« Laideur » : différence entre les versions

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====[[Serge Gainsbourg]]====
 
 
====Serge Gainsbourg====
{{citation|La différence entre la beauté et la laideur, c'est que la laideur, elle, au moins, elle dure.}}
{{Réf Livre|titre=Pensées, provoc et autres volutes|auteur=[[Serge Gainsbourg]]|éditeur=Livre de Poche|année=2006|page=67}}
 
====[[Paul Klee]]====
{{citation|citation=<poem>Le dimanche après-midi berbois est toujours si accablant ! On aimerait se réjouir, comme dans le Faust, lorsque après une semaine de travail tout le monde va s'ébattre en plein air. Mais ces pauvres gens sont pour la plupart si laids qu'on les déteste plus qu'on ne les plaint. Et ce n'est point là de la simple et saine laideur.
Déjà sur les traits délicats des enfants se peut discerner la trace du péché originel. Et ce mauvais goût mi-paysan, mi-petit-bourgeois ! Là où subsisterait un quelconque charme physique, il se voit éliminé sans pitié par le vêtement. Ainsi, des souliers, Dieu sait que les pieds d'enfants grandissent vite, et les nouveaux souliers, justement les souliers du dimanche, sont prévus en conséquence. Les bas témoignent d'une absence totale du sens des couleurs. Tout cela parle un jargon si affreux, d'un esprit si borné. Seules les couleurs ne parlent pas, elles jurent.
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Le tout sans élan, le moindre geste entravé. Les gens se gênent parce que, dans le fond, ils ne sont du tout aussi mauvais qu'ils en ont l'air. D'une manière quelconque le dimanche tout entier a un sourire gêné.
Qu'il est difficile, tout de même, de se faire un sentiment social !</poem>}}
{{Réf Livre|titre=Journal|auteur=[[Paul Klee]]|éditeur=Grasset|collection=Les Cahiers Rouges|année=1959|année d'origine=1957|page=162|section=Journal III|ISBN=978-2-246-27913-6}}
 
====[[Albert Jacquard]]====
{{citation|La beauté n'a d'existence qu'à travers une classification des objets suivant un critère de laideur : on ne peut imaginer une [[culture]] qui connaîtrait le beau et ignorerait le laid.
|précisions=Il en est de même pour le jugement entre le "bien" et le "{{w|mal}}"}}
{{Réf Livre|titre=Petite Philosophie à l'usage des non-philosophes|auteur=[[Albert Jacquard]]|éditeur=Calmann-Lévy (Livre de poche)|année=1997|page=81}}
 
====[[Gabriel Matzneff]]====
{{citation
|citation=La dégradation de la langue, le débraillé de la tenue, l'avachissement du maintien, la goujaterie du comportement, sont les visages divers d'un mal unique. Qu'il y a eu le ''paganisme,'' puis le ''christianisme,'' et que nous sommes entrés à présent dans l'ère du ''muflisme,'' est une vérité dont furent pénétrés certains des esprits les plus lucides du XIX{{e}} siècle et des premières années du XX{{e}} : agnostiques ou chrétiens, ils prophétisaient le déclin de l'humanité noble qu'incarnaient les figures du poète, du héros et du saint ; ils annonçaient la victoire des barbares, c'est-à-dire d'une civilisation de la mesquinerie et de la laideur.
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{{Réf Livre
|titre=Les Passions schismatiques
|auteur=[[Gabriel Matzneff]]
|éditeur=Stock
|collection=Le Monde ouvert
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{{Citation|citation=Hugo et moi sommes allés dans un autre bordel, où les femmes étaient plus laides que celles du 32, rue Blondel. La pièce était couverte de miroirs. Les femmes se déplaçaient comme un troupeau d'animaux passifs, deux par deux, en se dandinant, sur la musique du phonographe. Je m'étais fait beaucoup d'idées avant de venir. Je n'arrivais pas à croire à la laideur de ces femmes lorsqu'elles sont entrées. Dans mon esprit, la danse de femmes nues était encore un spectacle plein de beauté et de volupté. En voyant tous ces seins tombant avec leurs gros mamelons marron comme du cuir, en voyant ces jambes bleuâtres, ces ventres proéminents, des sourires où il manquait des dents et ces amas de chair brute tournoyant passivement, tels des chevaux de bois sur un manège, j'ai perdu toute sensibilité [...]. Les poses monotones se succédaient et, de temps à autre, sans le moindre signe de désir, les femmes s'embrassaient entre elles sans passion, asexuées. Hanches, fesses rebondies, mystérieuse toison sombre entre les jambes — tout cela exposé aux regards avec si peu de sens qu'il nous a fallu deux jours, à Hugo et à moi, pour dissocier mon corps, mes jambes, mes seins de ce troupeau d'animaux remuants. Ce que j'aimerais, c'est me joindre à elles un soir, marcher, nue, au milieu d'elles dans la pièce, regarder les hommes et les femmes assis là et observer leurs réactions au moment où j'apparais, moi, l'intruse.}} {{Réf Livre|titre=Henry et June — Les cahiers secrets|auteur=[[Anaïs Nin]]|éditeur=Stock|traducteur=Béatrice Commengé|année=2007|année d'origine=1986|page=286|section=Août (1932)|ISBN=978-2-234-05990-0}}
 
====[[Edith Stein]]====
{{Citation|citation=L'amour du Christ ne connait pas de limites, il n'a pas de cesse et n'est rebuté ni par la laideur, ni par la saleté.}}
{{Réf Livre|titre=La Crèche et la Croix
|auteur=[[Edith Stein]]
|éditeur=Ad Solem Éditions S.A.
|année=2007
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|ISBN= 978-2-940402-10-6
|année d'origine=1941
}}
 
=== Essai ===
==== [[Jean Giono]] ====
{{citation|
La laideur est devenue la matière première d'une profession. Pendant que des esprits intéressés la malaxent, la triturent, la préparent, la distribuent en pilules, en cachets, en suppositoires, les petits esprits suiveurs, en quête de nouveauté et de modernisme à tous prix, l'adoptent comme nourriture. Certes, je comprends bien que, pour qui a été jusqu'ici nourri de viandes saines, de poissons frais et de primeurs, bouffer de l'excrément est une sacré nouveauté. Mais qu'on me présente cette aberration comme un régime régénérateur, avouez qu'il y a de quoi regimber. Et que de boutiques pour présenter cette cuisine ! Architectes, peintres, sculpteurs, musiciens : tout le monde s'y met. <br />
Laissez-moi regarder encore un instant la feuillaison nouvelle des peupliers. cela sera tant de pris.
}}
{{Réf Livre
|titre=Les Trois Arbres de Palzem
|auteur=[[Jean Giono]]
|éditeur=Gallimard
|année=2000
|année d'origine=1984
|ISBN=2-07-070190-5
|page=154
}}
 
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{{citation|citation=D'où vient le mauvais goût ? Comment le kitch s'est-il emparé du monde ? La ruée des peuples vers le laid fut le principal phénomène de la mondialisation. Pour s'en convaincre il suffit de circuler dans une ville chinoise, d'observer les nouveaux codes de décoration de La Poste française ou la tenue des touristes. Le mauvais goût est le dénominateur commun de l'humanité.}}
{{Réf Livre|titre=Dans les forêts de Sibérie
|auteur=[[Sylvain Tesson]]
|année=2011
|éditeur=Gallimard