« Frithjof Schuon » : différence entre les versions

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"''Tout a déjà été dit, et même bien dit ; mais il faut toujours à nouveau le rappeler, et en le rappelant, faire ce qui a toujours été fait : actualiser dans la pensée les certitudes contenues, non dans l'ego pensant, mais dans la substance transpersonnelle de l'intelligence humaine''." (''Forme et substance dans les religions'', Frithjof Schuon, éd. L'Harmattan, 2012, p. 8)
== Œuvres ==
=== ''De l'unité transcendante des religions'', 1948 ===
{{Citation
|citation=Les religions sont comme des lanternes au verre coloré ; or une lanterne illumine un lieu obscur parce qu'elle est lumineuse et non parce qu'elle est rouge ou bleue ou jaune ou verte. D'une part, la couleur transmet la lumière, mais d'autre part elle la falsifie ; s'il est vrai que sans telle lanterne colorée on ne verrait rien, il est tout aussi vrai que la visibilité ne s'identifie à aucune couleur. C'est ce dont tout ésotérisme, par définition, devrait avoir conscience, du moins en principe et dans la mesure où sa connaissance des faits le lui permet.
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|page=108
}}
=== ''Du Divin à l’humain'', 1981 ===
{{Citation|
La valeur de l’homme est dans sa conscience de l’Absolu, et par conséquent dans l’intégralité et la profondeur de cette conscience ; l’ayant perdu de vue en s’enfonçant dans le monde des phénomènes envisagés en tant que tels, l’homme a besoin, pour le lui rappeler, du Message céleste. Au fond, ce Message vient de "lui-même" ; non de son moi empirique bien entendu, mais de son immanente ipséité, qui est celle de Dieu et sans laquelle il n’y aurait pas de moi humain, ni angélique, ni autre ; la crédibilité du Message résulte du fait qu’il est ce que nous sommes, à la fois en nous-mêmes et au-delà de nous-mêmes. Au fond de la transcendance est l’immanence, et au fond de l’immanence, la transcendance.
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}}
 
=== ''Le jeu des masques'', 1992 ===
{{Citation|
En fait, la connaissance métaphysique, si elle demeure purement mentale, n’est pratiquement rien ; la connaissance n’est une valeur qu’à condition de se prolonger et dans l’aimer et dans le vouloir. Aussi le but de la voie est-il tout d’abord de réparer cette cassure héréditaire et ensuite – sur cette base – d’opérer l’ascension vers le Souverain Bien, lequel selon le mystère d’immanence est notre propre Être.
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}}
 
==Notions ==
 
=== Être humain ===
==== Origine ====
{{Citation
|citation=L'homme originel ne fut pas un être simiesque à peine capable de parler et de se tenir droit ; ce fut un être quasi immatériel, enfermé dans une aura encore céleste mais déposée sur la terre, semblable au « char de feu » d'Élie et au « nuage » qui enveloppa le Christ lors de l'ascension. C'est dire que notre conception de l'origine du genre humain se fonde sur la doctrine de la projection des archétypes ''ab intra'' ; notre position est donc celle de l'émanationnisme classique – dans le sens néoplatonicien ou gnostique du terme – lequel évite l'écueil de l'anthropomorphisme tout en s'accordant avec la conception théologique de la ''creatio ex nihilo''. L'évolutionnisme, lui, est la négation même des archétypes et par conséquent de l'Intellect divin ; c'est donc la négation de toute une dimension du réel, celle de la forme, du statique, de l'immuable ; concrètement parlant, c'est comme si on voulait faire un tissu avec la seule trame, en omettant la chaîne.
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==== Déiformité ====
{{Citation
|citation=Dire que l'homme est « fait à l'image de Dieu » signifie qu'il représente une subjectivité centrale, non périphérique, et par conséquent un sujet qui, émanant directement de l'Intellect divin, participe en principe à la puissance de celui-ci ; l'homme peut connaître tout ce qui est réel, donc connaissable, sans quoi il ne serait pas cette divinité terrestre qu'il est en fait.
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==== Spécificités ====
 
