« Maria Antonietta Macciocchi » : différence entre les versions

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[[Fichier:Maria Antonietta Maciocchi.jpg|vignette|Maria Antonietta Macciocchi (1979).]]
'''{{w|Maria- Antonietta Macciocchi}}''' (née le {{date-|23| juillet| 1922}} à [[w:Isola del Liri|Isola del Liri]], dans la [[w:province de Frosinone|province de Frosinone]], [[w:Latium|Latium]], [[w:Italie|Italie]] et morte le {{date-|15| avril| 2007}} à [[w:Rome|Rome]], [[w:Italie|Italie]]) est une intellectuelle et [[w:HommePersonnalité politique|femme politique]] [[w:italieItalie|italienne]].
 
== Citations ==
=== ''Lettres de l'intérieur du parti'' ===
 
{{citation|citation=C'était à la fin de 1967. En France, en Allemagne et même en Italie, apparaissaient déjà les prodromes de ce qui allait se passer en 1968. Les premiers mouvements étudiants avaient commencé ; le durcissement de la situation au Vietnam mettait en lumière la crise d'une certaine hypothèse de coexistence sur laquelle était fondé le rapport URSS-États-Unis ; la « [[révolution culturelle]] » chinoise était en plein développement ; les journaux publiaient en première page la photographie du « [[Che Guevara|Che]] » assassiné ; l'inquiétude se répandait dans la classe ouvrière ; le problème du rôle, de la fonction, de la stratégie même des grands partis communistes d'Occident commençait à se poser avec une suffisante évidence. Je décidai d'accepter la proposition du parti, et d'abandonner mon poste de correspondante de l'''Unità'' à Paris, où je résidais depuis cinq ans, pour rentrer en Italie et reprendre mon activité à l'intérieur de l'organisation militante, comme candidate aux élections législatives de mai 1968. J'étais poussée par une volonté, un véritable besoin de vérification. Vérifier dans mon pays, dans mon parti, ce qui était en train d'arriver. [...]
}}
{{Réf Livre|titre=Lettres de l'intérieur du parti
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{{citation|citation=[…] Ces « lettres de l'intérieur du PCI » ont objectivement constitué la première tentative « non officielle » d' « analyse concrète d'une situation concrète », librement menée, sans dogmatisme d'aucune sorte, par un militant, pour vérifier les points de force et les points de faiblesse d'un grand parti communiste tel que le parti italien. On écrit souvent sur lui, surtout à l'étranger, parfois en termes mythiques, parfois au contraire pour y chercher « la preuve » de « l'échec » historique de tous les partis communistes.
L'occasion a été fournie par la campagne électorale pour le renouvellement du Parlement au printemps 1968. La « situation concrète » est celle de la ville de Naples, spécifique à bien des égards, mais qui par beaucoup d'autres points a une portée générale. [...]AÀ la différence d'autres camarades, je continue en effet à considérer qu'un parti comme le [[Parti communiste italien|parti italien]] a la force, la capacité et, dans son ensemble, la volonté de se rénover à travers l'analyse, l'engagement et l'action collectives, pour faire face aux problèmes qui naissent de la nécessité de définir une stratégie de la révolution en Occident. L'affirmation que [[Gramsci]] mettait dans les « manchettes » de l'''Ordine Nuovo'' est en ce moment plus valable que jamais : « Nous avons besoin de toute notre intelligence ». […]
}}
{{Réf Livre|titre=Lettres de l'intérieur du parti
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=== ''Eléments pour une analyse du fascisme'' ===
{{citation|citation=Nous avons fait à Vincennes un travail collectif sur, c'est-à-dire, contre le [[fascisme]] : éléments d'une analyse nouvelle, soutenue par des sciences elles aussi re-nouvelées, dans une réalité ré-actualisée. Nous nous sommes aperçus que ces questions dépassaient les murs d'une université française : c'est l'homme de la rue qui est concerné avec son ignorance et son pressentiment du fascisme.
Urgence politique, plus qu'historique ? Oui, dans un certain sens. Après 1968, les jeunes générations se sont aperçues que la fascisme n'avait pas disparu avec la guerre mondiale et la défaite militaire. […] Cette génération n'a pas vu surgir la révolution mais la contre-révolution, et le fascisme lui est apparu comme le danger du présent et non comme le spectre du passé. D'un coup, elle s'est aperçue qu'elle était démunie d'éléments d'analyse. Qu'est-ce que le fascisme ? Pourquoi le mouvement ouvrier a-t-il échoué face au fascisme ? Comme Gramsci s'interrogeait lui-même : « Pourquoi avons-nous perdu ? » Quel a été le véritable impact populaire du fascisme ? Quels chemins emprunte-t-il pour rallier le consensus des masses ? Quelles pulsions peuvent amener les hommes à agir contre leurs propres intérêts, y compris économiques ? Jusqu'à quel point n'a-t-il pas représenté la convergence sinistre d'une acceptation (résignée ou non) des masses avant tout petites-bourgeoises, et non seulement la confluence des éléments les plus réactionnaires d'une dictature capitaliste ? […]
Il me semble que la validité de ce travail théorique est déterminée par sa confrontation avec l'explosion d'une vitalité révolutionnaire que, depuis 1968, il devient de plus en plus difficile d'étouffer : reconnaissance de la théorie marxiste, de la libre discussion et du libre-débat d'une stratégie révolutionnaire, comprenant aussi bien : la libération de la femme, la politisation de la question sexuelle, la contraception, le divorce, la mise en question du système psychiatrique et pénitentiaire, le développement parmi les jeunes d'une nouvelle sensibilité, de nouveaux désirs qui témoignent d'un refus de plus en plus radical de la société capitaliste. Explosion qui pose sous d'autres formes la question de comprendre l'immense refoulement qui est à la base du fascisme. […]
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=== ''De la France'' ===
 
