« Robert Darnton » : différence entre les versions

Contenu supprimé Contenu ajouté
m clean up, remplacement: oeu → œu (3) avec AWB
m →‎Le monde des libraires clandestins sous l'Ancien Régime : clean up, remplacement: Eglise → Église (4), Etat → État avec AWB
Ligne 8 :
{{Réf Livre|titre=Bohème littéraire et Révolution|auteur=Robert Darnton|traducteur=Éric de Grolier|éditeur=Gallimard|collection=Tel|année=2010|année d'origine=1983|page=62|partie=2. Dans la France prérévolutionnaire : des philosophes des Lumières aux « Rousseau des ruisseaux »|chapitre=|section=|ISBN=978-2-07-012788-7}}
 
{{citation|citation=[...] le sommet parisien, le « Tout-Paris », laissait peu de place pour les jeunes gens ambitieux décidés à gagner de l'argent par tous les moyens ; peut-être, ainsi que l'affirment les sociologues, parce que les groupes de statut cherchant à s'élever tendent à devenir exclusifs ; peut-être aussi parce que la France souffrait de ce mal endémique des pays en voie de développement : une surpopulation de littérateurs et d'hommes de loi suréduqués et sous-employés. Il semble, en tout cas, que l'attrait de la nouvelle carrière glorifiée par Duclos et de la nouvelle « EgliseÉglise » annoncée par [[Voltaire]] ait eu pour résultat de produire une population record de « philosophes » potentiels — en bien plus grand nombre que n'en pouvait absorber le système archaïque des protections.}}
{{Réf Livre|titre=Bohème littéraire et Révolution|auteur=Robert Darnton|traducteur=Éric de Grolier|éditeur=Gallimard|collection=Tel|année=2010|année d'origine=1983|page=63|partie=2. Dans la France prérévolutionnaire : des philosophes des Lumières aux « Rousseau des ruisseaux »|chapitre=|section=|ISBN=978-2-07-012788-7}}
 
Ligne 27 :
{{Réf Livre|titre=Bohème littéraire et Révolution|auteur=Robert Darnton|traducteur=Éric de Grolier|éditeur=Gallimard|collection=Tel|année=2010|année d'origine=1983|page=65|partie=2. Dans la France prérévolutionnaire : des philosophes des Lumières aux « Rousseau des ruisseaux »|chapitre=|section=|ISBN=978-2-07-012788-7}}
 
{{citation|citation=<poem>[...] comme l'observe Tocqueville, c'est l'ouverture imparfaite de la possibilité d'ascension qui produit les tensions sociales et non son absence. Nulle part ce phénomène général n'était plus important que dans le monde des lettres, car l'attraction de cette nouvelle carrière produisait plus d'écrivains que n'en pouvait intégrer le « monde » ou bien qu'il n'en pouvait subsister en dehors de celui-ci. Pour les exclus, tout le système semblait corrompu, et ils n'étaient pas enclins à attribuer leur échec à leur propre incapacité : bien au contraire, ils tendaient à se considérer comme les successeurs de [[Voltaire]]. Ils avaient frappé à la porte de l'EgliseÉglise voltairienne, et la porte était resté fermée. Non seulement leur statut ne s'élevait pas aussi vite qu'ils l'avaient espéré, mais ils étaient entraînés vers le bas, boulets aux pieds, dans un monde d'oppositions et de contradictions, dans le « monde » à l'envers, où l'on ne pouvait définir aucun « état » et où la dignité se désagrégeait dans le dénuement.</poem>}}
{{Réf Livre|titre=Bohème littéraire et Révolution|auteur=Robert Darnton|traducteur=Éric de Grolier|éditeur=Gallimard|collection=Tel|année=2010|année d'origine=1983|page=66|partie=2. Dans la France prérévolutionnaire : des philosophes des Lumières aux « Rousseau des ruisseaux »|chapitre=|section=|ISBN=978-2-07-012788-7}}
 
Ligne 39 :
{{Réf Livre|titre=Bohème littéraire et Révolution|auteur=Robert Darnton|traducteur=Éric de Grolier|éditeur=Gallimard|collection=Tel|année=2010|année d'origine=1983|page=72|partie=2. Dans la France prérévolutionnaire : des philosophes des Lumières aux « Rousseau des ruisseaux »|chapitre=|section=|ISBN=978-2-07-012788-7}}
 
{{citation|citation=<poem>Morande ne laisse pas seulement à son lecteur une impression générale de corruption. Il associe la décadence de l'aristocratie à son incapacité à remplir ses fonctions dans l'armée, l'EgliseÉglise et l'EtatÉtat.
« On compte en France que sur environ deux cents colonels, tant d'infanterie, cavalerie, que dragons, il y en a cent quatre-vingts qui savent danser et chanter des petits airs, à peu près le même nombre qui portent de la dentelle et des talons rouges, et la moitié au moins qui savent lire et signer leurs noms; on ajoute à ce calcul qu'il n'y en a pas quatre qui sachent les éléments de leur métier. »</poem>}}
{{Réf Livre|titre=Bohème littéraire et Révolution|auteur=Robert Darnton|traducteur=Éric de Grolier|éditeur=Gallimard|collection=Tel|année=2010|année d'origine=1983|page=74|partie=2. Dans la France prérévolutionnaire : des philosophes des Lumières aux « Rousseau des ruisseaux »|chapitre=|section=|ISBN=978-2-07-012788-7}}
Ligne 70 :
{{Réf Livre|titre=Bohème littéraire et Révolution|auteur=Robert Darnton|traducteur=Éric de Grolier|éditeur=Gallimard|collection=Tel|année=2010|année d'origine=1983|page=81|partie=2. Dans la France prérévolutionnaire : des philosophes des Lumières aux « Rousseau des ruisseaux »|chapitre=|section=|ISBN=978-2-07-012788-7}}
 
{{citation|citation=Il faut, bien sûr tenir compte d'exceptions comme Condorcet, mais la génération de philosophes du temps de Suard avait singulièrement peu de choses à dire. Ces gens disputaient sur Gluck et Piccini, faisaient du préromantisme, débitaient les vieilles litanies sur la réforme des lois et l'« infâme »... et récoltaient leurs dîmes. Pendant qu'ils s'engraissaient dans l'EgliseÉglise de [[Voltaire]], l'esprit révolutionnaire passait aux hommes maigres et affamés de la bohème littéraire, à ces parias culturels qui, dans la pauvreté et l'humiliation, préparaient la version jacobine du rousseauisme. Les pamphlets grossiers de la bohème étaient révolutionnaires par les sentiments qui les animaient autant que par leur message. Ils exprimaient la passion d'hommes haïssant l'Ancien Régime de toutes leurs forces, jusqu'à en être malades. C'est dans cette haine viscérale, et non dans les abstractions raffinées de l'élite culturelle satisfaite, que la révolution extrémiste jacobine allait trouver sa voix authentique.}}
{{Réf Livre|titre=Bohème littéraire et Révolution|auteur=Robert Darnton|traducteur=Éric de Grolier|éditeur=Gallimard|collection=Tel|année=2010|année d'origine=1983|page=82|partie=2. Dans la France prérévolutionnaire : des philosophes des Lumières aux « Rousseau des ruisseaux »|chapitre=|section=|ISBN=978-2-07-012788-7}}