Emmanuel Todd

sociologue et historien français

Emmanuel Todd est un politologue, démographe, historien, sociologue et essayiste français. Il est diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris et docteur en histoire de l'Université de Cambridge (Angleterre). Ingénieur de recherche à l'Institut national d'études démographiques (INED), ses recherches en sciences humaines l'ont conduit à considérer que les systèmes familiaux ont un rôle déterminant dans l'histoire et la constitution des idéologies religieuses et politiques.

Emmanuel Todd (2014).

Citations modifier

La contribution principale de la France à l'histoire de l'humanité est justement d'avoir fait échapper la démocratie à sa gangue ethnique originelle et défini un corps de citoyens sans référence aux notions de race ou de sang.


La Révolution française est un autre grand moment d'universalisme européen, qui aboutit à la notion d'un homme universel absolu. Libre et égal, le citoyen français n'est que le prototype d'une espèce appelée à couvrir la planète.


Les enseignants, qui constituent l'un des cœurs sociologiques de la gauche, sont faiblements menacés par l'évolution économique. N'ayant pas à craindre au jour le jour le licenciement ou une compression de salaire, ils ne se sentent pas menacés d'une destruction économique, sociologique et psychologique. Ils ne sont donc pas mobilisés contre la pensée zéro. Sans être le moins du monde "de droite", statistiquement, ou favorable au profit des grandes entreprises, ils sont atteints de passivisme et peuvent se permettre de considérer l'Europe monétaire et l'ouverture des échanges internationaux comme des projets idéologiques sympathiques et raisonnables. Voilà qui assure la stabilité européiste et libre-échangiste du Parti socialiste, dans ses tréfonds militants et non simplement parmi ses dirigeants. [] L'immobilité idéologique des enseignants les a séparés de cet autre cœur sociologique de la gauche que constituent les ouvriers, qui eux subissent, depuis près de vingt ans, toutes les adaptations, tous les chocs économiques concevables.
  • L'Illusion économique, Emmanuel Todd, éd. Gallimard, 1999, p. 103


Si Sarkozy existe en tant que phénomène social et historique, malgré sa vacuité, sa violence et sa vulgarité, nous devons admettre que l'homme n'est pas parvenu à atteindre le sommet de l'État malgré ses déficiences intellectuelles et morales, mais grâce à elles. C'est sa négativité qui a séduit. Respect des forts, mépris des faibles, amour de l'argent, désir d'inégalité, besoin d'agression, désignation de boucs émissaires dans les banlieues, dans les pays musulmans ou en Afrique noire, vertige narcissique, mise en scène publique de la vie affective et, implicitement, sexuelle : toutes ces dérives travaillent l'ensemble de la société française; elles ne représentent pas la totalité de la vie sociale mais sa face noire, elles manifestent son état de crise et d'angoisse. [...] Au fond, nous devrions être reconnaissant à Nicolas Sarkozy de son honnêteté et de son naturel, si bien adaptés à la vie politique de notre époque. Parce qu'il a réussi à se faire élire en incarnant et en flattant ce qu'il y a de pire autour de nous, en nous, il oblige à regarder la réalité en face. Notre société est en crise, menacée de tourner mal, dans le sens de l'appauvrissement, de l'inégalité, de la violence, d'une véritable régression culturelle.
  • Après la démocratie, Emmanuel Todd, éd. Gallimard, 2008, p. 16


La France ne contient pas un peuple mais cent, qui diffèrent par la conception de la vie et de la mort, par le système de parenté, par l'attitude face au travail ou à la violence. Du point de vue de l'anthropologie, la France ne devrait pas exister. La plupart des nations d'Europe et du monde, grandes ou petites - Angleterre, Allemagne, Russie, Japon, Suède, Irlande, Pologne par exemple - ne sont d'une certaine façon, que des systèmes originels et homogènes, tribus anciennes et minuscules, démesurément gonflées par mille ans d'expansion démographique, pour atteindre aujourd'hui l'échelle de nation. Des pays comme l'Inde, la Yougoslavie, l'Espagne sont, au contraire, absolument hétérogènes, juxtapositions de peuples n'ayant pas réalisé leur unité linguistique et administrative. [...] La France [...] n'a pas été fondée par aucun peuple particulier. Elle porte le nom d'un groupe germanique, parle une langue dérivée du latin, avec un fort accent gaulois nous disent les linguistes. Elle fut inventée par une communauté de peuples. Plus que tout autre nation au monde, elle est un défi vivant aux déterminations ethniques et culturelles.


Tous les sondages d’opinion le montrent : les thématiques de l’immigration, de l’Islam sont en chute libre et sont passées largement derrière les inquiétudes économiques. La réalité de la France est qu’elle est en train de réussir son processus d’intégration. Les populations d’origine musulmane de France sont globalement les plus laïcisées et les plus intégrées d’Europe, grâce à un taux élevé de mariages mixtes. Pour moi, le signe de cet apaisement est précisément l’effondrement du Front national.
  • Emmanuel Todd, 27-28 décembre 2009, dans Ce que Sarkozy propose, c’est la haine de l’autre, paru Le Monde, Propos recueillis par Jean-Baptiste de Montvalon et Sylvia Zappi.


L'Europe, démographiquement déprimée par sa faible fécondité, a besoin d'immigrés. L'installation d'étrangers sur son sol est l'une des conditions de sa survie.
  • L'invention de l'Europe, Emmanuel Todd, éd. Seuil, 1996, p. 612


La France vit un problème identitaire avec deux peuples : les Arabes (complexe de supériorité) et les Allemands (complexe d’infériorité des élites).
  • Emmanuel Todd, « Est-ce la fin de la France ? », Avant-Premières, France 2, 16 février 2012


Dans un pays comme la France, la notion d'islamophobie ou d'arabophobie est devenue complètement ridicule compte tenu du nombre des personnes concernées. Si vous êtes islamophobe et arabophobe dans un pays comme la France, c'est que vous travaillez très consciemment à la destruction de votre propre pays puisque l'insertion et surtout l'ampleur des mariages mixtes est telle que cela n'est littéralement pas concevable. Pour moi un arabophobe ou un islamophobe est d'abord et avant tout anti-français [...] Je ne suis pas inquiet pour la France. Je pense que les islamophobes ont déjà perdu et cela fait quand même une grosse différence [avec l'Allemagne des années 30-40], parce-que dans un contexte allemand les nazis avaient gagné et pour moi les islamophobes ont déjà perdu.


En tant que français, Jamel Debbouze est beaucoup plus important qu’Alain Finkielkraut.
  • « Littérature : « La revendication de la laïcité, c’est l’autre nom de l’islamophobie », Emmanuel Todd », ., clique.tv, 28 mai 2015 (lire en ligne)


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