{{citation|citation=Quand le ''Nouvel Observateur'' a sorti son reportage sur un cours de sexologie à l'université de Vincennes (l'article avait un titre explicite : « Je te tiens, tu me tiens...tiens… »), s'il est vrai que les petits-bourgeois ont envoyé ausitôt des milliers de lettres au sous-secrétaire d'État Soisson pour se plaindre, pour rouspéter (« C'est ainsi que vous dépensez l'argent des honnêtes contribuables ? »), il n'en est pas moins vrai que la réaction générale a été la méfiance à l'égard du journal : dans toute cette affaire, c'est lui qui est apparu le plus suspect, avec son étrange moralisme de gauche. […] Moyennant quoi, je me suis souvenue qu'en effet, le soir, pendant que je tenais mon cours sur les origines du fascisme, des murmures étranges, des gémissements chantés se faisaient entendre dans la salle à côté, et que j'avais tapé plusieurs fois sur le mur pour les faire taire. En écoutant les commentaires grivois du quartier, où l'on avait dévoré les articles de ''France-Soir'' et où l'on ne parlait plus que de ça, je me suis dit qu'il devait s'agir de ce fameux cours de sexologie. J'en ai conclu que c'eût été une suprême ironie que de l'avoir à côté de moi, pendant que je dissertais sur « l'évolution structurale des classes en France ». Et je n'ai rien dit, de peur qu'on ne se fiche de moi encore plus. Je n'ai signalé la coïncidence qu'à un ami ; sa réponse ? « Eh bien, tu vois, l'Université ? Elle est décidément aussi vieille et décrépite qu'avant 68. Personne ne sait ce qui se passe d'intéressant dans la salle d'à côté. »
}}
{{Réf Livre|titre=De la France
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=== ''La femme à la valise'' ===
 
