« Richard Millet » : différence entre les versions
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{{citation|
Dans un collège de Cholet, un ancien résistant évoque sa captivité à Dachau, et notamment les expériences médicales que les nazis y pratiquaient sur les détenus ; les élèves ricanent, baillent, consultent leurs téléphones mobiles, à ce point entrés dans la post-histoire qu'ils ne savent plus où
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{{citation|
Si [[Paul Valéry|Valéry]] revenait parmi nous, que reconnaîtrait-il ? Le langage ? Les livres ? Les valeurs ? Verrait-il la formidable inversion de ces dernières et la doublure numérique du monde où le réel a été remplacé par son image ? Constaterait-il enfin la mort de notre civilisation ?
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Tout n'est pas perdu : un grand métis, près de moi, ce matin dans le RER, lit ''La crise du monde moderne'' de [[René Guénon|Guénon]] ; près de lui, une femme de quarante ans est plongée dans ''La Pitié dangereuse''. Plus loin, une autre femme voyage sans écouteurs, sans chewing-gum, les mains jointes, les yeux mi-clos, un beau sourire au lèvres.
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== ''La
{{citation|Je me trouvais devant un responsable du Parti phalangiste, un homme d'une quarantaine d'années, peut-être plus jeune, mais déjà presque chauve, au visage énergique, aux dents dont la blancheur était renforcée par une moustache d'un beau noir, et aux yeux saillants, extraordinairement intelligents, presque inquiétants, et aux mains velues, ce qui me laissait songer avec dégoût à la pilosité de son torse et de ses membres. Il me recevait dans un bureau où des livres de droit étaient rangés à côté de manuels de médecine, de sorte qu'on ignorait quelles études avait suivies ce personnage, et où le drapeau du Parti, un cèdre stylisé sur fond blanc, était mollement remué par les pales d'un ventilateur tournoyant entre des murs blancs et quasi nus où l'œil, loin de se laisser aller vers la fenêtre donnant sur les mâts des cargos et le ciel, ne pouvait que se porter sur l'homme assis derrière le bureau, de sorte qu'on était jugé d'emblée, rêveur ou homme d'action, selon le point où se dirigeait le regard (…)}}
{{Réf Livre
|titre=La
|auteur=Richard Millet
|éditeur=
|collection=NRF
|année=2009
|page=67-68
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{{citation
|D'autres combattantes s'étaient signalées, début mai, notamment Jocelyne, la Raïssé, qui avait en compagnie de six militantes, dont une de quatorze ans, mis en déroute trois cents Palestino-progressistes en tuant leur chef à coups de grenades, place des Canons, alors que l'immeuble qu'elles tenaient était isolé, bientôt encerclé, et les filles promises au viol et à la mort, comme les femmes et les fillettes de Damour, si elles n'avaient pas le temps de se tuer elles-mêmes ou qu'ils ne les fassent mourir en leur injectant de la glu dans tous les orifices.
|précisions=À propos de [[Jocelyne Khoueiry]].▼
▲|précisions=À propos de [[Jocelyne Khoueiry]]
}}
{{Réf Livre
|titre=La
|auteur=Richard Millet
|éditeur=
|collection=NRF
|année=2009
|page=397
Ligne 119 :
{{citation
|C'était la première fois que j'entendais proférer ce mot qui allait désigner à la vindicte publique tout individu refusant de faire partie de la bergerie universelle. Les autres journalistes ont ricané, comme si la cause était entendue et que nous fussions, nous autres, combattants chrétiens, tous des fascistes, ainsi que nous appelaient les Islamo-progressistes.
|précisions=Réponse à la remarque
▲|précisions=Réponse à la remarque "vous êtes [[raciste]]!" d'un journaliste américain en pleine [[guerre du Liban]]
}}
{{Réf Livre
|titre=La
|auteur=Richard Millet
|éditeur=
|collection=NRF
|année=2009
|page=192
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{{citation
|(…) la damnation, en ce cas, consistant à désirer en vain une femme qui est très précisément notre genre et qui, par cela même, sans qu'on sache pourquoi, sinon par une cruauté du sort, ou que nous nous l'interdisions à nous-mêmes, nous reste interdite.
}}
{{Réf Livre
|titre=La
|auteur=Richard Millet
|éditeur=
|collection=NRF
|année=2009
|page=197
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{{citation
|(…) le nom et le sang étant, chez les chrétiens libanais, le lieu d'un échange tout à la fois immatériel et sensible, dont il importait de préserver la pureté ; et nul, mieux que moi, qui n'avais pas de père, n'était sensible à la pureté du sang, souci incongru, voire scandaleux, aujourd'hui, où c'est le sang de l'humanité qui coule dans les veines et non celui de la race, de l'ethnie, de la fratrie, de la famille, voire de l'individu. Ce sang idéologique n'a aucune dimension romanesque, et je n'aimais pas les mélanges contre nature ; ma vie à Siom m'avait montré qu'on les paie toute sa vie. L'Histoire nous le montre encore mieux.