{{Citation
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}}
 
==== Corps ====
{{Citation
|citation=Dire que l'homme, et par conséquent le corps humain, est « fait à l'image de Dieu », signifie ''a priori'' qu'il manifeste quelque chose d'absolu et par là même d'illimité et de parfait. Ce qui distingue avant tout la forme humaine des formes animales, c'est sa référence directe à l'absoluité, tout d'abord par sa position verticale ; il en résulte que, si les formes animales peuvent être dépassées, – elles le sont par l'homme précisément, – la forme humaine ne saurait l'être ; elle marque non seulement le sommet des créatures terrestres, mais aussi – et par là même – la sortie hors de leur condition, ou hors du ''samsâra'' comme diraient les bouddhistes. Voir l'homme, c'est voir, non seulement l'image de Dieu, mais aussi une porte ouverte vers la ''bodhi'', l'illumination libératrice, ou disons vers une bienheureuse fixation dans la proximité divine.
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}}
 
==== Ego ====
{{Citation
|citation=L'ego, c'est à la fois un système d'images et un cycle ; c'est quelque chose comme un musée ; et une promenade unique à travers ce musée. L'ego est un tissu fait d'images et de tendances ; celles-ci viennent de notre propre substance, et celles-là nous sont fournies par l'ambiance. Nous nous mettons nous-mêmes dans les choses, et nous plaçons les choses en nous-mêmes, alors que notre vrai être en est indépendant.
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==== Caractère ====
{{Citation
|citation=En spiritualité plus qu'en tout autre domaine il importe de comprendre que le caractère d'une personne fait partie de son intelligence : sans un bon caractère – un caractère normal et par conséquent noble – l'intelligence même métaphysicienne est partiellement inopérante pour la simple raison que la pleine connaissance de ce qui est en dehors de nous exige une pleine connaissance de nous-mêmes. Le caractère d'une personne c'est, d'une part, ce qu'elle veut et, d'autre part, ce qu'elle aime ; la volonté et le sentiment prolongent l'intelligence, ils sont, comme celle-ci – qui de toute évidence les pénètre – des facultés d'adéquation. Connaître réellement le Souverain Bien c'est, ''ipso facto'', d'une part, vouloir ce qui nous rapproche de lui et, d'autre part, aimer ce qui témoigne de lui ; toute vertu dérive en fin de compte de cette volonté et de cet amour. L'intelligence qui ne s'accompagne pas de vertus donne lieu à une connaissance pour ainsi dire planimétrique : c'est comme si l'on ne saisissait que le cercle ou le carré mais non la sphère ni le cube.
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==== Intellect ====
{{Citation
|citation=L’intellect constitue la raison d’être de la condition humaine.
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}}
 
==== Intelligence ====
{{Citation
|citation=La pensée de l'homme, ou son intelligence, est faite pour la divine Vérité, et le cœur de l'homme, ou son être, est fait pour la divine Présence.
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}}
 
==== Intellection (intuition intellectuelle) ====
{{Citation
|citation=Le génie intellectuel ne doit pas être confondu avec l'acuité mentale des logiciens : l'intuition intellectuelle comporte essentiellement une contemplativité, qui n'entre point dans la capacité ration¬nelle, celle-ci étant faite de logique plutôt que de contemplation ; or c'est la puissance contemplative, la réceptivité à l'égard de la Lumière incréée, l'ouverture de l’Œil du cœur, qui distingue l'intelligence transcendante de la raison.
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}}
 
=== Dieu ===
==== Aperçus ====
{{Citation
|citation=Le mot « Dieu » ne comporte – et ne peut comporter – aucune restriction, pour la simple raison que Dieu est « tout ce qui est purement principiel », qu'il est donc aussi – et a fortiori – « Sur-Être » ; on peut ignorer ou nier celui-ci, mais on ne peut nier que Dieu est « Ce qui est suprême », donc Ce qui ne peut être dépassé par rien.
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}}
 
==== Preuves ====
{{Citation
|citation=Dans l'ordre spirituel, une preuve n'aide que celui qui désire compren¬dre et qui, par ce désir, a déjà compris quelque chose ; elle est prati¬quement sans utilité pour celui qui en son for intérieur désire ne pas modifier sa position et dont la philosophie ne fait que manifester ce désir.
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}}
 
==== Crainte révérencielle et amour ====
{{Citation
|citation=Si nous devons aimer Dieu, et l'aimer plus que nous-mêmes et le prochain, c'est parce que l'amour existe avant nous et que nous en sommes issus ; nous aimons de par notre existence.
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}}
 
