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→‎Jean-Jacques Rousseau, Les Rêveries du promeneur solitaire, 1782 : suppression d'une citation sans rapport direct avec le thème
 
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==== Giovanni Macchia, ''[[François-René de Chateaubriand|Chateaubriand]]'' — Europe n°775-776, 1993 ====
{{citation|citation=<poem>Vers 1870 deux frères écrivains, liés l'un à l'autre comme une âme en deux corps, abandonnèrent leur appartement parisien pour s'installer à Auteuil, qui était en ce temps-là en lisière de campagne. Neurasthéniques, anémiques, insomniaques, souffrant de gastralgie (leurs maux se déclinaient eux aussi au pluriel), ils s'éloignaient de la capitale pour échapper aux martyre de l'époque moderne : le bruit.
Pour l'un des deux frères, cependant, la vie à Auteuil ne fut marquée par aucune amélioration notable. Entre veille et sommeil, il envisageait d'écrire un roman qui eût le bruit pour objet. Soucieux de trouver une parade, le protagoniste changeait de maison, se réfugiait loin des villes, au coeurcœur des forêts, s'engouffrait jusque dans les tombeaux des pyramides, et parce que nulle part il ne trouvait le silence, il finissait par se tuer ; pourtant, au fond même du sépulcre, la vermine occupée à sa besogne l'empêchait de dormir.
De toute évidence, le bruit (en tant que signe de chaos, de la démence) n'était pas au-dehors mais logeait en lui, d'où il eût été difficile de l'extirper. Ainsi [[Jules de Goncourt]] (car tel était son nom), croyant tantôt avoir débarqué sur l'île sonnante de [[François Rabelais|Rabelais]], tantôt être au centre de Rome, à l'heure matinale où les cloches de toutes les églises ébranlent de leur clameur la ville endormie, sombrait-il peu à peu dans une maladie incurable, sous le regard douloureux et angoissé de son frère Edmond, qui nous a laissé le journal de son agonie. Et dans l'intervalle entre deux séances de soins, en articulant les mots à la manière des enfants, avec l'obscure conscience que son heure ultime était arrivée, Jules commença à lire, à haute voix, les ''Mémoires d'outre-tombe'' de [[François-René de Chateaubriand|Chateaubriand]].
Ce fut la dernière manie de sa vie.</poem>}}
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