« Histoire de ma vie (Casanova) » : différence entre les versions

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==Citations==
{{Clr}}<!--évite que l’image flottante n’éloignene sépare entête et contenu à certaines résolutions-->
===Tome I===
====Vol. 1====
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{{Ancre|I:1}}
# {{Citation|citation=Je suis non seulement monothéiste, mais chrétien fortifié par la philosophie[.]}}
# {{Citation|citation=[L]a philosophie [n’a] jamais rien gâté.}}
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| langue = fr
| original = Je suis non seulement monothéiste, mais chrétien fortifié par la philosophie, qui n’a jamais rien gâté. Je crois à l’existence d’un D<small>IEU</small> immatériel créateur, et maître de toutes les formes ; et ce qui me prouve que je n’en ai jamais douté, c’est que j’ai toujours compté sur sa providence, recourant à lui par le moyen de la prière dans toutes mes détresses ; et me trouvant toujours exaucé. Le désespoir tue ; la prière le fait disparaître ; et après elle l’homme confie,<!--virgule--> et agit.
| précisions= {{Romain|l’homme confie}} : fait confiance, reprend confiance. {{Romain|j’aiSur toujours compté sur sala providence}} : cf. citation similaire audu t. I, vol. 2, chap. I, p. 240{{Infra|I:240}}.
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{{Réf Livre
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{{Ancre|I:3.9}}
{{Citation|citation=J’ai écrit mon histoire, et personne ne peut y trouver à redire ; mais suis-je sage la donnant au public que je ne connais qu’à son grand désavantage ? Non. Je sais que je fais une folie ; mais ayant besoin de m’occuper, et de rire, pourquoi m’abstiendrais-je de la faire ? […]<!--p.9--> Si avant ma mort je deviens sage, et si je suis à temps, je brûlerai tout. Je n’en ai pas la force actuellement.
| langue = fr
| précisions= {{Romain|je brûlerai tout}} : surSur ses velléités d’autodafé, : cf. citation similaire du t. III, vol. 11, chap. VI, p. 723{{Infra|III:723}}.
}}
{{Réf Livre
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[[Image:Angelo Bronzino 003.jpg|thumb|Détail de l’''Allégorie du triomphe de Vénus'' (''{{lang|it|Allegoria del trionfo di Venere}}''), Agnolo Bronzino (Angelo di Cosimo), 1545.]]
 
{{Ancre|I:6}}
# {{Citation|citation=L’homme qui oublie une injure ne l’a pas pardonnée[.]}}
# {{Citation|citation=[L]a haine, à la longue, tue le malheureux qui se plaît à la nourrir.
| langue = fr
| original = J’ai eu des amis qui me firent du bien, et je fus assez heureux de pouvoir en toute occasion leur donner des marques de ma reconnaissance ; et j’eus de détestables ennemis qui m’ont persécuté, et que je n’ai pas exterminés parce que je ne l’ai pas pu. Je ne leur aurais jamais pardonné, si je n’eusse oublié le mal qu’ils m’ont fait. L’homme qui oublie une injure ne l’a pas pardonnée, il l’a oubliée ; car le pardon part d’un sentiment héroïque d’un cœur noble et d’un esprit généreux, tandis que l’oubli vient d’une faiblesse de mémoire, ou d’une douce nonchalance amie d’une âme pacifique, et souvent d’un besoin de calme et de paix ; car la haine, à la longue, tue le malheureux qui se plaît à la nourrir.
| précisions= CitationSur similairela haine qui tue : cf. citation similaire sur la colère du t. III, vol. 10, chap. X, p. 516{{Infra|III:516}}.
}}
{{Réf Livre
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}}
 
{{Ancre|I:8}}
# {{Citation|citation=[I]l n’y a pas d’honnête homme au monde sans quelque espèce de prétention[.]}}
# {{Citation|citation=[J]’ai toujours aimé la vérité avec tant de passion, que souvent j’ai commencé par mentir pour la faire entrer dans des têtes qui n’en connaissaient pas les charmes.
| langue = fr
| original = Je crois enfin qu’il n’y a pas d’honnête homme au monde sans quelque espèce de prétention ; et je vais parler de la mienne. Je prétends à l’amitié, à l’estime,<!--virgule--> et à la reconnaissance de mes lecteurs […] par la franchise,<!--virgule--> et la bonne foi avec laquelle je me livre sans nul déguisement tel que je suis à leur jugement. Ils trouveront que j’ai toujours aimé la vérité avec tant de passion, que souvent j’ai commencé par mentir pour la faire entrer dans des têtes qui n’en connaissaient pas les charmes.
| précisions= CitationSur similairela tromperie : cf. citation similaire du t. IIIII, vol. 9, chap. VI, p. (112<!--listée à 112-->) 123{{Infra|III:112.123}}.
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{{Réf Livre
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[[Image:Arnold Böcklin 006.jpg|thumb|''L’Île des morts [V<!--5e version-->]'' (''{{lang|de|Die Toteninsel}} [V]''), Arnold Böcklin, 1886.]]
 
{{Ancre|I:9}}
# {{Citation|citation=Je ne peux me figurer sans horreur de contracter quelque obligation avec la mort<!--pas de virgule--> que je déteste.}}
# {{Citation|citation=Heureuse ou malheureuse, la vie est le seul trésor que l’homme possède, et ceux qui ne l’aiment pas n’en sont pas dignes.}}
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| langue = fr
| original = [J]e suis bien loin de me consoler espérant que quand mes m<!--pas de majuscule ici-->émoires paraîtront je ne serai plus. Je ne peux me figurer sans horreur de contracter quelque obligation avec la mort<!--pas de virgule--> que je déteste. Heureuse ou malheureuse, la vie est le seul trésor que l’homme possède, et ceux qui ne l’aiment pas n’en sont pas dignes. On lui préfère l’honneur, parce que l’infamie la flétrit. Si dans l’alternative on se tue, la philosophie doit se taire. Ô mort ! cruelle loi de la nature, que la raison doit réprouver, car elle n’est faite que pour la détruire. Cicéron dit qu’elle nous délivre des peines. Ce grand philosophe enregistre la dépense, et ne met pas en ligne de compte la recette. Je ne me souviens pas si, quand il écrivait ses ''Tusculanes'', sa Tulliole<!--e--> était morte. La mort est un monstre qui chasse du grand théâtre un spectateur attentif, avant qu’une pièce qui l’intéresse infiniment finisse. Cette seule raison doit suffire pour la détester.
| précisions= {{Romain|sa Tulliole<!--e-->}} : quelques mois après la mort de sa fille adorée Tulliola<!--a--> (diminutif de Tullia, francisé en Tulliole<!--e-->), Cicéron publie ''{{w|Les Tusculanes}}'' qui traite de l’immortalité de l’âme, des moyens d’atteindre au bonheur, et du suicide comme libération. Sur la mort, : cf. citation du t. III, vol. 12, chap. IX, p. 1049{{Infra|III:1049}}. Sur être digne de la vie, : cf. citation du t. I, vol. 2, chap. X, p. 449-450{{Infra|I:449-450}}.
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{{Réf Livre
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{{Ancre|I:10}}
# {{Citation|citation=J’ai écrit en français,<!--virgule--> et non pas en italien<!--pas de virgule--> parce que la langue française est plus répandue que la mienne.}}
# {{Citation|citation=C’est pourtant digne d’observation qu’entre toutes les langues vivantes, […] la française soit la seule que ses présidents condamnèrent à ne pas s’enrichir aux dépens des autres[.]
| langue = fr
| original = J’ai écrit en français,<!--virgule--> et non pas en italien<!--pas de virgule--> parce que la langue française est plus répandue que la mienne. Les puristes qui trouvant dans mon style des tournures de mon pays me critiqueront auront raison, si elles les empêchent de me trouver clair. Les Grecs goûtèrent Théophrase malgré ses phrases d’Érèse et les Romains leur Tite-Live, malgré sa ''patavinité''. Si j’intéresse, je peux, ce me semble, espirer à la même indulgence. Toute l’Italie goûte Algaroti<!--oti, sic--> quoique son style soit pétri de gallicismes. C’est pourtant digne d’observation qu’entre toutes les langues vivantes, qui figurent dans la république des l<!--l minuscule ici-->ettres, la française soit la seule que ses présidents condamnèrent à ne pas s’enrichir aux dépens des autres, tandis que les autres, toutes plus riches qu’elle, la pillèrent, tant dans ses paroles,<!--virgule--> que dans ses manières, d’abord qu’elles connurent que par ces petits vols elles s’embelliraient. Ceux qui la soumirent à cette loi convirent cependant de sa pauvreté. Ils dirent qu’étant parvenue à posséder toutes les beautés dont elle est susceptible, le moindre trait étranger l’enlaidirait. Cette sentence peut avoir été prononcée par la prévention.
| précisions= Sur la langue italienne, : cf. citation du t. II, vol. 8, chap. IX, p. 890{{Infra|II:890}}. Sur la langue française, : cf. citation du t. III, vol. 11, chap. VII, p. 763-764{{Infra|III:763-764}}.
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{{Réf Livre
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{{Ancre|I:18}}
# {{Citation|citation=[L]es remèdes aux plus grandes maladies ne se trouvent pas toujours dans la pharmacie.}}
# {{Citation|citation=Il n’y a jamais eu au monde des sorciers ; mais leur pouvoir a toujours existé par rapport à ceux auxquels ils ont eu le talent de se faire croire tels.
| langue = fr
| original = Après le voyage à Muran, et la visite nocturne de la fée, je saignais encore, mais toujours moins ; et ma mémoire peu à peu se développait, en moins d’un mois j’ai appris à lire. Il serait ridicule d’attribuer ma guérison à ces deux extravagances mais on aurait aussi tort de dire qu’elles ne purent pas y contribuer. Pour ce qui regarde l’apparition de la belle reine, je l’ai toujours crue un songe, à moins qu’on ne m’eût fait cette mascarade exprès ; mais les remèdes aux plus grandes maladies ne se trouvent pas toujours dans la pharmacie. Tous les jours quelque phénomène nous démontre notre ignorance. Je crois que c’est par cette raison que rien n’est si rare qu’un savant qui ait un esprit entièrement exempt de superstition. Il n’y a jamais eu au monde des sorciers ; mais leur pouvoir a toujours existé par rapport à ceux auxquels ils ont eu le talent de se faire croire tels.
| précisions= CitationSur similairece qui n’existe que pour ceux qui y croient : cf. citation similaire du t. III, vol. 10, chap. XI, p. 556 et 557{{Infra|III:556.557}}.
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{{Réf Livre
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| langue = fr
| original = Ma vocation était celle d’étudier la médecine pour en exercer le métier pour lequel je me sentais un grand penchant, mais on ne m’écouta pas ; on voulut que je m’appliquasse à l’étude des lois pour lesquelles je me sentais une aversion indicible. On prétendait que je ne pouvais faire ma fortune que devenant avocat, et ce qui est pire, avocat ecclésiastique, parce qu’on trouvait que j’avais le don de la parole. <!--ital-->''Si on y avait bien pensé on m’aurait contenté en me laissant devenir médecin, où le charlatanisme fait encore plus d’effet que dans le métier d’avocat.''<!--/ital--> Mais je n’ai fait ni l’un ni l’autre ; et cela ne pouvait pas être autrement. Il se peut que ce soit par cette raison que je n’ai jamais voulu ni me servir d’avocats quand il m’est arrivé d’avoir des prétentions légales au barreau, ni appeler des médecins quand j’ai eu des maladies. <!--ital-->''La chicane ruine beaucoup plus de familles qu’elle n’en soutient ; et ceux qui meurent tués par les médecins sont beaucoup plus nombreux que ceux qui guérissent. Le résultat est que le monde serait beaucoup moins malheureux sans ces deux engeances.''<!--/ital-->
| précisions= {{Romain|ni me servir d’avocats … ni appeler des médecins}} : les Mémoires montrent en fait Casanova ayant quelquefois recours à des avocats et des médecins, mais il préfère remplacer les avocats par une vengeance personnelle ou un duel, et les médecins par une automédication tirée de ses lecturesconnaissances ou un régime de diète et de repos ; sa logique ici réside sans doute dans le fait qu’il ne dit pas s’être “jamais servi” mais n’avoir « jamais voulu » le faire : ne l’ayant donc fait qu’en dernier et non premier ressort.
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{{Réf Livre
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}}
 
{{Ancre|I:53}}
{{Citation|citation=C’étaient des abus que l’ancienneté avait rendus légaux : c’est le caractère primitif de presque tous les privilèges.
| langue = fr
| original = Les écoliers de Padoue jouissaient dans ce temps-là de grands privilèges. C’étaient des abus que l’ancienneté avait rendus légaux : c’est le caractère primitif de presque tous les privilèges. Ils diffèrent des prérogatives. Le fait est que les écoliers pour tenir leurs privilèges en force commettaient des crimes.
| précisions= Sur les abus entérinés, : cf. citation du t. III, vol. 12, chap. VIII, p. 983-984{{Infra|III:983-984}}.
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{{Réf Livre
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}}
 
