Élite

petit groupe de personnes dans une société qui jouit de privilèges

Élite est un substantif de genre féminin, dérivé de l'ancien français eslite (du latin eligere qui donnera élu). Étymologiquement, le terme se rattache donc à l'idée d'élection, non au sens du suffrage mais à celui de l'approbation par autrui de la place détenue par quelqu'un dans la société. L'élite, c'est la fleur d'une société : de même que la fleur se dresse sur sa tige, l'élite entend dépasser le niveau du sol.

À l'origine, le statut d'élite n'est pas accordé par la détention du pouvoir, mais par l'autorité morale, c'est d'ailleurs pourquoi le terme est employé au singulier. Aujourd'hui il est plus courant d'évoquer les élites. Le pluriel donne une connotation négative : ce n'est plus la qualité de l'être qui est concernée, mais la domination d'une catégorie sociale sur les autres

Isaac Asimov, Seconde Fondation, 1953 modifier

Quels que fussent les bouleversements économiques et sociologiques [...], il subsistait toujours une élite ; et de tout temps, la caractéristique d'une élite a été de posséder des loisirs comme récompense primordiale de sa propre condition.


Ghislain de Diesbach, Petit dictionnaire des idées mal reçues, 2007 modifier

L'élimination des élites, si patiemment poursuivie depuis plus d'un siècle, est parvenue au point qu'aucun chef ne paraîtra pour prendre en main la situation lorsque celle-ci sera désespérée.


Friedrich Nietzsche modifier

Si l'on admet [...] que, de tout temps, le danger n'a rapproché que des hommes qui pouvaient désigner, au moyen de signes semblables, des besoins semblables, des événements semblables, il résulte, dans l'ensemble, que la facilité de communiquer dans le péril, c'est-à-dire en somme le fait de ne vivre que des événements moyens et communs, a dû être la force la plus puissante de toutes celles qui ont dominé l'homme jusqu'ici. Les hommes les plus semblables et les plus ordinaires eurent toujours et ont encore l'avantage ; l'élite, les hommes raffinés et rares, plus difficiles à comprendre, courent le risque de rester seuls et, à cause de leur isolement, ils succombent aux dangers et se reproduisent rarement. Il faut faire appel à de prodigieuses forces adverses pour entraver ce naturel, trop naturel, progressus in simile, le développement de l'homme vers le semblable, l'ordinaire, le médiocre, le troupeau — le commun !
  • Par-delà le bien et le mal, Friedrich Nietzsche (trad. Henri Albert), éd. Le Livre de Poche, coll. « Les Classiques de Poche », 1991  (ISBN 978-2-253-05614-0), partie IX, chap. « Qu'est-ce qui est noble ? », § 268, p. 344


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