrai voyage, c'est quoi ? dit-il.<br />
– Une folie qui nous obsède, dis-je, nous emporte dans le mythe ; une dérive, un délire quoi, traversé d'Histoire, de géographie, irrigué de vodka, une glissade à la [[w:Jack Kerouac|Kerouac]], un truc qui nous laissera pantelants, le soir, en larmes sur le bord d'un fossé. Dans la fièvre...}}
{{Réf Livre|titre=Berezina
|auteur=Sylvain Tesson
|année=2015
|éditeur=Guérin
|ISBN=978-2-35221-089-4
|page=18}}
 
{{citation|citation=Dans la pierre du monument indiquant l'endroit où [[w:Mikhaïl Koutouzov|Koutouzov]] avait assisté à la bataille, une inscription était gravée : « Ici, nous avons combattu contre l'Europe. » D'un point de vue technique, la phrase n'était pas fausse, [[w:Grande Armée|la Grande Armée]] était le chatoiement des nations de l'Empire et ses rangs se gonflaient de recrues italiennes, polonaises, prussiennes, autrichiennes. D'un point de vue historique, l'assertion était malhonnête car les Russes pouvaient se prévaloir eux aussi de soutiens étrangers, celui de l'Angleterre en tête. D'un point de vue culturel, le raccourci plaisait aux Russes, persuadés de leur destin extraeuropéen, convaincus de posséder la mission de tracer une voie propre entre l'Asie et l'Occident. D'un point de vue spirituel, la formule était cruciale : la bataille de [[w:Bataille de la Moskova|Borodino]] avait fait couler ce sang qui avait servi de saint chrême pour baptiser le tout nouveau sentiment patriotique russe. }}
{{Réf Livre|titre=Berezina
|auteur=Sylvain Tesson
|année=2015
|éditeur=Guérin
|ISBN=978-2-35221-089-4
|page=42}}
 
{{citation|citation=La raison du voyage que nous accomplissions était précisement de s'enfoncer des visions de cauchemar dans la tête afin de faire taire les jérémiades intérieures et de tordre le cou à cette mégère, cette pulsion répugnante qui est le vrai ennemi de l'homme : l'autoapitoiement. Après notre voyage sur le chemin de la Retraire française, lorsque je me trouvais sur des falaises trop raides, en de bivouacs trop froids, j'ai souvent pensé à ces bougres rampant sur la route de glace, emmitouflés dans leurs haillons, nourris de tripe faisandée et j'ai ravalé la glaire des geignements qui me venaient aux lèvres. }}
{{Réf Livre|titre=Berezina
|auteur=Sylvain Tesson
|année=2015
|éditeur=Guérin
|ISBN=978-2-35221-089-4
|page=71}}
 
{{citation|citation=Ils sortaient de soixante-dix ans de joug soviétique. Ils avaient subi dix années d'anarchie eltsinienne. Aujourd'hui, ils se revanchaient du siècle rouge, revenaient à grands pas sur l'échiquier mondial. Ils disaient des choses que nous jugions affreuses : ils étaient fiers de leur histoire, ils se sentaient pousser des idées patriotiques, ils plébiscitaient leur président, souhaitaient résister à l'hégémonie de l'OTAN et opposaient l'idée de l'eurasisme aux effets très sensibles de l'euro-atlantisme. En outre, ils ne pensaient pas que les États-Unis avaient vocation à s'impatroniser dans les marches de l'ex-URSS. Pouah ! Ils étaient devenus infréquentables.}}
{{Réf Livre|titre=Berezina
|auteur=Sylvain Tesson
|année=2015
|éditeur=Guérin
|ISBN=978-2-35221-089-4
|page=91}}
 
{{citation|citation=Milan Kundera avait souvent déploré l'absence de rationalité dans la pensée russe. Il répugnait à ce penchant des compatriotes de Dostoïevski à toujours sentimentaliser les choses, à éclabousser la vie de pathos alors même qu'ils se rendaient coupables d'exactions. Et si c'était là la clé du mystère russe ? Une capacité à laisser partout des ruines, puis à les arroser par des torrents de larmes.}}
{{Réf Livre|titre=Berezina
|auteur=Sylvain Tesson
|année=2015
|éditeur=Guérin
|ISBN=978-2-35221-089-4
|page=93}}
 
{{citation|citation=Bourgogne n'était pas en reste dans l'affection au chef, mais autour d'une page, il livrait une autre clé : « Si nous étions malheureux, mourant de faim et de froid, il nous restait encore quelque chose qui nous soutenait : l'honneur et le courage. » L'honneur et le courage ! Comme ils résonnaient étrangement, ces mots, deux cents années plus tard. Étaient-ils encore en vie, ces mots, dans ce monde que nous traversions pleins phares ? Nous fîmes une courte halte sur la bas-coté, il neigeait, la nuit semblait en larmes dans le faisceau des phares. Dieux, me disais-je, en pissant dans le noir, nous autres, pauvres garçons du XXIe siècle, ne sommes-nous pas des nains ? Alanguis dans la mangrove du confort, pouvions-nous comprendre ces spectres de 1812 ?}}
{{Réf Livre|titre=Berezina
|auteur=Sylvain Tesson
|année=2015
|éditeur=Guérin
|ISBN=978-2-35221-089-4
|page=103}}
 
