« Hélie de Saint Marc » : différence entre les versions

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{{citation|J'ai tout de suite compris ce qui nous attendait à Buchenwald. Parmi les sentinelles qui nous encadraient, il y en avait une qui parlait le français, un Alsacien. Je ne lui ai rien dit mais il s'est approché de moi : « Marche vite, marche vite, autrement ils vont te tuer. » Je lui ai demandé : « C'est dur ? » Il m'a répondu : « Très, très dur...dur… »
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{{citation|Le tunnel fut le pire épisode de ma déportation, — et il dura huit mois. Mais sans ces épreuves supplémentaires partagées avec tous les laissés-pour-compte des camps, des dimensions essentielles de la vie me seraient restées étrangères. Je n'aurais pas connu quelques hommes d'une hauteur insoupçonnée et des formes de courage que je n'ai plus jamais rencontrées. J'ai été le témoin d'attitudes hors du commun de la part d'hommes réduits à l'état de squelettes et traités comme des animaux. Cet interminable tenir, tenir jusqu'au bout de l'heure, puis du jour qui les laissait en vie. Cette volonté de rester debout le plus longtemps possible, pour les autres et pour eux-mêmes. Cette intégrité qui leur permetaitpermettait de garder malgré tout une étincelle, une espérance dans la nuit...nuit…
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{{citation|Lorsque je suis revenu de déportation, alors qu'en moi presque tout était détruit, j'ai craint de ne jamais retrouver mon équilibre. J'étais suspendu entre l'enfer et la lumière sans savoir où était ma place. J'aurais pu sombrer. Mon intégrité avait été atteinte. l'humiliation ne se dissout pas dans la paix. Elle ronge le cerveau, lentement, inexorablement. Si malgré les cauchemars et les blessures irrémédiables, j'ai pu renouer avec la vie, c'est grâce à mon enfance. En automate, je refaisais les gestes que mes quinze ans avaient gravés en moi lorsque j'étais un adolescent libre, empli de cette sensualité naturelle à ceux qui ne savent rien du mal. Je cherchais les traces anciennes du bonheur pour y poser mes pas. Mon enfance se posait sur moi. Elle distillait avec bienveillance les secondes de douceur et les minutes de quiétude, comme les rudes infirmiers de l'Iowa nourissantnourrissant à la cuiller, avec des précautions maternelles, les rescapés affamés des camps.
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