« Gustave Thibon » : différence entre les versions

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|ISBN=978-2-213-00296-5
|page=66
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{{citation|
Il est donc normal que l’idéaliste et le technicien, celui qui n’agit pas et celui dont l’action réussit trop bien, s’attaquent aux problèmes humains avec cet optimisme facile qu’inspirent au premier ses illusions et au second ses conquêtes. Leur humanisme n’oublie qu’une chose – un rien qui est un tout : l’homme lui-même. L’homme réel qui n’est ni cet esprit trop prompt ni cette matière trop docile, mais un composé mystérieux de l’un et de l’autre, trop matériel pour suivre l’esprit dans son vol et trop spirituel pour épouser la servilité de la matière. L’incarnation, donnée centrale de la métaphysique d’après Gabriel Marcel, et méconnue par [[René Descartes|Descartes]] et ses disciples, est la pierre d’achoppement de l’idéaliste et du technicien.
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{{Réf Livre
|titre=Notre regard qui manque à la lumière
|auteur=Gustave Thibon
|éditeur=Fayard
|année=1970
|ISBN=978-2-213-00296-5
|page=216
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{{citation|
Le temps n’en reste pas moins une prison mouvante, un cycle fatal et monotone auquel on n’échappe que par les deux facultés orientées vers l’éternel : l’intelligence et l’amour : Son mouvement rotatoire qui fait alterner les contraintes exclut tout pouvoir indéfini de création et toute promesse de délivrance : ''nil novi sub sole''. Les adorateurs du progrès, qui méconnaissent cette fatalité, ressemblent à ces captifs affolés qui prennent tour à tour pour une issue chacune des parois de leur prison, se jettent contre elles et sont renvoyés comme une balle à leur point de départ dans un mouvement sans fin. Les hindous appellent cette illusion « l’égarement des contraires ». Le choc en retour de tous nos désirs, depuis les passions individuelles jusqu’aux révolutions collectives, la fécondité initiale et l’avortement final de tous nos efforts temporels confirment perpétuellement cette loi. [[Charles Péguy|Péguy]] parlait déjà de « ces retournements qui reviennent au même » et « des progrès plus cassés que la vieille habitude ».
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{{Réf Livre
|titre=Notre regard qui manque à la lumière
|auteur=Gustave Thibon
|éditeur=Fayard
|année=1970
|ISBN=978-2-213-00296-5
|page=217, 218
}}
 
{{citation|
Qu’il s’agisse d’un homme, d’une doctrine ou d’une passion que tu dois abandonner au bord de la route pour suivre ton plus haut destin, tâche d’éviter, en te retirant, toute apparence de vulgarité ou de reniement. Tu dois prendre congé avec d’autant plus de courtoisie et de gratitude que tu sais que tu ne reviendras jamais. L’hôte dont tu ne franchiras plus le seuil, c’est celui-là que tu dois saluer le plus bas.
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{{Réf Livre
|titre=Notre regard qui manque à la lumière
|auteur=Gustave Thibon
|éditeur=Fayard
|année=1970
|ISBN=978-2-213-00296-5
|page=230
}}
 
{{citation|
On me traite de pessimiste parce que je ne crois pas au progrès, à l’Eden futur forgé par la technique et la révolution, etc. Mais si je ne crois pas à l’avenir, je crois à l’éternité qui peut féconder toutes les heures du temps, je crois à une ''présence'' absolue qui est aussi un ''présent'' et qu’on peut cueillir aujourd’hui. Quel est donc le plus optimiste : celui qui ne croit qu’en l’avenir, c’est-à-dire à une promesse qui ne sera jamais tenue, ou celui qui sait que le paradis nous attend dans le repli de chaque minute qui passe ?
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{{Réf Livre
|titre=Notre regard qui manque à la lumière
|auteur=Gustave Thibon
|éditeur=Fayard
|année=1970
|ISBN=978-2-213-00296-5
|page=237
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{{citation|
Que m’importe donc le passé en tant que passé ? Ne voyez-vous pas que lorsque je pleure sur la rupture d’une tradition, c’est surtout à l’avenir que je pense ? Quand je vois se pourrir une racine, j’ai pitié des fleurs qui demain sécheront, faute de sève.
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{{Réf Livre
|titre=Notre regard qui manque à la lumière
|auteur=Gustave Thibon
|éditeur=Fayard
|année=1970
|ISBN=978-2-213-00296-5
|page=237
}}
 
{{citation|
Mon cœur a vieilli à la façon d’un voile : l’usure des jours l’a fait plus transparent et plus doux. L’aride tension, le morne jeu de bascule entre la chair et l’esprit, le regret qui succède aux victoires de l’âme et le remords qui suit les triomphes du corps – tout cela n’est plus que le souvenir d’un mauvais rêve. Mon esprit s’est fait chair, ma chair est devenue esprit. Je sens avec ma pensée et je pense avec mes sens. Je ne suis plus cette chair rebelle qui convoite contre l’esprit ni cet esprit jaloux qui séquestre la chair. J’ai rassemblé les deux moitiés de mon être : enfin, je suis un homme !
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{{Réf Livre
|titre=Notre regard qui manque à la lumière
|auteur=Gustave Thibon
|éditeur=Fayard
|année=1970
|ISBN=978-2-213-00296-5
|page=242
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