« Histoire de ma vie (Casanova) » : différence entre les versions

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{{Citation|citation=<nowiki/>
# {{Citation|citation=Je suis non seulement monothéiste, mais chrétien fortifié par la philosophie[.]}}
# {{Citation|citation=[L]a philosophie [n’a] jamais rien gâté.}}
# {{Citation|citation=Le désespoir tue ; la prière le fait disparaître[.]
| langue = fr
| original = Je suis non seulement monothéiste, mais chrétien fortifié par la philosophie, qui n’a jamais rien gâté. Je crois à l’existence d’un D<small>IEU</small> immatériel créateur, et maître de toutes les formes ; et ce qui me prouve que je n’en ai jamais douté, c’est que j’ai toujours compté sur sa providence, recourant à lui par le moyen de la prière dans toutes mes détresses ; et me trouvant toujours exaucé. Le désespoir tue ; la prière le fait disparaître ; et après elle l’homme confie,<!--virgule--> et agit.
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{{Citation|citation=<nowiki/>
# {{Citation|citation=L’homme est libre ; mais il ne l’est pas s’il ne croit pas de l’être[.]}}
# {{Citation|citation=Celui qui a la force de suspendre ses démarches jusqu’à l’arrivée du calme est le sage.
| langue = fr
| original = L’homme est libre ; mais il ne l’est pas s’il ne croit pas de l’être, car plus il suppose de force au Destin plus il se prive de celle que D<small>IEU</small> lui a donnée quand il l’a partagé de la <!--ital-->''raison''<!--/ital-->. La raison est une parcelle de la divinité du Créateur. […] Quoique l’homme soit libre, il ne faut cependant pas croire qu’il soit maître de faire tout ce qu’il veut. Il devient esclave lorsqu’il se détermine à agir quand une passion l’agite. ''{{lang|la|Nisi paret imperat}}'' [“Ce qui n’obéit pas commande”, Horace, ''Épîtres'']. Celui qui a la force de suspendre ses démarches jusqu’à l’arrivée du calme est le sage. Cet être est rare.
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{{Citation|citation=<nowiki/>
# {{Citation|citation=[N]’ayant jamais visé à un point fixe, le seul système que j’eus, si c’en est un, fut celui de me laisser aller où le vent qui soufflait me poussait.}}
# {{Citation|citation=Mes infortunes également que mes bonheurs m’ont démontré que dans ce monde tant physique que moral le bien sort du mal, comme du bien<!--du bien le mal, sic--> le mal.}}
# {{Citation|citation=[L]a force sans la confiance ne sert à rien.
| langue = fr
| original = Le lecteur qui aime à penser verra dans ces m<!--pas de majuscule ici-->émoires que n’ayant jamais visé à un point fixe, le seul système que j’eus, si c’en est un, fut celui de me laisser aller où le vent qui soufflait me poussait. Que de vicissitudes dans cette indépendance de méthodes ! Mes infortunes également que mes bonheurs m’ont démontré que dans ce monde tant physique que moral le bien sort du mal, comme du bien<!--du bien le mal, sic--> le mal. Mes égarements montreront aux penseurs les chemins contraires, ou leur apprendront le grand art de se tenir à cheval du fosset<!--fosset, sic-->. Il ne s’agit que d’avoir du courage, car la force sans la confiance ne sert à rien. J’ai vu très souvent le bonheur tomber sur moi en conséquence d’une démarche imprudente, qui aurait dû me mener au précipice ; et, quoiqu’en me blâmant, j’ai remercié D<small>IEU</small>. J’ai aussi vu, tout au contraire, un malheur accablant sorti d’une conduite mesurée par la sagesse : cela m’a humilié ; mais sûr d’avoir eu raison, je m’en suis facilement consolé.
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{{Citation|citation=<nowiki/>
# {{Citation|citation=[J]e fus toute ma vie la victime de mes sens[.]}}
# {{Citation|citation=[J]’ai continuellement vécu dans l’erreur, n’ayant d’autre consolation que celle de savoir que j’y étais.
| langue = fr
| original = Malgré le fond de l’excellente morale, fruit nécessaire des divins principes enracinés dans mon cœur, je fus toute ma vie la victime de mes sens ; je me suis plu à m’égarer, et j’ai continuellement vécu dans l’erreur, n’ayant d’autre consolation que celle de savoir que j’y étais. […] Ce sont des folies de jeunesse. Vous verrez que j’en ris, et si vous êtes bon, vous en rirez avec moi.
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[[Image:Goya - Caprichos (30).jpg|thumb|''Pourquoi les cacher ?'' (''{{lang|es|¿Porque esconderlos?}}''), série des ''Caprices'' (''{{lang|es|Los Caprichos}}''), Goya, 1799.]]
 
 
{{Citation|citation=<nowiki/>
# {{Citation|citation=[Q]uand l’amour s’en mêle, on est ordinairement la dupe de part et d’autre.}}
# {{Citation|citation=On venge [l’esprit] quand on trompe un sot, et la victoire en vaut la peine[.]}}
# {{Citation|citation=Tromper un sot [est] un exploit digne d’un homme d’esprit.}}
# {{Citation|citation=[J]e me trouve sot toutes les fois que je me vois en société avec [les sots].
| langue = fr
| original = Vous rirez quand vous saurez que souvent je ne me suis pas fait un scrupule de tromper des étourdis, des fripons, des sots quand j’en ai eu besoin. Pour ce qui regarde les femmes, ce sont des tromperies réciproques qu’on ne met pas en ligne de compte, car quand l’amour s’en mêle, on est ordinairement la dupe de part et d’autre. Mais c’est bien différent pour ce qui regarde les sots. Je me félicite toujours quand je me souviens de les avoir fait tomber dans mes filets, car ils sont insolents,<!--virgule--> et présomptueux jusqu’à défier l’esprit. On le venge quand on trompe un sot, et la victoire en vaut la peine, car il est cuirassé,<!--virgule--> et on ne sait pas par où le prendre. Tromper un sot enfin est un exploit digne d’un homme d’esprit. Ce qui a mis dans mon sang, depuis que j’existe, une haine invincible contre cette engeance, c’est que je me trouve sot toutes les fois que je me vois en société avec eux. Il faut cependant les distinguer de ces hommes qu’on appelle bêtes, car n’étant bêtes que par défaut d’éducation, je les aime assez. J’en ai trouvé de fort honnêtes, et qui dans le caractère de leur bêtise ont une sorte d’esprit. Ils ressemblent à des yeux qui sans la cataracte seraient fort beaux.
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[[Image:Nicolas Poussin 052.jpg|thumb|''{{lang|la|Et in Arcadia ego}} [II<!--2e version-->]'' dit ''Les Bergers d’Arcadie'', Nicolas Poussin, 1638.]]
 
 
{{Citation|citation=<nowiki/>
# {{Citation|citation=S’il m’arrive après ma mort de sentir encore, je ne douterai plus de rien[.]}}
# {{Citation|citation=Une connaissance qui coûte la vie coûte trop cher.
| langue = fr
| original = Je sais que j’ai existé, et en étant sûr parce que j’ai senti, je sais aussi que je n’existerai plus quand j’aurai fini de sentir. S’il m’arrive après ma mort de sentir encore, je ne douterai plus de rien ; mais je donnerai un démenti à tous ceux qui viendront me dire que je suis mort. […] Une philosophie consolante d’accord avec la religion prétend que la dépendance de l’âme, des sens,<!--virgule--> et des organes n’est que fortuite et passagère, et qu’elle sera libre et heureuse quand la mort du corps l’aura <!--sic, franchie-->franchie de leur pouvoir tyrannique. C’est fort beau,<!--virgule--> mais,<!--virgule--> religion à part, ce n’est pas sûr. Ne pouvant donc me trouver dans la certitude parfaite d’être immortel qu’après avoir cessé de vivre, on me pardonnera,<!--virgule--> si je ne suis pas pressé de parvenir à connaître cette vérité. Une connaissance qui coûte la vie coûte trop cher. En attendant, j’adore Dieu, me défendant toute action injuste, et abhorrant les hommes injustes, sans cependant leur faire du mal. Il me suffit de m’abstenir de leur faire du bien. Il ne faut pas nourrir les serpents.
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{{Citation|citation=<nowiki/>
# {{Citation|citation=Cultiver les plaisir de mes sens fut dans toute ma vie ma principale affaire[.]}}
# {{Citation|citation=Me sentant né pour le sexe différent du mien, je l’ai toujours aimé, et je m’en suis fait aimer tant que j’ai pu.
| langue = fr
| original = Cultiver les plaisir de mes sens fut dans toute ma vie ma principale affaire ; je n’en ai jamais eu de plus importante. Me sentant né pour le sexe différent du mien, je l’ai toujours aimé, et je m’en suis fait aimer tant que j’ai pu. J’ai aussi aimé la bonne table avec transport, et passionnément tous les objets faits pour exciter la curiosité.
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[[Image:Angelo Bronzino 003.jpg|thumb|Détail de l’''Allégorie du triomphe de Vénus'' (''{{lang|it|Allegoria del trionfo di Venere}}''), Agnolo Bronzino (Angelo di Cosimo), 1545.]]
 
