« Imre Kertész » : différence entre les versions

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{{Citation|"Je ne veux pas de cette chance", dit-il à son tour d'un ton sec, résolu, et il eut l'impression d'avoir déjà dit cela à quelqu'un, à une époque où il était moins endurci contre la chance que maintenant. "Je veux être un ouvrier, poursuivit-il, un bon ouvrier ; quand j'aurai un métier, alors...", il hésita puis il décida qu'il ne courait pas trop de risques en jouant cartes sur table : "on ne pourra pas m'embêter si facilement.'}}
{{Réf Livre|titre=Le Refus|auteur=Imre Kertész|éditeur=Actes Sud|ISBN=2-7427-4207-7|traducteur=Natalia Zaremba-Hurzsvai, en collaboration avec Charles Zaremba|année=2001|page=235}}
 
 
{{Citation|Ainsi, Köves vivait dans une incertitude constante et pénible : presque chaque jour, il produisait un texte plus ou moins long que, du point de vue du style et d'un certain hermétisme paraissant lourd de sens, il façonnait autant que possible sur le modèle du rédacteur en chef, à savoir qu'il les corrigeait jusqu'à ne plus les comprendre lui-même, car tant qu'il les comprenait, il voyait bien qu'ils n'avaient aucun sens et que, par conséquent, ils ne pouvaient pas être bon, plus précisément, qu'ils ne pouvaient pas correspondre à l'objectif, dont bien sûr, et c'était peut-être là que résidait le problème, il n'avait pas la moindre idée ; en revanche, le temps de les finir, il ne savait plus s'ils étaient conformes à l'objectif, car il ne comprenait plus ses textes et encore moins quel but ils étaient censés atteindre.}}
{{Réf Livre|titre=Le Refus|auteur=Imre Kertész|éditeur=Actes Sud|ISBN=2-7427-4207-7|traducteur=Natalia Zaremba-Hurzsvai, en collaboration avec Charles Zaremba|année=2001|page=257}}
 
{{Citation|<center>''Moi, le bourreau...''</center></br /></br />
L'écriture, mesdames et messieurs, ce besoin particulier et inexplicable de donner à notre vécu une forme et une expression, est une tentation alléchante et dangereuse. De toute manière, nous ne pouvons pas percer le secret onirique de notre vie ; alors il vaut mieux modestement se taire et se retirer en silence. Pourtant, quelque chose nous pousse sous les projecteurs de l'attention générale et, pareils à des cabotins avides, nous nous efforçons de plaire et de glaner un peu de compréhension. Mais qu'est-ce que cela change à ce qui est arrivé et à ce qui doit se produire ?}}
{{Réf Livre|titre=Le Refus|auteur=Imre Kertész|éditeur=Actes Sud|ISBN=2-7427-4207-7|traducteur=Natalia Zaremba-Hurzsvai, en collaboration avec Charles Zaremba|année=2001|page=286-287}}
 
{{Citation|(...) Qu'entendez-vous par morale ?</br />
- La sensibilité pour la faute, répondit Berg.</br />
- La faute ! dit Köves, toujours aussi emporté. Qu'est-ce que la faute ?</br />
- L'homme, dit Berg avec un petit sourire froid.</br />
- L'homme ! répéta Köves en écho. Quelle est la faute de l'homme ?</br />
- Celle d'être accusé, dit Berg.</br />
- Mais accusé de quoi ? s'entêta Köves.</br />
- D'être fautif.</br />
- Mais en quoi consiste sa faute ? insista Köves.</br />
- A être accusé", et bien qu'ainsi la boucle fut bouclée, Köves s'écria comme s'il était impossible d'en sortir :</br />
"Mais à quoi ça sert ?!</br />
- Quoi donc ? demanda Berg.</br />
- D'accuser l'homme !" et sur les lèvres charnues de Berg se dessina à nouveau un sourire froid et exsangue :</br />
"A lui faire comprendre qu'il est superflu, et une fois qu'il l'a compris, à faire en sorte que dans sa détresse, il aspire à la grâce.</br />
- Je comprends", dit Köves avant de se taire un instant, bien qu'il ne fût à l'évidence nullement satisfait de sa réponse.</br />
Puis soudain, il demanda :</br />
"Existe-t-il un autre monde que celui où nous vivons ?</br />
- Comment existerait-il ? répondit Berg d'un air presque vexé. Il n'a pas le droit d'exister, ajouta-t-il sévèrement, comme pour l'interdire.</br />
- Pourquoi pas ? demanda Köves.</br />
- Parce qu'il serait l'accomplissement de notre déréliction. Il rendrait superflue notre superfluité."}}
{{Réf Livre|titre=Le Refus|auteur=Imre Kertész|éditeur=Actes Sud|ISBN=2-7427-4207-7|traducteur=Natalia Zaremba-Hurzsvai, en collaboration avec Charles Zaremba|année=2001|page=301-302}}
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{{Réf Livre|titre=Le Refus|auteur=Imre Kertész|éditeur=Actes Sud|ISBN=2-7427-4207-7|traducteur=Natalia Zaremba-Hurzsvai, en collaboration avec Charles Zaremba|année=2001|page=346}}
 
