Claude Fauriel

historien, linguiste, critique et érudit français

Charles-Claude Fauriel, né à Saint-Étienne le 21 octobre 1772 et mort le 15 juillet 1844 à Paris, est un historien, linguiste, critique et érudit français, professeur de littérature à la Sorbonne.

Claude Fauriel.

Histoire de la poésie provençale modifier

Rien ne contribua tant à éveiller l'instinct poétique des populations du Midi que leurs guerres et leurs relations avec les Arabes d'Espagne. Ces vaillants Sarrasins, ces terribles Maures, qui franchirent tant de fois les défilés des Pyrénées, prirent bien vite dans l'imagination des habitants de Narbonne, de Toulouse, de Bordeaux, une beaucoup plus grande place que dans les arides chroniques des moines. Ils figurèrent de bonne heure dans des légendes fabuleuses, dans des chants historiques, qui servirent comme de noyau aux épopées romanesques des époques subséquentes.
  • Histoire de la poésie provençale, Claude Fauriel, éd. J. Labitte, 1846, vol. 1, p. 7


De même que c'était un des devoirs du chevalier de combattre pour la défense de la foi chrétienne, c'était une des fonctions du poëte de l'exciter à l'accomplissement de ce devoir. Il règne un véritable enthousiasme de religion et de guerre dans plusieurs des chants provençaux sur les croisades contre les Musulmans, particulièrement contre ceux d'Afrique et d'Espagne. La lutte avec ces derniers était celle à laquelle les troubadours prenaient l'intérêt le plus vif et le plus direct, à laquelle se rattachaient leurs souvenirs les plus poétiques. Encore au douzième siècle, il y eut, dans cette lutte, des moments de crise et de péril pour les royaumes chrétiens de l'Es pagne ; des troubadours célèbres firent entendre, en ces occasions, de nobles accents, dont il y a lieu de croire que l'effet ne fut pas inutile à la cause chrétienne.
  • Histoire de la poésie provençale, Claude Fauriel, éd. J. Labitte, 1846, vol. 1, p. 12-13


Aussi longtemps que les Castillans eurent beaucoup à faire avec les Arabes, les romans provençaux ne circulèrent en Espagne que sous cette forme de rapsodies populaires. Mais les Arabes domptés, et la société devenue plus sûre, le peuple continua à chanter ses romances; il en fit de nouvelles, et, sans en avoir le projet, sans s'en douter, pour ainsi dire, il changea, rajeunit, refit les vieilles. Les nobles, alors désœuvrés, eurent aussi leur littérature à eux : ils traduisirent en entier des romans provençaux ou français, ils les imitèrent, en exagérèrent ou en subtilisèrent encore les données premières, et firent tant qu'ils provoquèrent la sublime ironie du Don Quichotte.
  • Histoire de la poésie provençale, Claude Fauriel, éd. J. Labitte, 1846, vol. 1, p. 34-35


Prise dans son ensemble, la religion grecque n'était qu'une suite de fêtes plus riantes, plus animées, plus poétiques les unes que les autres. C'était à la célébration de ces fêtes qu'étaient destinées les plus belles productions de la poésie nationale, depuis le drame jusqu'à l'hymne épique ou lyrique.
  • Histoire de la poésie provençale, Claude Fauriel, éd. J. Labitte, 1846, vol. 1, p. 76


Les Arabes, déjà maîtres de l'Espagne, entrèrent pour la première fois hostilement dans la Septimanie, en 715. En 1019, ils tentèrent inutilement de reprendre Narbonne, c'est leur dernière irruption connue sur le sol de la Gaule. Il y a, entre ces deux expéditions, un intervalle de trois cents ans, durant lesquels les conquérants musulmans de l'Espagne, et les populations en deçà des Pyrénées furent presque sans relâche en guerre les-uns contre les autres. Cette longue lutte présente quatre périodes distinctes.
  • Histoire de la poésie provençale, Claude Fauriel, éd. J. Labitte, 1846, vol. 1, p. 420-421


On voit, par ce résumé, qu'à l'exception de la courte période où Charles Martel fit la guerre aux Arabes en personne, à la tête des Franks, cette guerre fut toujours soutenue par les Gallo-Romains méridionaux, par les Aquitains, les Septimaniens et les Provençaux. Auxiliaires naturels des Espagnols de la Galice et des Asturies, ces peuples remplirent, en commun avec ces derniers, la tâche toute spéciale de repousser les efforts que firent successivement les Arabes, d'abord pour pénétrer au cœur de l'Europe, puis pour se maintenir en Espagne. Rien ne manquait à cette lutte de ce qui pouvait développer et ennoblir l'instinct poétique déjà éveillé des lors dans le midi de la Gaule.
  • Histoire de la poésie provençale, Claude Fauriel, éd. J. Labitte, 1846, vol. 1, p. 422


Aussi braves que les chrétiens, les Arabes étaient beaucoup plus civilisés, et ce fut incontestablement d'eux que vinrent, dans le cours de la guerre, les premiers exemples d'héroïsme, d'humanité, de générosité pour les adversaires, en un mot de quelque chose de chevaleresque, bien avant que la chevalerie eût un nom et des formules consacrées.
  • Histoire de la poésie provençale, Claude Fauriel, éd. J. Labitte, 1846, vol. 1, p. 423


A considérer les choses d'une manière générale, il est évident, par l'histoire, que les Arabes andalousiens durent avoir une certaine influence sur la civilisation du midi de la France. Ils eurent, comme tout le monde sait, sous leur domination la Septimanie [...]; et c'est, selon toute apparence, à leur séjour de plus d'un demi-siècle dans cette contrée, qu'il faut attribuer l'introduction dans le Midi de diverses industries, de certains procédés d'agriculture, de certaines machines d'un usage universel, comme, par exemple, de celle qui sert à tirer l'eau des puits, pour l'irrigation des jardins et des champs, qui toutes sont d'invention arabe. C'est à la même époque et à la même cause qu'il faut rapporter l'habitude, longtemps et même encore aujourd'hui populaire dans le midi de la France, d'attribuer aux Sarrasins tout ouvrage qui offrait quelque chose de merveilleux, de grandiose, et supposait une puissance d'industrie supérieure à celle du pays, comme les châteaux fortifiés, les remparts et les tours des villes, et autres grands monuments d'architecture ; comme aussi les armes, les ouvrages de ciselure et d'orfèvrerie, les étoffes précieuses par le travail ou la matière. Toutes ces choses étaient qualifiées d'œuvre arabine, d'œuvre sarrasinesque, d'œuvre de gent sarrasine. Enfin, ce fut aussi par suite de la domination andalousienne dans la Septimanie que s'introduisit, dans le latin barbare du pays, devenu déjà ou prêt à devenir le roman, une certaine quantité de mots arabes qui devait s'accroître encore par la suite.
  • Histoire de la poésie provençale, Claude Fauriel, éd. J. Labitte, 1846, vol. 3, p. 312


Les Juifs eurent, au moyen âge, sur la culture de l'Europe en général et sur celle du midi de la France en particulier, une influence qui n'est point assez connue, et dont l'histoire de la civilisation et des sciences s'est malheureusement trop ressentie.
  • Histoire de la poésie provençale, Claude Fauriel, éd. J. Labitte, 1846, vol. 3, p. 313-314


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