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|ISBN=978-2-35221-089-4
|page=194}}
 
 
== Sur les chemins noirs ==
{{citation|
Il y avait encore une géographie de traverse pour peu qu'on lise les cartes, que l'on accepte le détour et force les passages. Loin des routes, il existait une France ombreuse protégée du vacarme, épargnée par l'''aménagement'' qui est la pollution du mystère. Une campagne du silence, du sorbier et de la chouette effraie.
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{{Réf Livre|titre=Sur les chemins noirs
|auteur=Sylvain Tesson
|année=2016
|éditeur=Gallimard
|collection=nrf
|ISBN=978-2-07-014637-6
|page=17
}}
 
{{citation|
Quand un pays de montagne se modernise, l'homme ruisselle comme une nappe d'eau. Et la vallée, frappée d'Alzheimer, ne se souvient même pas que la montagne a retenti de vie. Pouvais-je me douter que ces talus résonnaient autrefois des cris muletiers ? Le passé n'a pas d'écho. En une moitié de siècle, l'accélération et l'hypertrophie des systèmes humains - villes, nations, sociétés, entreprises - avaient institué un nouveau solfège dans les vallées. La ''question de taille'' et la ''question de la vitesse'' étaient les nouvelles fondations du monde du XXI{{e}} siècle.
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{{Réf Livre|titre=Sur les chemins noirs
|auteur=Sylvain Tesson
|année=2016
|éditeur=Gallimard
|collection=nrf
|ISBN=978-2-07-014637-6
|page=39
}}
 
{{citation|
– Lucien ? On m'a parlé de vous à Ganagobie. Vous vivez en ermite ? <br />
– Oui, depuis des années. <br />
– Qu'est-ce qui vous manque ? <br />
– Rien ! J'ai des livres, on m'apporte un peu de nourriture. En ce moment je lis le récit d'un type qui s'est enfermé dans une cabane au bord du Baïkal, pendant quelques mois. <br />
– Je sais, c'est moi. <br />
Il me montra le panneau fixé près du sentier de montagne qui bordait sa maison : « J'accepte le pain rassis et les livres. »
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{{Réf Livre|titre=Sur les chemins noirs
|auteur=Sylvain Tesson
|année=2016
|éditeur=Gallimard
|collection=nrf
|ISBN=978-2-07-014637-6
|page=53
}}
 
{{citation|
Les chemins noirs dont je tissais la lisse avaient cette haute responsabilité de dessiner la cartographie du temps perdu. Ils avaient été abandonnés parce qu'ils étaient trop antiques. Ce n'était plus considéré comme une vertu.
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{{Réf Livre|titre=Sur les chemins noirs
|auteur=Sylvain Tesson
|année=2016
|éditeur=Gallimard
|collection=nrf
|ISBN=978-2-07-014637-6
|page=71
}}
 
{{citation|
Mon vieux, la ruralité que tu rabâches est un principe de vie fondé sur l'immobilité. On est rural parce que l'on reste fixé dans une unité de lieu d'où l'on accueille le monde. On ne bouge pas de son domaine. Le cadre de sa vie se parcourt à pied, s'embrasse de l'œil. On se nourrit de ce qui pousse dans son rayon d'action. On ne sait rien du cinéma coréen, on se contrefout des primaires américaines mais on comprend pourquoi les champignons poussent au pied de cette souche. D'une connaissance parcellaire on accède à l'universel.
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{{Réf Livre|titre=Sur les chemins noirs
|auteur=Sylvain Tesson
|année=2016
|éditeur=Gallimard
|collection=nrf
|ISBN=978-2-07-014637-6
|page=78
}}
 
{{citation|
Les historiens avaient inventé des expressions pour classer les époques de l'humanité ; l'âge de la pierre, l'âge du fer, l'âge du bronze s'étaient succédé, puis les âges antiques et féodaux. Ces temps-là étaient des temps immobiles. Notre époque consacrait soudain un « âge du flux ». Les avions croisaient, les cargos voguaient, les particules de plastique flottaient dans l'océan. La moindre brosse à dents faisait le tour du monde, les petits Normands partaient au djihad pour poster des vidéos sur YouTube. Les hommes dansaient sur l'échiquier. Ce tournis avait même été érigé en dogme. Une culture se devait à la circulation et aux contrats si elle voulait une chance de se voir célébrée. L'ode à la « diversité », à l'« échange », à la « communication des univers » était le nouveau catéchisme des professionnels de la production culturelle en Europe.
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{{Réf Livre|titre=Sur les chemins noirs
|auteur=Sylvain Tesson
|année=2016
|éditeur=Gallimard
|collection=nrf
|ISBN=978-2-07-014637-6
|page=80
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{{citation|
Le sentiment de ne plus habiter le vaisseau terrestre avec la même grâce provenait d'une trépidation générale fondée sur l'accroissement. il y avait trop de tout, soudain. Trop de production, trop de mouvement, trop d'énergies. <br />
Dans un cerveau, cela provoquait l'épilepsie. <br />
Dans l'Histoire, cela s'appelait la massification. <br />
Dans une société, cela menait à la crise.
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{{Réf Livre|titre=Sur les chemins noirs
|auteur=Sylvain Tesson
|année=2016
|éditeur=Gallimard
|collection=nrf
|ISBN=978-2-07-014637-6
|page=102
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{{citation|
Le pays était comme les agonisants : pas content de changer d'air. Le temps battait ses cartes, l'Histoire avançait et les vieilles structures s'effritaient. Dans les campagnes comme au sommet de l'État, l'institué vacillait. Nul n'avait prévu la suite. Les entre-deux ne sont pas agréables et personne ne semblait rassuré à l'idée de vivre dans une nouvelle de [[Philip K. Dick]]. Restait la forêt pour les soirées charmantes. Restaient les chemins noirs pour s'amuser un peu.
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{{Réf Livre|titre=Sur les chemins noirs
|auteur=Sylvain Tesson
|année=2016
|éditeur=Gallimard
|collection=nrf
|ISBN=978-2-07-014637-6
|page=115
}}
 
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