{{Citation|Car - il le comprendra et ce sera sûrement une surprise pour lui - plus important encore que le roman lui-même sera ce qu'il aura vécu à travers lui, par son écriture. C'était pourtant un choix et un combat : justement le genre de combat qui lui était destiné. '''Une liberté confrontée à lui-même et à son destin, une force qui s'affranchit des circonstances, un attentat qui sape le nécessaire, car qu'est une oeuvreœuvre, qu'est toute oeuvreœuvre humaine, si ce n'est cela ?...'''}}
{{Réf Livre|titre=Le Refus|auteur=Imre Kertész|éditeur=Actes Sud|ISBN=2-7427-4207-7|traducteur=Natalia Zaremba-Hurzsvai, en collaboration avec Charles Zaremba|année=2001|page=348}}
 
{{Citation|Il faut s'imaginer Sisyphe heureux, dit la légende. Assurément. Mais lui aussi est menacé par la grâce. Sisyphe et le travail obligatoire sont, il est vrai, éternels ; mais le rocher n'est pas immortel. Après avoir été roulé tant de fois sur son chemin accidenté, il finira par s'user et un jour Sisyphe se rendra compte que, depuis longtemps,il pousse du pied un caillou gris dans la poussière en sifflotant.</br />&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;Et que peut-il faire alors ? Il se baisse (...)}}
{{Réf Livre|titre=Le Refus|auteur=Imre Kertész|éditeur=Actes Sud|ISBN=2-7427-4207-7|traducteur=Natalia Zaremba-Hurzsvai, en collaboration avec Charles Zaremba|année=2001|page=349}}
 
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{{Réf Livre|titre=Journal de galère|auteur=Imre Kertész|éditeur=Actes Sud|année=2010|page=104}}
 
{{Citation|Toute œuvre porte en elle l’empreinte de son dieu, toute oeuvreœuvre d’art porte celle de son auteur ; la transcendance d’un roman, par exemple, c’est l’auteur qui se cache derrière et qui – si c’est un véritable écrivain – reste mystérieux, insaisissable et cependant omniprésent comme le fameux ''Gott'' qui a soi-disant créé notre monde réel. Par conséquent, éliminer cette transcendance du roman est une erreur aussi grave qu’éliminer Dieu du monde ; bien qu’il soit dernièrement de bon ton de commettre ces deux erreurs. Voilà pourquoi tant le roman que la vie sont ennuyeux.}}
{{Réf Livre|titre=Journal de galère|auteur=Imre Kertész|éditeur=Actes Sud|année=2010|page=106}}
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{{Réf Livre|titre=Dossier K.|auteur=Imre Kertész|éditeur=Actes Sud|année=2008|page=101-102|ISBN=978-2-7427-7238-4|traducteur=Natalia Zaremba-Hurzsvai et Charles Zaremba}}
 
{{Citation|'''Qu’est-ce que tu appelles l’ordre du monde ?'''</br />
'''- La magie quotidienne du mal.'''}}
{{Réf Livre|titre=Dossier K.|auteur=Imre Kertész|éditeur=Actes Sud|année=2008|page=109}}
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&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;"Mais c'est terrible !" remarque B.<br/>
&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;Son ami, biologiste de renommée internationale, le regarde d'un air étonné.<br/>
&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;"Pourquoi ? demande-t-il, et la fourchette qu'il s'apprêtait à planter dans sa tranche de boeufbœuf reste suspendue en l'air.<br/>
&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;- Parce que dans ce cas, nous n'avons aucun rapport avec notre maladie.<br/>
&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;- Que veux-tu dire ?<br/>
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[[Catégorie:Décès en 2016]]
[[Catégorie:Écrivain hongrois]]
[[Catégorie:Lauréat du Prix Nobel de littérature ]]