{{Ancre|I:116}}
# {{Citation|citation=[L]a plus grande partie du genre humain est composée de poltrons[.]}}
# {{Citation|citation=[L]a vérité est un talisman dont les charmes sont immanquables pourvu qu’on ne la prodigue pas à des coquins.}}
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| original =
[Casanova, injustement mis aux arrêts, dîne à la table du major de la forteresse et émeut la compagnie avec le récit de son infortune.] D’abord que j’ai trouvé des honnêtes gens curieux de l’histoire du malheur qui m’accablait, et que je la leur contais, je leur ai toujours inspiré toute l’amitié qui m’était nécessaire pour me les rendre favorables et utiles. <!--ital-->''L’artifice que j’ai employé pour cela fut celui de conter la chose avec vérité sans omettre certaines circonstances qu’on ne peut dire sans avoir du courage. Secret unique que tous les hommes ne savent pas mettre en usage, parce que la plus grande partie du genre humain est composée de poltrons ; je sais par expérience que la vérité est un talisman dont les charmes sont immanquables pourvu qu’on ne la prodigue pas à des coquins. Je crois qu’un coupable, qui ose la dire à un juge intègre, est absous plus facilement qu’un innocent qui tergiverse. Bien entendu que le narrateur doit être jeune, ou pour le moins non vieux, car l’homme vieux a pour ennemi toute la nature.''<!--/ital-->
| précisions= CitationSur similairel’adversité surde l’âge mûr méprisé par la fortune,: cf. citation du t. III, vol. 12, chap. VIII, p. 987-988{{Infra|III:987-988}}.
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{{Réf Livre
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| langue = fr
| original = Ceux qui disent que la vie n’est qu’un assemblage de malheurs veulent dire que la vie même est un malheur. Si elle est un malheur, la mort donc<!--sic, “donc est”--> est un bonheur. Ces gens-là n’écrivirent pas ayant une bonne santé, la bourse pleine d’or, et le contentement dans l’âme, venant d’avoir entre leurs bras des Cécile,<!--virgule--> et des Marine, et étant sûrs d’en avoir d’autres dans la suite. C’est une race de pessimistes (pardon ma chère langue française) qui ne peut avoir existé qu’entre des philosphes gueux et des théologiens fripons ou atrabilaires. Si le plaisir existe, et si on ne peut en jouir qu’en vie, la vie est donc un bonheur. Il y a d’ailleurs des malheurs ; je dois le savoir. Mais l’existence même de ces malheurs prouve que la masse du bien est plus forte. Je me plais infiniment quand je me trouve dans une chambre obscure, et que je vois la lumière d’une fenêtre vis-à-vis d’un immense horizon.
| précisions= {{Romain|des Cécile,<!--virgule--> et des Marine}} : deux jeunes filles récemment séduites. {{Romain|Pessimistepessimiste}} : c’étaitce mot était alors un néologisme mal considéré des puristes.
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{{Réf Livre
Ligne 612 ⟶ 621 :
}}
 
{{Ancre|I:240}}
{{Citation|citation=La foi dans la Providence éternelle de la plus grande partie de ceux qui vivent de métiers défendus par les lois ou par la religion, n’est ni absurde, ni fictive, ni dérivante d’hypocrisie ; elle est vraie, réelle, et, telle qu’elle est, elle est pieuse, car sa source est excellente. Quelles que soient ses voies, celle qui agit est toujours la Providence, et ceux qui l’adorent indépendamment de tout ne peuvent être que des bons esprits quoique coupables de transgression.
| précisions= Casanova commente les actions d’une mère (qui lui prostitue ses filles puis remercie pieusement la divine Providence qui les sauve de la misère) mais aussi les siennes (: cf. citation sur la Providenceprovidence audu t. I, vol. 1, Préface, p. 1){{Supra|I:1}}.
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{{Réf Livre
Ligne 651 ⟶ 661 :
 
{{Citation|citation=
[Un médecin d’Orsara accueille Casanova.]<!--p.276--> “Vous êtes l’homme auquel j’ai les plus grandes obligations, et je dois croire que Dieu vous a envoyé dans cette ville une seconde fois pour que j’en contracte avec vous de plus grandes. […] Il y a vingt ans que je suis dans cette ville, où je vivais dans la misère, car il ne m’arrivait d’exercer mon métier que pour saigner, pour appliquer des ventouses, pour guérir quelque écorchure, ou pour mettre un pied à sa place dérangé par une entorse. Ce que je gagnais ne me suffisait pas pour vivre  ; mais depuis l’année passée, je peux dire d’avoir changé d’état  ; j’ai gagné beaucoup d’argent, je l’ai mis à profit, et c’est vous, Dieu vous bénisse, qui avez fait ma fortune. […] Vous avez communiqué une galanterie à la gouvernante de D. Jerome, qui l’a donnée à un ami, qui de bonne foi la partagea avec sa femme. Cette femme à son tour la donna à un libertin qui en fit si grand débit qu’en moins d’un mois j’ai vu sous mon magistère une cinquantaine de clients, et des nouveaux dans les mois suivants, que j’ai tous guéris, me faisant comme de raison bien payer. J’en ai encore quelques-uns  ; mais dans un mois je n’aurai plus personne, car la maladie n’existe plus. Quand je vous ai vu je n’ai pu m’empêcher de me réjouir. J’ai vu dans vous un oiseau de bon augure. Puis-je me flatter que vous resterez ici quelques jours pour la renouveler  ?” Après avoir bien ri, je l’ai vu s’attrister quand je lui ai dit que je <!--p.277-->me portais bien.
| précisions=
}}
Ligne 677 ⟶ 687 :
}}
 
{{Ancre|I:310}}
# {{Citation|citation=Le temps dans lequel on s’amuse ne peut pas être appelé perdu. Le mauvais est celui qu’on passe dans l’ennui.}}
# {{Citation|citation=Un jeune homme qui s’ennuie s’expose au malheur de devenir amoureux,<!--virgule--> et de se faire mépriser.
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<br/>— Cela est possible ; mais vous amusant à l’emploi de caissier de votre propre argent vous vous déclarez avare, et un avare n’est pas plus estimable qu’un amoureux. Pourquoi ne vous achetez-vous pas des gants ?
| précisions=
Sur le temps non perdu, Casanova semble citer ou anticiper Marcoline, : cf. citation similaire du t. III, vol. 9, chap. IV, p. (72<!--groupe ici-->)-73<!--livre-->{{Infra|III:72-73}}. On trouve aussi des citations basées sur la version réécrite par Laforgue : « ''Le temps donné au plaisir n’est jamais un temps perdu ; le seul qui le soit est celui que l’on consume dans l’ennui ; or un jeune homme qui s’ennuie s’expose au malheur de devenir amoureux et de se faire mépriser.'' » (''Mémoires de J. Casanova de Seingalt'', Casanova [arr. Laforgue], éd. Garnier, [1880], t. I, chap. XIV, p. [http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k314854/f459.table 436] en ligne).
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{{Réf Livre
Ligne 697 ⟶ 708 :
}}
 
{{Ancre|I:313}}
# {{Citation|citation=Celui de faire rire sans rire était dans ce temps-là mon grand talent.}}
# {{Citation|citation=[Malipiero à Casanova.] Pour faire pleurer<!--pas de virgule--> il faut pleurer, et il ne faut pas rire quand on veut faire rire.
| langue = fr
| original = [Mme F.] ne se trouva plus à table vis-à-vis de moi sans m’adresser la parole me faisant souvent des interrogations qui me mettaient dans la nécessité de faire des commentaires critiques dans un style plaisant gardant un air sérieux. Celui de faire rire sans rire était dans ce temps-là mon grand talent. Je l’avais appris de M. Malipiero<!--pas de virgule--> mon premier maître. “''Pour faire pleurer''<!--virgules hors italique-->, me disait-il,'' il faut pleurer, et il ne faut pas rire quand on veut faire rire.''”
| précisions= {{Romain|Malipiero}} : Alvise-Gasparo Malipiero (1664-1745), sénateur de Venise qui devint en 1740 le mentor de 76 ans du Casanova de 15 ans, ce dernier devenu son favori et dînant chaque soir avec lui au [[:en:Palazzo Malipiero]]. Sur les pleurs, : cf. citation similaire audu t. III, vol. 12, chap. IV/<!--slash-->V, p. 934{{Infra|III:934}}. (Sur le rire, : cf. une redite non citée ici au t. III, vol. 12, chap IX, p. 1011.) Citation régulièrement attribuée à tort à Casanova qui ne fait que citer Malipiero et Voltaire, eux-même la tenant sans doute d’Horace<ref name="Horace-Malipiero"
>
« Pour faire pleurer<!--pas de virgule--> il faut pleurer » : ailleurs dans les Mémoires, Casanova montre Voltaire professant cette moitié du principe de Malipiero en 1760 (t. II, vol. 6, chap. IX, p. 391, et surtout chap. X, p. 408). Tous le tirent sans doute du fameux ''{{lang|la|Si vis me flere}}'' d’{{w|Horace}} (que Casanova ne mentionne étrangement pas à Voltaire, dans le même temps qu’il rappelle savoir Horace par cœur) : « {{lang|la|Si vis me flere, dolendum est primum ipsi tibi<!--pas de point-->}} » (Horace, ''Épître aux Pisons'' alias ''Art poétique'', v. 102-103), « Si vous voulez que je pleure, pleurez d’abord vous-même<!--pas de point--> » (trad. en prose de De Guerle, éd. Panckoucke, 1832).
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[[Image:Zoom AntonioCanova PsycheRevivedByCupidsKiss.JPG|thumb|Détail de ''Psyché ranimée par le baiser de l’Amour'' (''{{lang|it|Psiche ravvivata dal bacio di Amore}}''), Antonio Canova, 1793.]]
 
{{Ancre|I:336}}
{{Citation|citation=[Q]u’est-ce qu’un baiser ? Ce n’est autre chose que le véritable effet du désir de puiser dans l’objet qu’on aime.
| langue = fr
| original = Mais voici la première faveur que je me suis procurée d’une espèce toute singulière. [Mme F.] s’est piquée fort avec une épingle le doigt du milieu, et n’ayant pas là sa femme de chambre, elle me pria de le lui sucer pour en épuiser le sang. Si mon lecteur a jamais été amoureux, il peut se figurer comment je me suis acquitté de cette commission ; car qu’est-ce qu’un baiser ? Ce n’est autre chose que le véritable effet du désir de puiser dans l’objet qu’on aime. Après m’avoir remercié<!--pas de virgule--> elle me dit de cracher dans mon mouchoir le sang que j’avais sucé. “— Je l’ai avalé, madame, et Dieu sait avec quel plaisir. — Avalé mon sang avec plaisir ? Êtes-vous de race d’anthropophages ? — Tout ce que je sais est que je l’ai avalé involontairement, mais avec plaisir.”
| précisions= CitationSur similairele baiser : cf. citation similaire du t. III, vol. 10, chap. I, p. 307{{Infra|III:307}}.
}}
{{Réf Livre
Ligne 773 ⟶ 786 :
}}
 
{{Ancre|I:433.434}}
{{Citation|citation=Telle est la force d’un nom appellatif dans le plus sot de tous les mondes possibles. Ceux qui ont un nom malsonnant, ou qui présente une idée ridicule, doivent le quitter et s’en donner un autre, s’ils aspirent aux honneurs et aux fortunes dépendantes des sciences et des arts.
| langue = fr
| original = Cet homme qui dut sa fortune à ses vertus serait peut-être mort dans l’obscurité s’il avait gardé son ancien nom de Tognolo qui est positivement nom de paysan. […]<!--p.434--> L’air distingué, les sentiments, les lumières et les vertus de Fabris auraient fait rire s’il eût poursuivi à s’appeler Tognolo. Telle est la force d’un nom appellatif dans le plus sot de tous les mondes possibles. Ceux qui ont un nom malsonnant, ou qui présente une idée ridicule, doivent le quitter et s’en donner un autre, s’ils aspirent aux honneurs et aux fortunes dépendantes des sciences et des arts. Personne ne peut leur contester ce droit pourvu que le nom qu’ils se donneront n’appartienne pas à un autre. Je crois qu’ils doivent en être auteurs. L’alphabet est public, et chacun est le maître de s’en servir pour créer une parole et la faire devenir son propre nom ; Voltaire n’aurait pas pu aller à l’immortalité avec le nom d’Arouet. On lui aurait interdit l’entrée du temple lui fermant les portes au nez. Lui-même se serait avili s’entendant toujours appeler ''à rouer''. […] M. de Beauharnais aurait fait rire, s’il avait conservé le nom de ''Beauvit'' quand même l’auteur de son ancienne famille aurait dû à ce nom sa fortune. Les ''Bourbeux'' voulurent être appelés Bourbon […]
| précisions= {{Romain|Beauvit}} : “vit” signifiait “pénis”. {{Romain|le plus sot de tous les mondes possibles}} : fait pendant au refrain « Tout est au mieux dans le meilleur des mondes possibles. » de Pangloss dans le ''{{w|Candide}}'' de Voltaire (qui caricaturait la {{w|Théodicée#L.27argument_ontologique|théodicée ontologique}} de {{w|Gottfried Wilhelm von Leibniz|Leibniz}}). {{Romain|Je crois qu’ils doivent en être auteurs.}} : Casanova justifie obliquement le nom de Seingalt qu’il s’inventera (sans être ridicule, “Casanova” signifiait “maison neuve” en italien), cf. citation du t. II, vol. 8, chap. II, p. 728-729{{Infra|II:728-729}}.
}}
{{Réf Livre
Ligne 783 ⟶ 797 :
| volume = 2
| chapitre = X
| page = 433 et<!--et--> 434
}}
 
{{Ancre|I:449-450}}
# {{Citation|citation=Il vivrait peut-être encore s’il eût le courage du renard ; il avait celui du lion. Dans un officier c’est un défaut, dans <!--p.450-->un soldat c’est une vertu.}}
# {{Citation|citation=Ô vous qui méprisez la vie, dites-moi si la méprisant vous croyez de vous en rendre plus dignes.
Ligne 794 ⟶ 809 :
{{Romain|O.<!--point--> Neilan}} : O’Neilan, mort en 1757.
{{Romain|Charles de Ligne}} : fils du protecteur de Casanova, {{w|Charles-Joseph de Ligne}} (qui eut la primeur de ces Mémoires).
Sur être digne de la vie, : cf. citation du t. I, vol. 1, Préface, p. 9{{Supra|I:9}}.
}}
{{Réf Livre
Ligne 1 105 ⟶ 1 120 :
<br>— D’abord ? Est-il possible que je touche de si près à mon bonheur ?
| précisions=
La seule scène à la Valmont, peut-être romancée d’après les alors récentes ''Liaisons dangereuses'' (1782) de [[Pierre Choderlos de Laclos|Choderlos de Laclos]] ; Casanova la demandera cependant C. C. en mariage au père, qui refusera et la mettra au couvent où ils resteront en contact.
}}
{{Réf Livre
Ligne 1 160 ⟶ 1 175 :
}}
 