 
{{Citation|citation=<nowiki/>
# {{Citation|citation=L’homme qui oublie une injure ne l’a pas pardonnée[.]}}
# {{Citation|citation=[L]a haine, à la longue, tue le malheureux qui se plaît à la nourrir.
| langue = fr
| original = J’ai eu des amis qui me firent du bien, et je fus assez heureux de pouvoir en toute occasion leur donner des marques de ma reconnaissance ; et j’eus de détestables ennemis qui m’ont persécuté, et que je n’ai pas exterminés parce que je ne l’ai pas pu. Je ne leur aurais jamais pardonné, si je n’eusse oublié le mal qu’ils m’ont fait. L’homme qui oublie une injure ne l’a pas pardonnée, il l’a oubliée ; car le pardon part d’un sentiment héroïque d’un cœur noble et d’un esprit généreux, tandis que l’oubli vient d’une faiblesse de mémoire, ou d’une douce nonchalance amie d’une âme pacifique, et souvent d’un besoin de calme et de paix ; car la haine, à la longue, tue le malheureux qui se plaît à la nourrir.
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{{Citation|citation=<nowiki/>
# {{Citation|citation=[I]l n’y a pas d’honnête homme au monde sans quelque espèce de prétention[.]}}
# {{Citation|citation=[J]’ai toujours aimé la vérité avec tant de passion, que souvent j’ai commencé par mentir pour la faire entrer dans des têtes qui n’en connaissaient pas les charmes.
| langue = fr
| original = Je crois enfin qu’il n’y a pas d’honnête homme au monde sans quelque espèce de prétention ; et je vais parler de la mienne. Je prétends à l’amitié, à l’estime,<!--virgule--> et à la reconnaissance de mes lecteurs […] par la franchise,<!--virgule--> et la bonne foi avec laquelle je me livre sans nul déguisement tel que je suis à leur jugement. Ils trouveront que j’ai toujours aimé la vérité avec tant de passion, que souvent j’ai commencé par mentir pour la faire entrer dans des têtes qui n’en connaissaient pas les charmes.
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[[Image:Arnold Böcklin 006.jpg|thumb|''L’Île des morts [V<!--5e version-->]'' (''{{lang|de|Die Toteninsel}} [V]''), Arnold Böcklin, 1886.]]
 
 
{{Citation|citation=<nowiki/>
# {{Citation|citation=Je ne peux me figurer sans horreur de contracter quelque obligation avec la mort<!--pas de virgule--> que je déteste.}}
# {{Citation|citation=Heureuse ou malheureuse, la vie est le seul trésor que l’homme possède, et ceux qui ne l’aiment pas n’en sont pas dignes.}}
# <!--version courte-->{{Citation|citation=[L]a raison doit réprouver [la mort], car elle n’est faite que pour la détruire.}}
# {{Citation|citation=La mort est un monstre qui chasse du grand théâtre un spectateur attentif, avant qu’une pièce qui l’intéresse infiniment finisse.
# <!--version longue-->Ô mort ! cruelle loi de la nature, que la raison doit réprouver, car elle n’est faite que pour la détruire.
# La mort est un monstre qui chasse du grand théâtre un spectateur attentif, avant qu’une pièce qui l’intéresse infiniment finisse.
| langue = fr
| original = [J]e suis bien loin de me consoler espérant que quand mes m<!--pas de majuscule ici-->émoires paraîtront je ne serai plus. Je ne peux me figurer sans horreur de contracter quelque obligation avec la mort<!--pas de virgule--> que je déteste. Heureuse ou malheureuse, la vie est le seul trésor que l’homme possède, et ceux qui ne l’aiment pas n’en sont pas dignes. On lui préfère l’honneur, parce que l’infamie la flétrit. Si dans l’alternative on se tue, la philosophie doit se taire. Ô mort ! cruelle loi de la nature, que la raison doit réprouver, car elle n’est faite que pour la détruire. Cicéron dit qu’elle nous délivre des peines. Ce grand philosophe enregistre la dépense, et ne met pas en ligne de compte la recette. Je ne me souviens pas si, quand il écrivait ses ''Tusculanes'', sa Tulliole<!--e--> était morte. La mort est un monstre qui chasse du grand théâtre un spectateur attentif, avant qu’une pièce qui l’intéresse infiniment finisse. Cette seule raison doit suffire pour la détester.
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| page = 9
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{{Choisie citation du jour|puce=*|année=2008|mois=avril|jour=2}}
 
{{Citation|citation=La préface est à un ouvrage ce que l’affiche est à une comédie. On doit la lire.
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{{Citation|citation=<nowiki/>
# {{Citation|citation=J’ai écrit en français,<!--virgule--> et non pas en italien<!--pas de virgule--> parce que la langue française est plus répandue que la mienne.}}
# {{Citation|citation=C’est pourtant digne d’observation qu’entre toutes les langues vivantes, […] la française soit la seule que ses présidents condamnèrent à ne pas s’enrichir aux dépens des autres[.]
| langue = fr
| original = J’ai écrit en français,<!--virgule--> et non pas en italien<!--pas de virgule--> parce que la langue française est plus répandue que la mienne. Les puristes qui trouvant dans mon style des tournures de mon pays me critiqueront auront raison, si elles les empêchent de me trouver clair. Les Grecs goûtèrent Théophrase malgré ses phrases d’Érèse et les Romains leur Tite-Live, malgré sa ''patavinité''. Si j’intéresse, je peux, ce me semble, espirer à la même indulgence. Toute l’Italie goûte Algaroti<!--oti, sic--> quoique son style soit pétri de gallicismes. C’est pourtant digne d’observation qu’entre toutes les langues vivantes, qui figurent dans la république des l<!--l minuscule ici-->ettres, la française soit la seule que ses présidents condamnèrent à ne pas s’enrichir aux dépens des autres, tandis que les autres, toutes plus riches qu’elle, la pillèrent, tant dans ses paroles,<!--virgule--> que dans ses manières, d’abord qu’elles connurent que par ces petits vols elles s’embelliraient. Ceux qui la soumirent à cette loi convirent cependant de sa pauvreté. Ils dirent qu’étant parvenue à posséder toutes les beautés dont elle est susceptible, le moindre trait étranger l’enlaidirait. Cette sentence peut avoir été prononcée par la prévention.
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{{Citation|citation=<nowiki/>
# {{Citation|citation=[L]es remèdes aux plus grandes maladies ne se trouvent pas toujours dans la pharmacie.}}
# {{Citation|citation=Il n’y a jamais eu au monde des sorciers ; mais leur pouvoir a toujours existé par rapport à ceux auxquels ils ont eu le talent de se faire croire tels.
| langue = fr
| original = Après le voyage à Muran, et la visite nocturne de la fée, je saignais encore, mais toujours moins ; et ma mémoire peu à peu se développait, en moins d’un mois j’ai appris à lire. Il serait ridicule d’attribuer ma guérison à ces deux extravagances mais on aurait aussi tort de dire qu’elles ne purent pas y contribuer. Pour ce qui regarde l’apparition de la belle reine, je l’ai toujours crue un songe, à moins qu’on ne m’eût fait cette mascarade exprès ; mais les remèdes aux plus grandes maladies ne se trouvent pas toujours dans la pharmacie. Tous les jours quelque phénomène nous démontre notre ignorance. Je crois que c’est par cette raison que rien n’est si rare qu’un savant qui ait un esprit entièrement exempt de superstition. Il n’y a jamais eu au monde des sorciers ; mais leur pouvoir a toujours existé par rapport à ceux auxquels ils ont eu le talent de se faire croire tels.
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[[Image:AUGUST RODIN O pensador (vista frontal).jpg|thumb|Bronze dit ''Le Penseur'', extrait du groupe ''La Porte de l’Enfer'', Auguste Rodin, version coulée d’après l’original de 1881.]]
 
 
{{Citation|citation=<nowiki/>
# {{Citation|citation=[L]a crédulité [est une] lâcheté.}}
# {{Citation|citation=[J]e sais que c’est à [ma raison] seule que je dois tout le bonheur dont je jouis quand je me trouve vis-à-vis de moi-même.
| langue = fr
| original = [Le jour de ses neuf ans, Casanova se réveille en bateau et s’étonne de voir “que les arbres marchent” ; sa mère le gronde que “C’est la barque qui marche, et non pas les arbres.”] Il se peut donc, lui dis-je, que le soleil ne marche pas non plus, et que ce soit nous qui roulons d’Occident en Orient. Ma bonne mère s’écrie à la bêtise, M. Grimani déplore mon imbécilité, et je reste consterné, affligé, et prêt à pleurer. [Heureusement M. Baffo] m’embrasse tendrement me disant : ''Tu as raison mon enfant. Le Soleil ne bouge pas, prends courage, raisonne toujours en conséquence, et laisse rire.'' Ma mère lui demande s’il est fou me donnant des leçons pareilles ; mais le philosophe, sans pas seulement lui répondre, poursuivit à m’ébaucher une théorie faite pour ma raison pure et simple. Ce fut le premier vrai plaisir que j’ai goûté dans ma vie. Sans M. Baffo, ce moment-là eût été suffisant pour avilir mon entendement : <!--ital-->''la lâcheté de la crédulité s’y serait introduite.''<!--/ital--> La bêtise des deux autres aurait à coup sûr émoussé en moi le tranchant d’une faculté par laquelle je ne sais pas si je suis allé bien loin ; mais je sais que c’est à elle seule que je dois tout le bonheur dont je jouis quand je me trouve vis-à-vis de moi-même.
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{{Citation|citation=<nowiki/>
# {{Citation|citation=La chicane ruine beaucoup plus de familles qu’elle n’en soutient ; et ceux qui meurent tués par les médecins sont beaucoup plus nombreux que ceux qui guérissent.}}
# {{Citation|citation=[L]e monde serait beaucoup moins malheureux sans [les avocats et les médecins].
| langue = fr
| original = Ma vocation était celle d’étudier la médecine pour en exercer le métier pour lequel je me sentais un grand penchant, mais on ne m’écouta pas ; on voulut que je m’appliquasse à l’étude des lois pour lesquelles je me sentais une aversion indicible. On prétendait que je ne pouvais faire ma fortune que devenant avocat, et ce qui est pire, avocat ecclésiastique, parce qu’on trouvait que j’avais le don de la parole. <!--ital-->''Si on y avait bien pensé on m’aurait contenté en me laissant devenir médecin, où le charlatanisme fait encore plus d’effet que dans le métier d’avocat.''<!--/ital--> Mais je n’ai fait ni l’un ni l’autre ; et cela ne pouvait pas être autrement. Il se peut que ce soit par cette raison que je n’ai jamais voulu ni me servir d’avocats quand il m’est arrivé d’avoir des prétentions légales au barreau, ni appeler des médecins quand j’ai eu des maladies. <!--ital-->''La chicane ruine beaucoup plus de familles qu’elle n’en soutient ; et ceux qui meurent tués par les médecins sont beaucoup plus nombreux que ceux qui guérissent. Le résultat est que le monde serait beaucoup moins malheureux sans ces deux engeances.''<!--/ital-->
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{{Citation|citation=<nowiki/>
# {{Citation|citation=[L]a plus grande partie du genre humain est composée de poltrons[.]}}
# {{Citation|citation=[L]a vérité est un talisman dont les charmes sont immanquables pourvu qu’on ne la prodigue pas à des coquins.}}
# {{Citation|citation=Je crois qu’un coupable, qui ose dire [la vérité] à un juge intègre, est absous plus facilement qu’un innocent qui tergiverse.}}
# {{Citation|citation=[L]’homme vieux a pour ennemi toute la nature.
| langue = fr
| original =
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[[Image:Gradiva-p1030638.jpg|thumb|Bas-relief dit ''{{lang|it|La Gradiva}}'' (''Celle qui s’avance''), anonyme, copie romaine d’un original grec du IV{{e}} s. av. J.-C.]]
 
