« Bernard-Marie Koltès » : différence entre les versions

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== ''Le Retour au désert'' (1988) ==
 
{{citation|citation={{personnage|Adrien}} : En cachette, les singes aiment à contempler les hommes, et, en douce, les hommes n'arrêtent pas de jeter des coups d'œil aux singes. Parce qu'ils sont de la même famille, à des étapes différentes ; et ni l'un ni l'autre ne sait qui est en avance sur qui ; personne ne sait qui tend vers qui ; sans doute est-ce parce que le singe tend indéfiniment vers l'homme, et l'homme indéfiniment vers le singe. Quoi qu'il en soit, l'homme a davantage besoin de regarder le singe que de regarder les autres hommes, et le singe de regarder les hommes que les autres singes. Alors, ils se contemplent, se jalousent, se disputent, se donnent des coups de griffes et des coups de gueule ; mais ils ne se quittent jamais, même en esprit, et ils ne se lassent pas de se regarder.
|original=
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|année=1988
|page=42
|acte=II
|scène=7
|ISBN=2-7073-1184-7
|langue=fr
}}
 
{{citation|citation={{personnage|Fatima}} : Va-t'en, Mathieu. Arrête de te serrer à moi. Tout est bon, depuis que je suis ici, pour que tu me serres et me touches. N'oublie pas que nous sommes cousins, et il ne faut pas se toucher comme tu me touches lorsqu'on est de la même famille.<br />
{{personnage|Mathieu}} : Nous ne sommes pas de la même famille. La famille n'existe que pour l'héritage, de père à fils. Tu n'hériteras pas de mon père, je n'hériterai pas de toi ; donc, si l'envie me prend de te toucher, je ne vois pas où est l'obstacle. Nous ne sommes pas venus par la même femme, tu ne connais pas ton père et moi je connais le mien ; rien ne nous réunit. Jusqu'où faut-il remonter pour se sentir libre ? À partir de quand est-on étranger l'un à l'autre ? Combien de générations faut-il franchir pour que les liens de famille soient coupés ?
|original=
|langue=fr
|précisions=
}}
{{Réf Livre|titre=Le Retour au désert
|auteur=Bernard-Marie Koltès
|éditeur=Les Éditions de Minuit
|année=1988
|page=44
|scène=8
|ISBN=2-7073-1184-7
|langue=fr
}}
 
{{citation|citation={{personnage|Mathieu}} : Aziz, mon bon Aziz, si tu aimes les femmes, pourquoi fais-tu cette tête-là ?<br />
{{personnage|Aziz}} : Je n'ai pas dit que j'aimais les femmes, j'ai dit que je les baisais.
|original=
|langue=fr
|précisions=
}}
{{Réf Livre|titre=Le Retour au désert
|auteur=Bernard-Marie Koltès
|éditeur=Les Éditions de Minuit
|année=1988
|page=53
|scène=10
|ISBN=2-7073-1184-7
|langue=fr
}}
 
{{citation|citation={{personnage|Mathilde}} : Tu ne dors pas ; je reconnais la respiration d'un dormeur. As-tu déjà traversé, la nuit, une chambre où l'on dort ? Fatima, si tu veux te dégoûter des hommes, glisse-toi dans leur chambre, regarde-les et écoute-les dormir. À quoi sert-il qu'ils s'habillent comme des bourgeois dans la journée, alors que la moitié de leur vie ils la passent étalés comme des cochons dans la mare, inconscients, sans contrôle d'eux-mêmes, plus vides d'esprit qu'un tronc d'arbre qui dérive sur le fleuve, avec, diit-on, l'œil qui tourne dans son orbite à pleine vitesse ; et, au réveil, ils en perdent le souvenir. Cette heure de la nuit est effrayante, où l'humanité entière sue dans les draps, où des milliers de personnes, à la même heure, rotent, crachent, grincent des dents, soupirent les yeux fermés, digèrent, digèrent, raclent leur gorge, la bouche grande ouverte vers le plafond. Ils ont bien raison de s'enfermer pour dormir. Tout homme devrait porter, chaque jour, la honte de sa nuit passée, la honte de l'abandon du sommeil.
|original=
|langue=fr
|précisions=
}}
{{Réf Livre|titre=Le Retour au désert
|auteur=Bernard-Marie Koltès
|éditeur=Les Éditions de Minuit
|année=1988
|page=60
|scène=12
|ISBN=2-7073-1184-7
|langue=fr
}}
 
 
{{interprojet|w=Bernard-Marie Koltès}}