{{Ancre|I:841}}
{{Citation|citation=C’est la curiosité qui rend inconstant un homme habitué dans le vice.
| langue = fr
| original = C’est la curiosité qui rend inconstant un homme habitué dans le vice. Si toutes les femmes avaient la même physionomie, et le même caractère dans l’esprit, l’homme, non seulement ne deviendrait jamais inconstant, mais pas même amoureux. Il en prendrait une par instinct, et il se contenterait d’elle seule jusqu’à la mort. L’économie de notre monde serait une autre. La nouveauté est le tyran de notre âme ; nous savons que ce qu’on ne voit pas est à peu près la même chose ; mais ce qu’elles nous laissent voir nous fait croire le contraire ; et cela leur suffit. Avares par nature de nous laisser voir ce qu’elles ont de commun avec les autres, elles forcent notre imagination à se figurer qu’elles sont tout autre chose.
| précisions= CitationSur similairel’inconstance : cf. citation similaire du t. II, vol. 6, chap. VIII, p. 365{{Infra|II:365}}.
}}
{{Réf Livre
Ligne 1 204 ⟶ 1 220 :
| langue = fr
| original = [J]’avais encore besoin de quelques jours pour achever ce trou qui devait coûter la vie à [mon geôlier] Laurent. Mais la pensée d’acheter ma liberté aux dépends de ses jours pouvait-elle ralentir mon empressement à me procurer ma liberté ? J’en aurais agi de même quand la conséquence de ma fuite aurait été la mort de tous les archers de la République et même de l’État. L’amour de la patrie devient un vrai fantôme devant l’esprit d’un homme opprimé par elle.
| précisions= Casanova évoque les préparatifs de son évasion de la prison des Plombs de la République<!--raccorde à “archers de la République”--> de Venise.
}}
{{Réf Livre
Ligne 1 217 ⟶ 1 233 :
====Vol. 5====
 
[[Image:Condoomgebruik in de 19e eeuw.png|thumb|''Casanova [à gauche] et la redingote anglaise<!--illustrait le texte Laforgue qui disait “redingote anglaise” là où Casanova avait écrit “redingote d’Angleterre”-->'' (âgé de la trentaine, époque du tome II<!--de 31 à 38 ans-->), gravure illustrant l’édition Rozez 1872 des ''Mémoires'' (texte chez Laffont, : cf. t. II, vol. 6, chap. X, p. 417).]]
 
{{Citation|citation=Très curieux de pouvoir à la fin me vanter d’avoir été témoin d’un miracle, et d’ailleurs très intéressant pour moi, car j’avais toujours les pieds gelés, je vais voir l’auguste morte, qui effectivement avait les pieds chauds, mais c’était en conséquence d’un poêle ardent qui était très près de Sa Majesté Impériale morte.
| langue = fr
| original = Ce confesseur qui était un jésuite me reçut on ne peut pas plus mal. Il me dit, par manière d’acquit, qu’à Munick<!--Munick, sic--> on me connaissait à fond. Je lui ai demandé d’un ton ferme s’il me donnait cet avis comme une bonne ou comme une mauvaise nouvelle, et il ne m’a pas répondu. Il m’a laissé là, et un prêtre me dit qu’il était allé pour vérifier un miracle dont tout Munick<!--Munick, sic--> parlait. <!--p.8-->“L’impératrice, me dit-il, veuve de Charles VII, dont le cadavre est encore dans la salle exposé à la vue du public, a les pieds chauds toute morte qu’elle est.” Il me dit que je pouvais aller voir ce prodige moi-même. Très curieux de pouvoir à la fin me vanter d’avoir été témoin d’un miracle, et d’ailleurs très intéressant pour moi, car j’avais toujours les pieds gelés, je vais voir l’auguste morte, qui effectivement avait les pieds chauds, mais c’était en conséquence d’un poêle ardent qui était très près de Sa Majesté Impériale morte.
| précisions= {{Romain|Munick<!--Munick, sic-->}} : une ancienne graphie de Munich.
}}
{{Réf Livre
Ligne 1 351 ⟶ 1 367 :
[[Image:Jean-Honoré Fragonard 012.jpg|thumb|''La Leçon de musique'', Fragonnard, 1769.]]
 
{{Ancre|II:58}}
{{Citation|citation=L’homme qui se déclare amoureux d’une femme autrement qu’en pantomime a besoin d’aller à l’école.
| langue = fr
| original = La fille de Silvia m’aimait, et elle savait que je l’aimais, malgré que je ne me fusse jamais expliqué ; […] Son père et sa mère l’avaient destinée à Clément, qui depuis trois ans lui enseignait à toucher le clavecin, elle le savait, […] Clément était visiblement amoureux de son écolière, et elle était enchantée que je m’en aperçusse. Elle savait que cette certitude m’obligerait à la fin à m’expliquer, et elle ne se trompa pas. Je m’y suis déterminé après le départ de Mlle de la M--re<!--sic-->, et je m’en suis repenti. Après ma déclaration, Clément fut congédié ; mais je me suis trouvé à pire condition. L’homme qui se déclare amoureux d’une femme autrement qu’en pantomime a besoin d’aller à l’école.
| précisions= {{Romain|Mlle de la M--re}} : la « Mlle de la Meure » popularisée par Laforgue<ref name="DeLaMeure"/>. CitationSur similairela déclaration d’amour : cf. citation similaire du t. II, vol. 7, chap. V, p. 546{{Infra|II:546}}.
}}
{{Réf Livre
Ligne 1 404 ⟶ 1 421 :
}}
 
{{Ancre|II:181}}
{{Citation|citation=Nation singulière qui devient insensible à tous les malheurs d’abord que des vers qu’on dit ou qu’on chante la font rire.
| langue = fr
| original = [Mon protecteur l’illustre abbé de Bernis, qui fit tant pour Louis XV,] fut renvoyé de la cour pour avoir dit au roi, qui lui avait demandé là<!--pas de trait d’union--> dessus son avis, qu’il ne croyait pas que le prince de Soubise fût l’homme le plus propre à commander ses armées. D’abord que la Pompadour le sut du roi même, elle eut le pouvoir de le précipiter. Sa disgrâce déplut à tout le monde, mais on s’en consola par des couplets. Nation singulière qui devient insensible à tous les malheurs d’abord que des vers qu’on dit ou qu’on chante la font rire.
| précisions= {{Romain|de Bernis}} : l’abbé {{w|François-Joachim de Pierre de Bernis|de Bernis}} avait été compagnon de débauche de Casanova à Venise. Sur la disgrâce de<!--de de--> de Bernis : cf. citation du t. III, vol. 12, chap. IV/<!--slash-->V, p. 937{{Infra|III:937}}.
}}
{{Réf Livre
Ligne 1 451 ⟶ 1 469 :
{{Citation|citation=[L]es femmes n’ont <!--sic, n’ont autre-->autre âge que celui qu’elles montrent.
| langue = fr
| original = Lucie n’était pas devenue positivement laide, mais quelque chose de pire : dégoûtante. En dix-neuf ans qui s’étaient écoulés après que je l’avais vue à Pasean, toutes sortes de débauches devaient l’avoir rendue telle. […]<!--p.234--> Sa beauté étant disparue, sa seule ressource avait été celle de devenir maq..<!---->..<!---->..<!---->.<!--7points--> ; rien n’était plus dans l’ordre ; mais la pauvre Lucie n’était âgée que de trente-trois ans ; n’importe, elle en montrait cinquante, et les femmes n’ont <!--pas de “d’”, “autre”-->autre âge que celui qu’elles montrent.
| précisions= {{Romain|maq..<!---->..<!---->..<!---->.<!--7points-->}} : maquerelle.
}}
{{Réf Livre
Ligne 1 514 ⟶ 1 532 :
}}
 
{{Ancre|II:365}}
{{Citation|citation=Il est d’ailleurs évident et incontestable que l’inconstance en amour n’existe qu’à cause de la diversité des figures. Si on ne les voyait pas, l’homme se conserverait toujours amoureux constant de la première qui lui aurait plu.
| précisions= CitationSur similairel’inconstance : cf. citation similaire du t. I, vol. 4, chap. X, p. 841{{Supra|I:841}}.
}}
{{Réf Livre
Ligne 1 540 ⟶ 1 559 :
[[Image:Murten Morat 2003-08-22.jpg|thumb|Morat (Murten), canton de Fribourg, en Suisse.]]
 
{{Ancre|II:381-382}}
# {{Citation|citation=L’homme sage qui veut s’instruire doit lire et voyager après pour rectifier sa science.}}
# {{Citation|citation=Savoir mal est pire qu’ignorer. [Montaigne] dit qu’il faut savoir bien.
| langue = fr
| original = L’idée que j’avais de Morat jusqu’à ce moment-là était magnifique. Sa réputation de sept siècles, trois grands sièges soutenus et repoussés ; je m’attendais à voir quelque chose, et je ne voyais rien. “— Morat, dis-je au médecin, a donc été rasé, détruit, car… — Point du tout, il est ce qu’il a toujours été.” <!--p.382-->L’homme sage qui veut s’instruire doit lire et voyager après pour rectifier sa science. Savoir mal est pire qu’ignorer. [Montaigne] dit qu’il faut savoir bien.
| précisions= {{Romain|Morat}} : Casanova visite en 1760 le site historique de {{w|Morat}} en Suisse. {{Romain|[Montaigne]}} : le texte publié porte « Montagne »<!--ici trop ambigu en début de courte phrase-->, une ancienne graphie de {{w|Michel de Montaigne|Montaigne}}. CitationSur similairele savoir : cf. citation similaire du t. II, vol. 7, chap. IX, p. 603{{Infra|II:603}}. On trouve souvent citée la version réécrite par Laforgue, « ''Je jugeai que l’homme qui veut s’instruire doit lire d’abord, et puis voyager pour rectifier ce qu’il a appris.'' » (''Mémoires de J. Casanova de Seingalt'', Casanova [arr. Laforgue], éd. Garnier, [1880], t. IV, chap. XIII, p. [http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k314885/f424.table 419] en ligne).
}}
{{Réf Livre
Ligne 1 659 ⟶ 1 679 :
}}
 
{{Ancre|II:406}}
{{Citation|citation=Depuis que le monde existe, personne n’a su comment on devient fou[.]
| langue = fr
Ligne 1 664 ⟶ 1 685 :
<br/>— Les trente-six stances du vingt-troisième chant, qui font la description mécanique de la façon dont Roland devint fou. Depuis que le monde existe, personne n’a su comment on devient fou, l’Arioste excepté, qui a pu l’écrire, et qui vers la fin de sa vie devint fou aussi. Ces stances, je suis sûr, vous ont fait trembler ; elles font horreur.
<br/>— Je m’en souviens ; elles font devenir l’amour épouvantable. Il me tarde de les relire.
| précisions= Sur la folie, : cf. citation du t. III, vol. 9, chap. XII, p. (262-)263{{Infra|III:262-263}}.
}}
{{Réf Livre
Ligne 1 807 ⟶ 1 828 :
}}
 
{{Ancre|II:546}}
{{Citation|citation=L’homme qui se déclare amoureux par des paroles est un sot, il ne doit se déclarer que par des attentions.
| langue = fr
| original = Grimaldi, qui était fâché de me voir triste, me fit entrer par force dans un propos, qui fit dire à Véronique que j’avais raison de me taire après la déclaration d’amour que je lui avais faite, et qu’elle avait mal reçue. Fort étonné, je lui ai dit que je ne me souvenais pas de l’avoir aimée, et encore moins de le lui avoir dit. Mais j’ai dû rire quand elle me dit qu’elle s’appelait ce jour-là Lindane. “Cela, lui dis-je, ne peut m’arriver que jouant la comédie. L’homme qui se déclare amoureux par des paroles est un sot, il ne doit se déclarer que par des attentions.”
| précisions= {{Romain|Lindane}} : rôle d’amoureux que Casanova avait joué dans une pièce quelques jours auparavant, Véronique ayant joué le rôle de son amoureuse. CitationSur similairela déclaration d’amour : cf. citation similaire du t. II, vol. 75, chap. VIII, p. 54658{{Supra|II:58}}.
}}
{{Réf Livre
Ligne 1 874 ⟶ 1 896 :
}}
 
{{Ancre|II:591}}
{{Citation|citation=Mille événements nous trouvons dans la vraie histoire qui ne seraient jamais survenus, si on ne les avait pas prédits. C’est nous qui sommes les auteurs de notre soi-disant destin[.]
| langue = fr
| original = Le lendemain, une lettre que j’ai reçue de Grenoble m’a bien intéressé. Valenglard m’écrivait que la Roman était partie pour Paris avec sa tante, après avoir été convaincues que si elles n’y allaient pas, ce que l’horoscope disait n’aurait jamais pu se vérifier. Elles n’y seraient donc jamais allées, si le caprice ne m’était venu de leur faire un horoscope extravagant, car quand même l’astrologie aurait été une science, je n’en savais rien. Mille événements nous trouvons dans la vraie histoire qui ne seraient jamais survenus, si on ne les avait pas prédits. C’est nous qui sommes les auteurs de notre soi-disant destin, et toutes les nécessités précédentes des Stoïciens sont chimériques ; le raisonnement qui prouve la force du destin ne semble fort que parce qu’il est sophistique.
| précisions= {{Romain|la Roman}} : la belle Anne Roman était une anonyme jeune fille qui n’aurait jamais quitté Grenoble ; Casanova lui combina un horoscope prédisant que ''si'' elle montait à Paris elle deviendrait la maîtresse de Louis XV et lui donnerait un fils ; elle y monta, devint la fameuse {{w|Anne Couppier de Romans|Mademoiselle de Romans<!--sic, pluriel-->}}, et accoucha de l’abbé de Bourbon, le seul enfant illégitime reconnu par le roi (en réalité, Casanova connaissait bien les goûts du monarque et pendant son séjour à Paris l’avait déjà entiché de sa maîtresse {{w|Marie-Louise O’Murphy|la O’Murphy}} en lui faisant parvenir son portrait ; comme il savait aussi que la tante d’Anne Roman avait une relation parisienne permettant de la faire présenter à Louis XV, Casanova escomptait qu’un tel horoscope soit le coup de pouce lui permettant de s’auto-réaliser).
Sur les prédictions engendrant l’événement, : cf. citation du t. III, vol. 12, chap. VI, p. (959-)960{{Infra|III:959-960}}.
}}
{{Réf Livre
Ligne 1 888 ⟶ 1 911 :
}}
 
