Eschyle

tragique grec

Eschyle, né à Éleusis (Attique) vers 526 av. J.-C., mort à Géla (Sicile) en 456 av. J.-C., est le plus ancien des trois grands poètes tragiques grecs de l'époque classique, avant Sophocle et Euripide.

Buste d'Eschyle.

Les Sept contre Thèbes modifier

 
Aeschyli Tragoediae septem, 1552
Sept preux capitaines ont, sur un bouclier noir, égorgé un taureau, et, leurs mains dans le sang, par Arès, Ényô, et la Déroute altérée de carnage, fait serment, ou d'abattre et saccager la ville de Cadmos, ou, par leur mort, d'engraisser ce sol de leur sang.
  • (grc)

    ἄνδρες γὰρ ἑπτά, θούριοι λοχαγέται,
    ταυροσφαγοῦντες ἐς μελάνδετον σάκος
    καὶ θιγγάνοντες χερσὶ ταυρείου φόνου,
    Ἄρη τ’, Ἐνυώ, καὶ φιλαίματον Φόβον
    ὡρκωμότησαν ἢ πόλει κατασκαφὰς
    θέντες λαπάξειν ἄστυ Καδμείων βίᾳ,
    ἢ γῆν θανόντες τήνδε φυράσειν φόνῳ

  • Le serment des sept chefs argiens contre Thèbes, décrit à Étéocle par un Messager.
  • (grc) Tragédies complètes, Eschyle (trad. Paul Mazon), éd. Gallimard, coll. « Folio », 1982, p. 158, vers 42-48


Quand les hommes sont pleins de fol orgueil, leur langage est contre eux le plus véridique des accusateurs.
  • (grc)

    τῶν τοι ματαίων ἀνδράσιν φρονημάτων
    ἡ γλῶσσ’ ἀληθὴς γίγνεται κατήγορος.

  • Étéocle réagissant aux propos impies de Capanée, l'un des sept chefs assaillant Thèbes, que lui rapporte le Messager.
  • (grc) Tragédies complètes, Eschyle (trad. Paul Mazon), éd. Gallimard, coll. « Folio », 1982, p. 171-172, vers 439-440


Prométhée enchaîné modifier

Frappe plus fort, serre, ne laisse pas de jeu : même à l'inextricable il est capable de trouver une issue.
  • (grc)

     ἄρασσε μᾶλλον, σφίγγε, μηδαμῇ χάλα·
     δεινὸς γὰρ εὑρεῖν κἀξ ἀμηχάνων πόρον.

  • Le dieu Pouvoir (Kratos) conseille Héphaïstos pendant que ce dernier enchaîne Prométhée au mont Caucase.
  • (grc) Tragédies complètes, Eschyle (trad. Paul Mazon), éd. Gallimard, coll. « Folio », 1982, p. 209, vers 58-59


L'Orestie modifier

Agamemnon modifier

 
Agamemnon marche sur le tapis préparé par Clytemnestre. L'Orestie, version filmée par MacMillan Films, 2014.
Zeus ! ... quel que soit son vrai nom, si celui-ci lui agrée, c'est celui dont je l'appelle.
  • (grc)

    Ζεύς, ὅστις ποτ’ ἐστίν, εἰ τόδ’ αὐ-
    τῷ φίλον κεκλημένῳ,
    τοῦτό νιν προσεννέπω.

  • Invocation à Zeus pendant la parodos (entrée du Chœur sur scène)
  • (grc) Tragédies complètes, Eschyle (trad. Paul Mazon), éd. Gallimard, coll. « Folio », 1982, p. 264, vers 159-161


C'est un réseau sans issue, un vrai filet à poissons que je tends autour de lui, une robe au faste perfide.
  • (grc)

    ἄπειρον ἀμφίβληστρον, ὥσπερ ἰχθύων,
    περιστιχίζω, πλοῦτον εἵματος κακόν

  • Clytemnestre raconte le piège qu'elle a tendu à son époux Agamemnon pour le tuer.
  • (grc) Tragédies complètes, Eschyle (trad. Paul Mazon), éd. Gallimard, coll. « Folio », 1982, p. 308, vers 1282-1283