==== Beauté ====
 
{{Citation
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|page=101}}
 
=== Vie spirituelle ===
==== Aperçus ====
{{Citation
|citation=La principale difficulté dans la vie spirituelle est de maintenir une position simple, qualitative, céleste, dans une ambiance complexe, quantitative, terrestre.
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}}
 
==== Vérité ====
 
{{Citation
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}}
 
==== Foi ====
{{Citation
|citation=La foi, c’est dire oui à Dieu. Quand l’homme dit oui à Dieu, Dieu dit oui à l’homme.
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}}
 
==== Sens du sacré ====
{{Citation
|citation=Le sacré est une apparition du Centre, il immobilise l’âme et la tourne vers l’intérieur.
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}}
 
==== Épreuves ====
{{Citation
|citation=Toute injustice que nous subissons de la part des hommes est en même temps une épreuve qui nous arrive de la part de Dieu.
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}}
 
==== Bonheur ====
{{Citation
|citation=Pour être heureux, l’homme doit avoir un centre ; or ce centre est avant tout la certitude de l’Un. La plus grande calamité est la perte du centre et l’abandon de l’âme aux caprices de la périphérie. Être homme, c’est être au centre ; c’est être centre.
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}}
 
==== Art sacré ====
{{Citation
|citation=L'art sacré aide l'homme à trouver son propre centre, ce noyau qui aime Dieu par nature.
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}}
 
=== Voie spirituelle ===
 
==== Aperçus ====
{{Citation
|citation=En réalité, ce qui sépare l’homme de la Réalité divine est une cloison infime : Dieu est infiniment proche de l’homme, mais celui-ci est infiniment loin de Dieu. Cette cloison, pour l’homme, est une montagne ; l’homme se tient devant une montagne qu’il doit enlever de ses propres mains. Il creuse la terre, mais en vain, la montagne reste ; l’homme cependant continue à creuser, au nom de Dieu. Et la montagne s’évanouit. Elle n’a jamais été.
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}}
 
==== Ésotérisme ====
{{Citation
|citation=L'ésotérisme authentique est la voie qui se fonde sur la vérité totale ou essentielle, non partielle ou formelle seulement, et qui fait un usage opératif de l'intelligence, non de la volonté et du sentiment seulement. La totalité de la vérité exige la totalité de l'homme.
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}}
 
==== Métaphysique ====
{{Citation
|citation=La métaphysique est la science de l'absolu ou de la vraie nature des choses.
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}}
 
==== Symbolisme ====
{{Citation
|citation=Le langage de la ''Sophia perennis'' est avant tout le symbolisme sous toutes ses formes, aussi l'ouverture au message des symboles est-elle un don propre à l'homme primordial, et à ses héritiers de toute époque.
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}}
 
==== Sagesse ====
{{Citation
|citation=La sagesse consiste non seulement à connaître des vérités et à être capable de les communiquer, elle consiste également dans la capacité du sage de reconnaître les limites ou les risques les plus subtils de la nature humaine.
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}}
 
==== Connaissance ====
{{Citation
|citation=En partant de l'axiome que toute connaissance, par définition, comporte un sujet et un objet, nous préciserons ce qui suit : le sujet de la connaissance des phénomènes sensibles est évidemment telle faculté sensorielle ou l'ensemble de ces facultés ; le sujet de la connaissance des principes physiques, ou des catégories cosmiques, est la faculté ration¬nelle ; et le sujet de la connaissance des prin¬cipes métaphysiques est le pur intellect et, par conséquent, l'intuition intellectuelle ; intuition ou intellection et non opération discursive. Une connaissance dont le sujet n'est pas l'intellect ne saurait être métaphysique ; on ne peut, en partant de l'observation des phéno¬mènes, arriver à une réalité que seul « Dieu en nous » peut nous faire percevoir. Trois subjectivités, trois modes de certitude : du relatif à l'absolu.
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}}
 
==== Prière ====
{{Citation
|citation=Toutes les fois que l’homme se tient devant Dieu avec un cœur intègre – c’est-à-dire pauvre et sans enflure –, il se tient sur le sol de l’absolue certitude, celle de son salut conditionnel aussi bien que celle de Dieu. Et c’est pour cela que Dieu nous a fait don de cette clef surnaturelle qu’est la prière : afin que nous puissions nous tenir devant Lui, comme dans l’état primordial, et comme toujours et partout ; ou comme dans l’éternité.
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}}
 