{{Ancre|II:603}}
{{Citation|citation=[M]alheur à tous ceux qui aiment la vérité et qui ne savent pas aller la puiser à sa source.
| langue = fr
| original = Mais voilà ce que j’ai entendu dire à Rome, neuf ans après, chez le prince Santa Croce par une âme damnée des Jésuites, qui alors étaient à l’agonie : ''le cardinal Tamburini bénédictin était un impie ; au lit de la mort il a demandé le viatique sans vouloir auparavant se confesser''. J’entends cela, et je ne dis rien. Je m’informe le lendemain de ce fait à quelqu’un qui devait savoir la vérité, et qui ne pouvait avoir aucune raison de la cacher. Il me dit que le même cardinal avait célébré la messe trois jours auparavant, et qu’ainsi il fallait juger que s’il n’avait pas demandé un confesseur c’était parce qu’il n’aurait su que lui dire. Ainsi malheur à tous ceux qui aiment la vérité et qui ne savent pas aller la puiser à sa source.
| précisions= CitationSur similairele savoir : cf. citation similaire du t. II, vol. 6, chap. VIII, p. (381-)382{{Supra|II:381-382}}.
}}
{{Réf Livre
Ligne 1 916 ⟶ 1 940 :
}}
 
{{Ancre|II:624-625}}
# {{Citation|citation=[L]a jouissance même d’un bel objet n’est pas un vrai plaisir,<!--virgule--> si l’amour ne l’a pas précédée.}}
# {{Citation|citation=[S]ouvent [la jouissance d’un bel objet] fait mourir [l’amour].}}
Ligne 1 933 ⟶ 1 958 :
<br/>À cette conclusion elle ne put s’empêcher de rire, et le duc lui baisa <!--p.625-->la main.
| précisions=
Dans les dialogues philosophiques de cette époque, c’est généralement l’auteur qui s’exprime sous le couvert de son interlocuteur. CitationsSur similairesl’amour nécessaire au plaisir : cf. citations similaires du t. II, vol. 8, chap. VIII, p. 861{{Infra|II:861}}, et du t. III, vol. 10, chap. IX, p. (486-)487{{Infra|III:486-487}}.
}}
{{Réf Livre
Ligne 2 061 ⟶ 2 086 :
{{Citation|citation=J’ai fait bien des sottises dans ma vie ; je le confesse avec autant de candeur que Rousseau, et j’y mets moins d’amour-propre que ce malheureux grand homme[.]
| langue = fr
| original = J’ai fait bien des sottises dans ma vie ; je le confesse avec autant de candeur que Rousseau, et j’y mets moins d’amour-propre que ce malheureux grand homme ; mais j’en ai fait peu d’aussi fortes et d’aussi absurdes que celle d’aller à Munich, alors que je n’y avais rien à faire. Mais j’étais dans une crise ; c’était une époque où mon fatal <!--ici petit g-->génie allait crescendo de sottise en sottise depuis mon départ de Turin, et même depuis mon départ de Naples.
| précisions= Texte Casanova/Laforgue<ref name="Casanova-Laforgue"/>. {{Romain|mon fatal <!--ici petit g-->génie}} : faisait ici référence au “bon Génie” ou au “mauvais Génie” inspirant les actions des hommes.
}}
{{Réf Livre
Ligne 2 072 ⟶ 2 097 :
}}
 
{{Ancre|II:722-723}}
{{Citation|citation=[A]u milieu de cette misère, la gaieté se montrait sur tous les visages, ce qui me forçait à me demander ce que c’est que le bonheur.
| langue = fr
Ligne 2 077 ⟶ 2 103 :
Quand la troupe se fut dépouillée de ses guenilles de théâtre et qu’elle fut costumée avec ses guenilles de tous les jours, la laide Bassi s’attacha à mon bras et m’emmena en disant que j’irais souper avec elle. Je me laissais conduire et bientôt nous arrivâmes dans une habitation telle que je me l’étais imaginée. C’était une immense chambre au rez-de-chaussée qui servait à la fois de cuisine, de salle à manger et de dortoir. […] Une seule chandelle<!--espace--> fichée dans le goulot d’une bouteille cassée,<!--virgule--> éclairait ce taudis, et comme on n’avait point de mouchettes, la laide Bassi y pourvoyait très adroitement au moyen du pouce et de l’index, et sans façon s’essuyait à la nappe après avoir jeté par terre le bout de la mèche. Un acteur, valet de la troupe, portant longues moustaches, car il ne jouait que les rôles d’assassins ou de voleur de grands chemins, servit un énorme plat de viande réchauffée qui nageait au milieu d’une quantité d’eau bourbeuse que l’on décorait du nom de sauce ; et la famille affamée se mit à y tremper du pain après l’avoir dépecé avec <!--p.723-->les doigts ou à belles dents, faute de couteau et de fourchette, mais tous étant à l’unisson, nul n’avait le droit de faire le dégoûté. Un grand pot de bière passait de convive en convive, et au milieu de cette misère, la gaieté se montrait sur tous les visages, ce qui me forçait à me demander ce que c’est que le bonheur.
| précisions= Texte Casanova/Laforgue<ref name="Casanova-Laforgue"/>.
Sur la gaieté dans la misère, : cf. citation du t. III, vol. 11, chap. X, p. 822{{Infra|III:822}}.
}}
{{Réf Livre
Ligne 2 087 ⟶ 2 113 :
}}
 
{{Ancre|II:728-729}}
{{Citation|citation=L’alphabet est la propriété de tout le monde ; c’est incontestable. <!--p.729-->J’ai pris huit lettres, et je les ai combinées de façon à produire le mot Seingalt. Ce mot ainsi formé m’a plu et je l’ai adopté pour mon appellatif, avec la ferme persuasion que personne ne l’ayant porté avant moi, personne n’a le droit de me le contester, et bien moins encore de le porter sans mon consentement.
| langue = fr
Ligne 2 092 ⟶ 2 119 :
[Le bourgmestre a convoqué Casanova.] — Pourquoi, me dit-il, portez-vous un faux nom ? […] vous vous appelez Casanova et non Seingalt, pourquoi ce dernier nom ? — Je prends ce nom, ou plutôt je l’ai pris, parce qu’il est à moi. […] Parce que j’en suis l’auteur ; mais cela n’empêche pas que je ne sois aussi Casanova. — Monsieur, ou l’un ou l’autre. Vous ne pouvez pas avoir deux noms à la fois. — Les Espagnols et les Portuguais en ont souvent une demi-douzaine. — Mais vous n’êtes ni portugais ni espagnol ; vous êtes italien et après tout, comment peut-on être l’auteur d’un nom ? — C’est la chose du monde la plus simple et la plus facile. — Expliquez-moi cela. — L’alphabet est la propriété de tout le monde ; c’est incontestable. <!--p.729-->J’ai pris huit lettres, et je les ai combinées de façon à produire le mot Seingalt. Ce mot ainsi formé m’a plu et je l’ai adopté pour mon appellatif, avec la ferme persuasion que personne ne l’ayant porté avant moi, personne n’a le droit de me le contester, et bien moins encore de le porter sans mon consentement. — C’est une idée fort bizarre, mais vous l’appuyez d’un raisonnement plus spécieux que solide ; car votre nom ne peut être que celui de votre père. — Je pense que vous êtes dans l’erreur, car le nom que vous portez vous-même par droit d’hérédité n’a pas existé de toute éternité ; il a dû être fabriqué par un de vos ascendants qui ne l’avait point reçu de son père, quand bien même vous vous appelleriez Adam.
| précisions= Texte Casanova/Laforgue<ref name="Casanova-Laforgue"/>.
Sur la liberté de créer un nom avec l’alphabet : cf. citation du t. I, vol. 2, chap. X, p. (433 et) 434{{Supra|I:433.434}}.
}}
{{Réf Livre
Ligne 2 247 ⟶ 2 275 :
[[Image:Houdon Baiser rendu.jpg|thumb|''Le Baiser rendu'', d’après Jean-Antoine Houdon, [1778].]]
 
{{Ancre|II:861}}
{{Citation|citation=La beauté me séduit, j’aspire à en jouir, mais en vérité je la méprise si ce n’est pas l’amour qui m’en offre la jouissance.
| langue = fr
Ligne 2 256 ⟶ 2 285 :
<br/>— Précisément. C’est mon seul objet.
<br/>— Pour me rendre malheureuse dans quinze jours.
| précisions= CitationsSur similairesl’amour nécessaire au plaisir : cf. citations similaires du t. II, vol. 7, chap. X, p. 624-625{{Supra|II:624-625}}, et du t. III, vol. 10, chap. IX, p. (486-)487{{Infra|III:486-487}}.
}}
{{Réf Livre
Ligne 2 374 ⟶ 2 403 :
[[Image:Ruggiero rescuing angelica Jean Auguste Dominique Ingres.jpg|thumb|''Roger délivrant Angélique'', sujet tiré du ''Roland furieux'' (''{{lang|it|Orlando furioso}}''), Ingres, 1819.]]
 
{{Ancre|II:890}}
{{Citation|citation=Si [le <!--pas d’italique-->Roland Furieux] n’est fait que pour la langue italienne, il semble que la langue italienne ne soit faite que pour lui.
| langue = fr
| original = Les livres passaient le nombre de cent, tous poètes, historiens, géographes, physiciens,<!--virgule--> et quelques romans traduits de l’espagnol ou du français, car, trente ou quarante poèmes exceptés, nous n’avons pas en italien un seul bon roman en prose. Nous avons en revanche le chef-d’œuvre de l’esprit humain dans le <!--pas d’italique-->Roland Furieux qui n’est susceptible de traduction dans aucune langue. Si ce poème donc n’est fait que pour la langue italienne, il semble que la langue italienne ne soit faite que pour lui.
| précisions= {{Romain|le Roland Furieux}} : l’''{{w|Orlando furioso}}'' de l’Arioste. Sur la langue italienne, : cf. citation du t. I, vol. 1, Préface, p. 10{{Supra|I:10}}.
}}
{{Réf Livre
Ligne 2 457 ⟶ 2 487 :
}}
 
{{Ancre|III:72-73}}
{{Citation|citation=[Marcoline à Casanova.] [L]e temps qu’on emploie à la jouissance n’est jamais perdu.
| langue = fr
Ligne 2 462 ⟶ 2 493 :
En rentrant dans la chambre, les deux héroïnes me fêtèrent par des ris et par la belle démonstration de confiance que la nature leur enseigna qu’elles devaient me donner, en m’étalant toutes les deux d’accord et sans nulle jalousie les beautés dont elles m’avaient prodi<!--p.73-->gué la jouissance ; moyen sûr dans le système de l’humanité de m’exciter à leur donner le bonjour de l’amour. Je m’en sentis tenté ; mais l’âge commençait où insensiblement je m’habituais à l’épargne. J’ai passé sur le lit un quart d’heure voluptueux à comparer toutes leurs richesses ; et souffrant en paix qu’elles m’appelassent avare, je leur ai dit de se lever. “— Nous devions partir, dis-je à Marcoline, à cinq heures du matin, et une heure va sonner bientôt. — Nous avons joui, me répondit-elle, et le temps qu’on emploie à la jouissance n’est jamais perdu. Les chevaux sont-ils là ? Nous prendrons du café, j’espère.”
| précisions=
CitationSur similairele temps non perdu : cf. citation similaire du t. I, vol. 2, chap. IV, p. 310{{Supra|I:310}}. On trouve parfois des citations basées sur la version réécrite par Laforgue : « ''Nous avons joui, me dit Marcoline, et le temps que l’on consacre à la jouissance est toujours le mieux employé.'' » (''Mémoires de J. Casanova de Seingalt'', Casanova [arr. Laforgue], éd. Garnier, [1880], t. VI, chap. VIII, p. [http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k31490q/f268.table 263] en ligne).
}}
{{Réf Livre
Ligne 2 513 ⟶ 2 544 :
}}
 
{{Ancre|III:107-108}}
{{Citation|citation=On allègue un fait qu’on a deviné ; mais on ne parle pas de cent autres qu’on a prédits,<!--virgule--> et qui ne parurent pas.
| langue = fr
Ligne 2 519 ⟶ 2 551 :
{{Romain|Mon Génie}} : {{w|Madame d’Urfé}} entendait des voix qu’elle attribuait à un Génie, un esprit.
{{Romain|Galtinarde}} : Casanova avait dit à Mme d’Urfé que son nom d’initié Rose-Croix était « Paralisée Galtinarde ».
Sur ce que Casanova tient pour coïncidences : cf. citation du t. III, vol. 10, chap. XI, p. 556 et 557{{Infra|III:556.557}}.
}}
{{Réf Livre
Ligne 2 528 ⟶ 2 561 :
}}
 
