« Irène Théry » : différence entre les versions

Contenu supprimé Contenu ajouté
Keymap9 (discussion | contributions)
Keymap9 (discussion | contributions)
Ligne 123 :
|date=octobre 1999
|page=162-163
|url=http://esprit.presse.fr/archive/review/article.php?code=9722
}}
 
{{citation|La particularité du courant identitariste est d’avoir fait du mariage et de la filiation “asexués” le centre unique de son combat, placé exclusivement sous le signe de “l’égalité des sexualités”. Il est aussi d’avoir combattu de façon radicale toute institution de la différence des sexes, conçue comme le produit et le moyen privilégié de la “domination hétérosexuelle”. […]<br/>
Dans la rhétorique identitariste, on le voit, la confusion du sexué et du sexuel est totale : il n’y a pas de dimension sexuée de l’ordre symbolique commun, il n’y a que des sexualités en lutte. Ce qui opprime les homosexuels, ce n’est pas telle ou telle conception de la sexualité, ou telle ou telle institution de la différence des sexes et de la famille (par exemple, le modèle matrimonial organiciste décrit plus haut), c’est l’hétérosexualité en tant qu’elle a partie liée avec la différence du masculin et du féminin.}}
{{Réf Article
|titre=Pacs, sexualité et différence des sexes
|auteur={{w|Irène Théry}}
|publication=Esprit
|numéro=257
|date=octobre 1999
|page=165-170
|url=http://esprit.presse.fr/archive/review/article.php?code=9722
}}
 
{{citation|La particularité du courant identitariste est d’avoir fait du mariage et de la filiation “asexués” le centre unique de son combat, placé exclusivement sous le signe de “l’égalité des sexualités”. Il est aussi d’avoir combattu de façon radicale toute institution de la différence des sexes, conçue comme le produit et le moyen privilégié de la “domination hétérosexuelle”. […]<br/>
Dans la rhétorique identitariste, on le voit, la confusion du sexué et du sexuel est totale : il n’y a pas de dimension sexuée de l’ordre symbolique commun, il n’y a que des sexualités en lutte. Ce qui opprime les homosexuels, ce n’est pas telle ou telle conception de la sexualité, ou telle ou telle institution de la différence des sexes et de la famille (par exemple, le modèle matrimonial organiciste décrit plus haut), c’est l’hétérosexualité en tant qu’elle a partie liée avec la différence du masculin et du féminin.}}
{{Réf Article
|titre=Pacs, sexualité et différence des sexes
|auteur={{w|Irène Théry}}
|publication=Esprit
|numéro=257
|date=octobre 1999
|page=165-170
|url=http://esprit.presse.fr/archive/review/article.php?code=9722
}}
 
{{citation|Chez les identitaristes, la Vérité et l’Égalité ne peuvent être réalisées un jour que par expulsion politique de l’hétérosexualité, dans un combat radical dont l’enjeu est l’effacement juridique de la différence des sexes. Sa “domination” n’est que le point d’aboutissement d’une “illusion anthropologique”, un naturalisme quasi biologique. Dans le monde enfin débarrassé de la nature, la sexualité libérée ne connaîtra que des individus libres, c’est-à-dire des esprits dont l’enveloppe charnelle sera enfin tenue pour ce qu’elle est : du substrat biologique.}}
{{Réf Article
|titre=Pacs, sexualité et différence des sexes
|auteur={{w|Irène Théry}}
|publication=Esprit
|numéro=257
|date=octobre 1999
|page=170
|url=http://esprit.presse.fr/archive/review/article.php?code=9722
}}
 
{{citation|Pour les organicistes, parce que ces institutions doivent redevenir ce qu’elles étaient : la reconnaissance de la loi naturelle par le droit. Ce qui suppose de défendre le mariage contre le concubinage, la famille légitime contre la famille naturelle, les parents contre les beaux-parents, la sexualité procréative contre la sexualité pour le plaisir, l’adoption plénière à condition qu’elle mime la filiation biologique, et l’IAD à condition qu’elle permette de faire passer le mari pour le géniteur. Surtout pas de pluralisme : c’est toujours l’engrenage par lequel les formes inférieures d’existence se font passer pour les égales de l’accomplissement moral suprême. Pour les identitaristes, parce que les institutions qui sont le symbole et les outils de la domination sont forcément ce que l’on peut imaginer de plus élevé, dès lors qu’on a vaincu le naturalisme qui les fonde et le régime d’apartheid qui les maintient encore comme des " privilèges hétérosexuels ". Le mariage asexué, la parentalité asexuée, l’adoption plénière asexuée, l’IAD asexuée seront la conquête d’une égalité radicale, ayant enfin remplacé la sujétion au biologique par la toute-puissance de la volonté. Surtout pas de pluralisme : il suppose de distinguer et la distinction, c’est toujours le masque et l’outil de la discrimination. […]<br/>
Un modèle unique : tel était le modèle organiciste, telle est la perspective que revendiquent aujourd’hui les néoorganicistes et les identitaristes. Or, la tendance qui se dessine déjà, c’est à l’inverse celle du pluralisme. Mariage et union libre, filiation charnelle et filiation adoptive, parents unis et parents désunis, père et mère divorcés (c’est le principe de coparentalité), parents et beaux-parents. Ce pluralisme, on le voit, consiste à passer du principe d’unicité au principe de dualité.}}
{{Réf Article
|titre=Pacs, sexualité et différence des sexes
|auteur={{w|Irène Théry}}
|publication=Esprit
|numéro=257
|date=octobre 1999
|page=170-171, 176
|url=http://esprit.presse.fr/archive/review/article.php?code=9722
}}
 
{{citation|C’est en ce sens aussi que la différence des sexes dans la filiation conserve, et même acquiert de nouveau, une valeur. Notre système symbolique de parenté est un système mixte, non pas parce que le biologique nous l’impose (il n’impose rien), mais parce que nous affirmons ainsi un principe : les hommes et les femmes sont également impliqués dans la filiation. Ce faisant, la mixité de la filiation est aussi une réponse aux tentations réductionnistes qui nous tirent soit vers le tout biologique, soit vers le tout volonté. Elle indique par sa dualité le dualisme qu’elle refuse : celui de l’âme et du corps. Nous ne sommes ni de purs esprits, ni du substrat biologique. Le biologique n’est jamais “rien”, comme si l’engendrement n’était pas chargé de signification, et le réduire à cela serait ravaler l’homme qui procrée, la femme qui accouche, à de la viande humaine. Mais également, le biologique n’est pas “tout” : assimiler le parent au géniteur à coup d’usage généralisé des empreintes génétiques ne serait que l’autre face du réductionnisme biologisant.}}
{{Réf Article
|titre=Pacs, sexualité et différence des sexes
|auteur={{w|Irène Théry}}
|publication=Esprit
|numéro=257
|date=octobre 1999
|page=177
|url=http://esprit.presse.fr/archive/review/article.php?code=9722
}}