Edgar Quinet

écrivain et historien français, député de l'Ain
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Edgar Quinet, né à Certines (Ain, France) le 17 février 1803 et mort à Paris le 27 mars 1875, est un écrivain et historien français.

Edgar Quinet vu par André Gill. Portrait paru en 1873 dans Le Trombinoscope de Touchatout.

Perte du Rhône, à Bellegarde-sur-Valserine (Ain) modifier

Avez-vous vu dans mon pays la perte du Rhône ? – Le fleuve qui descends du haut des Alpes arrive confiant et à pleins bords. Tout à coup, comme si l’embûche avait été tendue dès l’origine des choses, il disparaît. On le cherche sans le trouver : il s’est perdu dans le puits de l’abîme, il est enseveli dans les entrailles de la terre ; une couche prodigieuse de rochers amoncelés depuis les premiers jours le recouvre, et la pierre a été scellée sur lui, aux deux bords, par des bras de Titans. Maintenant, des rives de Savoie et de France, les troupeaux de chèvres, de vaches, de mulets, le traversent à pied sec et l’insultent ; la sonnerie de leurs clochettes couvre ses mugissements. Cependant, pour avoir disparu, le fleuve n’est pas tari ; son ancien génie vit encore ; il lutte dans les ténèbres, il mugit sous terre, il travail dans le sépulcre, il use de sa poussière d’écume la roche éternelle.
  • Philosophie de l’histoire de France, Edgar Quinet, éd. Bruxelles, 1855, p. 323-325.


Le Christianisme et la Révolution française, 1845 modifier

La destinée du génie arabe, ces victoires de la foi, ces miracles de l'épée, ces conquêtes instantanées, ces cinq ou six siècles de grandeur, ce monde splendide qui s'étend de la Perse à l'Arabie, à l'Espagne, tout cela a vécu un moment enfermé en germe dans le cœur du Prophète. L'histoire de l'Orient moderne, avec toutes ses vicissitudes, n'est rien que la grande âme de Mahomet, déployée comme un drapeau de siècle en siècle.
  • Œuvres complètes, Edgar Quinet, éd. Pagnerre, 1857, t. 3, Le christianisme et la Révolution française (1845), Le mahométisme, p. 119


Mahomet est tout ensemble la tête et le bras, le Christ et le Napoléon de l'Orient moderne ; il établit le nouveau dogme religieux, et il le réalise incontinent dans le monde social.
  • Œuvres complètes, Edgar Quinet, éd. Pagnerre, 1857, t. 3, Le christianisme et la Révolution française (1845), Le mahométisme, p. 120


Luther affranchit l'individu de cette passion, il le détache de cette croix ; il lui donne, dès cette vie, la liberté, l'autorité, la valeur intime, que l'Église ne reconnaissait que pour les morts ; ou plutôt, de chaque homme, il fait une Église inviolable : résurrection anticipée de l'homme sur la terre.
  • Œuvres complètes, Edgar Quinet, éd. Pagnerre, 1857, t. 3, Le christianisme et la Révolution française (1845), La réformation, p. 170


Comment ne voit-on pas que si la réforme a ébranlé la terre, elle a affermi l'homme? elle a préparé les tempêtes, mais elle a donné à chacun le pouvoir d'y survivre. Avant que le jour arrivât des révolutions modernes, il fallait bien que chaque individu sentît qu'il portait en lui-même un monde indestructible, et que, lors même que fa vieille société périrait, il survivrait tout entier.
  • Œuvres complètes, Edgar Quinet, éd. Pagnerre, 1857, t. 3, Le christianisme et la Révolution française (1845), La réformation, p. 171


La réforme a réussi dans tout ce qu'elle a voulu. Quinze siècles sont supprimés ; il n'y a plus aucun obstacle à ce que l'Église primitive recommence. Voilà, comme dans la première heure du christianisme, l'homme tout seul en présence de l'Évangile ; il peut se croire, s'il veut, au lendemain même de la mort du Christ. Vous pensez que dans cette aurore nouvelle un chant d'allégresse va sortir de la terre rajeunie; au contraire, la marque extraordinaire de la réforme est de commencer par une plainte qui quelquefois touche au désespoir ! Oh ! que cette histoire apprend de choses en un moment ! Pourquoi les anciens jours ne renaissent-ils pas? Toutes les conditions nécessaires sont remplies. Le livre par excellence, l'Évangile, est retrouvé : on a soufflé sur la poussière des siècles qui le couvrait; il est là dans sa simplicité, dans sa majesté primitive. Hélas! pour revenir aux premiers jours, il n'y a qu'une seule chose qui manque, c'est l'homme. L'idéal est resté le même ; mais lui ! qu'il a changé !
  • Œuvres complètes, Edgar Quinet, éd. Pagnerre, 1857, t. 3, Le christianisme et la Révolution française (1845), La réformation, p. 173


Le même mélange qui s'est formé partout, en Espagne, entre le mahométisme el le christianisme, dans la langue, l'architecture, les romances, la poésie, les lettres, s'accomplit dans cette législation incroyable de l'inquisition. Mahomet inspire le principe même, celui de l'extermination ; le christianisme y mêle les apparences d'une douceur inépuisable ; la royauté y ajoute le silence, les ténèbres. De tout cela se composait la facile obéissance à une institution qui renaissait de chaque chose. Allah exterminateur et le Christ pleurant du moyen âge s'identifiaient et vivaient dans l'âme de l'inquisiteur; ces deux religions, mortellement ennemies, s'unissant en un moment et rassemblant leurs terreurs pour enfanter un monstre de colère, voilà ce qui a étonné et glacé le reste du monde.
  • Œuvres complètes, Edgar Quinet, éd. Pagnerre, 1857, t. 3, Le christianisme et la Révolution française (1845), L'Amérique et la réformation, p. 186-187


Mais, sans même prendre garde à ces avertissements, l'Amérique du Nord sent qu'elle n'est pas bâtie sur le sable ni sur une convention vague ou arbitraire ; que le germe de ce grand arbre social qui prend chez elle son développement libre est un principe positif, le protestantisme ; qu'aussi longtemps qu'on ne l'aura pas extirpé, ou remplacé par la hiérarchie catholique, la vie républicaine peut s'épanouir et croître sans limite.
  • Œuvres complètes, Edgar Quinet, éd. Pagnerre, 1857, t. 3, Le christianisme et la Révolution française (1845), L'Amérique et la réformation, p. 195


La Révolution religieuse au XIXe siècle, 1857 modifier

Aucune machine ne vous exemptera d’être un homme.
  • La Révolution religieuse au XIXe siècle, Edgar Quinet, éd. Imprimerie François Van Meenen, 1857, chap. XVIII. Si l'industrie peut sauver l’Europe ?, p. 72


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