{{Ancre|III:112.123}}
{{Citation|citation=[P]our mettre la raison sur le chemin de la vérité<!--pas de virgule--> il [faut] commencer par la tromper.
| langue = fr
| original = <!--p.111-->[Mme du Rumain a perdu depuis trois mois sa voix de chant. Elle prie Casanova de demander un remède magique à l’oracle de son ange gardien.]<!--p.112--> J’étais sûr qu’un bon régime de vie lui remettrait les glottes dans leur état primitif ; mais un oracle n’est pas fait pour répéter ce que tout mauvais médecin sait dire. Dans ces réflexions, j’ai pris le parti de lui ordonner un culte au Soleil fait à une heure qui l’obligeât à observer un régime fait pour la guérir sans que j’eusse besoin de le lui ordonner. [L’oracle prescrit des rituels magiques comportant un culte à la Lune dans un bain de pied et un culte au Soleil levant après sept heures de sommeil, accompagnés de fumigations liturgiques.] L’attention de l’oracle à lui ordonner que la fenêtre fût fermée plut beaucoup à Madame, car il pouvait faire du vent qui l’aurait enrhumée. […]<!--p.123--> La veille de mon départ, j’ai soupé avec Mme du Rumain qui m’assura que sa voix commençait déjà à revenir ; une sage réflexion qu’elle fit me fit plaisir. Elle me dit que le régime que cette espèce de culte l’obligeait de faire pouvait y contribuer ; je lui ai dit de ne pas en douter. J’aimais à apprendre que pour mettre la raison sur le chemin de la vérité<!--pas de virgule--> il fallait commencer par la tromper. Les ténèbres durent précéder la lumière.
| précisions= CitationSur similairela tromperie : cf. citation similaire du t. I, vol. 1, Préface, p. 8{{Supra|I:8}}. On trouve encore souvent citée la version réécrite par Laforgue, « ''Je voyais que souvent, pour mettre la raison sur la voie de la vérité, il faut commencer par la tromper :<!--deux-points--> les ténèbres ont nécessairement précédé la lumière.'' » (''Mémoires de J. Casanova de Seingalt'', Casanova [arr. Laforgue], éd. Garnier, [1880], t. VI, chap. X, p. [http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k31490q/f342.table 337] en ligne).
}}
{{Réf Livre
Ligne 2 595 ⟶ 2 629 :
}}
 
{{Ancre|III:140}}
{{Citation|citation=[L]e grand ouvrage du sage gouvernement est celui de tenir endormi [l’esprit de rébellion], car s’il se réveille c’est un torrent que nulle digue <!--pas de “ne”-->peut retenir.
| langue = fr
| original =
Après la cour je suis rentré dans ma chaise à porteurs […]. Un homme habillé pour aller à la cour n’oserait pas marcher à pied par les rues de Londres ; un portefaix, un fainéant, un polisson de la lie du peuple lui jetterait de la boue, lui rirait au nez, le heurterait pour l’exciter à lui dire quelque chose de désagréable pour avoir une raison de se battre à coups de poings. L’esprit démocratique est dans le peuple anglais, même beaucoup plus qu’actuellement dans le français ; mais la force de la constitution le tient soumis. L’esprit de rébellion enfin existe dans toute grande ville, et le grand ouvrage du sage gouvernement est celui de le tenir endormi, car s’il se réveille c’est un torrent que nulle digue <!--pas de “ne”-->peut retenir.
| précisions= {{Romain|démocratique}} : opposé à “aristocratique”, et ici au sens péjoratif des “gueux qui veulent faire la loi” (cf. citation sur « la maladie » du t. III, vol. 12, chap. IX, p. 1010{{Infra|III:1010}}, et le propos rapporté par le prince de Ligne au t. III, Annexes, p. 1164).
}}
{{Réf Livre
Ligne 2 609 ⟶ 2 644 :
}}
 
{{Ancre|III:161}}
{{Citation|citation=Au beau milieu de tant de plaisirs je m’ennuyais parce que je n’avais pas une bonne amie au lit et à table, et il y avait déjà cinq semaines que j’étais à Londres. [Mais aucune des filles qu’il a vues ne l’a entièrement persuadé.] Il me vint une pensée bizarre, et je l’ai suivie. Je suis allé parler à la vieille qui était à la garde de ma maison, et la servante que je payais me servant d’interprète, je lui ai dit que je voulais louer le second et le troisième étage de ma maison pour avoir compagnie, et que malgré que j’en fusse le maître je lui ferais présent d’une demi-guinée par semaine. Je lui ai donc dit de mettre l’écriteau à ma porte conçu dans ces mêmes termes, que je lui ai écrit sur-le-champ. “''Second,<!--virgule--> ou troisième appartement garni à louer à bon marché à une jeune demoiselle seule et libre qui parle anglais et français, et qui ne recevra aucune visite ni le jour,<!--virgule--> ni dans la nuit.''” La vieille anglaise qui avait rôti le balai se mit tant à rire quand ma servante lui expliqua l’écriteau en anglais que j’ai cru qu’elle mourait de la toux.
| précisions=
Sur une suite funeste de cet écriteau : cf. citation de la Charpillon du t. III, vol. 9, chap. XI, p. 221{{Infra|III:221}}.
}}
{{Réf Livre
Ligne 2 674 ⟶ 2 711 :
}}
 
{{Ancre|III:172-173}}
{{Citation|citation=
Sophie toute riante se cacha sous la couverture quand elle me vit paraître ; mais d’abord que je me suis jeté sur le lit près d’elle, et que j’ai commencé à la chatouiller, elle mit dehors son minois, que j’ai couvert de baisers, et je me suis servi des droits de père pour voir entièrement comme elle était faite partout, et pour applaudir à tout ce qu’elle avait, qui était encore très vert. Elle était très petite, mais faite à ravir. Pauline me vit lui faire toutes ces caresses sans me supposer l’ombre de malice, mais elle se trompait. Si elle n’avait pas été là<!--pas de virgule--> la <!--p.173-->charmante Sophie aurait dû éteindre d’une façon ou de l’autre le feu que ses petits charmes avaient allumé dans son papa.
| précisions=
{{Romain|Sophie}} : Sophie Pompeati, peut-être sa fille naturelle (affirmé par les Mémoires, contesté par des historiens) avec Thérèse Pompeati (Teresa Pompeati, née Imer, dite la Cornelis/Cornelys) ; dans cette scène de 1763, elle avait neuf ou dix ans (née en février 1753 ou début 1754). {{Romain|Pauline}} : la compagne de Casanova à cette époque. Sur l’inceste, : cf. citation du t. III, vol. 10, chap. I, p. 310{{Infra|III:310}}.
}}
{{Réf Livre
Ligne 2 729 ⟶ 2 767 :
}}
 
{{Ancre|III:221}}
# {{Citation|citation=[La jeune et belle Charpillon à Casanova.] Vous rendant amoureux de moi, [je vous aurais puni] vous faisant après souffrir des peines infernales par mes traitements. Ah ! que j’aurais ri !}}
# {{Citation|citation=[Casanova à la jeune et belle Charpillon.] Vous vous croyez donc maîtresse de rendre amoureux qui vous voulez, formant d’avance le projet infâme de devenir le tyran de celui qui aurait rendu à vos charmes l’hommage qui leur est dû ? C’est le projet d’un monstre, et il est malheureux pour les hommes que vous n’en ayez pas l’air.
Ligne 2 746 ⟶ 2 785 :
| précisions=
{{Romain|La Charpillon}} : à Londres, « la harpie » qui mit le cœur de Casanova « en charpie » (Machen<!--Introduction-->, Lacassin<!--Préface-->).
{{Romain|le singulier écriteau qui fit tant rire}} : Casanova avait proposé la location bon marché d’un appartement de sa maison mais exclusivement pour une jeune fille célibataire libre, cf. le contexte au t. III, vol. 9, chap. VIII, p. 161{{Supra|III:161}}.
}}
{{Réf Livre
Ligne 2 774 ⟶ 2 813 :
}}
 
{{Ancre|III:262-263}}
# {{Citation|citation=L’homme devient facilement fou.}}
# {{Citation|citation=J’eus toujours dans mon âme un germe de superstition, dont certainement je ne me vante pas.
| langue = fr
| original = [Sans le savoir, son ami Egard<!--Egard, sic--> a détourné Casanova du suicide.] Ma crainte était fondée. N’ayant pas pu me mener à la mort, elle me donna une nouvelle vie. Quel prodigieux changement ! Me sentant devenu tranquille, j’ai arrêté avec plaisir ma vue sur les rayons de lumière qui me rendaient honteux ; mais ce sentiment de honte m’assurait que j’étais guéri. Quel contentement ! Ayant été plongé dans l’erreur, je ne pouvais la reconnaître qu’après en être sorti. Dans les ténèbres<!--pas de virgule--> on ne voit rien. J’étais si étonné de mon nouvel état, que ne voyant pas reparaître Egard, je commençais à croire que je ne le reverrais pas. Ce jeune homme, me disais-je, est mon Génie, qui prit sa ressemblance pour me rendre mon bon sens. Il est certain que je me serais affermi dans cette folle idée, si je ne l’avais pas vu reparaître une heure après m’avoir quitté. Le hasard aurait pu faire qu’Egard eût trouvé quelque fille qui l’aurait engagé à quitter ''Renelag-aus<!--Renelag-aus, sic-->'' avec elle. Je serais retourné à Londres tout seul, mais sûr de n’avoir pas été délivré par Egard. M’en serais-je désabusé, quand je l’aurais revu quelques jours après ? Je n’en sais rien. <!--p.263-->L’homme devient facilement fou. J’eus toujours dans mon âme un germe de superstition, dont certainement je ne me vante pas.
| précisions= {{Romain|Renelag-aus}} : Ranelagh House. Sur la folie, : cf. citation du t. II, vol. 6, chap. X, p. 406{{Supra|II:406}}. Sur sa superstition, : cf. citation similaire du t. III, vol. 12, chap. VIII, p. 984 (et 985){{Infra|III:984.985}}. Sur sa superstition ''a contrario'' : cf. citation du t. III, vol. 10, chap. XI, p. 556 et 557{{Infra|III:556.557}}.
}}
{{Réf Livre
Ligne 2 806 ⟶ 2 846 :
[[Image:Gustav Klimt 017.jpg|thumb|Détail du ''Baiser'' (''{{lang|de|Der Kuß}}''), Gustav Klimt, 1908.]]
 
{{Ancre|III:307}}
{{Citation|citation=Le baiser n’est autre chose qu’une expression de l’envie de manger l’objet qu’on baise.
| langue = fr
| original = Mister Stein arriva que nous étions aux huîtres. Il embrassa sa fille à reprises avec toute la tendresse anglaise ; elle est particulière à la nation. “''Je sens que je te mangerais''”, dit l’Anglais en baisant son enfant ; et il dit la vérité. Le baiser n’est autre chose qu’une expression de l’envie de manger l’objet qu’on baise.
| précisions= CitationSur similairele baiser : cf. citation similaire du t. I, vol. 2, chap. V, p. 336{{Supra|I:336}}. La citation et les deux dernières phrases de l’extrait avaient été coupées par Laforgue.
}}
{{Réf Livre
Ligne 2 819 ⟶ 2 860 :
}}
 
{{Ancre|III:310}}
{{Citation|citation=[J]e n’ai jamais pu concevoir comment un père pouvait tendrement aimer sa charmante fille sans avoir du<!--du, sic--> moins une fois couché avec elle.
| langue = fr
| original = Ces Hanoveriennes<!--Hanoveriennes, sic-->, si j’avais été riche, m’auraient tenu dans leurs fers jusqu’à la fin de ma vie. Il me paraissait de les aimer non pas comme un amant, mais comme un père, et la réflexion que je couchais avec elles ne portait pas d’obstacle à mon sentiment, puisque je n’ai jamais pu concevoir comment un père pouvait tendrement aimer sa charmante fille sans avoir du<!--du, sic--> moins une fois couché avec elle. Cette impuissance de conception m’a toujours convaincu, et me convainc encore avec plus de force aujourd’hui<!--pas de virgule--> que mon esprit et ma matière ne font qu’une seule substance. Gabrielle, me parlant des yeux, me disait qu’elle m’aimait, et j’étais sûr qu’elle ne me trompait pas. Peut-on comprendre qu’elle n’aurait pas eu ce sentiment si elle eût ce qu’on appelle de la vertu ? C’est aussi pour moi une idée incompréhensible.
| précisions= {{Romain|Hanoveriennes}} : des Hanovriennes, originaires de Hanovre. La phrase citée avait été supprimée chez Laforgue. Sur l’inceste, : cf. citation du t. III, vol. 9, chap. VIII, p. 172-173{{Supra|III:172-173}}.
}}
{{Réf Livre
Ligne 2 939 ⟶ 2 981 :
[[Image:Carl Spitzweg 021-detail.jpg|thumb|Détail du ''Rat de bibliothèque'' (''{{lang|de|Der Bücherwurm}}''), Carl Spitzweg, vers 1850.]]
 
{{Ancre|III:478}}
{{Citation|citation=Un endroit quelconque peut être délicieux tant qu’on voudra qu’il ennuiera toujours un homme qui sera condamné à y vivre seul<!--pas de virgule--> à moins que cet homme n’ait sous la main quelque ouvrage de littérature.
| langue = fr
| original = De Leopol je suis allé demeurer huit jours à Pulavie, superbe palais sur la Vistule à dix-huit lieues de Varsovie, qui appartenait au prince palatin de Russie. Il l’avait fait bâtir lui-même. Campioni m’y laissa pour aller à Varsovie. Un endroit quelconque peut être délicieux tant qu’on voudra qu’il ennuiera toujours un homme qui sera condamné à y vivre seul<!--pas de virgule--> à moins que cet homme n’ait sous la main quelque ouvrage de littérature.
| précisions= CitationSur similaireun délicieux endroit obligatoire : cf. citation du t. III, vol. 11, chap. X, p. 818{{Infra|III:818}}.
}}
{{Réf Livre
Ligne 2 976 ⟶ 3 019 :
[[Image:1873 Pierre Auguste Cot - Spring.jpg|thumb|''Le Printemps'', Pierre-<!--trait d’union-->Auguste Cot, 1873.]]
 
{{Ancre|III:486-487}}
{{Citation|citation=[M]a marotte était d’être aimé[.]
| langue = fr
| original = Dans ce système j’allais encore mon train, sans vouloir penser que je commençais à n’être plus jeune, et que le suffrage à vue, que j’avais tant possédé, commençait à me manquer. J’étais certain que pour peu que cette fille eût d’esprit, elle ne pouvait s’être déterminée à venir avec moi que disposée à se résigner <!--p.487-->à toute ma volonté avec une complaisance sans bornes ; mais cela ne me satisfaisait pas ; ma marotte était d’être aimé, et après Zaïre je ne m’étais plus trouvé entre les bras de l’amour, car la comédienne Valville n’avait été qu’une inclination passagère, et l’aventurière Potoska à Leopol n’avait été qu’une chasse de vol, récompense due à mon argent. Nulle galanterie à Varsovie.
| précisions= CitationsSur similairesl’amour nécessaire au plaisir : cf. citations similaires du t. II, vol. 7, chap. X, p. 624-625{{Supra|II:624-625}}, et vol. 8, chap. VIII, p. 861{{Supra|II:861}}.
}}
{{Réf Livre
Ligne 3 048 ⟶ 3 092 :
[[Image:Giotto - Scrovegni - -51- - Wrath.jpg|thumb|''La Colère'' (''{{lang|la|Ira}}''), groupe des ''Sept Vices'' (''{{lang|it|Sette Vizi}}''), Giotto, vers 1305.]]
 