{{citation|citation=Un haut lieu, dit-il, c'est un arpent de géographie fécondé par les larmes de l'Histoire, un morceau de territoire sacralisé par un geste, maudit par une tragédie, un terrain qui, par delà les siècles, continue d'irradier l'écho des souffrances tues ou des gloires passées. C'est un paysage béni par les larmes et le sang. Tu te tiens devant et, soudain, tu éprouves une présence, un surgissement, la manifestation d'un je-ne-sais-quoi. C'est l'écho de l'Histoire, le rayonnement fossile d'un événement qui sourd du sol, comme une onde. Ici, il y a eu une telle intensité de tragédie en un si court épisode de temps que la géographie ne s'en est pas remise. Les arbres ont repoussé, mais la Terre, elle, continue de souffrir. Quand elle boit trop de sang, elle devient un haut lieu. Alors, il faut la regarder en silence car les fantômes la hantent.}}
{{Réf Livre|titre=Berezina
|auteur=Sylvain Tesson
|année=2015
|éditeur=Guérin
|ISBN=978-2-35221-089-4
|page=115}}
 
{{citation|citation=« Napoléon ? La Berezina ? Tout cela n'est pas très glorieux » commenta-t-elle.<br />
Là, devant la rivière tombale, les mots que j'aurais dû lui jeter me vinrent aux lèvres.<br />
« Vraiment, chère amie ? Pas de gloire chez les pontonniers qui acceptèrent la mort pour que passent leurs camarades ; chez [[w:Jean-Baptiste Eblé|Éblé]], le général aux cheveux gris, qui, sous la canonnade, traversa plusieurs fois le pont pour rendre compte à l'Empereur de l'avancée du sauvetage et mourut d'épuisement quelques jours plus tard ? Pas de gloire chez [[w:Dominique-Jean Larrey|Larrey]], le chirurgien en chef qui fit d'innombrables allers-retours d'une rive à l'autre pour sauver son matériel opératoire, chez Bourgogne qui donna sa peau d'ours à un soldat grelottant, chez ces hommes du Génie qui jetaient des cordes aux malheureux tombés à l'eau, chez ces femmes dont Bourgogne écrit qu'elles faisaient honte à certains hommes, supportant avec un courage admirable toutes les peines et les privations auxquelles elles étaient assujetties ?»}}
{{Réf Livre|titre=Berezina
|auteur=Sylvain Tesson
|année=2015
|éditeur=Guérin
|ISBN=978-2-35221-089-4
|page=116}}
 
{{citation|citation=Si la Révolution se réduit à une entreprise de lutte pour la liberté, Napoléon est le fossoyeur des principes de 1789. Son antiparlemantarisme, son autoritarisme, son impérialisme guerrier l'apparente à César. Mais, si la révolution se définit comme un combat pour l'égalité, l'Empereur en fut le plus ardent promoteur. L'égalité civile fut son œuvre technique. L'égalité au mérite son obsession morale. A quelle autre époque de l'Histoire de France un garçon boucher eut-il autant de chances de devenir général par la grâce de ses talents ? L'idéal d'héroïsme irrigua les débuts de l'Empire. Ces maréchaux, brillant dans l'aube impériale, insultaient plus insolemment les privilèges de l'Ancien Régime que ne le firent les bouchers de la Terreur.}}
{{Réf Livre|titre=Berezina
|auteur=Sylvain Tesson
|année=2015
|éditeur=Guérin
|ISBN=978-2-35221-089-4
|page=148}}
 
{{citation|citation=Qu'est-ce qui s'était passé pour qu'un peuple devînt un agrégat d'individus persuadés de n'avoir rien à partager les uns avec les autres ? Le shopping, peut-être ? Les marchands avaient réussi leur coup. Pour beaucoup d'entre nous, acheter des choses était devenu une activité principale, un horizon, une destinée. La paix, la prospérité, la domestication nous avaient donné l'occasion de nous replier sur nous-même. Nous cultivions nos jardins. Cela valait sans doute mieux que d'engraisser les champs de bataille.}}
{{Réf Livre|titre=Berezina
|auteur=Sylvain Tesson
|année=2015
|éditeur=Guérin
|ISBN=978-2-35221-089-4
|page=194}}
 
{{autres projets
{{interprojet|w=Sylvain Tesson}}
|commons=Category:Sylvain Tesson}}
 
{{DEFAULTSORT:Tesson, Sylvain}}