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{{Citation
|citation=Comment faire imaginer, par exemple, une ville sans pigeons, sans arbres, et sans jardins, où l'on ne rencontre ni battements d'ailes, ni froissements de feuilles, un lieu neutre pour tout dire? Le changement des saisons ne s'y lit que dans le ciel. Le printemps s'annonce seulement par la qualité de l'air ou par les corbeilles de fleurs que dedes petits vendeurs ramènent des banlieues; c'est un printemps qu'on vend sur les marchés.
|citation=La presse, si bavarde dans l'affaire des rats, ne parlait plus de rien. C'est que les rats meurent dans la rue et les hommes dans leur chambre. Et les journaux ne s'occupent que de la rue.}}
}}
{{Réf Livre
|titre=La Peste
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|éditeur=Gallimard
|année=1994
|page=3911
|partirpartie=I
|ISBN=2-07-036042-3
|année d'origine=1947
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{{Citation
|citation=Une manière commode de faire la connaissance d'une ville est de chercher comment on y travaille, comment on y aime et comment on y meurt.
|citation= La bêtise insiste toujours, on s’en apercevrait si l’on ne pensait pas toujours à soi. Nos concitoyens à cet égard étaient comme tout le monde, ils pensaient à eux-mêmes, autrement dit ils étaient humanistes : ils ne croyaient pas aux fléaux. Le fléau n’est pas à la mesure de l’homme, on se dit donc que le fléau est irréel, c’est un mauvais rêve qui va passer. Mais il ne passe pas toujours et, de mauvais rêve en mauvais rêve, ce sont les hommes qui passent, et les humanistes en premier lieu, parce qu’ils n’ont pas pris leurs précautions. […] Ils continuaient de faire des affaires, ils préparaient des voyages et ils avaient des opinions. Comment auraient-ils pensé à la peste qui supprime l’avenir, les déplacements et les discussions ? Ils se croyaient libres et personne ne sera jamais libre tant qu’il y aura des fléaux.
}}
{{Réf Livre
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|éditeur=Gallimard
|année=1994
|page=41-4211
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|ISBN=2-07-036042-3
|année d'origine=1947
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{{Citation
|citation=AÀ Oran comme ailleurs, faute de temps et de réflexion, on est bien obligé de s'aimer sans le savoir.
|citation=Le mal qui est dans le monde vient presque toujours de l'ignorance, et la bonne volonté peut faire autant de dégâts que la méchanceté, si elle n'est pas éclairée.
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|éditeur=Gallimard
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{{Choisie citation du jour|puce=*|année=2017|mois=juillet|jour=4}}
 
 
{{Citation
|citation=La presse, si bavarde dans l'affaire des rats, ne parlait plus de rien. C'est que les rats meurent dans la rue et les hommes dans leur chambre. Et les journaux ne s'occupent que de la rue.}}
|citation=[…], le vice le plus désespérant [est] celui de l'ignorance qui croit tout savoir et qui s'autorise alors à tuer.
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|titre=La Peste
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|éditeur=Gallimard
|année=1994
|page=12439
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|partir=II
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|année d'origine=1947
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{{Citation
|citation= La bêtise insiste toujours, on s’en apercevrait si l’on ne pensait pas toujours à soi. Nos concitoyens à cet égard étaient comme tout le monde, ils pensaient à eux-mêmes, autrement dit ils étaient humanistes : ils ne croyaient pas aux fléaux. Le fléau n’est pas à la mesure de l’homme, on se dit donc que le fléau est irréel, c’est un mauvais rêve qui va passer. Mais il ne passe pas toujours et, de mauvais rêve en mauvais rêve, ce sont les hommes qui passent, et les humanistes en premier lieu, parce qu’ils n’ont pas pris leurs précautions. […] Ils continuaient de faire des affaires, ils préparaient des voyages et ils avaient des opinions. Comment auraient-ils pensé à la peste qui supprime l’avenir, les déplacements et les discussions ? Ils se croyaient libres et personne ne sera jamais libre tant qu’il y aura des fléaux.
|citation=[…] il vient toujours une heure dans l'histoire où celui qui ose dire que deux et deux font quatre est puni de mort.
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Ligne 195 ⟶ 193 :
|éditeur=Gallimard
|année=1994
|page=12541-42
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|année d'origine=1947
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{{Citation
|citation=Le mal qui est dans le monde vient presque toujours de l'ignorance, et la bonne volonté peut faire autant de dégâts que la méchanceté, si elle n'est pas éclairée.
|citation=Beaucoup de nouveaux moralistes dans notre ville allaient alors, disant que rien ne servait à rien et qu'il fallait se mettre à genoux. Et Tarrou, et Rieux, et leurs amis pouvaient répondre ceci ou cela, mais la conclusion était toujours ce qu'ils savaient : il fallait lutter de telle ou telle façon et ne pas se mettre à genoux. Toute la question était d'empêcher le plus d'hommes possible de mourir et de connaître la séparation définitive. Il n'y avait pour cela qu'un seul moyen qui était de combattre la peste. Cette vérité n'était pas admirable, elle n'était que conséquence.
}}
{{Réf Livre
Ligne 210 ⟶ 208 :
|éditeur=Gallimard
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|page=125-126124
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|ISBN=2-07-036042-3
|année d'origine=1947
|collection=Folio
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{{Choisie citation du jour|puce=*|année=2017|mois=juillet|jour=4}}
 