 
{{Citation|citation=<nowiki/>
 
# <!--version courte-->[L]a réalité [dépend de] l’imagination[.]
# <!--version longue-->Pensant à la réalité et à l’imagination, j’ai{{Citation|citation=[J]’ai donné la préférence à celle-ci[l’imagination], puisque [la premièreréalité] en dépend.}}
# {{Citation|citation=La plus grande partie des hommes ne prend pas garde aux beaux pieds d’une femme[.]}}
# {{Citation|citation=[L]es femmes n’ont point tort d’être tant soigneuses de leur figure,<!--virgule--> et de leurs vêtements, car ce n’est que par là qu’elles peuvent faire naître la curiosité[.]
| langue = fr
| original = Pensant à la réalité et à l’imagination, j’ai donné la préférence à celle-ci, puisque la première en dépend. Le fond de l’amour, comme je l’ai appris après, est une curiosité, qui jointe au penchant que la nature a besoin de nous donner pour se conserver, fait tout. La femme est comme un livre qui bon ou mauvais doit commencer à plaire par le frontispice ; s’il n’est pas intéressant il ne fait pas venir l’envie de le lire, et cette envie est égale en force à l’intérêt qu’il inspire. Le frontispice de la femme va aussi du haut en bas comme celui d’un livre, et ses pieds, qui intéressent tant des hommes faits comme moi, donnent le même intérêt que donne à un homme de lettres l’édition de l’ouvrage. La plus grande partie des hommes ne prend pas garde aux beaux pieds d’une femme, et la plus grande partie des lecteurs ne se soucie pas de l’édition. Ainsi les femmes n’ont point tort d’être tant soigneuses de leur figure,<!--virgule--> et de leurs vêtements, car ce n’est que par là qu’elles peuvent faire naître la curiosité de les lire dans ceux qui à leur naissance la nature n’a pas déclaré pour dignes d’être nés aveugles.
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}}
 
 
{{Citation|citation=<nowiki/>
# {{Citation|citation=[L]a coquetterie [est] le monstre persécuteur de tous ceux qui font le métier d’aimer.}}
# {{Citation|citation=[T]u seras victime du beau sexe jusqu’au dernier moment de ta vie. Si cela ne te déplaît pas, je t’en fais mon compliment.
| langue = fr
| original = Ainsi les femmes n’ont point tort d’être tant soigneuses de leur figure, et de leurs vêtements, car ce n’est que par là qu’elles peuvent faire naître la curiosité de les lire dans ceux qui à leur naissance la nature n’a pas déclaré pour dignes d’être nés aveugles. Or tout comme ceux qui ont beaucoup de livres sont très curieux de lire les nouveaux, fussent-ils mauvais, il arrive qu’un homme, qui a aimé beaucoup de femmes toutes belles, parvienne enfin à être curieux des laides lorsqu’il les trouve neuves. Il voit une femme fardée. Le fard lui saute aux yeux ; mais cela ne le rebute pas. Sa passion devenue vice lui suggère un argument tout en faveur du faux frontispice. Il se peut, se dit-il, que le livre ne soit pas si mauvais ; et il se peut qu’il n’ait pas besoin de ce ridicule artifice. Il tente de le parcourir, il veut le feuilleter, mais point du tout ; le livre vivant s’oppose ; il veut être lu en règle ; et l’''egnomane'' devient victime de la coquetterie, qui est le monstre persécuteur de tous ceux qui font le métier d’aimer. Homme d’esprit, qui a lu ces dernières vingt lignes, qu’Apollon fit sortir de ma plume, permets-moi de te dire que si elles ne servent à rien pour te désabuser tu as perdu ; c’est-à-dire que tu seras victime du beau sexe jusqu’au dernier moment de ta vie. Si cela ne te déplaît pas, je t’en fais mon compliment.
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====Vol. 2====
 
 
{{Citation|citation=<nowiki/>
# {{Citation|citation=Si [la vie] est un malheur, la mort donc<!--sic, “donc est”--> est un bonheur.}}
# {{Citation|citation=Si le plaisir existe, et si on ne peut en jouir qu’en vie, la vie est donc un bonheur.
| langue = fr
| original = Ceux qui disent que la vie n’est qu’un assemblage de malheurs veulent dire que la vie même est un malheur. Si elle est un malheur, la mort donc<!--sic, “donc est”--> est un bonheur. Ces gens-là n’écrivirent pas ayant une bonne santé, la bourse pleine d’or, et le contentement dans l’âme, venant d’avoir entre leurs bras des Cécile,<!--virgule--> et des Marine, et étant sûrs d’en avoir d’autres dans la suite. C’est une race de pessimistes (pardon ma chère langue française) qui ne peut avoir existé qu’entre des philosphes gueux et des théologiens fripons ou atrabilaires. Si le plaisir existe, et si on ne peut en jouir qu’en vie, la vie est donc un bonheur. Il y a d’ailleurs des malheurs ; je dois le savoir. Mais l’existence même de ces malheurs prouve que la masse du bien est plus forte. Je me plais infiniment quand je me trouve dans une chambre obscure, et que je vois la lumière d’une fenêtre vis-à-vis d’un immense horizon.
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}}
 
 
{{Citation|citation=<nowiki/>
# {{Citation|citation=Quand nous souffrons, nous nous procurons le plaisir d’espérer la fin de la souffrance[.]}}
# {{Citation|citation=Le plaisir [est] toujours pur ; la peine est toujours tempérée.
| langue = fr
| original = Quand nous souffrons, nous nous procurons le plaisir d’espérer la fin de la souffrance ; et nous ne nous trompons jamais, car notre pis-aller est le sommeil, dans lequel des rêves heureux nous consolent et calment ; et quand nous jouissons, la réflexion que notre joie sera suivie de peine ne vient jamais nous troubler. Le plaisir donc dans son actualité est toujours pur ; la peine est toujours tempérée.
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}}
 
 
{{Citation|citation=<nowiki/>
# {{Citation|citation=Le temps dans lequel on s’amuse ne peut pas être appelé perdu. Le mauvais est celui qu’on passe dans l’ennui.}}
# {{Citation|citation=Un jeune homme qui s’ennuie s’expose au malheur de devenir amoureux,<!--virgule--> et de se faire mépriser.
| langue = fr
| original = [La jeune M. D. R. à Casanova.]
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}}
 
 
{{Citation|citation=<nowiki/>
# {{Citation|citation=Celui de faire rire sans rire était dans ce temps-là mon grand talent.}}
# {{Citation|citation=[Malipiero à Casanova.] Pour faire pleurer<!--pas de virgule--> il faut pleurer, et il ne faut pas rire quand on veut faire rire.
| langue = fr
| original = [Mme F.] ne se trouva plus à table vis-à-vis de moi sans m’adresser la parole me faisant souvent des interrogations qui me mettaient dans la nécessité de faire des commentaires critiques dans un style plaisant gardant un air sérieux. Celui de faire rire sans rire était dans ce temps-là mon grand talent. Je l’avais appris de M. Malipiero<!--pas de virgule--> mon premier maître. “''Pour faire pleurer''<!--virgules hors italique-->, me disait-il,'' il faut pleurer, et il ne faut pas rire quand on veut faire rire.''”
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}}
 
 
{{Citation|citation=<nowiki/>
# {{Citation|citation=<!--version courte-->Qu’est-ce donc que l’amour ! [U]ne maladie à laquelle l’homme est sujet à tout âge[.]
#* <!--version longue-->Qu’est-ce donc que l’amour ! […] C’est une espèce de folie sur laquelle la philosophie n’a aucun pouvoir ; une maladie à laquelle l’homme est sujet à tout âge, et qui est incurable si elle frappe dans la vieillesse.}}
# {{Citation|citation=Amour indéfinissable ! […] Amertume dont rien n’est plus doux, douceur dont rien n’est plus amer.
| langue = fr
| original = Qu’est-ce donc que l’amour ! J’ai beau avoir lu tout ce que des prétendus sages ont écrit sur sa nature, et j’ai beau y philosopher dessus en vieillissant que je n’accorderai jamais qu’il soit ni bagatelle, ni vanité. C’est une espèce de folie sur laquelle la philosophie n’a aucun pouvoir ; une maladie à laquelle l’homme est sujet à tout âge, et qui est incurable si elle frappe dans la vieillesse. Amour indéfinissable ! Dieu de la nature ! Amertume dont rien n’est plus doux, douceur dont rien n’est plus amer. Monstre divin qu’on ne peut définir que par des paradoxes.
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}}
 
