« Pierre Vidal-Naquet » : différence entre les versions

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{{citation|citation=<poem>Vacarme : Dans toutes les dimensions de votre travail, on trouve une réflexion sur la fabulation. Mais elle n’a pas toujours la même valeur. Elle peut être ce qui recouvre le réel et fait obstacle à son appréhension (les « vérités officielles ») ; mais elle peut être aussi ce qui permet d’y accéder (la tragédie athénienne) ; ou encore ce qui permet d’agir sur le réel (vous êtes très attentif à la dimension pragmatique de la fiction, à son efficacité symbolique). Comment articuler ces trois dimensions ?
 
Pierre Vidal-Naquet : Toute mon œuvre d’historien de l’Antiquité consiste en effet à étudier l’imaginaire comme fraction du réel, et ce depuis mon premier livre, ''Clisthène l’Athénien'', où j’interrogeais avec Pierre Lévêque des abstractions comme l’espace et le temps, jusqu’à mon travail sur l’homme tragique : il est évident qu’on ne peut pas traiter l’Œdipe-Roi de Sophocle comme s’il s’agissait d’un compte-rendu de l’assemblée d’Athènes.
En un sens, il y a une sorte de décalage entre mon activité d’historien contemporain, qui est consacrée à démonter les faux, et mon activité d’historien de l’Antiquité, qui est presque entièrement consacrée à reconstituer les fabulations. Ce qui fait le lien entre les deux c’est la fabulation : d’un côté je la traite dans ses rapports avec la vérité, de l’autre je l’étudie dans sa structure propre. C’est peut-être artificiel, mais je ne le crois pas.</poem>