 
{{Citation
|citation=[…], le vice le plus désespérant [est] celui de l'ignorance qui croit tout savoir et qui s'autorise alors à tuer.
|citation=Dans tous les cas, à supposer qu'on veuille avoir une idée juste de l'état d'esprit où se trouvaient les séparés de notre ville, il faudrait de nouveau évoquer ces éternels soirs dorés et poussiéreux, qui tombaient sur la cité sans arbres, pendant qu'hommes et femmes se déversaient dans toutes les rues. Car, étrangement, ce qui montait alors vers les terrasses encore ensoleillées, en l'absence des bruits de véhicules et de machines qui font d'ordinaire tout le langage des villes, ce n'était qu'une énorme rumeur de pas et de voix sourdes, le douloureux glissement de milliers de semelles rythmé par le sifflement du fléau dans le ciel alourdi, un piétinement interminable et étouffant enfin, qui remplissait peu à peu toute la ville et qui, soir après soir, donnait sa voix la plus fidèle et la plus morne à l'obstination aveugle qui, dans nos cœurs, remplaçait alors l'amour.
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{{Réf Livre
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|éditeur=Gallimard
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|année d'origine=1947
Ligne 233 :
 
{{Citation
|citation=[…] il peutvient ytoujours avoirune deheure ladans hontel'histoire à êtrecelui heureuxqui toutose dire que deux et deux font quatre est puni de seulmort.
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|collection=Folio
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{{Choisie citation du jour|année=2008|mois=mars|jour=30}}
 
 
{{Citation
|citation=Beaucoup de nouveaux moralistes dans notre ville allaient alors, disant que rien ne servait à rien et qu'il fallait se mettre à genoux. Et Tarrou, et Rieux, et leurs amis pouvaient répondre ceci ou cela, mais la conclusion était toujours ce qu'ils savaient : il fallait lutter de telle ou telle façon et ne pas se mettre à genoux. Toute la question était d'empêcher le plus d'hommes possible de mourir et de connaître la séparation définitive. Il n'y avait pour cela qu'un seul moyen qui était de combattre la peste. Cette vérité n'était pas admirable, elle n'était que conséquence.
|citation=Il ne s'agissait pas de refuser les précautions, l'ordre intelligent qu'une société introduisait dans le désordre d'un fléau. Il ne fallait pas écouter ces moralistes qui disaient qu'il fallait se mettre à genoux et tout abandonner. Il fallait seulement commencer de marcher en avant, dans la ténèbre, un peu à l'aveuglette, et essayer de faire du bien. Mais pour le reste, il fallait demeurer, et accepter de s'en remettre à Dieu, même pour la mort des enfants, et sans chercher de recours personnel.
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{{Réf Livre
Ligne 257 ⟶ 255 :
|éditeur=Gallimard
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|page=206125-126
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|ISBN=2-07-036042-3
|année d'origine=1947
Ligne 265 ⟶ 263 :
 
{{Citation
|citation=Dans tous les cas, à supposer qu'on veuille avoir une idée juste de l'état d'esprit où se trouvaient les séparés de notre ville, il faudrait de nouveau évoquer ces éternels soirs dorés et poussiéreux, qui tombaient sur la cité sans arbres, pendant qu'hommes et femmes se déversaient dans toutes les rues. Car, étrangement, ce qui montait alors vers les terrasses encore ensoleillées, en l'absence des bruits de véhicules et de machines qui font d'ordinaire tout le langage des villes, ce n'était qu'une énorme rumeur de pas et de voix sourdes, le douloureux glissement de milliers de semelles rythmé par le sifflement du fléau dans le ciel alourdi, un piétinement interminable et étouffant enfin, qui remplissait peu à peu toute la ville et qui, soir après soir, donnait sa voix la plus fidèle et la plus morne à l'obstination aveugle qui, dans nos cœurs, remplaçait alors l'amour.
|citation=Rieux lui prit le bras, mais Tarrou, le regard détourné, ne réagissait plus. Et soudain, la fièvre reflua visiblement jusqu'à son front comme si elle avait crevé quelque digue intérieure. Quand le regard de Tarrou revint vers le docteur, celui-ci l'encourageait de son visage tendu. Le sourire que Tarrou essaya encore de former ne put passer au-delà des maxillaires serrés et des lèvres cimentées par une écume blanchâtre. Mais, dans la face durcie, les yeux brillèrent encore de tout l'éclat du courage.
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{{Réf Livre
Ligne 272 ⟶ 270 :
|éditeur=Gallimard
|année=1994
|page=260125-126
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|ISBN=2-07-036042-3
|année d'origine=1947
Ligne 280 ⟶ 278 :
 