Les Choéphores modifier

Pylade. Mieux vaut avoir tous les hommes pour ennemis plutôt que les Dieux.
  • Oreste s'apprête à tuer sa mère, son ami Pylade l'encourage en lui rappelant par cette phrase que ce sont les Dieux eux-même qui le poussent à l'acte.
  • (grc) Théâtre complet, Eschyle (trad. Leconte de Lisle), éd. A. Lemerre, 1872, p. 262


Les Euménides modifier

 
Mise en scène de L'Orestie au Théâtre dramatique de Ljubljana (Slovénie) en 1968. Au premier plan, l'actrice Štefka Drolc dans le rôle de Clytemnestre.
Athéna. Écoutez maintenant ce qu'ici j'établis, citoyens d'Athènes, appelés les premiers à connaître du sang versé. Jusque dans l'avenir le peuple d'Égée conservera, toujours renouvelé, ce Conseil de juges. Sur ce mont d'Arès, où les Amazones jadis s'établirent et plantèrent leurs tentes, aux jours où elles firent, en haine de Thésée, campagne contre Athènes — en face de sa citadelle alors elles dressèrent les remparts élevés d'une autre citadelle ; elles y sacrifiaient à Arès, et le rocher, le mont en ont gardé le nom d'Arès — sur ce mont, dis-je, désormais le Respect et la Crainte, sa sœur, jour et nuit également, retiendront les citoyens loin du crime, à moins qu'ils n'aillent eux-mêmes bouleverser leurs lois : qui trouble une source claire d'afflux impurs et de fange n'y trouvera plus à boire. Ni anarchie ni despotisme, c'est la règle qu'à ma ville je conseille d'observer avec respect. Que toute crainte surtout ne soit pas chassée par elle hors de ses murailles ; s'il n'a rien à redouter, quel mortel fait ce qu'il doit ? Si vous révérez, vous, comme vous devez, ce pouvoir auguste, vous aurez en lui un rempart tutélaire de votre pays et de votre ville tel qu'aucun peuple n'en possède ni en Scythie ni sur le sol de Pélops. Incorruptible, vénérable, inflexible, tel est le Conseil qu'ici j'institue, pour garder, toujours en éveil, la cité endormie. Voilà les avis que j'ai voulu en termes exprès donner à mes citoyens pour les jours à venir. Maintenant vous devez vous lever, porter votre suffrage et trancher le litige en respectant le serment. J'ai dit.
  • (grc)
  • La déesse Athéna instaure le tribunal de l'Aréopage à Athènes afin de trancher le conflit entre Apollon et les Erinyes au sujet de la culpabilité ou de l'innocence d'Oreste (la mère d'Oreste, Clytemnestre, ayant tué son époux Agamemnon, Oreste a tué Clytemnestre, commettant ainsi un matricide pour venger son père).
  • (grc) Tragédies complètes, Eschyle (trad. Paul Mazon), éd. Gallimard, coll. « Folio », 1982, p. 406-407, vers 681-710


À propos d'Eschyle modifier

Aristote modifier

Eschyle le premier porta de un à deux le nombre des acteurs, diminua l'importance du chœur et donna le premier rôle au dialogue ; Sophocle porta le nombre des acteurs à trois et fit peindre la scène. De plus la tragédie prit de l'étendue, abandonnant les fables courtes et le langage plaisant qu'elle devait à son origine satyrique, et elle acquit sur le tard de la majesté.
  • Poétique (IVe siècle avant J.-C.), Aristote (trad. J. Hardy), éd. Gallimard, coll. « Tel », 1996 (Les Belles Lettres 1990)  (ISBN 2-07-074368-3), 1449a, p. 84


Nicolas Boileau, XVIIe siècle modifier

Eschyle dans le chœur jeta les personnages.
D’un masque plus honnête habilla les visages,
Sur les ais d’un théâtre en public exhaussé
Fit paroître l’acteur d’un brodequin chaussé.


Liens externes modifier

Vous pouvez également consulter les articles suivants sur les autres projets Wikimédia :