{{Ancre|III:516}}
{{Citation|citation=La colère tue si l’homme ne parvient d’une façon ou de l’autre à s’en purger.
| langue = fr
| original = [Suite à la vengeance du voleur Pocchini, Casanova est expulsé de Vienne sur ordre du “bourreau impérial” Schrotemback.] Je suis parti tout seul, sans domestique, […], six jours après l’ordre que j’ai reçu de cet homme qui m’a attrapé, mourant avant que je trouve une bonne occasion de le tuer. Je suis arrivé à Lintz le surlendemain de mon départ, où je ne me suis arrêté toute la nuit que pour lui écrire une lettre, la plus féroce <!--sic, féroce que-->que toutes celles que je peux avoir écrites dans toute ma vie à des gens dont le despotisme m’a opprimé […]. Je suis allé à la poste moi-même pour en avoir quittance pour qu’il ne puisse pas dire qu’il ne l’a point reçue. Cette lettre était nécessaire à ma santé. La colère tue si l’homme ne parvient d’une façon ou de l’autre à s’en purger.
| précisions= {{Romain|la plus féroce <!--sic, féroce que-->que}} : ''sic'', italianisme. CitationSur similairela colère qui tue : cf. citation similaire sur la haine du t. I, vol. 1, Préface, p. 6{{Supra|I:6}}.
}}
{{Réf Livre
Ligne 3 074 ⟶ 3 119 :
}}
 
{{Ancre|III:521}}
# {{Citation|citation=[L]’âne n’a jamais pu être ami du cheval[.]}}
# {{Citation|citation=[L]a vérité [est] le seul Dieu que j’adore.
Ligne 3 079 ⟶ 3 125 :
| original = <!--p.520-->[Désargenté, Casanova a écrit au prince Charles de Courlande de lui envoyer de l’argent et y a joint “un procédé immanquable pour faire la pierre philosophale”. Le prince n’ayant pas brûlé la lettre comme recommandé, on la lui prit quand on le mit à la Bastille.]<!--p.521--> Vingt ans après, [quand on] démantela la Bastille [on] y trouva ma lettre,<!--virgule--> et on l’imprima avec plusieurs autres pièces curieuses qu’on a traduites après en allemand et en anglais. Les ignorants qui existent dans le pays où je vis actuellement, et qui comme de raison sont tous mes ennemis, car l’âne n’a jamais pu être ami du cheval, triomphèrent quand ils lurent ce chef d’accusation contre moi. Ils eurent la bêtise de me reprocher que j’étais auteur de cette lettre, et crurent de me confondre en me disant qu’on l’avait traduite en allemand à mon éternelle confusion. Les animaux Bohêmes qui me firent ce reproche restèrent étonnés,<!--virgule--> lorsque je leur ai répondu que ma lettre me faisait un honneur immortel et que, n’étant pas ânes, ils devraient l’admirer. Je ne sais pas, mon cher lecteur, si ma lettre a été altérée, mais puisqu’elle est devenue publique, permettez que je la registre dans ces <!--ici Majuscule-->Mémoires en l’honneur de la vérité,<!--virgule--> qui est le seul Dieu que j’adore. Je la copie de mon original que j’ai écrit à Augsbourg dans le mois de mai de l’année <!--ital-->''1767''<!--/ital--> ; nous sommes aujourd’hui au premier de l’an <!--ici pas d’ital-->1798.<!--extrait gardé pour dater la pensée de ce passage-->
| précisions=
{{Romain|la pierre philosophale}} : pierre alchimique qui change le plomb en or. {{Romain|Les animaux Bohêmes}} : Casanova était alors à Dux, en Bohême. On trouve parfois citée une variante incorrecte, « La vérité est le seul Dieu que j’aie jamais adoré. »<ref
>
Sur ;l’apocryphe elle« La vérité est le seul Dieu que j’aie jamais adoré. » : provient de l’article « Casanova at Dux », également l’introduction de 1902 à la traduction Machen, ''{{lang|en|The memoirs of Jacques Casanova de Seingalt}}'', où Arthur Symons avait incorrectement tiré « {{lang|en|Truth is the only God I have ever adored}} » ({{lang|en|Book 1 (Venetian Years)}}, [http://etext.library.adelaide.edu.au/c/casanova/c33m/introduction1.html {{lang|en|“Casanova at Dux” by Arthur Symons}}] en ligne, IV) du texte réel « {{lang|en|[…] in homage to truth, the only god I adore.}} » ({{lang|en|Book 6 (Spanish Passions)}}, [http://etext.library.adelaide.edu.au/c/casanova/c33m/chapter122.html « {{lang|en|Chapter I}} »] en ligne), et a probablement passé en citation française via sa traduction (« Casanova à Dux », Paris, ''Le Mercure de France'', octobre 1903<!--listé in III:1250-->).
</ref
>.
Sur cette lettre : cf. extrait ci-dessous{{Infra|III:522}} (t. III, vol. 10, chap. X, p. 522).
}}
{{Réf Livre
Ligne 3 089 ⟶ 3 140 :
}}
 
{{Ancre|III:522}}
# {{Citation|citation=[L]’inconstance [est] naturelle à tous les princes[.]}}
# {{Citation|citation=Vous seriez riche si vous étiez né avare ; étant né généreux, vous serez toujours pauvre[.]
| langue = fr
| original = Monseigneur, V.<!--collé-->A. brûlera cette lettre après l’avoir lue, ou elle la tiendra dans son portefeuille avec tout le zèle imaginable, mais il vaut mieux qu’elle la brûle en gardant copie sous le masque d’un chiffre, de sorte que volée ou perdue, le lecteur n’y puisse rien comprendre. L’attachement que vous m’avez inspiré n’est pas le seul ressort qui m’a fait agir ; je vous avoue que mon intérêt y a eu autant de part. Permettez-moi de vous dire qu’il ne me suffit pas d’être aimé de vous par rapport aux qualités que vous pouvez m’avoir découvert, quoique cette raison me flatte infiniment, car je dois craindre l’inconstance si naturelle à tous les princes ; je veux, Monseigneur, que vous ayez une raison de m’aimer beaucoup plus solide ; je veux que vous me soyez obligé par un don inestimable que je vais vous faire. Je vous donne le secret d’augmenter la matière,<!--virgule--> qui est la seule au monde,<!--virgule--> dont V.<!--collé-->A. a besoin. L’or. Vous seriez riche si vous étiez né avare ; étant né généreux, vous serez toujours pauvre sans le secret que je vais vous communiquer, et dont je suis le seul possesseur.
| précisions= {{Romain|V.<!--collé-->A.}} : Votre Altesse. C’est le début de la fameuse lettre de Casanova au prince de Courlande publiée après la prise de la Bastille, : cf. contexte ci-dessus{{Supra|III:521}} (t. III, vol. 10, chap. X, p. 520-521).
}}
{{Réf Livre
Ligne 3 139 ⟶ 3 191 :
}}
 
{{Ancre|III:556.557}}
{{Citation|citation=[L]es augures ne sont que des vanités qui ne peuvent devenir quelque chose de réel qu’à l’aide de la superstition[.]
| langue = fr
Ligne 3 144 ⟶ 3 197 :
[Casanova, amoureux de Charlotte, l’a prise sous sa protection quand son amant l’a abandonnée enceinte.] En sortant de la rue de Monmorenci<!--Monmorenci, sic--> notre fiacre fut obligé de s’arrêter un quart d’heure pour laisser passer le convoi de l’enterrement de quelque riche défunt. Charlotte se mit un mouchoir devant les yeux et, appuyant sa belle tête sur mon épaule, me dit que c’était une bêtise, mais que malgré cela cette rencontre, dans l’état où elle était, lui tenait lieu d’un très mauvais augure. “Ne gâte pas ton esprit, ma charmante Charlotte, avec la moindre appréhension ; les augures ne sont que des vanités qui ne peuvent devenir quelque chose de réel qu’à l’aide de la superstition ; une femme qui accouche n’est pas malade, et jamais femme n’est morte en couches que par une autre maladie. […]” […] Le treize d’octobre Charlotte fut assaillie d’une fièvre chaude qui ne l’a plus quittée. [Le dix-sept d’octobre, accouchement d’un enfant, baptisé le lendemain et confié aux Enfants-Trouvés.]<!--p.557--> La fièvre qui ne l’a plus quittée malgré les soins du médecin Petit l’a fait expirer à ma présence le 26 du même mois à cinq heures du matin.
| précisions=
{{Romain|rue de Monmorenci}} : ''sic'', rue de Montmorency. {{Romain|aux Enfants-Trouvés}} : l’Hôpital des Enfants-Trouvés du Faubourg Saint-Antoine. {{Romain|Le treize d’octobre … le 26 du même mois}} : cet épisode a été confirmé en détail par Maynial via le registre des Enfants-Trouvés de l’Assistance Publique (cf. p. 555, n. 2) ; Casanova le raconte sans dissimuler les détails sinistres du 13 octobre et de la mort après 13 jours de fièvre, probablement pour réaffirmer ''a contrario'' qu’il n’y voit que coïncidences (cf. citation du t. III, vol. 9, chap. VI, p. 107-108{{Supra|III:107-108}}) ; il ignorait cependant que l’enfant est mort 13 jours après son baptême, ce qui aurait pu agiter son « germe de superstition » (cf. citation du t. III, vol. 9, chap. XII, p. 262-263{{Supra|III:262-263}}). CitationSur similairece qui n’existe que pour ceux qui y croient : cf. citation similaire du t. I, vol. 1, chap. I, p. 18{{Supra|I:18}}.
}}
{{Réf Livre
Ligne 3 151 ⟶ 3 204 :
| volume = 10
| chapitre = XI
| page = 556 et<!--et--> 557
}}
 
Ligne 3 231 ⟶ 3 284 :
}}
 
{{Ancre|III:618.619}}
# {{Citation|citation=Charles III [est] mort fou, comme presque tous les rois doivent mourir[.]}}
# {{Citation|citation=[L]e chef d’œuvre [de l’Inquisition] était celui de tenir les chrétiens dans l’ignorance [et] de maintenir en force les abus[.]
Ligne 3 237 ⟶ 3 291 :
Charles III, qui est mort fou, comme presque tous les rois doivent mourir, avait fait des choses incroyables pour ceux qui le connaissaient, car il était faible [et] très déterminé à mourir cent fois plutôt que de souiller son âme avec le plus petit de tous les péchés mortels. Tout le monde voit qu’un homme pareil devait être entièrement l’esclave de son confesseur. […]<!--p.619--> Le même confesseur donc, qui aplanit tous les scrupules du roi qui s’opposaient à la grande opération de réduire à rien [l’ordre des Jésuites], fut aussi obligé de céder au Roi et de lui laisser faire, lorsque dans le même temps le comte d’Aranda lui fit voir qu’il devait mettre des bornes à la trop grande puissance de l’Inquisition, dont le chef d’œuvre était celui de tenir les chrétiens dans l’ignorance, de maintenir en force les abus, la superstition,<!--virgule--> et les ''{{lang|la|pia mendacia}}'' [“pieux mensonges”] ; la politique du confesseur dut le laisser faire.
| précisions=
{{Romain|Charles III, qui est mort fou}} : {{w|Charles III d’Espagne}} (Carlos III) était mélancolique ou dépressif. {{Romain|réduire à rien [l’ordre des Jésuites]}} : texte « réduire à rien un ordre religieux » ; accusée de conspirations, la {{w|Compagnie de Jésus}} venait d’être expulsée d’Espagne en 1767 (puis abolie par le pape en 1773 sur demande notamment de l’Espagne ; rétablie en 1814). Sur l’Inquisition, : cf. t. III, vol. 11, chap. IV, p. 677{{Infra|III:677}}.
}}
{{Réf Livre
Ligne 3 296 ⟶ 3 350 :
| langue = fr
| original = Ce frère du Roi ne voyageait jamais sans une image de la Sainte Vierge que Mengs lui avait faite. C’était un tableau qui avait deux pieds de haut et trois et demi de large. La Sainte Vierge était assise sur l’herbe et avait ses pieds nus croisés à la moresque ; on voyait ses très saintes jambes jusqu’à la moitié du mollet. Tableau qui enflammait l’âme par le chemin des sens. L’infant en était amoureux, et il prenait pour sentiment de dévotion ce qui n’était que le plus criminel de tous les instincts voluptueux, car il était impossible qu’en contemplant cette image, il ne brulât d’envie d’avoir entre ses bras, chaude et vivante, la déesse qu’il voyait peinte sur cette toile. Mais l’infant ne s’en doutait pas. Il était enchanté de se trouver amoureux de la mère de son Dieu. Cet amour lui était le garant de son salut éternel. Tels sont les Espagnols. Les objets faits pour les intéresser doivent être frappants, et ils n’interprètent jamais rien que du côté favorable à la passion qui les domine.
| précisions= {{Romain|Ce frère du Roi}} : d’après une note, Casanova confondraitpourrait confondre le frère du roi et le roi Charles III lui-même.
}}
{{Réf Livre
Ligne 3 341 ⟶ 3 395 :
<br/>— Vous ne verrez que des ruines.
<br/>— Je les aime quand elles sont anciennes plus que les plus beaux édifices modernes. Voilà un écu ; nous irons à Valence demain.
| précisions= {{Romain|Sagonte}} : la cité de {{w|Sagonte}}, Sagunto en espagnol. {{Romain|Sagunthos}} : ''sic'', l’original de {{w|Silius Italicus}} porte « Saguntos » (''Punica'', II, v. 446) ; cette erreur se trouvant aussi dans l’édition anglaise<!-- ''History of My Life''-->, elle provient probablement de Casanova et non de l’éditeur.
}}
{{Réf Livre
Ligne 3 379 ⟶ 3 433 :
}}
 
{{Ancre|III:677}}
{{Citation|citation=Tant qu’il y aura une Inquisition en Espagne, elle ne sera jamais heureuse.
| langue = fr
| original = On devait donner la première représentation le surlendemain. Ce n’était pas difficile, car on donnait les mêmes opéras qu’on avait donnés à la cour aux ''Sitios''. Cela veut dire à Aranguez<!--Aranguez, sic-->, à l’Escurial, à la ''Granca'', car le comte d’Aranda n’a jamais osé donner la permission au théâtre de Madrid de faire voir au public ''un’ opera buffa'' italien. La nouveauté aurait été trop grande, l’Inquisition aurait trop ouvert ses yeux hagards. Les bals à ''los scannos del Peral'' l’avaient étonnée ; mais on a dû les supprimer deux ans après. Tant qu’il y aura une Inquisition en Espagne, elle ne sera jamais heureuse.
| précisions=
{{Romain|Aranguez}} : ''sic'', Aranjuez. {{Romain|au comte d’Aranda}} : il était alors chef du gouvernement, presque aussi puissant que le roi d’Espagne. Sur l’Inquisition, : cf. citation du t. III, vol. 11, chap. II, 619(618-620)619{{Supra|III:618.619}}.
}}
{{Réf Livre
Ligne 3 436 ⟶ 3 491 :
[[Image:Front side Duchcov castle with statues.jpg|thumb|Vue de face du château de Dux (Duchcov), Bohême du nord, maintenant en Tchéquie.]]
 