 
{{Citation|citation=<nowiki/>
# {{Citation|citation=Je crois que les trois quarts des femmes galantes cesseraient de l’être, si elles étaient sujettes à [la pétomanie], à moins qu’elles ne fussent sûres que leurs amants y seraient sujets aussi[.]}}
# {{Citation|citation=[L]’odorat n’est pas pour peu de chose dans les ébats de Vénus.
| langue = fr
| original = [Une conquête de Casanova s’est révélée pétomane.] Depuis ce jour-là elle n’a plus osé paraître devant mes yeux. Je suis resté assis sur l’escalier plus d’un quart d’heure avant de pouvoir m’affranchir du comique de cet événement, qui me force à rire toutes les fois que je me le rappelle. J’ai réfléchi après, que cette fille était peut-être redevable de sa sagesse à cette incommodité. Elle pouvait aussi dériver d’une conformation d’organe, et dans ce cas-là elle devait reconnaître de la Providence éternelle un don, qui par un sentiment d’ingratitude lui paraissait peut-être un défaut. Je crois que les trois quarts des femmes galantes cesseraient de l’être, si elles étaient sujettes à cet événement, à moins qu’elles ne fussent sûres que leurs amants y seraient sujets aussi, car pour lors la singulière symphonie pourrait devenir un agrément de plus dans l’heureux accouplement. On pourrait même trouver facilement un moyen applicable à l’écluse dont l’effet serait celui de rendre les explosions odoriférantes, car un sens ne doit pas souffrir lorsqu’un autre sens jouit ; et l’odorat n’est pas pour peu de chose dans les ébats de Vénus.
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}}
 
 
{{Citation|citation=<nowiki/>
# {{Citation|citation=[Le peuple] n’a ni lois, ni système, ni religion ; ses dieux sont le pain, le vin, et la fainéantise[.]}}
# {{Citation|citation=Le peuple [n’est] qu’un animal d’une grandeur immense qui ne raisonne pas.}}
# {{Citation|citation=Tout peuple est une union de bourreaux.
| langue = fr
| original = Pour ce qui regarde le peuple il est partout de la même nature : […] Il n’a ni lois, ni système, ni religion ; ses dieux sont le pain, le vin, et la fainéantise, il croit que liberté veut dire impunité, qu’aristocrate signifie tigre, que démagogue veut dire pasteur amoureux de son troupeau. Le peuple enfin n’est qu’un animal d’une grandeur immense qui ne raisonne pas. Les prisons de Paris regorgent de prisonniers qui étaient tous membre du peuple révoltés. Que quelqu’un aille leur dire : je vous ouvre les portes de votre prison si vous vous engagez à faire sauter en l’air la salle de l’Assemblée, ils acceptent et ils y vont. Tout peuple est une union de bourreaux.
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[[Image:Murten Morat 2003-08-22.jpg|thumb|Morat (Murten), canton de Fribourg, en Suisse.]]
 
 
{{Citation|citation=<nowiki/>
# {{Citation|citation=L’homme sage qui veut s’instruire doit lire et voyager après pour rectifier sa science.}}
# {{Citation|citation=Savoir mal est pire qu’ignorer. [Montaigne] dit qu’il faut savoir bien.
| langue = fr
| original = L’idée que j’avais de Morat jusqu’à ce moment-là était magnifique. Sa réputation de sept siècles, trois grands sièges soutenus et repoussés ; je m’attendais à voir quelque chose, et je ne voyais rien. “— Morat, dis-je au médecin, a donc été rasé, détruit, car… — Point du tout, il est ce qu’il a toujours été.” L’homme sage qui veut s’instruire doit lire et voyager après pour rectifier sa science. Savoir mal est pire qu’ignorer. [Montaigne] dit qu’il faut savoir bien.
Ligne 1 450 ⟶ 1 449 :
[[Image:Hieronymus Bosch 056.jpg|thumb|Détail du ''Portement de croix'' (''{{lang|nl|Kruisdraging}}''), Jérôme Bosch (Jeroen Bosch), 1516.]]
 
 
{{Citation|citation=<nowiki/>
# <!--version courte-->{{Citation|citation=[R]ien n’est plus facile que de faire du laid.
# <!--version longue-->Si nous voulons dispenser un peintre de l’obligation de donner à ses ouvrages le caractère de la beauté, chaque homme pourra alors devenir peintre, car rien n’est plus facile que de faire du laid.
| langue = fr
| original = [Raphaël] devait remercier Dieu d’être né avec un excellent goût pour la beauté. Mais ''{{lang|la|omne pulch<!--voir note-->rum difficile}}'' [“tout ce qui est beau est difficile”]. Les seuls peintres estimés furent ceux qui excellèrent dans le beau ; leur nombre est petit. Si nous voulons dispenser un peintre de l’obligation de donner à ses ouvrages le caractère de la beauté, chaque homme pourra alors devenir peintre, car rien n’est plus facile que de faire du laid. Le peintre qui n’est pas institué tel par Dieu même,<!--virgule--> le fait par force.
Ligne 1 471 ⟶ 1 469 :
[[Image:Adolph-von-Menzel-Tafelrunde.jpg|thumb|''Voltaire [à gauche de profil] dans un salon'' (''{{lang|de|Tafelrunde}}''), Adolph von Menzel, 1850.]]
 
 
{{Citation|citation=<nowiki/>
# {{Citation|citation=[I]l y a vingt ans, monsieur [<!--sic, monsieur de Voltaire-->de Voltaire], que je suis votre écolier.}}
# {{Citation|citation=Les rieurs sont faits pour tenir en haleine l’un des deux, toujours aux dépens de l’autre ; et celui pour lequel ils se déclarent est toujours sûr de gagner[.]
| langue = fr
| original =
Ligne 1 492 ⟶ 1 490 :
}}
 
 
{{Citation|citation=<nowiki/>
# {{Citation|citation=Je voudrais être le cadet de tout le genre humain.}}
# {{Citation|citation=[J]e lis tant que je peux, et je me plais à étudier l’homme en voyageant.}}
# {{Citation|citation=[L’histoire] ment ; on n’est pas sûr des faits ; elle ennuie[.]}}
# {{Citation|citation=[L]’étude du monde en courant m’amuse. Horace [est] mon itinéraire[.]
| langue = fr
| original = [Casanova à Voltaire.]
Ligne 1 533 ⟶ 1 531 :
[[Image:Voltaire dictionary.jpg|thumb|''Voltaire'', gravure en frontispice d’une édition anglaise du ''Dictionnaire philosophique'', 1843.]]
 
 
{{Citation|citation=<nowiki/>
# {{Citation|citation=[V]ous ne parviendrez jamais à détruire [la superstition.]}}
# {{Citation|citation=[La superstition] ne dévore pas [le genre humain], elle est au contraire nécessaire à son existence.}}
# {{Citation|citation=La superstition [est] nécessaire, puisque sans elle le peuple n’obéira jamais au monarque.
| langue = fr
| original = [Casanova à Voltaire.]
Ligne 1 557 ⟶ 1 555 :
}}
 
 
{{Citation|citation=<nowiki/>
# {{Citation|citation=Un peuple sans superstition serait philosophe, et les philosophes ne veulent jamais obéir.}}
# {{Citation|citation=Le peuple ne peut être heureux qu’écrasé, foulé, et tenu à la chaîne.}}
# {{Citation|citation=Aimez l’humanité ; mais vous ne sauriez l’aimer que telle qu’elle est.}}
# {{Citation|citation=[L’humanité] n’est pas susceptible des bienfaits [d’être libre], et en lui en faisant part vous la rendriez plus malheureuse et plus méchante. Laissez-lui [la superstition] qui la dévore ; cette bête lui est chère.
| langue = fr
| original = [Casanova à Voltaire.]
Ligne 1 652 ⟶ 1 650 :
}}
 
 
{{Citation|citation=<nowiki/>
# {{Citation|citation=[D]ans la vie<!--pas de virgule--> rien n’[est] réel que le présent[.]}}
# {{Citation|citation=[J’abhorre] les ténèbres du toujours affreux avenir, car il ne présente rien de certain que la mort[.]
| langue = fr
| original = Moyennant tous ces propos je me suis ménagé avec Rosalie la délicieuse nuit que nous avons passée ensemble. Nous dormîmes sept heures qui furent précédées,<!--virgule--> et suivies<!--pas de virgule--> de deux de caresses. Nous nous levâmes à midi, amis intimes. Rosalie me tutoyait, elle ne me parlait plus de reconnaissance, elle s’était accoutumée au bonheur, et elle riait avec dédain de ses misères passées. Elle courait à moi hors de propos, et dans l’enthousiasme elle m’appelait son enfant auteur de son bonheur, et elle me mangeait de baisers, elle faisait enfin mon bonheur ; et dans la vie rien n’étant réel que le présent, j’en jouissais, rejetant les images du passé, et abhorrant les ténèbres du toujours affreux avenir, car il ne présente rien de certain que la mort ''{{lang|la|ultima linea rerum}}'' [“terme de toute chose”].
Ligne 1 775 ⟶ 1 773 :
}}
 
 
{{Citation|citation=<nowiki/>
# {{Citation|citation=[L]a jouissance même d’un bel objet n’est pas un vrai plaisir,<!--virgule--> si l’amour ne l’a pas précédée.}}
# {{Citation|citation=[S]ouvent [la jouissance d’un bel objet] fait mourir [l’amour].}}
# {{Citation|citation=[Leonilda à Casanova.] Je condamne l’amour sans jouissance également que la jouissance sans amour.
| langue = fr
| original =
Ligne 1 833 ⟶ 1 831 :
[[Image:Bruegel peasant wedding dsc01965.jpg|thumb|''Le Repas de noce'' (''{{lang|nl|De Boerenbruiloft}}''), Bruegel l’Ancien (Pieter Bruegel de Oude), 1568.]]
 
