« Arturo Pérez-Reverte » : différence entre les versions

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|citation=Il y eut deux claquements de talons, deux sourires et un serrement de mains. Ils sortirent au grand air, très droits, impeccables et rasés de frais, en faisant résonner leurs sabres contre leurs éperons, se sentant jeunes et beaux dans leur superbe uniforme, respirant avec délice l'air vif de l'aube, prêts à affronter à la pointe de leur sabre le filet que la Mort leur lançait depuis l'horizon encore plongé dans les ténèbres.
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{{Réf Livre|titre=Le peintre de batailleshussard
|auteur=Arturo Pérez-Reverte
|traducteur=François Maspero
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|citation=Ces derniers temps, grâce à la moderne diffusion des Idées, l'Espagne était en voie de sortir du puits où elle était plongée. Nous qui défendons la nécessité du progrès, nous avons vu dans la révolution qui a détrôné les Bourbons en France un signe que les temps, enfin, commençaient à changer. Le poids croissant de Bonaparte en Europe et l'influence que, de ce fait, la France a réussi à exercer sur ses voisins constituaient un espoir... Pourtant, et c'est ici que surgit le problème, la méconnaissance de cette terre et le manque d'habileté avec lequel les proconsuls ont agi ont jeté par-dessus bord des débuts prometteurs... Les Espagnols ne sont pas, nous ne sommes pas, des gens qui se laissent sauver par la force. Nous aimons nous sauver nous-mêmes, peu à peu, sans que cela signifie renoncer aux vieux principes auxquels, pour le meilleur ou pour le pire, on nous a fait croire durant des siècles. Jamais une seule idée ne sera imposée ici par la force des baïonnettes.
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{{Réf Livre|titre=Le peintre de batailleshussard
|auteur=Arturo Pérez-Reverte
|traducteur=François Maspero
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|citation=Il lutta pour sa vie. Il lutta avec toute la vigueur de ses dix-neuf ans jusqu'à ce que son bras finisse par lui peser comme s'il était de plomb. Il lutta en attaquant et en parant, piquant avec la pointe de son sabre, taillant de revers, arrachant son corps aux mains qui tentaient de le désarçonner, s'ouvrant un passage dans ce labyrinthe de boue, d'acier, de sang, de plomb et de poudre. Il cria sa peur et sa bravoure jusqu'à en avoir la gorge à vif. Et pour la deuxième fois, il se retrouva en train de chevaucher en dehors des lignes ennemies, en rase campagne, la pluie lui fouettant la figure, entouré de chevaux sans cavaliers qui galopaient, affolés. Il palpa son corps et éprouva une joie féroce en n'y découvrant aucune blessure. Ce n'est qu'en portant la main à sa joue droite, qui le brûlait, qu'il la retira tachées de sang.
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{{Réf Livre|titre=Le peintre de batailleshussard
|auteur=Arturo Pérez-Reverte
|traducteur=François Maspero
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|citation=Il hurla. Malgré la douleur de sa bouche enflée et suppurante, il hurla jusqu'à ne plus s'entendre lui-même. Il hurla vers le ciel, vers les arbres. Il hurla vers le monde entier, il insulta Dieu et le diable. Il embrassa un tronc d'arbre et se mit à rire au milieu de ses larmes. Le dolman couvert de glaise sèche était raide comme une cuirasse. Il l'arracha et le jeta dans les broussailles. Belle étoffe, artistement brodée, çà oui ! Elle se décomposerait dans l'humus de ce bois pourri avec Noirot, avec le hussard qui s'était tiré une balle, avec tous les imbéciles, hommes et bêtes, qui se laissaient attraper dans cette ronde macabre. Et peut-être, bientôt, avec Frédéric lui-même.
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{{Réf Livre|titre=Le peintre de batailleshussard
|auteur=Arturo Pérez-Reverte
|traducteur=François Maspero