{{Citation
|citation=[…] il peut y avoir de la honte à être heureux tout seul.
|citation=Écoutant, en effet, les cris d'allégresse qui montaient de la ville, Rieux se souvenait que cette allégresse était toujours menacée. Car il savait ce que cette foule en joie ignorait, et qu'on peut lire dans les livres, que le bacille de la peste ne meurt ni ne disparaît jamais, qu'il peut rester pendant des dizaines d'années endormi dans les meubles et le linge, qu'il attend patiemment dans les chambres, les caves, les malles, les mouchoirs et les paperasses, et que, peut-être, le jour viendrait où, pour le malheur et l'enseignement des hommes, la peste réveillerait ses rats et les enverrait mourir dans une cité heureuse.
|précisions=Explicit du roman.
}}
{{Réf Livre
Ligne 288 ⟶ 285 :
|éditeur=Gallimard
|année=1994
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|ISBN=2-07-036042-3
|année d'origine=1947
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{{Choisie citation du jour|année=2008|mois=mars|jour=30}}
 
 
{{Citation
|citation=Il ne s'agissait pas de refuser les précautions, l'ordre intelligent qu'une société introduisait dans le désordre d'un fléau. Il ne fallait pas écouter ces moralistes qui disaient qu'il fallait se mettre à genoux et tout abandonner. Il fallait seulement commencer de marcher en avant, dans la ténèbre, un peu à l'aveuglette, et essayer de faire du bien. Mais pour le reste, il fallait demeurer, et accepter de s'en remettre à Dieu, même pour la mort des enfants, et sans chercher de recours personnel.
|citation=Comment faire imaginer, par exemple, une ville sans pigeons, sans arbres, et sans jardins, où l'on ne rencontre ni battements d'ailes, ni froissements de feuilles, un lieu neutre pour tout dire? Le changement des saisons ne s'y lit que dans le ciel. Le printemps s'annonce seulement par la qualité de l'air ou par les corbeilles de fleurs que de petits vendeurs ramènent des banlieues; c'est un printemps qu'on vend sur les marchés.
}}
{{Réf Livre
Ligne 302 ⟶ 301 :
|auteur=Albert Camus
|éditeur=Gallimard
|année=19471994
|page=5206
|partie=IV
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|ISBN=2-07-036042-3
|année d'origine=1947
|collection=Le livre de pocheFolio
}}
 
{{Citation
|citation=Rieux lui prit le bras, mais Tarrou, le regard détourné, ne réagissait plus. Et soudain, la fièvre reflua visiblement jusqu'à son front comme si elle avait crevé quelque digue intérieure. Quand le regard de Tarrou revint vers le docteur, celui-ci l'encourageait de son visage tendu. Le sourire que Tarrou essaya encore de former ne put passer au-delà des maxillaires serrés et des lèvres cimentées par une écume blanchâtre. Mais, dans la face durcie, les yeux brillèrent encore de tout l'éclat du courage.
|citation=Une manière commode de faire la connaissance d'une ville est de chercher comment on y travaille, comment on y aime et comment on y meurt.
}}
{{Réf Livre
Ligne 317 ⟶ 316 :
|auteur=Albert Camus
|éditeur=Gallimard
|année=19471994
|page=6260
|partirpartie=IV
|ISBN=2-07-036042-3
|année d'origine=1947
|collection=Le livre de pocheFolio
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{{Citation
|citation=Écoutant, en effet, les cris d'allégresse qui montaient de la ville, Rieux se souvenait que cette allégresse était toujours menacée. Car il savait ce que cette foule en joie ignorait, et qu'on peut lire dans les livres, que le bacille de la peste ne meurt ni ne disparaît jamais, qu'il peut rester pendant des dizaines d'années endormi dans les meubles et le linge, qu'il attend patiemment dans les chambres, les caves, les malles, les mouchoirs et les paperasses, et que, peut-être, le jour viendrait où, pour le malheur et l'enseignement des hommes, la peste réveillerait ses rats et les enverrait mourir dans une cité heureuse.
|citation=A Oran comme ailleurs, faute de temps et de réflexion, on est bien obligé de s'aimer sans le savoir.
|précisions=Explicit du roman.
}}
{{Réf Livre
Ligne 332 :
|auteur=Albert Camus
|éditeur=Gallimard
|année=19471994
|page=7279
|partirpartie=IV
|ISBN=2-07-036042-3
|année d'origine=1947
|collection=Le livre de pocheFolio
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