 
{{Citation|citation=<nowiki/>
# {{Citation|citation=Il n’est pas difficile de faire des heureux quand ceux qu’on veut rendre tels méritent de l’être.}}
# {{Citation|citation=[L]a vanité même doit être chère à celui qui s’examinant trouve qu’elle l’a souvent poussé à faire le bien.
| langue = fr
| original = Après l’opéra d’Aliberti je suis allé souper chez Momolo, où j’ai vu Mariuccia avec son père et sa mère et son futur. On m’attendait avec impatience. Il n’est pas difficile de faire des heureux quand ceux qu’on veut rendre tels méritent de l’être. J’ai soupé délicieusement dans cette compagnie d’honnêtes et pauvres gens. Il se peut que ma satisfaction vînt de ma vanité, je me reconnaissais pour l’auteur du bonheur et de la joie que je voyais peinte sur la jolie figure des jeunes époux ; mais la vanité même doit être chère à celui qui s’examinant trouve qu’elle l’a souvent poussé à faire le bien.
Ligne 1 932 ⟶ 1 930 :
}}
 
 
{{Citation|citation=<nowiki/>
# {{Citation|citation=[L]anguir auprès d’une belle insensible ou capricieuse, c’est être dupe.}}
# {{Citation|citation=[D’après Martial.] Le bonheur ne doit être ni trop aisé ni trop difficile.
| langue = fr
| original = [Le syndic (superintendant) de Genève à Casanova.]
Ligne 2 102 ⟶ 2 100 :
}}
 
 
{{Citation|citation=<nowiki/>
# {{Citation|citation=Vous n’avez donc jamais aimé ? Vous avez le cœur vide.}}
# {{Citation|citation=[N’avoir jamais aimé] est un malheur, et vous en serez convaincue quand vous aimerez.}}
# {{Citation|citation=Dieu nous a fait naître pour que nous courions les risques [de l’amour].
| langue = fr
| original = [Casanova à Clémentine.]
Ligne 2 143 ⟶ 2 141 :
}}
 
 
{{Citation|citation=<nowiki/>
# {{Citation|citation=<!--version courte-->Il faut aimer [les femmes],<!--virgule--> et n’être pas curieux de leurs mystères[.]
#* <!--version longue-->Pour ce qui regarde les femmes, [i]l faut les aimer,<!--virgule--> et n’être pas curieux de leurs mystères<!--pas de virgule--> d’autant plus que le plus souvent ce n’est [que pour] exciter la curiosité.
| langue = fr
| original = Pour ce qui regarde les femmes, le bon sens suffit pour que tout homme qui pense s’abstienne de demander ce que c’est qu’un médaillon masqué, ou une aigrette placée extraordinairement, ou un portrait en bracelet ou en bague. Il faut les aimer,<!--virgule--> et n’être pas curieux de leurs mystères<!--pas de virgule--> d’autant plus que le plus souvent ce n’est qu’un colifichet, un marmouset qu’elles ne portent que pour se faire regarder, et exciter la curiosité.
Ligne 2 434 ⟶ 2 432 :
[[Image:Jan van Eyck 001.jpg|thumb|Portrait dit ''Le Mariage des Arnolfini'', ''Les Époux Arnolfini'', ou ''Arnolfini et sa femme'' (''{{lang|nl|Giovanni Arnolfini en zijn vrouw}}''), Jean de Bruges (Jan <!--grand V en français, mais petit v pour l’original flamand-->van Eyck), 1434.]]
 
 
{{Citation|citation=<nowiki/>
# {{Citation|citation=<!--version courte-->[Le mariage] est le tombeau de l’amour.
#* <!--version longue-->[L]e mariage est un sacrement que j’abhorre [p]arce que c’est le tombeau de l’amour.}}
# {{Citation|citation=[J]e n’aime pas trop [le respect], car il exclut l’amitié.
| langue = fr
| original = [Pauline à Casanova.]
Ligne 2 527 ⟶ 2 525 :
}}
 
 
{{Citation|citation=<nowiki/>
# {{Citation|citation=[La jeune et belle Charpillon à Casanova.] Vous rendant amoureux de moi, [je vous aurais puni] vous faisant après souffrir des peines infernales par mes traitements. Ah ! que j’aurais ri !}}
# {{Citation|citation=[Casanova à la jeune et belle Charpillon.] Vous vous croyez donc maîtresse de rendre amoureux qui vous voulez, formant d’avance le projet infâme de devenir le tyran de celui qui aurait rendu à vos charmes l’hommage qui leur est dû ? C’est le projet d’un monstre, et il est malheureux pour les hommes que vous n’en ayez pas l’air.
| langue = fr
| original =
Ligne 2 557 ⟶ 2 555 :
[[Image:Allisvanity.jpg|thumb|''Tout est vanité'' (''{{lang|en|All Is Vanity}}''), Charles Allan Gilbert, 1892.]]
 
 
{{Citation|citation=<nowiki/>
# {{Citation|citation=Ce fut dans ce fatal jour au commencement de septembre <!--ital-->''1763''<!--/ital--> que j’ai commencé à mourir et que j’ai fini de vivre. J’avais trente-huit ans.}}
# {{Citation|citation=[La Charpillon] avait prémédité le dessein de me rendre malheureux même<!--même avant--> avant d’avoir appris à me connaître ; et elle me l’a dit.
| langue = fr
| original =
Ligne 2 574 ⟶ 2 572 :
}}
 
 
{{Citation|citation=<nowiki/>
# {{Citation|citation=L’homme devient facilement fou.}}
# {{Citation|citation=J’eus toujours dans mon âme un germe de superstition, dont certainement je ne me vante pas.
| langue = fr
| original = [Sans le savoir, son ami Egard<!--Egard, sic--> a détourné Casanova du suicide.] Ma crainte était fondée. N’ayant pas pu me mener à la mort, elle me donna une nouvelle vie. Quel prodigieux changement ! Me sentant devenu tranquille, j’ai arrêté avec plaisir ma vue sur les rayons de lumière qui me rendaient honteux ; mais ce sentiment de honte m’assurait que j’étais guéri. Quel contentement ! Ayant été plongé dans l’erreur, je ne pouvais la reconnaître qu’après en être sorti. Dans les ténèbres<!--pas de virgule--> on ne voit rien. J’étais si étonné de mon nouvel état, que ne voyant pas reparaître Egard, je commençais à croire que je ne le reverrais pas. Ce jeune homme, me disais-je, est mon Génie, qui prit sa ressemblance pour me rendre mon bon sens. Il est certain que je me serais affermi dans cette folle idée, si je ne l’avais pas vu reparaître une heure après m’avoir quitté. Le hasard aurait pu faire qu’Egard eût trouvé quelque fille qui l’aurait engagé à quitter ''Renelag-aus<!--Renelag-aus, sic-->'' avec elle. Je serais retourné à Londres tout seul, mais sûr de n’avoir pas été délivré par Egard. M’en serais-je désabusé, quand je l’aurais revu quelques jours après ? Je n’en sais rien. L’homme devient facilement fou. J’eus toujours dans mon âme un germe de superstition, dont certainement je ne me vante pas.
Ligne 2 589 ⟶ 2 587 :
}}
 
 
{{Citation|citation=<nowiki/>
# {{Citation|citation=Le plaisir de la vengeance est grand, et ceux qui se le<!--le--> procurent sont heureux quand ils le<!--le--> savourent ; mais ils ne l’étaient pas quand ils le<!--le--> désiraient.}}
# {{Citation|citation=L’homme heureux est l’ataraxe qui, ne sachant pas haïr, ne pense jamais à se venger.
| langue = fr
| original = [Casanova a été enjôlé et entôlé par la jeune Charpillon, dont il demeure cruellement amoureux. Il fait arrêter ses parentes commanditaires.] Le plaisir de la vengeance est grand, et ceux qui se le<!--le--> procurent sont heureux quand ils le<!--le--> savourent ; mais ils ne l’étaient pas quand ils le<!--le--> désiraient. L’homme heureux est l’ataraxe qui, ne sachant pas haïr, ne pense jamais à se venger. L’animosité avec laquelle j’ai fait arrêter ces trois femmes, et l’effroi avec lequel je suis sorti de leur maison d’abord que j’ai vu la fille, démontrent que je n’étais pas encore libre. Pour l’être tout à fait<!--pas de virgule--> j’avais besoin de l’oublier.
Ligne 2 817 ⟶ 2 815 :
}}
 
 
{{Citation|citation=<nowiki/>
# {{Citation|citation=C’est un fait hors de question qu’une âme noble ne croira jamais de pouvoir n’être pas libre.}}
# {{Citation|citation=[Q]ui est celui qui est libre dans cet enfer qu’on appelle monde ? Personne.}}
# {{Citation|citation=Le seul philosophe peut [être libre], mais par des sacrifices qui ne valent peut-être pas le fantôme liberté.
| langue = fr
| original = Dans ces mêmes jours<!--pas de virgule--> une demoiselle de la maison Sales de Coire arriva à Vienne en poste, étant seule sans aucun domestique. Le bourreau impérial Schrotemback lui envoya ordre de partir deux jours après son arrivée, et elle lui a fait répondre qu’elle voulait rester à Vienne tant qu’elle en aurait envie. Le bourreau l’avait fait enfermer dans un couvent. Elle y était encore quand je suis parti. L’empereur qui, quoiqu’il se moquât de sa mère, n’osait cependant jamais trouver à redire à ses ordres, fut voir cette demoiselle au couvent et, sa mère l’ayant su, lui demanda comment il l’avait trouvée ; il lui répondit qu’il avait trouvé qu’elle avait beaucoup plus d’esprit que Schrotemback. C’est un fait hors de question qu’une âme noble ne croira jamais de pouvoir n’être pas libre. Et cependant<!--pas de virgule--> qui est celui qui est libre dans cet enfer qu’on appelle monde ? Personne. Le seul philosophe peut l’être, mais par des sacrifices qui ne valent peut-être pas le fantôme liberté.
Ligne 2 861 ⟶ 2 859 :
}}
 
 
{{Citation|citation=<nowiki/>
# {{Citation|citation=[L]’âne n’a jamais pu être ami du cheval[.]}}
# {{Citation|citation=[L]a vérité [est] le seul Dieu que j’adore.
| langue = fr
| original = [Désargenté, Casanova a écrit au prince Charles de Courlande de lui envoyer de l’argent et y a joint “un procédé immanquable pour faire la pierre philosophale”. Le prince n’ayant pas brûlé la lettre comme recommandé, on la lui prit quand on le mit à la Bastille.] Vingt ans après, [quand on] démantela la Bastille [on] y trouva ma lettre,<!--virgule--> et on l’imprima avec plusieurs autres pièces curieuses qu’on a traduites après en allemand et en anglais. Les ignorants qui existent dans le pays où je vis actuellement, et qui comme de raison sont tous mes ennemis, car l’âne n’a jamais pu être ami du cheval, triomphèrent quand ils lurent ce chef d’accusation contre moi. Ils eurent la bêtise de me reprocher que j’étais auteur de cette lettre, et crurent de me confondre en me disant qu’on l’avait traduite en allemand à mon éternelle confusion. Les animaux Bohêmes qui me firent ce reproche restèrent étonnés,<!--virgule--> lorsque je leur ai répondu que ma lettre me faisait un honneur immortel et que, n’étant pas ânes, ils devraient l’admirer. Je ne sais pas, mon cher lecteur, si ma lettre a été altérée, mais puisqu’elle est devenue publique, permettez que je la registre dans ces <!--ici Majuscule-->Mémoires en l’honneur de la vérité,<!--virgule--> qui est le seul Dieu que j’adore. Je la copie de mon original que j’ai écrit à Augsbourg dans le mois de mai de l’année <!--ital-->''1767''<!--/ital--> ; nous sommes aujourd’hui au premier de l’an <!--ici pas d’ital-->1798.<!--extrait gardé pour dater la pensée de ce passage-->
Ligne 2 877 ⟶ 2 875 :
}}
 