}}
{{Réf Livre
|titre=La
|auteur=Richard Millet
|éditeur=
|collection=NRF
|année=2009
|page=277
}}
{{citation|Je savais en tout cas, ce jour-là, que j'aurais dû m'exprimer autrement, me déclarer ému par la situation de ces chrétiens d'Orient, leur rappeler que j'étais chrétien, moi aussi, et pas ce qu'on appelle, en France où les mots avaient plus de prix qu'ailleurs et où, par là
}}
{{Réf Livre
|titre=La
|auteur=Richard Millet
|éditeur=
|collection=NRF
|année=2009
|page=62
Ligne 170 ⟶ 166 :
{{citation
|Je tue par fidélité au christianisme ; cette guerre marquera une radicalisation de l'islam, l'islamisation du terrorisme international.
}}
{{Réf Livre
|titre=La
|auteur=Richard Millet
|éditeur=
|collection=NRF
|année=2009
|page=382
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{{citation
|(…) une presse par rapport à laquelle ma force vient de ce que je ne lis pas, étant donné qu'elle ne dit pas la vérité et que la vérité est mon unique souci.
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{{Réf Livre
|titre=La
|auteur=Richard Millet
|éditeur=
|collection=NRF
|année=2009
|page=419
Ligne 199 ⟶ 191 :
{{citation
|L'aversion que m'inspiraient les journalistes venait, je commençais à la comprendre, de l'extraordinaire entreprise de falsification du réel qui se mettait en place dès cette époque et qui visait à redoubler le monde d'une vérité fabriquée à partir des restes de la grande cuisine philanthropique
}}
{{Réf Livre
|titre=La
|auteur=Richard Millet
|éditeur=
|collection=NRF
|année=2009
|page=477
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{{citation
|Je ne savais pas ce que c'est qu'un père ni quel enfer est l'amour conjugal, une fois que s'est éteint le désir sexuel et que la venue au monde de quelques enfants a pu apaiser un temps l'angoisse de mourir seul.
}}
{{Réf Livre
|titre=La
|auteur=Richard Millet
|éditeur=
|collection=NRF
|année=2009
|page=447
Ligne 229 ⟶ 217 :
{{citation
|Je voyais se profiler les guerres civiles européennes, non seulement celles qui éclateraient dans les territoires de l'ancienne Yougoslavie, ou dans l'ex-URSS, mais aussi celles que l'islamisme livrerait à l'Occident non seulement par le terrorisme mais aussi sous la forme de l'immigration massive, si tant est que ce ne soient pas là les deux faces d'un même combat.
}}
{{Réf Livre
|titre=La
|auteur=Richard Millet
|éditeur=
|collection=NRF
|année=2009
|page=432
Ligne 279 ⟶ 265 :
{{Réf Livre|titre=L'Opprobre|auteur=Richard Millet|éditeur=Gallimard|collection=nrf|année=2008|page=120|ISBN=978-2-07-012066-6}}
== ''La
{{citation
|En mars, ils se mettaient à puer considérablement. Ça sentait bien toujours un peu, selon les jours, lorsque l'hiver semblait céder et que ça se réveillait, se rappelait à nous, d'abord sans qu'on y crût, une vraie douleur, ancienne et insidieuse, que l'on pensait éteinte, qu'on avait fait mine d'oublier et qui revenait par bouffées, haïssable comme les vents d'une femme aimée ; et ça poursuivait tous ceux qui l'auraient respirée — Chat Blanc plus que les autres, qui sentirait l'odeur douceâtre, un peu sucrée, puis sure, maligne, triomphale et révoltante, longtemps après qu'il aurait quitté la combe natale, à Prunde, sur le bord oriental du vieux plateau, dans le temps que le siècle s'achevait, qu'on entrait dans un âge nouveau et que nous étions oubliés sur notre socle de granit, martelés sur la pierre par la misère et par le froid, hors du temps, sinon éternels, non pas en tant qu'individus mais de père en fils, et du fond des âges, dans la pérennité sonore des patronymes et des prénoms, et d'une fibre et d'un grain aussi puissants que le hêtre, la pierre, l'hiver ou le vent du nord sur la lande.<br />
Il sentirait jusqu'à la fin l'odeur des corps que l'on gardait à la mauvaise saison, s'il y avait trop de neige, d'abord dans l'ancien grenier des Gorce, puis dans cette baraque sur pilotis qui ressemblait à un clapier dressé contre le ciel et qu'on avait fini par élever derrière chez Niarfeix, à l'entrée d'un grand pré en pente douce qui se redressait à son extrémité en se tordant comme pour ne rien perdre de la lumière, de cette belle et froide lumière du nord-est et dont les plus rudes d'entre nous tiraient leurs certitudes.
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{{Réf Livre
|titre=La
|auteur=Richard Millet
|éditeur=Editions Gallimard, Folio
|