{{Ancre|III:723}}
# {{Citation|citation=J’écris dans l’espoir que mon histoire ne verra pas le jour[.]}}
# {{Citation|citation=[É]crire mes M<!--M ici-->émoires fut le seul remède que j’ai cru pouvoir employer pour ne pas devenir fou ou mourir de chagrin[.]}}
Ligne 3 441 ⟶ 3 497 :
| langue = fr
| original = J’écris dans l’espoir que mon histoire ne verra pas le jour ; je me flatte que dans ma dernière maladie, devenu enfin sage, je ferai brûler à ma présence tous mes cahiers. Si cela n’arrive pas, le lecteur me pardonnera, quand il saura que celui d’écrire mes M<!--M ici-->émoires fut le seul remède que j’ai cru pouvoir employer pour ne pas devenir fou ou mourir de chagrin à cause des désagréments que les coquins qui se trouvaient dans le château du comte de Waldstein à Dux m’ont fait essuyer. En m’occupant à écrire dix à douze heures par jour, j’ai empêché le noir chagrin de me tuer ou de me faire perdre la raison.
| précisions= {{Romain|je ferai brûler}} : sur ses velléités d’autodafé, cf. citation similaire du t. I, Préface, p. (3)<!--listée à 3--> 9. {{Romain|les coquins qui se trouvaient dans le château}} : pendant les deux ans d’absence du comte de 1791 à 1793, le régisseur et une partie des domestiques ont martyrisé l’atrabilaire Casanova jusqu’à ce qu’il s’exile temporairement en 1792 ; le comte chassa les deux meneurs à son retour.
Sur ses velléités d’autodafé : cf. citation similaire du t. I, Préface, p. (3)<!--listée à 3--> 9{{Supra|I:3.9}}.
}}
{{Réf Livre
Ligne 3 499 ⟶ 3 556 :
}}
 
{{Ancre|III:763-764}}
# {{Citation|citation=[L]’obstination de l’Académie Française à ne point vouloir adopter des mots étrangers ne démontre autre chose, sinon que l’orgueil va avec la pauvreté.}}
# {{Citation|citation=[Trouver] du plaisir à voler le pauvre : c’est le caractère du riche.
| langue = fr
| original = [La langue florentine doit à son académie sa pureté et sa richesse], d’où vient que nous traitons les matières beaucoup plus éloquemment que les Français, ayant à notre choix une quantité de synonymes ; tandis que difficilement on en trouverait une douzaine dans la langue de Voltaire, qui riait de ceux entre ses compatriotes qui disaient qu’il n’était pas vrai que la langue française fût pauvre puisqu’elle avait tous les mots qui lui étaient nécessaires. Celui qui <!--p.764-->n’a que ce qui lui est nécessaire est pauvre ; et l’obstination de l’Académie <!--F-->Française à ne point vouloir adopter des mots étrangers ne démontre autre chose, sinon que l’orgueil va avec la pauvreté. Nous poursuivons à prendre des langues étrangères tous les mots qui nous plaisent ; nous aimons à devenir toujours plus riches ; nous trouvons même du plaisir à voler le pauvre : c’est le caractère du riche.
| précisions= Sur la langue française, : cf. citation du t. I, vol. 1, Préface, p. 10{{Supra|I:10}}.
}}
{{Réf Livre
Ligne 3 559 ⟶ 3 617 :
[[Image:Sorrent.jpg|thumb|Sorrente (Sorento/Sorrento), sur la baie de Naples, en Italie.]]
 
{{Ancre|III:818}}
{{Citation|citation=[P]our que le plus délicieux endroit du monde déplaise, il suffit qu’on soit condamné à y habiter.
| langue = fr
| original = Le duc [de Serra Capriola] était relégué [à Sor<!--1r, Sorento-->ento] avec [son épouse] depuis deux mois pour avoir paru à la promenade publique avec un équipage et des livrées trop magnifiques ; le ministre Tanucci avait fait sentir au Roi qu’il fallait punir ce seigneur qui, violant les lois somptuaires, avait donné un fort mauvais exemple ; et le Roi, qui n’avait pas encore appris à s’opposer à la volonté de Tanucci, avait exilé ce couple en lui donnant la plus délicieuse prison de tout son royaume ; mais pour que le plus délicieux endroit du monde déplaise, il suffit qu’on soit condamné à y habiter. Le duc et sa belle femme s’y ennuyaient à la mort.
| précisions= {{Romain|Sor<!--1r, Sorento-->ento}} : ''sic'', la ville de {{w|Sorr<!--2r, Sorrente-->ente}}, Sorr<!--2r, Sorrento-->ento en italien. CitationSur similaireun délicieux endroit obligatoire : cf. citation du t. III, vol. 10, chap. VIII, p. 478{{Supra|III:478}}.
}}
{{Réf Livre
Ligne 3 587 ⟶ 3 646 :
}}
 
{{Ancre|III:822}}
{{Citation|citation=[L]a gaieté est la ressource de la misère et du désespoir[.]
| langue = fr
| original = Au bas de l’escalier un officier de cette prison [de Naples] me dit qu’un prisonnier désirait de me parler. […] Je monte avec cet homme au second étage, et je vois dix-huit à vingt malheureux assis par terre, qui chantaient en chœur des chansons licencieuses. Dans les prisons et aux galères<!--pas de virgule--> la gaieté est la ressource de la misère et du désespoir ; la nature se procure ce soulagement par l’instinct qui la force à se conserver.
| précisions=
Sur la gaieté dans la misère, : cf. citation du t. II, vol. 8, chap. II, p. 722-723{{Supra|II:722-723}}.
}}
{{Réf Livre
Ligne 3 663 ⟶ 3 723 :
}}
 
{{Ancre|III:934}}
{{Citation|citation=[D’après Horace.] Le vrai moyen de faire pleurer est de pleurer ; mais il faut avoir la douleur peinte sur une physionomie qui ait la force d’émouvoir sans faire des grimaces[.]
| langue = fr
Ligne 3 671 ⟶ 3 732 :
Le<!--sic--> « chapitre<!--sic--> IV et V » : il manquait deux chapitres au manuscrit original (les chapitres IV et V du volume 12), qui ont ainsi très longtemps manqué dans toutes les éditions et traductions. Casanova avait extrait ces deux chapitres du manuscrit pour les réécrire et peut-être les fusionner ; à sa mort, ils demeuraient sous la forme d’un document de travail titré « Extrait du<!--sic--> chapitre<!--sic--> IV et V [''sic''] » noyé parmi ses archives. Ils n’y ont été retrouvés qu’en 1884 par Arthur Symons, et publiés en revue qu’en 1906. L’édition Brockhaus-Plon de 1960 les rétablit entre les chapitres III et V, sous leur titre de travail. (Cf. ''Histoire de ma vie'', Laffont/Bouquins, t. III, p. 923, n. 1.)
</ref
>. Casanova paraphrase Horace, repris par Malipiero et Voltaire<ref name="Horace-Malipiero"/>. CitationSur similaireles pleurs : cf. citation similaire du t. I, vol. 2, chap. IV, p. 313{{Supra|I:313}}.
}}
{{Réf Livre
Ligne 3 701 ⟶ 3 762 :
| original = Dans ce temps-là, le Père Stratico […] vint à Rome pour se faire approuver ''Maestro''. C’est le doctorat des moines dominicains. J’ai eu le plaisir de me trouver présent à l’examen qu’il dut subir pour être approuvé théologien ubiquiste […] et mon <!--p.936-->lecteur sait, je pense, ce que c’est que la science théologique. Étant fort curieux de ce doctorat bouffon, dont Stratico même riait en secret, je suis allé le voir […] Ah ! que j’ai souffert ! […] Je trouvais qu’ils avaient tous tort, car ils étaient tous absurdes ; mais je les félicitais de ce qu’il ne m’était pas permis de parler. Sans être théologien, je me flattais que je les aurais écrasés tous avec le bon sens ; mais je me trompais : le bon sens est étranger à toute la théologie, et principalement à la spéculative ; et Stratico me le prouva théologiquement le même jour dans une maison où il me mena souper avec lui.
| précisions=
Texte inédit du<!--sic--> « chapitre<!--sic--> IV et V »<ref name="Chapitre-IV-V"/>. {{Romain|je me flattais que je les aurais écrasés tous avec le bon sens}} : cf. pour cela son grand texte inédit ''Le Philosophe et le Théologien'' (in t. I, Annexes, p. 1108-1256).
}}
{{Réf Livre
Ligne 3 713 ⟶ 3 774 :
[[Image:François-Joachim de Pierre de Bernis.jpg|thumb|''Le Cardinal de Bernis'', détail d’une gravure par Domenico Cunego d’après un portrait par Antoine Callet.]]
 
{{Ancre|III:937}}
# {{Citation|citation=Telle est la fatalité de tous les hommes [qui ont été] ministres [:] ils ne vivent que pour espérer qu’ils seront encore <!--sic-->rappelés.}}
# {{Citation|citation=[L]es monarques qui ont abdiqué le trône sont plus nombreux que les ministres qui ont volontairement renoncé au ministère.}}
Ligne 3 719 ⟶ 3 781 :
| original = [Le cardinal de Bernis] espérait toujours que Louis XV le rappellerait à Versailles. Telle est la fatalité de tous les hommes, qui après s’être vus ministres dans une grande cour, se trouvent réduits à devoir vivre ailleurs, ou sans aucun caractère, ou avec une commission qui les rend dépendants des ministres leurs successeurs. Il n’y a point de richesse, point de philosophie en nature, point d’image de paix, de tranquillité, ou d’autre bonheur qui puissent les consoler ; ils languissent, ils soupirent, et ils ne vivent que pour espérer qu’ils seront encore <!--sic-->rappelés. Aussi, en comparaison, nous trouvons dans l’histoire que les monarques qui ont abdiqué le trône sont plus nombreux que les ministres qui ont volontairement renoncé au ministère. Cette observation m’a fait plus souvent désirer d’être ministre que d’être roi ; il faut croire que le ministère ait des charmes inconcevables ; et j’en suis curieux, car je ne saurais pas me les figurer bien nettement.
| précisions=
Texte inédit du<!--sic--> « chapitre<!--sic--> IV et V»<ref name="Chapitre-IV-V"/>. Sur la disgrâce de<!--de de--> de Bernis, : cf. citation du t. II, vol. 5, chap. X, p. 181{{Supra|II:181}}.
}}
{{Réf Livre
Ligne 3 792 ⟶ 3 854 :
[[Image:RWS-00-Fool.jpg|thumb|''Le Fou'' ou ''Le Mat'' (''{{lang|en|The Fool}}''), lame zéro du tarot mystique de A. E. Waite, dessin de Pamela Colman Smith, 1909.]]
 