 
{{Citation|citation=<nowiki/>
# <!--version courte-->{{Citation|citation=[L]’inconstance [est] naturelle à tous les princes[.]}}
# {{Citation|citation=Vous seriez riche si vous étiez né avare ; étant né généreux, vous serez toujours pauvre[.]
# <!--version longue-->[J]e dois craindre l’inconstance si naturelle à tous les princes[.]
# Vous seriez riche si vous étiez né avare ; étant né généreux, vous serez toujours pauvre[.]
| langue = fr
| original = Monseigneur, V.<!--collé-->A. brûlera cette lettre après l’avoir lue, ou elle la tiendra dans son portefeuille avec tout le zèle imaginable, mais il vaut mieux qu’elle la brûle en gardant copie sous le masque d’un chiffre, de sorte que volée ou perdue, le lecteur n’y puisse rien comprendre. L’attachement que vous m’avez inspiré n’est pas le seul ressort qui m’a fait agir ; je vous avoue que mon intérêt y a eu autant de part. Permettez-moi de vous dire qu’il ne me suffit pas d’être aimé de vous par rapport aux qualités que vous pouvez m’avoir découvert, quoique cette raison me flatte infiniment, car je dois craindre l’inconstance si naturelle à tous les princes ; je veux, Monseigneur, que vous ayez une raison de m’aimer beaucoup plus solide ; je veux que vous me soyez obligé par un don inestimable que je vais vous faire. Je vous donne le secret d’augmenter la matière,<!--virgule--> qui est la seule au monde,<!--virgule--> dont V.<!--collé-->A. a besoin. L’or. Vous seriez riche si vous étiez né avare ; étant né généreux, vous serez toujours pauvre sans le secret que je vais vous communiquer, et dont je suis le seul possesseur.
Ligne 2 893 ⟶ 2 890 :
}}
 
 
{{Citation|citation=<nowiki/>
# {{Citation|citation=Dieu me préserve du repentir et des remords dont la source n’est que dans le préjugé.}}
# {{Citation|citation=Les femmes furent toujours les maîtresses de monter comme de démonter mon esprit.
| langue = fr
| original = Cette femme me parut plus belle qu’elle ne l’était sept ans auparavant ; je me figure un renouvellement des anciens plaisirs, et après avoir passé une nuit inquiétée par des illusions, je m’habille en homme de cour et je vais chez le bourgmestre de bonne heure pour saisir le moment de parler à son épouse. Je la trouve, elle était seule, je débute par un transport, elle s’oppose avec douceur, mais sa mine me glace. Elle me dit en peu de paroles que le temps, excellent médecin, avait guéri son cœur d’une maladie qui mêlait à la douceur trop d’amertume, et qu’ainsi elle ne voulait plus s’exposer à la renouveler.
Ligne 2 945 ⟶ 2 942 :
}}
 
 
{{Citation|citation=<nowiki/>
# {{Citation|citation=Ce qui plaît à l’homme est partout ce qui est défendu.}}
# {{Citation|citation=Un moyen de faire faire leur devoir à certains esprits serait celui de leur défendre de s’en acquitter[.]}}
# {{Citation|citation=[L]a législation n’est nulle part philosophique.
| langue = fr
| original = Un commis me demande une prise de tabac. Je la lui donne : c’était du râpé. “Seigneur, ce tabac est maudit en Espagne.” Et en disant ces paroles, il jette tout mon tabac dans la boue et me rend ma tabatière vide. On n’est nulle part si rigoureux sur l’article du tabac comme en Espagne où cependant la contrebande triomphe plus qu’ailleurs. Les espions de la ferme du tabac, singulièrement protégée par le Roi, sont partout attentifs à découvrir ceux qui en ont d’étranger dans leurs tabatières, et quand ils en trouvent, ils leur font payer fort cher leur hardiesse. […] Le tabac d’Espagne est excellent quand il est pur, mais il est rare. […] Les Espagnols d’ailleurs préfèrent le tabac râpé au leur, comme plusieurs d’entre nous préfèrent l’espagnol. Ce qui plaît à l’homme est partout ce qui est défendu. Un moyen de faire faire leur devoir à certains esprits serait celui de leur défendre de s’en acquitter ; mais la législation n’est nulle part philosophique.
Ligne 2 978 ⟶ 2 975 :
====Vol. 11====
 
 
{{Citation|citation=<nowiki/>
# {{Citation|citation=Le fils de l’avare est prodigue, le fils du prodigue est avare.}}
# {{Citation|citation=Il me semble naturel que les esprits du père et du fils soient entre eux dans une continuelle contradiction.}}
# {{Citation|citation=[L]’amour du père <!--sic, vers-->vers son fils est infiniment plus grand que celui du fils vers le père.
| langue = fr
| original = Cette mort [du duc de Medina Celi] m’a frappé. Tout son bien allait à un fils qu’il avait, et qui, comme de raison, était très avare. Mais ce fils avare avait un fils à son tour très prodigue. C’est ce que j’ai observé toujours et partout. Le fils de l’avare est prodigue, le fils du prodigue est avare. Il me semble naturel que les esprits du père et du fils soient entre eux dans une continuelle contradiction. Un auteur, homme d’esprit, cherche la raison pourquoi ordinairement le père aime son petit-fils beaucoup plus que son fils : il croit l’avoir trouvée dans la nature. Il est naturel, dit-il, que l’homme aime l’ennemi de son ennemi. Cette raison me semble féroce, donnée ainsi pour générale, car, en commençant par moi, j’ai trouvé que le fils aime son père. J’accorde cependant que l’amour du père <!--sic, vers-->vers son fils est infiniment plus grand que celui du fils vers le père.
Ligne 3 024 ⟶ 3 021 :
}}
 
 
{{Citation|citation=<nowiki/>
# {{Citation|citation=Charles III [est] mort fou, comme presque tous les rois doivent mourir[.]}}
# {{Citation|citation=<!--version courte-->[L]e chef d’œuvre [de l’Inquisition] était celui de tenir les chrétiens dans l’ignorance[.]
#* <!--version longue-->[L]’Inquisition, dont le chef d’œuvre était celui de tenir les chrétiens dans l’ignorance, de maintenir en force les abus, la superstition,<!--virgule--> et les [pieux mensonges.]
| langue = fr
| original =
Ligne 3 042 ⟶ 3 039 :
}}
 
 
{{Citation|citation=<nowiki/>
# <!--version courte-->{{Citation|citation=[L]a religion, telle qu’elle est, s’oppose directement [au] bien de l’État[.]}}
# {{Citation|citation=[Un roi sage] ne doit aller à confesse qu’une fois par an, et n’entendre la voix de son confesseur que dans les paroles qu’il prononce pour l’absoudre[.]}}
# <!--version longue-->[P]our le malheur du pauvre genre humain il est décidé qu’un roi dévot ne fera jamais que ce que son confesseur lui laissera faire, et il est évident que son plus grand intérêt ne peut jamais être le bien de l’État, puisque la religion, telle qu’elle est, s’y oppose directement.
# {{Citation|citation=[C]elui qui va à confesse doit savoir sa religion avant d’y aller.}}
# [Un roi sage] ne doit aller à confesse qu’une fois par an, et n’entendre la voix de son confesseur que dans les paroles qu’il prononce pour l’absoudre[.]
# {{Citation|citation=Louis XIV aurait été le plus grand roi de la Terre […] s’il n’eût pas eu la faiblesse de bavarder avec ses confesseurs.
# [C]elui qui va à confesse doit savoir sa religion avant d’y aller.
# Louis XIV aurait été le plus grand roi de la Terre […] s’il n’eût pas eu la faiblesse de bavarder avec ses confesseurs.
| langue = fr
| original =
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[[Image:Raphael Mengs Selfportrait.jpg|thumb|''Raphaël Mengs'' (Anton Raphael<!--ael sans tréma en allemand--> Mengs), autoportrait, 1773.]]
 
 
{{Citation|citation=<nowiki/>
# {{Citation|citation=[L]a première partie nécessaire à qualifier un grand peintre [est] l’invention.}}
# {{Citation|citation=Tout comme tout grand poète doit être peintre, tout peintre doit être poète.
| langue = fr
| original = [Mengs] était un homme ambitieux de gloire, grand travailleur, jaloux, et ennemi de tous les peintres ses contemporains,<!--virgule--> qui pouvaient prétendre à avoir un mérite égal au sien, et il avait tort, car quoique grand peintre pour ce qui regardait le coloris et le dessin, il ne possédait pas la première partie nécessaire à qualifier un grand peintre, l’invention. “Tout comme, lui dis-je un jour, tout grand poète doit être peintre, tout peintre doit être poète.” Et il prit ma sentence en mauvaise part, parce qu’il crut à tort que je ne l’avais prononcée que pour lui reprocher son défaut.
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[[Image:Front side Duchcov castle with statues.jpg|thumb|Vue de face du château de Dux (Duchcov), Bohême du nord, maintenant en Tchéquie.]]
 
