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{{Réf Livre|titre=La Peste|auteur=Albert Camus|éditeur=Gallimard|année=1947|ISBN=2-07-0360042-3|page=125}}
 
{{citation|
Beaucoup de nouveaux moralistes dans notre ville allaient alors, disant que rien ne servait à rien et qu'il fallait se mettre à genoux. Et Tarrou, et Rieux, et leurs amis pouvaient répondre ceci ou cela, mais la conclusion était toujours ce qu'il savait : il faut lutter de telle ou telle façon et ne pas se mettre à genoux. Toute la question était d'empêcher le plus d'hommes possible de mourir et de connaître la séparation définitive. Il n'y avait pour cela qu'un seul moyen qui était de combattre la peste. Cette vérité n'était pas admirable, elle n'était que conséquence.
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{{Réf Livre
|titre=La peste
|auteur=Albert Camus
|éditeur=Gallimard
|collection=folio
|année=2005
|année d'origine=1947
|page=126
|ISBN=978-2-07-036042-2
}}
 
{{citation|
Dans tous les cas, à supposer qu'on veuille avoir une idée juste de l'état d'esprit où se trouvaient les séparés de notre ville, il faudrait de nouveau évoquer ces éternels soirs dorés et poussiéreux, qui tombaient sur la cité sans arbres, pendant qu'hommes et femmes se déversaient dans toutes les rues. Car étrangement, ce qui montait alors vers les terrasses encore ensoleillées, en l'absence des bruits de véhicules et de machines qui font d'ordinaire tout le langage des villes, ce n'était qu'une étrange rumeur de pas et de voix sourdes, le douloureux glissement de milliers de semelles rythmé par le sifflement du fléau dans le ciel alourdi, un piétinement interminable et étouffant enfin, qui remplissait peu à peu toute la ville et qui, soir après soir, donnait sa voix la plus fidèle et la plus morne à l'obstination aveugle qui, dans nos cœurs, remplaçait l'amour.
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{{Réf Livre
|titre=La peste
|auteur=Albert Camus
|éditeur=Gallimard
|collection=folio
|année=2005
|année d'origine=1947
|page=170
|ISBN=978-2-07-036042-2
}}
 
{{citation|
Il ne s'agissait pas de refuser les précautions, l'ordre intelligent qu'une société introduisait dans le désordre d'un fléau. Il ne fallait pas écouter ces moralistes qui disaient qu'il fallait se mettre à genoux et tout abandonner. Il fallait seulement commencer à marcher en avant, dans la ténèbre, un peu à l'aveuglette, et essayer de faire le bien. Mais pour le reste, il fallait demeurer, et accepter de s'en remettre à Dieu, même pour la mort des enfants, et sans chercher de recours personnel.
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{{Réf Livre
|titre=La peste
|auteur=Albert Camus
|éditeur=Gallimard
|collection=folio
|année=2005
|année d'origine=1947
|page=206
|ISBN=978-2-07-036042-2
}}
 
{{citation|
Rieux lui prit le bras, mais Tarrou, le regard détourné, ne réagissait plus. Et soudain, la fièvre reflua visiblement jusqu'à son front comme si elle avait crevé quelque digue intérieure. Quand le regard de Tarrou revint vers le docteur, celui-ci l'encourageait de son visage tendu. Le sourire que Tarrou essaya encore de former ne put passer au-delà des maxillaires serrés et des lèvres cimentées par une écume blanchâtre. Mais dans la face durcie, les yeux brillèrent encore de tout l'éclat du courage.
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{{Réf Livre
|titre=La peste
|auteur=Albert Camus
|éditeur=Gallimard
|collection=folio
|année=2005
|année d'origine=1947
|page=260
|ISBN=978-2-07-036042-2
}}
 
{{citation|
Écoutant, en effet, les cris d'allégresse qui montaient de la ville, Rieux se souvenait que cette allégresse était toujours menacée. Car il savait ce que cette foule en joie ignorait, et qu'on peut lire dans les livres, que le bacille de la peste ne meurt ni ne disparaît jamais, qu'il peut rester pendant des dizaines d'années endormi dans les meubles et le linge, qu'il attend patiemment dans les chambres, les caves, les malles, les mouchoirs et les paperasses, et que, peut-être, le jour viendra où, pour le malheur et l'enseignement des hommes, la peste réveillerait ses rats et les enverrait mourir dans une cité heureuse.
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{{Réf Livre
|titre=La peste
|auteur=Albert Camus
|éditeur=Gallimard
|collection=folio
|année=2005
|année d'origine=1947
|page=279
|ISBN=978-2-07-036042-2
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