{{citation|citation=[…] La génération qui sympathisa avec [[Mao Zedong|Mao]] devint pro-chinoise contre l'impérialisme panrusse, contre ces Moloch qu'étaient les appareils des partis communistes et contre la démission des vieux intellectuels, qui acceptaient l'asservissement culturel comme un acte révolutionnaire. « [[Louis Aragon|Aragon]], ce vieux gaga », écrivaient les [[Maoïsme|maoïstes]] de ''Tel Quel'' dans leur revue.
Vint l'époque de la Chine et de sa révolution culturelle ; et vint ensuite 68, écrasé par la meule droite-gauche de l'Europe ; vint le temps de Prague envahi par les chars russes, et de la normalisation ; derrière nous, il y avait la faillite de la révolution du sublime [[Che Guevara|Che]], et son assassinat, qui ressemble plutôt à celui de [[Federico García Lorca|Garcia Lorca]] ou à celui de certains révolutionnaires espagnols qui avaient déplu à Staline. Symbole de la mise à mort de tout rebelle qui échappe aux raisons d'État, y compris à celle de [[Fidel Castro|Castro]]. Je comprends qu'il puisse être stratégiquement commode d'affirmer : « Vingt ans après notre stalinisme, d'autres récidivistes sans cervelle font bouillir la même soupe dans la marmite de Mao. » Je fais mienne la question de [[Michel Foucault|Foucault]] sur la rébellion des Iraniens contre le Shah et à mon tour je demande : « Ils n'auraient donc pas dû se rebeller contre la colonisation moscovite, ces crève-la-faim de Chinois ? ». Je n'ai pas honte de dire qu'à l'époque je me suis trompée, totalement. Mais ma position sur cette époque chinoise est antistratégique, si par stratégie on entend les évaluations des poltitologues et des philosophes qui, alors, s'orientaient dans un sens anti-chinois, sur l'élan d'une bordée idéologique venue de Russie et qui avait des relents de racisme envers les « Jaunes ». […]
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{{Réf Livre|titre=La femme à la valise
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{{citation|citation=Procès à Paris : contre la Chine et la « dame italienne »
J'arrivai dans le célèbre studio de télévision de [[Bernard Pivot|Pivot]] pour l'émission ''Apostrophes'' [en 1983]. […] L'émission avait pour thème : « Les intellectuels face à l'histoire du communisme ». […] AÀ y repenser aujourd'hui la tête froide, ce fut le seul procès célébré en direct à Paris contre les maoïstes années 70, les hyper-marxistes maoïstes qui avaient ponctué cette époque de manière retentissante. Mais le malheur était que tous avaient disparu. Il ne restait qu'un seul accusé, une femme, et une étrangère. Une dame italienne, comme m'appelait [[Simon Leys]]. Cette première phase de l'opération était pourtant indirectement suivie d'une seconde, qui tendait à faire oublier la furie maoïste des intellectuels parisiens -lesquels d'ailleurs avaient tourné leur veste avec roublardise. Où étaient -me demandais-je, abattue- — [[Serge July]], [[Sartre]], [[André Glucksmann|Glucksmann]], [[Philippe Sollers]] et [[Julia Kristeva|Kristeva]], [[Louis Althusser|Althusser]] et [[Alain Badiou|Badiou]], sans compter [[Alain Peyrefitte]] et [[Roland Barthes]], première manière ? Et [[Alberto Moravia]], avec son livre de voyage, annonciateur de cet amour intellectuel de l'Occident et traduit dans plusieurs langues ? Disparu lui aussi. AÀ Paris, en France, en Europe, sur la planète, dans cette soirée organisée par ''Apostrophes'', il n'y avait qu'un seul survivant du maoïsme universel : la dame italienne, responsable, pour reprendre les parole de Leys, d'avoir caché « que la société chinoise était une soicété totalitaire, asservie par une bureaucratie corrompue, affamée de pouvoir, qui paralysait tout...tout… La Chine, planète morte ». […]
Pour moi, la Chine avait été tout autre chose. Je n'avais jamais assisté dans mon voyage à un seul acte de violence, un procès. En revanche, tout l'enseignement politique que j'avais pu entendre était basé sur ce leitmotiv : « Il faut convaincre avec la parole et jamais avec le bâton ». Ingénue ? Peut-être. Sûrement. Mais combien d'autres, encore plus ingénus ? […]
Si une conclusion est possible […] : il vaut mieux que les intellectuels européens retournent à eux-mêmes et que leurs analyses ne se déplacent plus ailleurs, toujours ailleurs et plus loin dans le monde, à la recherche de la voie lactée pour notre futur. L'idéologie, avec son cortège de fanatisme et d'iconoclastie, est morte.
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{{citation|citation=Contre les femmes, en Europe comme en Amérique, bien des vengeances raffinées sont en train de s'accomplir, après le [[féminisme]] : nous le savons bien, précisément dans la période postélectorale italienne (1987), avec des histoires hallucinantes telles que l'élection d'une porno-diva à un siège parlementaire. Une farce culturelle destinée à souligner la désertion ou la démission intellectuelle des femmes. [[Virginia Woolf]] vaut autant que [[Brigitte Nielsen]]. Et même moins. [[Madonna]] est mieux qu'[[Einstein]]. Si quelqu'un cite à la télé, mettons, cette phrase de [[Baltasar Gracian]] adressée aux femmes, « Un être humain privé d'instruction est un monde dans l'obscurité », on rit avec embarras autour de nous, et nous devenons antipathiques. La culture, dans la société du « mégashow », est un lest. Superflu. Il faut apprendre à valoriser uniquement ce qu'il y a sous les vêtements. Je dis uniquement, et pas également. Quant aux centres clés du pouvoir, la société se débarrasse de la présence inquiétante des femmes. Il y a toujours un homme sûr pour remplacer une femme controversée. Voulez-vos des chiffres ? Mon rapport au Parlement européen sur la « place des femmes dans les lieux de pouvoir en Europe » est toujours actuel. Et les choses ont même empiré. Les femmes (« superwomen ») sourient mais leur sourire est de plus en plus fatigué.
Dans ce malaise féminin, il y a celles qui cherchent d'autres voies. Non pour que le monde soit plus moderne et que les revendications haussent le tir mais parce que le progrès à tout prix les broie, que le « business » les pressure et qu'elles ne savent plus à quelles valeurs s'accrocher ou bien parce que leurs traditions de pionnières les pousse avec audace vers de nouvelles frontières.
Les femmes, surtout dans l'Amérique de l'hyperréalisme - « la version la plus avancée de la modernité dont nous ne sommes que la copie sous-titrée », selon [[Baudrillard-]] —, vont jusqu'à la revendication extrême du sacerdoce. D'autres, en revanche, des féministes comme [[Christa Wolf]] (Berlin-ESt) ou [[Betty Friedan]] (seconde phase) brisent les « miroirs trompeurs » du vieux féminisme.
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{{Réf Livre|titre=La femme à la valise
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{{autres projets|commons=Category:Maria Antonietta Macciocchi|w=Maria- Antonietta Macciocchi}}
 
{{DEFAULTSORT:Macciocchi, Maria- Antonietta}}
[[Catégorie:Personnalité politique italienne]]
[[Catégorie:Féministe]]
[[Catégorie:Naissance en 1922]]
[[Catégorie:Décès en 2007]]