 
{{Citation|citation=<nowiki/>
# {{Citation|citation=J’écris dans l’espoir que mon histoire ne verra pas le jour[.]}}
# {{Citation|citation=[É]crire mes M<!--M ici-->émoires fut le seul remède que j’ai cru pouvoir employer pour ne pas devenir fou ou mourir de chagrin[.]}}
# {{Citation|citation=En m’occupant à écrire dix à douze heures par jour, j’ai empêché le noir chagrin de me tuer ou de me faire perdre la raison.
| langue = fr
| original = J’écris dans l’espoir que mon histoire ne verra pas le jour ; je me flatte que dans ma dernière maladie, devenu enfin sage, je ferai brûler à ma présence tous mes cahiers. Si cela n’arrive pas, le lecteur me pardonnera, quand il saura que celui d’écrire mes M<!--M ici-->émoires fut le seul remède que j’ai cru pouvoir employer pour ne pas devenir fou ou mourir de chagrin à cause des désagréments que les coquins qui se trouvaient dans le château du comte de Waldstein à Dux m’ont fait essuyer. En m’occupant à écrire dix à douze heures par jour, j’ai empêché le noir chagrin de me tuer ou de me faire perdre la raison.
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[[Image:Yvoire cadran solaire.jpg|thumb|''{{lang|la|Carpe diem}}'', inscription sur un cadran solaire mural.]]
 
 
{{Citation|citation=<nowiki/>
# {{Citation|citation=''{{lang|la|Carpe diem}}'' est ma devise.}}
# {{Citation|citation=Le bien préférable à tous les biens est celui dont on jouit ; celui qu’on désire se borne souvent au seul plaisir de désirer.
| langue = fr
| original = [Casanova a assuré la marquise Chigi qu’il n’aura pas le malheur de laisser à Sienne un morceau de son cœur<!--assemblage de termes du dialogue résumé-->.]
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}}
 
 
{{Citation|citation=<nowiki/>
# {{Citation|citation=[L]’obstination de l’Académie Française à ne point vouloir adopter des mots étrangers ne démontre autre chose, sinon que l’orgueil va avec la pauvreté.}}
# {{Citation|citation=[Trouver] du plaisir à voler le pauvre : c’est le caractère du riche.
| langue = fr
| original = [La langue florentine doit à son académie sa pureté et sa richesse], d’où vient que nous traitons les matières beaucoup plus éloquemment que les Français, ayant à notre choix une quantité de synonymes ; tandis que difficilement on en trouverait une douzaine dans la langue de Voltaire, qui riait de ceux entre ses compatriotes qui disaient qu’il n’était pas vrai que la langue française fût pauvre puisqu’elle avait tous les mots qui lui étaient nécessaires. Celui qui n’a que ce qui lui est nécessaire est pauvre ; et l’obstination de l’Académie Française à ne point vouloir adopter des mots étrangers ne démontre autre chose, sinon que l’orgueil va avec la pauvreté. Nous poursuivons à prendre des langues étrangères tous les mots qui nous plaisent ; nous aimons à devenir toujours plus riches ; nous trouvons même du plaisir à voler le pauvre : c’est le caractère du riche.
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[[Image:SwansHeart.jpg|thumb|''Deux cygnes amoureux'' (''{{lang|en|Two swans in love}}'') formant le signe d’un cœur, R. Neil Marshman, 2005.]]
 
 
{{Citation|citation=<nowiki/>
# <!--version modernisée-->{{Citation|citation=[L]’amour [est] toujours innocent quand il est de bonne foi et [désintéressé].
# <!--version ridicule-->[L]’amour [est] toujours innocent quand il est de bonne foi et dénué d’intérêt.
| langue = fr
| original = Nous [Casanova et Beti] partîmes d’abord après dîner malgré la chaleur, et nous arrivâmes à Acquapendente au commencement de la nuit que nous passâmes dans les délices de l’amour, toujours innocent quand il est de bonne foi et dénué d’intérêt.
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}}
 
 
{{Citation|citation=<nowiki/>
# {{Citation|citation=[I]l s’est marié […]. Ce malheur arrive souvent aux hommes qui surent s’en garder dans toute leur vie[.]}}
# {{Citation|citation=[S]e marier est toujours une sottise[.]}}
# {{Citation|citation=Celle de se marier est toujours une sottise, mais lorsqu’un homme la<!--“la” pas “le”--> fait,<!--virgule--> étant acheminé à la vieillesse, elle est mortelle.
| langue = fr
| original = M. Hamilton était un homme de génie ; on m’a dit qu’il s’est marié actuellement avec une fille qui eut le talent de le rendre amoureux. Ce malheur arrive souvent aux hommes qui surent s’en garder dans toute leur vie ; l’âge affaiblit les cœurs également que l’esprit. Celle de se marier est toujours une sottise, mais lorsqu’un homme la<!--“la” pas “le”--> fait,<!--virgule--> étant acheminé à la vieillesse, elle est mortelle. La femme qu’il épouse ne peut avoir pour lui que des complaisances qu’il paye de sa propre vie<!--pas de virgule--> qu’à coup sûr il abrège ; et si par hasard cette femme est amoureuse de lui, il se trouve à une condition encore plus mauvaise. Il doit mourir en deux ou trois ans.
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}}
 
 
{{Citation|citation=<nowiki/>
# <!--version courte-->{{Citation|citation=[L]a gaieté est la ressource de la misère et du désespoir[.]
# <!--version longue-->Dans les prisons et aux galères<!--pas de virgule--> la gaieté est la ressource de la misère et du désespoir ; la nature se procure ce soulagement par l’instinct qui la force à se conserver.
| langue = fr
| original = Au bas de l’escalier un officier de cette prison [de Naples] me dit qu’un prisonnier désirait de me parler. […] Je monte avec cet homme au second étage, et je vois dix-huit à vingt malheureux assis par terre, qui chantaient en chœur des chansons licencieuses. Dans les prisons et aux galères<!--pas de virgule--> la gaieté est la ressource de la misère et du désespoir ; la nature se procure ce soulagement par l’instinct qui la force à se conserver.
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}}
 
 
{{Citation|citation=<nowiki/>
# {{Citation|citation=L’amour ne permet pas à une fille, vertueuse tant qu’il vous plaira, de pousser [la vertu] si loin [qu’elle n’accorde jamais] la légère faveur d’un baiser.}}
# {{Citation|citation=L’exercice de la vertu ne coûte rien à une fille qui n’aime pas[.]
| langue = fr
| original = [Casanova à son protégé Menicuccio, au sujet de sa sœur Armelline.]
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[[Image:François-Joachim de Pierre de Bernis.jpg|thumb|''Le Cardinal de Bernis'', détail d’une gravure par Domenico Cunego d’après un portrait par Antoine Callet.]]
 
 
{{Citation|citation=<nowiki/>
# {{Citation|citation=Telle est la fatalité de tous les hommes [qui ont été] ministres [:] ils ne vivent que pour espérer qu’ils seront encore <!--sic-->rappelés.}}
# {{Citation|citation=[L]es monarques qui ont abdiqué le trône sont plus nombreux que les ministres qui ont volontairement renoncé au ministère.}}
# {{Citation|citation=Cette observation m’a fait plus souvent désirer d’être ministre que d’être roi ; il faut croire que le ministère ait des charmes inconcevables[.]
| langue = fr
| original = [Le cardinal de Bernis] espérait toujours que Louis XV le rappellerait à Versailles. Telle est la fatalité de tous les hommes, qui après s’être vus ministres dans une grande cour, se trouvent réduits à devoir vivre ailleurs, ou sans aucun caractère, ou avec une commission qui les rend dépendants des ministres leurs successeurs. Il n’y a point de richesse, point de philosophie en nature, point d’image de paix, de tranquillité, ou d’autre bonheur qui puissent les consoler ; ils languissent, ils soupirent, et ils ne vivent que pour espérer qu’ils seront encore <!--sic-->rappelés. Aussi, en comparaison, nous trouvons dans l’histoire que les monarques qui ont abdiqué le trône sont plus nombreux que les ministres qui ont volontairement renoncé au ministère. Cette observation m’a fait plus souvent désirer d’être ministre que d’être roi ; il faut croire que le ministère ait des charmes inconcevables ; et j’en suis curieux, car je ne saurais pas me les figurer bien nettement.
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[[Image:William Hogarth 005.jpg|thumb|''Le Dernier enjeu de la dame'' (''{{lang|en|The Lady’s Last Stake}}''), William Hogarth, vers 1759.]]
 
 
{{Citation|citation=<nowiki/>
# {{Citation|citation=Vice n’est pas un synonyme de crime, car on peut être vicieux sans être criminel.}}
# {{Citation|citation=[J]e fus souvent vertueux dans l’actualité du vice[.]}}
# {{Citation|citation=[T]out vice doit être opposé à la vertu, mais il ne nuit pas à l’harmonie universelle.}}
# {{Citation|citation=Mes vices n’ont jamais été qu’à ma charge, excepté les cas dans lesquels j’ai séduit[.]}}
# {{Citation|citation=[L]a séduction ne me fut jamais caractéristique, car je n’ai jamais séduit que sans le savoir, étant séduit moi-même.}}
# {{Citation|citation=Le séducteur de profession, qui en fait le projet, est un homme abominable[.]}}
# {{Citation|citation=Le séducteur de profession [est] un vrai criminel[.]
| langue = fr
| original = Vice n’est pas un synonyme de crime, car on peut être vicieux sans être criminel. Tel je fus dans toute ma vie, et j’ose même dire que je fus souvent vertueux dans l’actualité du vice ; car il est vrai que tout vice doit être opposé à la vertu, mais il ne nuit pas à l’harmonie universelle. Mes vices n’ont jamais été qu’à ma charge, excepté les cas dans lesquels j’ai séduit ; mais la séduction ne me fut jamais caractéristique, car je n’ai jamais séduit que sans le savoir, étant séduit moi-même. Le séducteur de profession, qui en fait le projet, est un homme abominable, ennemi foncièrement de l’objet sur lequel il a jeté le dévolu. C’est un vrai criminel qui, s’il a les qualités requises à séduire, s’en rend indigne en abusant pour faire une malheureuse.
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}}
 
 
{{Citation|citation=<nowiki/>
# {{Citation|citation=[L]’homme est un animal qui ne peut être endoctriné que par la cruelle expérience.}}
# {{Citation|citation=[L]e monde existera toujours dans le désordre et dans l’ignorance, car les doctes n’en forment que tout au plus la centième partie.
| langue = fr
| original = J’avais beau faire, les femmes ne voulaient plus devenir amoureuses de moi ; il me fallait me résoudre à y renoncer, ou à me laisser mettre en<!--en, sic--> contribution, et la nature me força à prendre ce dernier parti, que l’amour de la vie me fait enfin rejeter aujourd’hui. La triste victoire que j’ai remportée m’oblige au bout de ma carrière à pardonner tout à mes successeurs, et à rire de tous ceux qui me demandent des conseils, puisque j’en vois d’avance la plus grande partie point du tout disposée à les suivre. Cette prévoyance fait que je les leur donne avec plus de plaisir que je ne ressentirais si j’étais sûr qu’on les suivrait, car l’homme est un animal qui ne peut être endoctriné que par la cruelle expérience. Cette loi fait que le monde existera toujours dans le désordre et dans l’ignorance, car les doctes n’en forment que tout au plus la centième partie.
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[[Image:Blake01.jpg|thumb|''L’ombre de Virgile mène Dante par la porte de l’Enfer'' (illustration pour ''La Divine Comédie'', ''Enfer'', chant III, v. 1-21), William Blake, 1925-1927.]]
 
