« Marie d'Agoult » : différence entre les versions

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== Roman ==
=== ''Nélida'', 1866 ===
{{Citation|citation=En devisant ainsi, les deux enfants étaient arrivés à une partie de l'étang obstruée par une masse de roseaux et d'autres plantes aquatiques. Guermann écarta avec précaution une touffe de joncs dont les soyeuses aigrettes semblaient des flocons de neige oubliés par l'hiver au sein de cette luxuriante verdure ; et Nélida poussa un cri de joie en apercevant le nid de sarcelles, où reposaient, doucement échauffés par un rayon de soleil, huit ou dix petits oeufsœufs d'un fauve verdâtre, polis et luisants, charmants à voir.}} {{Réf Livre|titre=Nélida|auteur=Marie d'Agoult|éditeur=Calmann-Lévy|année=2010|année d'origine=1866|page=41|partie=Première partie|chapitre=|ISBN=978-2-7021-4127-4}}
 
{{Citation|citation=Quel étrange spectacle aux yeux d'un être sensé que le spectacle du monde, c'est-à-dire de cette partie de la société qui, opulente, glorieuse, réservée aux nobles loisirs, est reconnue, saluée par tous, comme l'arbitre des bienséances, comme la gardienne des moeursmœurs élégantes et de l'esprit d'honneur, et qui, dans son dédain superbe, ne tenant compte que d'elle-même, affecte de se nommer le ''monde'' par excellence : tant elle a jugé ce qui est était en dehors d'elle indigne de son attention et de son intérêt !}} {{Réf Livre|titre=Nélida|auteur=Marie d'Agoult|éditeur=Calmann-Lévy|année=2010|année d'origine=1866|page=75|partie=Première partie|chapitre=V|ISBN=978-2-7021-4127-4}}
 
{{Citation|citation=Avec quel art merveilleux on parvient à maintenir debout cet édifice bâti de préjugés et de mensonges, dont chaque partie est près de tomber de vétusté, et dont l'ensemble pourtant présente encore une masse assez imposante ! Cette société affirme qu'elle est chrétienne ; l'éducation qu'elle donne à la jeunesse destinée de génération en génération à la renouveler est de tous points, assure-t-elle, conforme aux enseignements de l'Évangile. Elle en fait gloire et feint de ne pas s'apercevoir que la parole du Christ est la réprobation sévère de l'esprit qui l'anime ; car le fils du charpentier enseignait le mépris des richesses, la vanité des plaisirs, le néant des grandeurs, et le monde pratique ouvertement l'avide poursuite de tous ces faux biens, le culte aveugle de l'opinion, l'estime immodérée des honneurs et de la fortune. Cette contradiction est à tel point enracinée dans les moeursmœurs qu'elle ne soulève pas une difficulté, pas un doute ; elle est disciplinée et ordonnée à la satisfaction de tous.|précisions=Il est ici question du grand monde.}} {{Réf Livre|titre=Nélida|auteur=Marie d'Agoult|éditeur=Calmann-Lévy|année=2010|année d'origine=1866|page=75|partie=Première partie|chapitre=V|ISBN=978-2-7021-4127-4}}
 
{{Citation|citation=On a gardé le langage de Jésus, les pompes de Satan, les oeuvresœuvres de tous deux. L'Église a ses jours, le tentateur a les siens ; on n'exerce pas la charité, mais on fait l'aumône ; on ne pratique pas le renoncement, mais on observe l'abstinence ; on honore le duel, mais on flétrit le suicide ; on court en foule à la comédie, mais on refuse la sépulture au comédien ; on lapide la femme adultère, mais on porte le séducteur en triomphe. Qui ne s'étonnerait en venant à considérer à quel pharisaïsme prodigieux le monde a su interpréter et fausser le sens de la divine Écriture ? Quelle tolérance pour le vice hypocrite, quelle rigidité pour la passion sincère ! Combien la coquetterie rusée et la galanterie circonspecte y trouvent peu de censeurs ; mais l'amour, s'il osait s'y montrer, comme on le couvrirait d'anathèmes ! L'amour ? ne craignez pas de l'y voir ; il en est banni comme une faiblesse ridicule ; il est banni de son plus pur sanctuaire, du coeurcœur même de la jeune fille : il y est étouffé avant de naître par la cupidité et la vaine gloire qui pervertissent tous les instincts, jusqu'au plus naturel, au plus légitime, au plus religieux de tous : le désir du bonheur dans le mariage.|précisions=Il est ici question du grand monde.}}
{{Réf Livre|titre=Nélida|auteur=Marie d'Agoult|éditeur=Calmann-Lévy|année=2010|année d'origine=1866|page=76|partie=Première partie|chapitre=V|ISBN=978-2-7021-4127-4}}
 
