« Jules Barbey d'Aurevilly » : différence entre les versions

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{{citation|
Jamais, à aucune heure de la journée, les églises de province ne sont plus hantées par ceux qui les fréquentent qu’à cette heure vespérale où les travaux cessent, où la lumière agonise, et où l’âme chrétienne se prépare à la nuit, — à la nuit qui ressemble à la mort et durant laquelle la mort peut venir. A cette heure-là, on sent vraiment très bien que la religion chrétienne est la fille des catacombes et qu’elle a toujours quelque chose en elle des mélancolies de son berceau. C’est à ce moment, en effet, que ceux qui croient encore à la prière aiment à venir s’agenouiller et s’accouder, le front dans leurs mains, en ces nuits mystérieuses des nefs vides, qui répondent certainement au plus profond besoin de l’âme humaine, car si pour nous autres mondains et passionnés, le tête-à-tête en cachette avec la femme aimée nous paraît plus intime et plus troublant dans les ténèbres, pourquoi n’en serait-il pas de même pour les âmes religieuses avec Dieu, quand il fait noir devant ses tabernacles, et qu’elles lui parlent, de bouche à oreille, dans l’obscurité ?
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{{Réf Livre|
titre=Les Diaboliques
|auteur=Jules Barbey d'Aurevilly
|éditeur=Paleo
|année=2007
|page=217, 218
|ISBN=2-84909-315-7
|année d'origine=1874
|collection=La collection de sable
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{{citation|
Elle parlait avec une vibration inouïe, malgré les tremblements saccadés de sa mâchoire qui claquait à briser ses dents. Je la reconnaissais, mais je l’apprenais encore ! C’était bien la fille noble qui n’était que cela, la fille noble plus forte, en mourant, que la femme jalouse. Elle mourait bien comme une fille de V…, la dernière ville noble de France ! Et touché de cela plus peut-être que je n’aurais dû l’être, je lui promis et je lui jurai, si je ne la sauvais pas, de faire ce qu’elle me demandait.
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{{Réf Livre|
titre=Les Diaboliques
|auteur=Jules Barbey d'Aurevilly
|éditeur=Paleo
|année=2007
|page=150
|ISBN=2-84909-315-7
|année d'origine=1874
|collection=La collection de sable
}}
 
{{citation|
Toi, Rançonnet, toi, Mautravers, toi, Sélune, et moi aussi, nous avons tous eu l’Empereur sur la poitrine, puisque nous avions sa Légion d’Honneur, et cela nous a parfois donné plus de courage au feu de l’y avoir. Mais elle, ce n’est pas l’image de son Dieu qu’elle a sur la sienne ; c’en est, pour elle, la réalité. C’est le Dieu substantiel, qui se touche, qui se donne, qui se marge, et qu’elle porte, au prix de sa vie, à ceux qui ont faim de ce Dieu-là ! Eh bien, ma parole d’honneur ! je trouve cela tout simplement sublime…
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{{Réf Livre|
titre=Les Diaboliques
|auteur=Jules Barbey d'Aurevilly
|éditeur=Paleo
|année=2007
|page=253
|ISBN=2-84909-315-7
|année d'origine=1874
|collection=La collection de sable
}}
 
{{citation|
Le respect des peuples ressemble un peu à cette sainte Ampoule, dont on s’est moqué avec une bêtise de tant d’esprit. Lorsqu’il n’y en a plus, il y en a encore. Le fils du bimbelotier déclame contre l’inégalité des rangs ; mais, seul, il n’ira point traverser la place publique de sa ville natale, où tout le monde se connaît et où l’on vit depuis l’enfance, pour insulter de gaieté de cœur le fils d’un Clamorgan-Taillefer, par exemple, qui passe donnant le bras à sa sœur. Il aurait la ville contre lui. Comme toutes les choses haïes et enviées, la naissance exerce physiquement sur ceux qui la détestent une action qui est peut-être la meilleure preuve de son droit. Dans les temps de révolution, on réagit contre elle, ce qui est la subir encore ; mais dans les temps calmes, on la subit tout au long.
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{{Réf Livre|
titre=Les Diaboliques
|auteur=Jules Barbey d'Aurevilly
|éditeur=Paleo
|année=2007
|page=173
|ISBN=2-84909-315-7
|année d'origine=1874
|collection=La collection de sable
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{{citation|
Il était profondément aristocrate. Il ne l’était pas seulement de naissance, de caste, de rang social ; il l’était de ''nature'', comme il était ''lui'', et pas un autre, et comme il l’eût été encore, aurait-il été le dernier cordonnier de sa ville. Il l’était encore, comme dit [[Heinrich Heine|Henri Heine]], « par sa grande manière de sentir », et non point bourgeoisement, à la façon des parvenus qui aiment les distinctions extérieures. Il ne portait pas ses décorations. Son père, le voyant à la veille de devenir colonel, quand s’écroula l’Empire, lui avait constitué un majorat de baron ; mais il n’en prit jamais le titre, et sur ses cartes et pour tout le monde, il ne fut que « le chevalier de Mesnilgrand ».
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{{Réf Livre|
titre=Les Diaboliques
|auteur=Jules Barbey d'Aurevilly
|éditeur=Paleo
|année=2007
|page=229
|ISBN=2-84909-315-7
|année d'origine=1874
|collection=La collection de sable
}}
 
{{citation|
-Ah ! dit passionnément Mlle Sophie de Revistal, il en est également de la musique et de la vie. Ce qui fait l’expression de l’une et de l’autre, ce sont les silences bien plus que les accords.
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{{Réf Livre|
titre=Les Diaboliques
|auteur=Jules Barbey d'Aurevilly
|éditeur=Paleo
|année=2007
|page=216
|ISBN=2-84909-315-7
|année d'origine=1874
|collection=La collection de sable
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{{citation|
Avec l’esprit et les manières de son nom, la baronne de Mascranny a fait de son salon une espèce de Coblentz délicieux où s’est réfugiée la conversation d’autrefois, la dernière gloire de l’esprit français, forcé d’émigrer devant les mœurs utilitaires et occupées de notre temps. C’est là que chaque soir, jusqu’à ce qu’il se taise tout à fait, il chante divinement son chant du cygne. Là, comme dans les rares maisons de Paris où l’on a conservé les grandes traditions de la causerie, on ne carre guère de phrases, et le monologue est à peu près inconnu. Rien n’y rappelle l’article du journal et le discours politique, ces deux moules si vulgaires de la pensée, au dix-neuvième siècle.
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{{Réf Livre|
titre=Les Diaboliques
|auteur=Jules Barbey d'Aurevilly
|éditeur=Paleo
|année=2007
|page=164
|ISBN=2-84909-315-7
|année d'origine=1874
|collection=La collection de sable
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{{citation|
C’était une de ces femmes de vieille race, épuisée, élégante, distinguée, hautaine, et qui, du fond de leur pâleur et de leur maigreur, semblent dire : « Je suis vaincue du temps, comme ma race ; je me meurs, mais je vous méprise ! » et, le diable m’emporte, tout plébéien que je suis, et quoique ce soit peu philosophique, je ne puis m’empêcher de trouver cela beau.
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{{Réf Livre|
titre=Les Diaboliques
|auteur=Jules Barbey d'Aurevilly
|éditeur=Paleo
|année=2007
|page=126
|ISBN=2-84909-315-7
|année d'origine=1874
|collection=La collection de sable
}}
 
=== ''Les Œuvres et les hommes'' ===