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== Citations d'Ernst Jünger ==
==== ''[[w:Orages d'acier|Orages d'acier]]'', 1920 ====
{{citation|
Le train fit halte à Bazancourt, petite ville de Champagne. Nous descendîmes. Pleins d'un respect incrédule, nous tendîmes l'oreille au rythme lent des laminoirs du front, mélodie qui, durant de longues années, allait nous devenir familière. Très loin, la boule blanche d'un shrapnell fondait dans le ciel gris de décembre. L'haleine du combat nous frôlait et faisait courir en nous un étrange frisson. Sentions-nous que nous allions presque tous être engloutis, en des jours où ce grondement sourd, derrière l'horizon, s'enflerait en tonnerre au roulement continu ? D'abord l'un, puis l'autre ?
|précisions=Incipit
}}
{{Réf Livre
|titre=Orages d'acier
|auteur=Ernst Jünger
|éditeur=Christian Bourgois éditeur
|traduction=Henri Plard
|chapitre=Les tranchées dans la craie Champenoise
|année=1995
|année d'origine=1920
|ISBN=2-267-00-281-7
|page=11
}}
 
{{citation|
Il devait d'ailleurs nous suivre pendant la guerre, ce tressaillement convulsif, à chaque bruit soudain et insolite. Qu'un train passât dans un bruit de ferraille, qu'un livre tombât par terre, qu'un cri retentît dans le noir — toujours, le cœur s'arrêtait une seconde, comme sentant la présence d'un grand péril inconnu. Ce fut la marque de ces quatre années passées dans l'ombre de la mort.
}}
{{Réf Livre
|titre=Orages d'acier
|auteur=Ernst Jünger
|éditeur=Christian Bourgois éditeur
|traduction=Henri Plard
|chapitre=Les tranchées dans la craie Champenoise
|année=1995
|année d'origine=1920
|ISBN=2-267-00-281-7
|page=15
}}
 
{{citation|
Sur l'une des civières avec lesquelles on nous avait enfoncés dans la voiture comme on enfourne des pains, un camarade atteint d'un coup dans le ventre souffrait atrocement. Il supplia chacun de nous de l'achever avec le pistolet de l'infirmier, pendu dans la voiture. Personne ne répondit. J'allai connaître plus tard ce qu'on ressent quand chaque cahot de la route tombe comme un coup de maillet dans un un blessure grave.
}}
{{Réf Livre
|titre=Orages d'acier
|auteur=Ernst Jünger
|éditeur=Christian Bourgois éditeur
|traduction=Henri Plard
|chapitre=Les Eparges
|année=1995
|année d'origine=1920
|ISBN=2-267-00-281-7
|page=56
}}
 
{{citation|
Entre neuf et dix heures, le feu prit une violence démentielle. La terre vacillait, le ciel semblait une marmite de géants en train de bouillir. <br />
Des centaines de batteries lourdes tonnaient à Combles et tout autour ; des obus sans nombre se croisaient, hurlant et miaulant, au-dessus de nous. Tout était enveloppé d'une fumée épaisse, éclairée de lueurs funèbres par des fusées de couleur. Sous l'effet de violentes douleurs à la tête et les oreilles, nous ne pouvions nous entendre qu'en braillant des mots sans suite. La faculté de penser logiquement et le sens de la pesanteur semblaient paralysés. On était en proie au sentiment de l'inéluctable et du nécessaire, comme devant la fureur des éléments. Un sous-officier de la troisième section devint fou furieux.
}}
{{Réf Livre
|titre=Orages d'acier
|auteur=Ernst Jünger
|éditeur=Christian Bourgois éditeur
|traduction=Henri Plard
|chapitre=Guillemont
|année=1995
|année d'origine=1920
|ISBN=2-267-00-281-7
|page=160
}}
 
{{citation|
Le chemin creux nous apparaissait maintenant comme une série d'énormes entonnoirs, remplis de lambeaux d'uniformes, d'armes et de morts ; à perte de vue, le terrain environnant était complètement retourné par des gros calibres. Pas un seul brin d'herbe auquel pût s'accrocher le regard. ce champ de bataille labouré était horrible. Les défenseurs morts gisaient pêle-mêle parmi les vivants. En creusant des trous pour nous terrer, nous nous aperçûmes qu'ils étaient empilés par couches les uns au-dessus des autres. Les compagnies qui avaient tenu bon sous le pilonnage avaient été fauchées l'une après l'autre, puis les cadavres avaient été ensevelis par les masses de terre qui faisaient jaillir les obus, et la relève avait pris la place des morts. C'était maintenant notre tour.
}}
{{Réf Livre
|titre=Orages d'acier
|auteur=Ernst Jünger
|éditeur=Christian Bourgois éditeur
|traduction=Henri Plard
|chapitre=Guillemont
|année=1995
|année d'origine=1920
|ISBN=2-267-00-281-7
|page=164
}}
 
{{citation|
Ce fut la première fois où je vis à l'œuvre la destruction préméditée, systématique, que j'allais rencontrer jusqu'à l’écœurement dans les années suivantes ; elle est en corrélation étroite avec les doctrines économiques de notre temps et rapporte au destructeur lui-même plus de tord que de profit.
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{{Réf Livre
|titre=Orages d'acier
|auteur=Ernst Jünger
|éditeur=Christian Bourgois éditeur
|traduction=Henri Plard
|chapitre=La retraite de la Somme
|année=1995
|année d'origine=1920
|ISBN=2-267-00-281-7
|page=212, 213
}}
 