{{Citation|citation=Il était impossible que l'esprit sérieux, l'âme délicate, le caractère invinciblement porté à la droiture de Nélida ne fussent point froissés par ce qu'il y avait de faux dans cette société devenue la sienne. Mais la jeunesse est lente à se rendre compte de ses impressions et à les transformer en jugement. Il faut une force rare pour s'arracher au joug de la coutume. L'opinion établie semble tout naturellement l'opinion respectable, et les intelligences les plus fermes se défient d'elles-mêmes lorsqu'elles se sentent portées à franchir le cercle tracé par des mots aussi solennels que ceux de religion, de famille, d'honneur : mots trois fois saints, à l'abri desquels le monde a su placer les choses les moins dignes de vénération et de sacrifice. Aussi Nélida, surprise, incertaine, cherchait vainement à mettre d'accord ce qu'elle voyait et ce qu'elle entendait avec la voix intime de sa conscience. Tantôt, elle se sentait attirée par des grâces si nobles qu'elles semblaient presque des vertus ; tantôt elle était repoussée par des hypocrisies grossières ou des maximes d'un égoïsme cynique. Les entretiens des jeunes filles avec lesquelles elle s'était liée n'étaient qu'un commentaire plus libre des conversations du couvent, et les fades galanteries des jeunes gens au bal blessaient sa simple fierté qui n'y trouvait rien à répondre. Un ennui insurmontable la gagnait, son coeurcœur attristé se rouvrait au désir de la vie religieuse.}}
{{Réf Livre|titre=Nélida|auteur=Marie d'Agoult|éditeur=Calmann-Lévy|année=2010|année d'origine=1866|page=77|partie=Première partie|chapitre=V|ISBN=978-2-7021-4127-4}}
 
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— Vous me prenez en flagrant délit, s'écria-t-elle en voyant Guermann, et dans mon costume d'artiste.
C'était une façon détournée de lui faire remarquer ses bras nus encore bien conservés, sa taille bien prise dans une robe juste en cachemire feuille morte, et son tablier de dentelle noire coquettement relevé comme celui d'une soubrette de théâtre.
— Vous allez dédaigner mes oeuvresœuvres, continua-t-elle, car vous autres peintres d' ''histoire'', comme on dit, vous faites fi du genre. J'avais commencé l'huile il y a trois ans ; mais franchement, cela sent trop mauvais, c'est trop sale. J'ai préféré l'aquarelle, et je crois avoir été à peu près aussi loin que possible dans l'arrangement des intérieurs. Or, mieux vaut la perfection dans un petit genre que la médiocrité dans un grand, n'est-il pas vrai ?</poem>}}
{{Réf Livre|titre=Nélida|auteur=Marie d'Agoult|éditeur=Calmann-Lévy|année=2010|année d'origine=1866|page=117|partie=Deuxième partie|chapitre=IX|ISBN=978-2-7021-4127-4}}
 
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''Timoléon.''
''P.-S. J'oubliais de vous dire que je prendrai peut-être le plus long pour revenir, c'est-à-dire l'Algérie et l'Espagne. Le démon des voyages me parle à l'oreille ; je lui sacrifie volontiers ; il m'a toujours été propice.'' »
|...] Elle lut et relut vingt fois cette lettre si étrange, si polie, si glaciale, si peu soucieuse de ce qu'elle devait souffrir. Tout ce qu'elle avait entrevu avec effroi du monde et de ses habitudes était donc bien véritable. Les hommes les meilleurs y pratiquaient ouvertement le plus abominable égoïsme ; les noeudsnœuds du mariage n'étaient qu'un simulacre qui n'engageait à rien qu'à des politesses mutuelles, et la foi jurée ne pesait pas un atome dans la balance des fantaisies.</poem>}}
{{Réf Livre|titre=Nélida|auteur=Marie d'Agoult|éditeur=Calmann-Lévy|année=2010|année d'origine=1866|page=168|partie=Troisième partie|chapitre=XIII|ISBN=978-2-7021-4127-4}}
 
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{{Réf Livre|titre=Nélida|auteur=Marie d'Agoult|éditeur=Calmann-Lévy|année=2010|année d'origine=1866|page=183|partie=Troisième partie|chapitre=XIV|ISBN=978-2-7021-4127-4}}
 
{{Citation|citation=<poem>Nulle transaction ne se présentait dans son esprit entre la liberté illimitée et le rigide devoir. Ô saint orgueil des chastetés délicates, tu ne fus pas insulté un moment dans le coeurcœur de cette noble femme. Abriter sous le toit conjugal un sentiment parjure, céder à un amant en continuant d'appartenir à un époux, marcher environnée des hommages que le monde prodigue aux apparences hypocrites, jouir enfin, à l'ombre d'un mensonge, de lâches et furtifs plaisirs, ce sont là les vulgaires sagesses de ces femmes que la nature a faites également impuissantes pour le bien qu'elles reconnaissent et pour le mal qui les séduit ; également incapables de soumission ou de révolte ; aussi dépourvues du courage qui se résigne à porter des chaînes que de la hardiesse qui s'efforce à les briser !
Nélida, on l'a vu, n'était pas faite ainsi.</poem>}}
{{Réf Livre|titre=Nélida|auteur=Marie d'Agoult|éditeur=Calmann-Lévy|année=2010|année d'origine=1866|page=188|partie=Troisième partie|chapitre=XV|ISBN=978-2-7021-4127-4}}
 