==== Soufisme ====
{{Citation
|citation=Tout le soufisme, nous semble-t-il, peut tenir en ces quatre mots ''Haqq'', ''Qalb'', ''Dhikr'', ''Faqr'' : « Vérité », « Cœur », « Souvenir », « Pauvreté ». ''Haqq'' coïncide avec la ''Shahâdah'', le double Témoignage ; la Vérité métaphysique, cosmologique, mystique et eschatologique. ''Qalb'' signifie que cette Vérité doit être acceptée, non par la pensée seulement, mais avec le Cœur ; donc avec tout ce que nous sommes. Le ''Dhikr'' est l'actualisation permanente, au moyen de la parole sacramentelle, de cette foi ou de cette gnose ; tandis que le ''Faqr'' est la simplicité et la pureté de l'âme, lesquelles rendent possible cette actualisation en lui conférant la sincérité sans laquelle aucun acte n'est valide.
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}}
 
==== Sainteté ====
{{Citation
|citation=La sainteté, c’est le sommeil de l’ego et la veille de l’âme immortelle – de l’ego nourri d’impressions sensorielles et rempli de désirs, et de l’âme libre, cristallisée en Dieu. La surface mouvante de notre être doit dormir et par conséquent se retirer des images et des instincts, tandis que le fond de notre être doit veiller dans la conscience du Divin et illuminer ainsi, telle une flamme immobile, le silence du saint sommeil.
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}}
 
=== Vertu ===
{{Citation
|citation=La vertu, c’est laisser libre passage, dans l’âme, à la Beauté de Dieu.
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}}
 
=== Révélation ===
{{Citation
|citation=La révélation est l'irruption fulgurante d'une connaissance qui provient, non d'un subconscient individuel ou collectif, mais au contraire d'un supraconscient qui, tout en demeurant latent dans tous les êtres, en dépasse pourtant immensément les cristallisations individuelles et psychologiques.
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}}
 
=== Religion ===
{{Citation
|citation=Sans religion – ou sans religion authentique – une collectivité humaine ne saurait survivre à la longue ; c'est-à-dire qu'elle ne saurait rester humaine.
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}}
 
=== Théologie ===
{{Citation
|citation=La théologie est somme toute le commentaire philosophique de la Révélation ; commentaire « inspiré » en ce sens qu'il prévient dans la mesure du possible les hérésies proprement dites, tout en tenant compte de l'opportunité psychologique et morale.
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=== Philosophie ===
{{Citation
|citation=Il faudrait pouvoir restituer au mot « philosophie » sa signification originelle : la philosophie – l' « amour de la sagesse » – est la science de tous les principes fondamentaux ; cette science opère avec l'intuition, qui « perçoit », et non avec la seule raison, qui « conclut ». Subjectivement parlant, l'essence de la philosophie est la certitude ; pour les modernes au contraire, l'essence de la philosophie est le doute : le philosophe est censé raisonner sans aucune prémisse (''voraussetzungsloses Denken''), comme si cette condition n'était pas elle-même une idée préconçue ; c'est la contradiction classique de tout relativisme. On doute de tout, sauf du doute. La solution du problème de la connaissance – si problème il y a – ne saurait être ce suicide intellectuel qu'est la promotion du doute ; c'est au contraire le recours à une source de certitude qui transcende le mécanisme mental, et cette source – la seule qui soit – est le pur Intellect, ou l'Intelligence en soi.
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=== Modernité ===
{{Citation
|citation=Quand nous confrontons l'Antiquité avec notre époque, nous voyons deux extrêmes : d'une part la dureté marmoréenne et abstraite des Anciens, fondée sur la loi de sélection naturelle et sur les vertus aristocratiques des dieux et des héros, et d'autre part les excès de la démocratie de notre temps, à savoir le règne des inférieurs, le culte de la médiocrité et de la vulgarité, la protection sentimentaliste, non des faibles, mais des faiblesses et des tares, la mollesse psychologique à l'égard de toutes les formes du laisser-aller et du vice, l'immoralisme soutenu au nom de la « liberté » et de la « sincérité », la bêtise et le bavardage travestis en « culture », le mépris de la sagesse et la neutralisation de la religion, puis les méfaits d'une science athée qui nous mène à la surpopulation, à la dégénérescence et à la catastrophe.