« Chantal Delsol » : différence entre les versions

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== Presse ==
=== La modernité contre l'homme intérieur, 2008 ===
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Si l’on ôte à l’homme les mythes, les attachements irrationnels, et si l’on considère toute croyance comme une superstition, il ne reste que la matière. Si vous faites abstraction des significations que recèle un individu vivant et souffrant, vous pouvez le découper en tranches, vous ne trouverez que de la viande.[...] C’est pourquoi l’homme contemporain est réduit à sa biologie, à la sauvegarde de sa vie biologique, à laquelle il attache ses soins exclusifs. Car il ne sait rien qui vaudrait qu’on la lui sacrifie. Il reste, dès lors, enraciné dans son corps, la beauté de son corps, la santé de son corps, sans autre espoir que l’empêcher de sombrer trop vite (surtout ne pas vieillir). Il n’y a d’espérance que lorsque quelque chose vaut au-delà de l’homme. Qu’est-ce qui peut bien valoir plus que moi, dans un monde d’où tout idéal a été arraché ? Je suis l’homme réduit à sa viande. J’ai peur de ce qui me dépasse. Pour ne pas risquer un quelconque fanatisme, je me réduis indéfiniment. [[Georges Bernanos|Bernanos]] parlait de ces « âmes pliées en quatre ». De si petites âmes dans un corps si glorifié !
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|titre=La modernité contre l'homme intérieur|auteur=Chantal Delsol|publication=La Nef|date=Juillet Aout 2008|numéro=173|page=url|url=http://www.lanef.net/t_article/la-modernite-contre-l-homme-interieur-chantal-delsol-14967.asp
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{{citation|
C’est peut-être la question essentielle : celle du rapport à la modernité. Pendant la saison révolutionnaire apparaît l’idéologie de l’émancipation, autrement dit, les Lumières. Elle dit que les hommes sont désormais non plus les fils, mais les pères de leur histoire. Ils se façonnent eux-mêmes. Cette vision des choses n’est pas sortie d’une ''tabula rasa'', comme elle le prétend : elle provient du christianisme, qui lui-même l’avait reprise aux Grecs. Les Lumières ne sont pas une invention, mais une impatience : elles jugent, à tort ou à raison, que l’émancipation promise par saint Paul ne se concrétise pas assez vite. Aussitôt, probablement à partir de Burke, apparaît la défense de l’idée inverse : l’importance de l’enracinement. Elle dit que les hommes sont aussi les fils de leur histoire. Burke était un libéral et non un réactionnaire, et c’est pourquoi je lui donne raison. Les hommes ont besoin à la fois d’enracinement, parce qu’ils participent à une condition commune qui leur prête des caractères irréductibles, liés à leur passé, et d’émancipation, parce qu’ils sont une espèce en devenir, vouée à transgresser les limites et à se déployer sans cesse.
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{{citation|
Si vous préférez, ils ont à la fois des racines et des ailes. Les deux leur sont essentielles. On ne peut couper les racines à moins de façonner des individus sans feu ni lieu, des errants libérés pour le vide. On ne peut couper les ailes à moins de façonner des individus immobiles, enfermés dans des coutumes vite privées de sens. Parce que je défends l’enracinement, je suis conservatrice. Parce que je défends l’émancipation, je suis libérale. Certains me disent que c’est contradictoire. Non, parce que ces deux pensées sont des tendances, et pas des doctrines. Elles représentent ensemble un paradoxe structurant, dont on ne se libérera jamais. Quand l’émancipation devient folle, j’estime qu’il faut défendre l’enracinement. Au XVIII{{e}} siècle, j’aurais défendu l’émancipation.
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=== De la législation sur les dons d'organes, 2015 ===
{{citation|A force d'affirmer que tout est matière, que la pensée et la liberté ne sont que fatras de cellules, on est bien obligé de considérer un humain comme de la viande. On se demande alors pourquoi il faut le respecter s'il ne consiste qu'en un assemblage de pièces à récupérer et ressemble finalement à une veille montre. L'effroi que nous ressentons devant la Shoah ou le génocide arménien devrait nous convaincre de traiter nos semblables, morts comme vivants, avec moins de désinvolture.
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|numéro=4128
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== ''Populisme, les demeurés de l'histoire'' ==