{{Citation|citation=Ô vous qui avez bu à la coupe d'ivresse, vous vous plaignez qu'elle se soit brisée dans vos mains, et que les éclats de son pur cristal vous aient fait des blessures inguérissables ! Âmes lâches ! coeurscœurs pusillanimes ! n'insultez pas à votre infortune, elle est sacrée. Vous êtes les élus du destin ; vous avez approché Dieu autant qu'il est donné à la faiblesse humaine ; vous avez sondé, dans vos joies et dans vos douleurs, dans vos désespoirs et dans vos extases, tout le mystère de la vie.}}
{{Réf Livre|titre=Nélida|auteur=Marie d'Agoult|éditeur=Calmann-Lévy|année=2010|année d'origine=1866|page=198|partie=Quatrième partie|chapitre=XVI|ISBN=978-2-7021-4127-4}}
 
{{Citation|citation=Elle avait subi la grande épreuve de la destinée humaine ; l'épreuve qui brise les coeurscœurs faibles, qui dégrade les âmes comunes, mais qui initie à la sagesse les caractères véritablement vertueux ; elle avait failli. Nul homme ne saurait concevoir dans toute son étendue ni la vraie justice ni la vraie bonté s'il n'a senti au moins une fois en sa vie les contrastes de sa nature et la fragilité de son être. Dans toute faute reconnue, portée avec courage, il y a un germe d'héroïsme ; ce germe était dans l'âme de Nélida, il y grandissait depuis un an, il s'y fortifiait dans le sentiment de jour en jour plus intense d'un dévouement désespéré et d'un sacrifice inutile.}}
{{Réf Livre|titre=Nélida|auteur=Marie d'Agoult|éditeur=Calmann-Lévy|année=2010|année d'origine=1866|page=244|partie=Quatrième partie|chapitre=XXII|ISBN=978-2-7021-4127-4}}
 
{{Citation|citation=Un mariage, quelque brillant qu'il fût, me plaçait sous le pire des jougs, celui du caprice d'un individu qui pouvait être noble et intelligent à la vérité, mais qui pouvait aussi être vulgaire et stupide. D'ailleurs, le mariage, c'était le ménage, le gynécée, la vie des salons. C'était le renoncement presque certain à l'expansion de ma force, à ce rayonnement de ma vie sur d'autres vies, dont l'image seule enflammait mon cerveau d'irréfrénables désirs. L'idée de diriger un jour une communauté tout entière et l'éducation de deux cents jeunes filles, toujours renouvelées et recrutées dans les premiers rangs de la société, s'empara de moi comme la seule qui pût me conduire à un but digne d'efforts. Si je pouvais, me disais-je, infiltrer dans ces jeunes coeurscœurs les sentiments dont le mien déborde ; si, au lieu de la morgue et de la vanité dont on les nourrit, je parvenais à les pénétrer des principes d'une égalité vraie ; si j'allumais dans leur âme un pur et enthousiaste amour du peuple, jaurais fait une révolution... Ce mot me donnait le vertige.}}
{{Réf Livre|titre=Nélida|auteur=Marie d'Agoult|éditeur=Calmann-Lévy|année=2010|année d'origine=1866|page=266|partie=Quatrième partie|chapitre=XXIII|ISBN=978-2-7021-4127-4}}
 
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{{Réf Livre|titre=Nélida|auteur=Marie d'Agoult|éditeur=Calmann-Lévy|année=2010|année d'origine=1866|page=287|partie=Quatrième partie|chapitre=XXVI|ISBN=978-2-7021-4127-4}}
 
{{Citation|citation=Chez les femmes les plus hautement douées, le coeurcœur, dans ses élans rapides, dépasse de si loin la pensée qu'à lui seul il agite, soumet, bouleverse et entraîne au hasard toute la première moitié de l'existence. La pensée, plus lente en sa marche, grandit, d'abord inaperçue, au sein des orages ; mais peu à peu elle s'élève au-dessus d'eux, les connaît, les juge, les condamne ou les absout ; elle devient souveraine. Le combat fut long et cruel pour Nélida, et quand elle entra en possession des forces que la nature lui avait données, elle se trouva en présence d'ennemis extérieurs aussi formidables que l'avait été son amour. La lutte recommença sous d'autres aspects et dans une autre arène.}}
{{Réf Livre|titre=Nélida|auteur=Marie d'Agoult|éditeur=Calmann-Lévy|année=2010|année d'origine=1866|page=315|section=Conclusion|chapitre=|ISBN=978-2-7021-4127-4}}
 
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[[Catégorie:Décès en 1876]]