{{Ancre|III:959-960}}
{{Citation|citation=[M]algré [que cela puisse l’amener à faire le contraire] je ne m’abstiendrai jamais de donner un bon conseil à tout misérable que je verrai sur le bord du précipice.
| langue = fr
| original = [Le comte Medini] erra par toute l’Europe une douzaine d’années jusqu’à ce qu’enfin il est allé mourir dans les prisons de Londres, l’année <!--ital-->''1788''<!--/ital-->. <!--p.960-->Je lui avais toujours dit qu’il devait éviter l’Angleterre, car il devait être sûr qu’en y allant il y mourrait en prison. S’il y est allé pour donner un démenti au prophète, il a mal fait, car l’alternative était la cruelle de vérifier la prophétie. […] Le comte Tosio m’a dit, il y a huit ans, que Medini en prison à Londres lui avait dit qu’il ne serait jamais allé en Angleterre si je ne lui avais fait la cruelle prophétie. Cela peut être, mais malgré cela je ne m’abstiendrai jamais de donner un bon conseil à tout misérable que je verrai sur le bord du précipice. Avec cette même maxime, j’ai dit à Cagliostro à Venise, il y a vingt ans, lorsque l’ignorant fripon se faisait appeler comte Pellegrini, qu’il devait se garder de mettre les pieds à Rome. S’il m’avait cru il ne serait pas mort dans le fort S. Leo. Il m’est arrivé aussi qu’un sage me dise, il y a trente ans, que je devais me garder de l’Espagne ; et malgré cela j’y suis allé. Il s’en a<!--a--> fallu très peu que je n’y aie péri.
| précisions=
Sur les prédictions engendrant l’événement, : cf. citation du t. II, vol. 7, chap. VIII, p. 591{{Supra|II:591}}.
Sur les conseils en vain, : cf. citation du t. III, vol. 12, chap. VII, p. 978{{Infra|III:978}}.
}}
{{Réf Livre
Ligne 3 863 ⟶ 3 926 :
}}
 
{{Ancre|III:978}}
# {{Citation|citation=[L]’homme est un animal qui ne peut être endoctriné que par la cruelle expérience.}}
# {{Citation|citation=[L]e monde existera toujours dans le désordre et dans l’ignorance, car les doctes n’en forment que tout au plus la centième partie.
| langue = fr
| original = J’avais beau faire, les femmes ne voulaient plus devenir amoureuses de moi ; il me fallait me résoudre à y renoncer, ou à me laisser mettre en<!--en, sic--> contribution, et la nature me força à prendre ce dernier parti, que l’amour de la vie me fait enfin rejeter aujourd’hui. La triste victoire que j’ai remportée m’oblige au bout de ma carrière à pardonner tout à mes successeurs, et à rire de tous ceux qui me demandent des conseils, puisque j’en vois d’avance la plus grande partie point du tout disposée à les suivre. Cette prévoyance fait que je les leur donne avec plus de plaisir que je ne ressentirais si j’étais sûr qu’on les suivrait, car l’homme est un animal qui ne peut être endoctriné que par la cruelle expérience. Cette loi fait que le monde existera toujours dans le désordre et dans l’ignorance, car les doctes n’en forment que tout au plus la centième partie.
| précisions= {{Romain|les femmes ne voulaient plus devenir amoureuses de moi}} : mi-1772 à Bologne, Casanova a 47 ans. Sur les conseils en vain, : cf. citation du t. III, vol. 12, chap. VI, p. (959-)960{{Supra|III:959-960}}.
}}
{{Réf Livre
Ligne 3 904 ⟶ 3 968 :
}}
 
{{Ancre|III:983-984}}
{{Citation|citation=[E]n matière théologique<!--pas de virgule--> les seuls qui ont raison sont ceux auxquels Rome la fait, et elle ne la fait jamais qu’à ceux dont les sentences sont analogues aux abus qu’elle a fait devenir usages.
| langue = fr
| original = Ce qui me fit connaître de quelle espèce était la littérature, l’esprit et le jugement du marquis,<!--virgule--> fut la lecture de son traité sur l’aumône [qui avait été mis à l’Index], et encore plus son apologie. J’ai vu que tout ce qu’il avait dit devait avoir déplu à Rome, et qu’avec un jugement exquis il aurait dû le prévoir. Le marquis Mosca avait raison, mais en matière théologique<!--pas de virgule--> les seuls qui ont raison sont ceux auxquels Rome la fait, et elle ne la fait jamais qu’à ceux dont les sentences sont analogues aux abus qu’elle a fait devenir usages. […] Il niait absolument qu’on put escompter moyennant l’aumône la peine fixée aux péchés ; et il n’admettait absolument autre aumône méritoire que celle qu’on faisait suivant à la <!--p.984-->lettre le précepte de l’évangile : ''Ta <!--sic, ta droite-->droite ne doit pas savoir ce que ta <!--sic, ta gauche-->gauche fait''. Il prétendait enfin que celui qui faisait l’aumône péchait s’il ne la faisait dans le plus grand secret, parce qu’il était impossible sans cela que la vanité ne s’en mêlât.
| précisions= Sur les abus entérinés, : cf. citation du t. I, vol. 1, chap. III, p. 53{{Supra|I:53}}.
}}
{{Réf Livre
Ligne 3 919 ⟶ 3 984 :
[[Image:Blake01.jpg|thumb|''L’ombre de Virgile mène Dante par la porte de l’Enfer'' (illustration pour ''La Divine Comédie'', ''Enfer'', chant III, v. 1-21), William Blake, 1925-1927.]]
 
{{Ancre|III:984.985}}
# {{Citation|citation=[U]ne bonne dose de superstition me fut toujours caractéristique, et il m’est évident aujourd’hui qu’elle influa sur toutes les vicissitudes de ma bizarre vie.}}
# {{Citation|citation=[J]e me suis plus souvent trouvé dans le cas de me féliciter d’avoir bafoué ma raison,<!--virgule--> que dans celui de l’avoir suivie. Mais tout cela ne m’a ni humilié, ni empêché de raisonner partout et toujours avec toute ma force.
Ligne 3 924 ⟶ 3 990 :
| original = Voulant aller à Trieste, j’aurais dû saisir l’occasion de traverser le golfe, [j’y aurais été] au bout de douze heures. J’aurais dû y aller, car outre que je n’avais rien à faire dans Ancône, j’allongeais le voyage de cent milles ; mais j’avais dit que j’allais à Ancône, et par cette seule raison je croyais de devoir y aller ; une bonne dose de superstition me fut toujours caractéristique, et il m’est évident aujourd’hui qu’elle influa sur toutes les vicissitudes de ma bizarre vie. Entendant parfaitement ce que c’était ce que Socrate appelait son démon, qui ne le poussait que rarement à quelque démarche décisive et l’empêchait de s’y déterminer fort souvent, j’ai facilement cru d’avoir le même Génie, puisqu’il lui plaisait de l’appeler Génie Démon. Sûr que ce Génie ne pouvait être que bon et ami de mon meilleur bien-être, je me rapportais à lui toutes les fois que je me trouvais sans une raison suffisante pour ne pas douter dans mon choix. Je faisais ce qu’il voulait sans lui en demander raison quand une voix secrète me disait de m’abstenir d’une démarche à laquelle je me sentais incliné. […]<!--p.985--> Dans ce système, je me suis plus souvent trouvé dans le cas de me féliciter d’avoir bafoué ma raison,<!--virgule--> que dans celui de l’avoir suivie. Mais tout cela ne m’a ni humilié, ni empêché de raisonner partout et toujours avec toute ma force.
| précisions=
Sur sa superstition, : cf. citation similaire du t. III, vol. 9, chap. XII, p. 262-263{{Supra|III:262-263}}.
}}
{{Réf Livre
Ligne 3 953 ⟶ 4 019 :
[[Image:Back side of Duchcov Castle.JPG|thumb|Vue arrière du château de Dux (Duchcov), Bohême du nord, maintenant en Tchéquie.]]
 
{{Ancre|III:987-988}}
# {{Citation|citation=Je connaissais malgré moi, et je me sentais forcé à me l’avouer, que j’avais perdu tout mon temps, ce qui voulait dire que j’avais perdu ma vie[.]}}
# {{Citation|citation=[S]ans la faveur de l’aveugle déesse [de la Fortune], personne au monde ne peut être heureux.}}
Ligne 3 960 ⟶ 4 027 :
C’était [à Ancône] que j’avais commencé à jouir grandement de la vie, et je m’étonnais qu’il y avait de cela presque trente ans, temps immense, et que malgré cela je me trouvais encore plus jeune que vieux. […] [T]ant je trouvais que j’étais parfaitement heureux alors, tant je devais convenir d’être devenu malheureux, car toute la belle perspective d’un plus heureux avenir ne se présentait plus à mon imagination. Je connaissais malgré moi, et je me sentais forcé à me l’avouer, que j’avais perdu tout mon temps, ce qui voulait dire que j’avais perdu ma vie ; les vingt ans que j’avais encore devant moi, et sur lesquels il me semblait de pouvoir compter, me paraissaient tristes. Ayant quarante-sept ans<!--pas de virgule--> je savais que j’étais dans l’âge méprisé par la fortune, et c’était tout dire pour m’attrister, puisque sans la faveur de l’aveugle déesse, personne au monde ne peut être heureux. […] Si telles étaient mes réflexions il y a vingt-six ans, on peut se figurer quelles doivent être celles qui m’obsèdent aujourd’hui quand je me trouve seul. Elles me tueraient si je ne m’ingéniais à tuer le temps cruel qui les enfante dans mon âme, heureusement ou malheureusement encore jeune. J’écris pour ne pas m’ennuyer, et je me réjouis, et je me félicite de ce que je m’en complais ; si je déraisonne, je ne m’en soucie pas, il me suffit d’être convaincu que je m’amuse : <!--p.988-->[ “J’aimerais mieux passer pour un écrivain insensé et sans art / Tant que mes défauts me plaisent ou m’échappent / Que d’être sage et de me chagriner.” (Horace, Épîtres) ]
| précisions=
{{Romain|Ayant quarante-sept ans … il y a vingt-six ans}} : Casanova a donc environ 73 ans (1798) quand il remanie cette page, et se trouve ainsi dans les derniers mois avant sa mort, après avoir pour l’essentiel passé les treize<!--1785-1798--> dernières années de sa vie enterré à Dux à s’occuper de ses textes puis de ses Mémoires « treize heures par jour, qui me passent comme treize minutes. » (lettre de Casanova à Opiz/Opitz, 10 janvier 1791, cf. t. III, p. 923, n. 1, et t. I, p. XVI, n. 6). CitationSur similaire sur la nature ennemiel’adversité de lal’âge vieillesse,: cf. la citation du t. I, vol. 1, chap. VI, p. 116{{Supra|I:116}}.
}}
{{Réf Livre
Ligne 3 975 ⟶ 4 042 :
| original = La République romaine ne devint maîtresse de tout le monde alors connu qu’en commençant par protéger tous les royaumes qu’elle s’est appropriés<!--priés-->. Ce n’est que par cette raison que tout souverain requis de protection n’hésite pas un seul moment à l’accorder ; c’est le premier pas pour devenir le tuteur, et de tuteur le père, puis le maître de son cher protégé, quand ce ne serait que pour avoir soin de son héritage. Ce fut par ce moyen-là que ma maîtresse la République de Venise devint maîtresse du royaume de Chypre, que le Grand Turc après lui <!--p.1010-->enleva pour devenir le maître du bon vin qu’on y fait, malgré que l’Alcoran devait le lui faire haïr. Venise aujourd’hui n’existe plus que par sa honte éternelle.
| précisions=
{{Romain|le Grand Turc}} : le sultan ottoman {{w|Selim II}}, dit « Selim l’Ivrogne », avait conquis Chypre après en avoir découvert le vin. {{Romain|Alcoran}} : ancien nom français du Coran. {{Romain|Venise aujourd’hui n’existe plus}} : Bonaparte venait juste d’abolir en 1797 l’État de la {{w|République de Venise}}, qui devint une simple région d’Autriche puis d’Italie. {{Romain|La maladie qui règne en France actuellement}} : la démocratie, péjorative pour Casanova (cf. citation du t. III, vol. 9, chap. VII, p. 140, et le propos rapporté par le prince de Ligne au t. III, Annexes, p. 1164), et encore ne s’agissait-il alors que du {{w|suffrage censitaire}} indirect (quand Casanova rédige cette digression, la France n’est plus sous la Terreur mais le terne {{w|Directoire}}).
}}
{{Réf Livre
Ligne 3 987 ⟶ 4 054 :
[[Image:Caricature Charles Philipon pear.jpg|thumb|''Les Poires'', Honoré Daumier, 1831, d’après l’esquisse ''La Métamorphose du roi Louis-Philippe en poire'', Charles Philip<!--1P-->on, 1831.]]
 
{{Ancre|III:1010}}
# {{Citation|citation=Tout roi détrôné doit avoir été sot, et tout roi sot doit être détrôné[.]}}
# {{Citation|citation=[I]l n’y a point de nation au monde ayant un roi qui ne l’ait que par force.}}
Ligne 3 995 ⟶ 4 063 :
| original = [La] sottise, très souvent fille de la bonté et de l’indolence, commença à perdre la France à l’avènement au trône du trop malheureux Louis XVI. Tout roi détrôné doit avoir été sot, et tout roi sot doit être détrôné, car il n’y a point de nation au monde ayant un roi qui ne l’ait que par force. Par cette raison, un roi sot doit avoir un premier ministre homme d’esprit, et le rendre très puissant. Le roi de France périt à cause de sa sottise, et la France sera perdue à cause de la sottise de la nation féroce, folle, ignorante, étourdie par son propre esprit,<!--virgule--> et toujours fanatique. La maladie qui règne en France actuellement serait susceptible de guérison dans tout autre pays, mais en France elle doit la conduire au tombeau, et je n’ai pas assez d’esprit pour deviner ce qu’elle deviendra.
| précisions=
{{Romain|La maladie qui règne en France actuellement}} : la démocratie, péjorative pour Casanova (cf. citation du t. III, vol. 9, chap. VII, p. 140{{Supra|III:140}}, et le propos rapporté par le prince de Ligne au t. III, Annexes, p. 1164), et encore ne s’agissait-il alors que du {{w|suffrage censitaire}} indirect (quand Casanova rédige cette digression, la France n’est plus sous la Terreur mais le terne {{w|Directoire}}).
}}
{{Réf Livre
Ligne 4 037 ⟶ 4 105 :
[[Image:Totentanz blockbook m.jpg|thumb|''Danse macabre'' (''{{lang|de|Totentanz}}''), anonyme du ''Codex Palatinus Germanicus'', 1455-1458.]]
 
{{Ancre|III:1049}}
{{Citation|citation=[L]’idée de la mort ne peut égayer qu’un esprit fou.
| langue = fr
| original = Ce qui fit mes délices dans ces six semaines fut le comte François Charles Coronini dont je crois aussi d’avoir parlé. Il mourut aussi trois ou quatre ans après d’un abcès dans la tête. Un mois avant de mourir, il m’envoya son testament en vers italiens de huit syllabes que je conserve comme un échantillon de son esprit philosophique et de la gaieté de son âme. Tout y est comique et orné de la plus fine plaisanterie. S’il avait su qu’il devait mourir quatre semaines après il n’aurait pas pu le faire, car l’idée de la mort ne peut égayer qu’un esprit fou.
| précisions=
Sur la mort, : cf. citations<!--s--> du t. I, vol. 1, Préface, p. 9{{Supra|I:9}}.
}}
{{Réf Livre