 
{{Citation|citation=<nowiki/>
# {{Citation|citation=[U]ne bonne dose de superstition me fut toujours caractéristique, et il m’est évident aujourd’hui qu’elle influa sur toutes les vicissitudes de ma bizarre vie.}}
# {{Citation|citation=[J]e me suis plus souvent trouvé dans le cas de me féliciter d’avoir bafoué ma raison,<!--virgule--> que dans celui de l’avoir suivie. Mais tout cela ne m’a ni humilié, ni empêché de raisonner partout et toujours avec toute ma force.
| langue = fr
| original = Voulant aller à Trieste, j’aurais dû saisir l’occasion de traverser le golfe, [j’y aurais été] au bout de douze heures. J’aurais dû y aller, car outre que je n’avais rien à faire dans Ancône, j’allongeais le voyage de cent milles ; mais j’avais dit que j’allais à Ancône, et par cette seule raison je croyais de devoir y aller ; une bonne dose de superstition me fut toujours caractéristique, et il m’est évident aujourd’hui qu’elle influa sur toutes les vicissitudes de ma bizarre vie. Entendant parfaitement ce que c’était ce que Socrate appelait son démon, qui ne le poussait que rarement à quelque démarche décisive et l’empêchait de s’y déterminer fort souvent, j’ai facilement cru d’avoir le même Génie, puisqu’il lui plaisait de l’appeler Génie Démon. Sûr que ce Génie ne pouvait être que bon et ami de mon meilleur bien-être, je me rapportais à lui toutes les fois que je me trouvais sans une raison suffisante pour ne pas douter dans mon choix. Je faisais ce qu’il voulait sans lui en demander raison quand une voix secrète me disait de m’abstenir d’une démarche à laquelle je me sentais incliné. […] Dans ce système, je me suis plus souvent trouvé dans le cas de me féliciter d’avoir bafoué ma raison,<!--virgule--> que dans celui de l’avoir suivie. Mais tout cela ne m’a ni humilié, ni empêché de raisonner partout et toujours avec toute ma force.
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}}
 
 
{{Citation|citation=<nowiki/>
# {{Citation|citation=[C]e qui [prie] Dieu [doit] être le cœur et non pas la bouche[.]}}
# {{Citation|citation=[L]es Juifs ne prieraient certainement pas Dieu pour les chrétiens s’ils étaient souverains dans le pays où ils vivraient[.]
| langue = fr
| original = [Le voiturier de Casanova demande si un Juif peut les accompagner.] Je lui réponds d’un ton aigre que je ne voulais personne, et encore moins un Juif. [Puis], malgré la répugnance raisonnée qui m’avait fait dire que je ne le voulais pas[, je change d’avis]. […] Le lendemain dans la voiture, ce Juif, qui avait assez bonne mine, me demanda pourquoi je n’aimais pas les Juifs.
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[[Image:Back side of Duchcov Castle.JPG|thumb|Vue arrière du château de Dux (Duchcov), Bohême du nord, maintenant en Tchéquie.]]
 
 
{{Citation|citation=<nowiki/>
# {{Citation|citation=Je connaissais malgré moi, et je me sentais forcé à me l’avouer, que j’avais perdu tout mon temps, ce qui voulait dire que j’avais perdu ma vie[.]}}
# {{Citation|citation=[S]ans la faveur de l’aveugle déesse [de la Fortune], personne au monde ne peut être heureux.}}
# {{Citation|citation=J’écris pour ne pas m’ennuyer[.]
| langue = fr
| original =
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}}
 
 
{{Citation|citation=<nowiki/>
# {{Citation|citation=[T]out souverain requis de protection n’hésite pas un seul moment à l’accorder ; c’est le premier pas pour devenir le tuteur, et de tuteur le père, puis le maître de son cher protégé[.]}}
# {{Citation|citation=Venise aujourd’hui n’existe plus que par sa honte éternelle.
| langue = fr
| original = La République romaine ne devint maîtresse de tout le monde alors connu qu’en commençant par protéger tous les royaumes qu’elle s’est appropriés<!--priés-->. Ce n’est que par cette raison que tout souverain requis de protection n’hésite pas un seul moment à l’accorder ; c’est le premier pas pour devenir le tuteur, et de tuteur le père, puis le maître de son cher protégé, quand ce ne serait que pour avoir soin de son héritage. Ce fut par ce moyen-là que ma maîtresse la République de Venise devint maîtresse du royaume de Chypre, que le Grand Turc après lui enleva pour devenir le maître du bon vin qu’on y fait, malgré que l’Alcoran devait le lui faire haïr. Venise aujourd’hui n’existe plus que par sa honte éternelle.
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[[Image:Caricature Charles Philipon pear.jpg|thumb|''Les Poires'', Honoré Daumier, 1831, d’après l’esquisse ''La Métamorphose du roi Louis-Philippe en poire'', Charles Philip<!--1P-->on, 1831.]]
 
 
{{Citation|citation=<nowiki/>
# {{Citation|citation=Tout roi détrôné doit avoir été sot, et tout roi soit doit être détrôné[.]}}
# {{Citation|citation=[I]l n’y a point de nation au monde ayant un roi qui ne l’ait que par force.}}
# {{Citation|citation=[U]n roi sot doit avoir un premier ministre homme d’esprit, et le rendre très puissant.}}
# {{Citation|citation=[L]a France sera perdue à cause de la sottise de la nation féroce, folle, ignorante, étourdie par son propre esprit,<!--virgule--> et toujours fanatique.}}
# {{Citation|citation=La maladie [de la démocratie] qui règne en France actuellement serait susceptible de guérison dans tout autre pays, mais en France elle doit la conduire au tombeau[.]
| langue = fr
| original = [La] sottise, très souvent fille de la bonté et de l’indolence, commença à perdre la France à l’avènement au trône du trop malheureux Louis XVI. Tout roi détrôné doit avoir été sot, et tout roi soit doit être détrôné, car il n’y a point de nation au monde ayant un roi qui ne l’ait que par force. Par cette raison, un roi sot doit avoir un premier ministre homme d’esprit, et le rendre très puissant. Le roi de France périt à cause de sa sottise, et la France sera perdue à cause de la sottise de la nation féroce, folle, ignorante, étourdie par son propre esprit,<!--virgule--> et toujours fanatique. La maladie qui règne en France actuellement serait susceptible de guérison dans tout autre pays, mais en France elle doit la conduire au tombeau, et je n’ai pas assez d’esprit pour deviner ce qu’elle deviendra.
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[[Image:Marie-Guillemine Benoist - portrait d%27une negresse.jpg|thumb|''Portrait d’une négresse'', Marie-Guillemine Benoist, 1800.]]
 
 
{{Citation|citation=<nowiki/>
# {{Citation|citation=Une négresse […] me dit quelque chose qu’on n’oublie pas facilement. “Je ne comprends pas, me dit-elle un jour, comment vous pouvez être tant amoureux de ma maîtresse tandis qu’elle est blanche comme le diable.”}}
# {{Citation|citation=Les nègres sont d’une autre espèce, ce n’est pas douteux[.]
| langue = fr
| original = Une négresse qui servait la plus jolie de mes actrices, pour laquelle j’avais les plus grandes attentions, me dit quelque chose qu’on n’oublie pas facilement. “Je ne comprends pas, me dit-elle un jour, comment vous pouvez être tant amoureux de ma maîtresse tandis qu’elle est blanche comme le diable.” Je lui ai demandé si elle n’avait jamais aimé un blanc, et elle me répondit que oui, mais que c’était parce qu’elle n’avait jamais trouvé un nègre, auquel elle aurait certainement donné la préférence. Quelques mois après, cette Africaine, cédant à mes instances, m’accorda ses faveurs ; à cette occasion, j’ai connu la fausseté de la sentence qui dit que <!--sic-->''{{lang|la|sublata lucerna nullum discrimen inter feminas}}''<!--/sic--> [“quand la lampe est éteinte, plus de différences entre les femmes”]. ''{{lang|la|Sublata lucerna}}'' on doit s’apercevoir si la belle est noire ou blanche. Les nègres sont d’une autre espèce, ce n’est pas douteux ; ce qu’ils ont de particulier est que la femme, si elle est instruite, elle est maîtresse de ne pas concevoir, et même de concevoir à son gré mâle ou femelle. Si mon lecteur ne le croit pas, il a raison, car selon notre nature la chose est incroyable ; mais il resterait persuadé comme moi si je lui en communiquais la théorie. [Fin de la digression.]
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[[Catégorie:Autobiographie]]<!--moitié Mémoires du XVIIIe + moitié Autobiographie-->
 
<!--pages d'auteurd’auteur, mais qui contiennent ''Histoire de ma vie''-->
[[bg:Джакомо Казанова]]
[[bs:Giacomo Casanova]]