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|ISBN=978-2-07-012925-6
|page=30}}
 
{{citation|citation=Le camion n'est plus qu'un point. Je suis seul. Les montagnes m'apparaissent plus sévères. Le paysage se révèle, intense. Le pays me saute au visage. C'est fou ce que l'homme accapare l'attention de l'homme. La présence des autres affadit le monde. La solitude est cette conquête qui vous rend jouissance des choses. <br />
Il fait -33°. Le camion s'est fondu à la brume. Le silence descend du ciel sous la forme de petits copeaux blancs. Être seul, c'est entendre le silence. Une rafale. Le grésil brouille la vue. Je pousse un hurlement. J'écarte les bras, tend mon visage au vide glacé et rentre au chaud.<br />
J'ai atteint le débarcadère de ma vie.<br />
Je vais enfin savoir si j'ai une vie intérieure.
}}
{{Réf Livre|titre=Dans les forêts de Sibérie
|auteur=Sylvain Tesson
|année=2011
|éditeur=Gallimard
|ISBN=978-2-07-012925-6
|page=36}}
 
{{citation|citation=Je préfère les natures humaines qui ressemblent aux lacs gelés à celles qui ressemblent aux marais. Les premiers sont durs et froids en surface mais profonds, tourmentés et vivants en-dessous. Les seconds sont doux et spongieux d’apparence mais leur fond est inerte et imperméable.}}