{{citation|
Ces libations entre survivants d'une bataille comptent parmi les plus beaux souvenirs d'un ancien du front. Même lorsqu'il en était tombé dix sur douze, les deux rescapés se retrouvaient devant une bouteille, le premier soir de repos, vidaient un verre en silence à la mémoire des camarades morts et discutaient plaisamment de leurs expériences communes.
}}
{{Réf Livre
|titre=Orages d'acier
|auteur=Ernst Jünger
|éditeur=Christian Bourgois éditeur
|traduction=Henri Plard
|chapitre=Au village de Fresnoy
|année=1995
|année d'origine=1920
|ISBN=2-267-00-281-7
|page=231, 232
}}
 
{{citation|
Il était étrange d'apprendre que nos actes apparemment désordonnés, dans l'obscurité de la nuit, avaient reçu une notoriété publique et le sens d'un destin. Nous avions pris notre large part à l'arrêt de l'offensive, entreprises avec des moyens énormes. Si colossales que fussent les masses d'hommes et de matériel, le travail, aux points décisifs, n'était jamais accompli que par quelques poignées de combattants.
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{{Réf Livre
|titre=Orages d'acier
|auteur=Ernst Jünger
|éditeur=Christian Bourgois éditeur
|traduction=Henri Plard
|chapitre=Langemark
|année=1995
|année d'origine=1920
|ISBN=2-267-00-281-7
|page=285
}}
 
{{citation|
Dans l'affaiblissement mortel où je me trouvais, il s'insinuait maintenant la conscience d'un bonheur qui prenait sans cesse plus de force et qui, des semaines entières, ne me lâcha plus. Je songeais à la mort sans que cette pensée m'inquiétât. Tous mes liens au monde me semblaient si simples que j'en étais stupéfait, et c'est en me disant : « Tu es en règle » que je glissai dans le sommeil.
}}
{{Réf Livre
|titre=Orages d'acier
|auteur=Ernst Jünger
|éditeur=Christian Bourgois éditeur
|traduction=Henri Plard
|chapitre=Langemark
|année=1995
|année d'origine=1920
|ISBN=2-267-00-281-7
|page=294
}}
 
{{citation|
C'est un sentiment sinistre qui s'insinue en vous quand vous traversez en pleine nuit une position inconnue, même quand le feu n'est pas particulièrement nourri ; l’œil et l'oreille du soldat, entre les parois menaçantes de la tranchée, sont mis en éveil par les illusions les plus étranges ; tout est froid et déconcertant, dans un monde maudit.
}}
{{Réf Livre
|titre=Orages d'acier
|auteur=Ernst Jünger
|éditeur=Christian Bourgois éditeur
|traduction=Henri Plard
|chapitre=La double bataille de Cambrai
|année=1995
|année d'origine=1920
|ISBN=2-267-00-281-7
|page=339, 340
}}
 
{{citation|
Après un instant où je restai paralysé, comme figé par l'horreur, je me levai d'un bond et courus à travers la nuit. C'est seulement dans un trou d'obus où j'étais tombé que je saisis ce qui venait de se passer. Ne plus rien entendre, ne plus rien voir ! Seulement fuir d'ici, jusqu'au fond de l'obscurité ! Mais à quoi bon ? Il fallait bien s'occuper d'eux, c'est à moi qu'ils étaient confiés. J'entendis l'autre voix : « C'est toi qui est le chef de compagnie ! » et me contraignit à revenir sur cette scène d'horreur.
}}
{{Réf Livre
|titre=Orages d'acier
|auteur=Ernst Jünger
|éditeur=Christian Bourgois éditeur
|traduction=Henri Plard
|chapitre=La grande bataille
|année=1995
|année d'origine=1920
|ISBN=2-267-00-281-7
|page=369
}}
 
{{citation|
Le tonnerre du combat était devenu si terrible que personne n'avait plus l'esprit clair. Il avait une puissance étouffante, qui ne laissait plus de place dans le cœur pour l'angoisse. La mort avait perdu ses épouvantes, la volonté de vivre s'était reportée sur un être plus grand que nous, et cela nous rendait tous aveugles et indifférents à notre sort personnel.
}}
{{Réf Livre
|titre=Orages d'acier
|auteur=Ernst Jünger
|éditeur=Christian Bourgois éditeur
|traduction=Henri Plard
|chapitre=La grande bataille
|année=1995
|année d'origine=1920
|ISBN=2-267-00-281-7
|page=380
}}
 
{{citation|
Mon anglais était étendu devant — un jeune garçon à qui ma balle avait traversé le crâne de part en part. Il gisait là ; le visage détendu. Je me contraignis à le regarder dans les yeux. Je suis souvent revenu en pensée à ce mort, et plus fréquemment d'année en année. Il existe une responsabilité dont l'Etat ne peut nous décharger ; c'est un compte à régler avec nous-mêmes. Elle pénètre jusque dans les profondeurs de nos rêves.
}}
{{Réf Livre
|titre=Orages d'acier
|auteur=Ernst Jünger
|éditeur=Christian Bourgois éditeur
|traduction=Henri Plard
|chapitre=La grande bataille
|année=1995
|année d'origine=1920
|ISBN=2-267-00-281-7
|page=395, 396
}}
 
{{citation|[...] même le plus colossal affrontement n'est jamais que la balance où l'on pèse, aujourd'hui comme toujours, le poids des hommes.}}
{{Réf Livre|titre=Orages d'acier